Le K712 Pro n'est pas une nouveauté, il fête même son dixième anniversaire cette année. Le voici qui revient dans les colonnes d'AF pour un test, un démontage, et une écoute. Bref, on va voir ce qu'il a dans le ventre.
Après avoir testé en ce début d’année un ensemble de casque « de référence » situé dans la tranche 100–150 euros (environ), nous commençons désormais une série complémentaire avec les casques de la tranche supérieure (200–300 euros, et plus). Ils correspondent eux aussi à des références souvent disponibles dans des studios professionnels, et ils concernent plus souvent les écoutes de mix (je sais, certains vont hurler, mais c’est une pratique qui n’est plus si tabou aujourd’hui) ou de mastering.
Aujourd’hui, nous nous penchons donc sur le K712 Pro d’AKG, lancé en 2013, et qui avait déjà bénéficié d’un test sur AF. Trêve de bavardage, passons plutôt au déballage.
Spécifications
Le K712 PRO est un casque de type circumauriculaire, ouvert, avec un transducteur dynamique.
Les spécifications annoncées par le constructeur sont les suivantes :
impédance : 62 ohms
réponse en fréquence : 10 Hz – 39,8 kHz
Les câbles fournis sont doubles : un câble droit de 3 mètres, avec un beau revêtement orange, et un torsadé qui fait également 3 m en extension maximale. Les deux câbles se terminent par l’habituelle prise jack TRS 3,5 mm avec un adaptateur 6,35 mm, et à l’autre extrémité, un mini-XLR trois points. C’est bien construit, robuste… Rien à redire.
Pour ce qui est du design, on est sur le style AKG pur et dur, avec ses deux points forts : le bandeau autoadaptable, qui fait que le casque peut être juste posé sur la tête sans avoir à chercher la taille adaptée à chaque utilisateur, et la connexion entre HP réalisée directement par l’arceau métallique (couvert d’un revêtement isolant, ici d’une couleur orange bien claquante), ce qui minimise la possibilité que le câble « inter-oreille » ne développe de faux contacts. Objectivement, deux inventions brillantes, que l’on est toujours content de retrouver sur leurs casques.
Démontable ?
Oui, tout à fait, même si ce n’est pas le plus simple.
C’est le même dispositif que tous les casques AKG. D’abord on retire les mousses, non pas en tirant dessus, mais en leur imprimant une légère rotation, qui va les libérer :
C’est un super système, très pratique, très malin. Et ce n’est pas le seul… Pour accéder au transducteur, on fait la même chose à l’arrière de l’écouteur : légère rotation de la grille de protection. Attention d’utiliser un petit outil et d’y aller calmement :
Sur la photo ci-dessus, on voit bien la grille légèrement décalée, prête à se détacher toute seule de son support. Une fois cela fait, on trouve deux vis :
Qui permettent d’accéder à la structure de maintien à l’arrière du HP
Il suffit ensuite de détacher cette grosse vis centrale, et l’on peut refaire le câblage, ou changer le transducteur sans problème.
À noter, comme on le voit bien sur la photo ci-dessus, les câbles qui relient l’oreille gauche (ici démontée) à la droite sont soudés à deux bornes qui correspondent aux deux arceaux métalliques, recouverts d’une gaine isolante orange, comme nous le mentionnions juste avant.
Confort
Acceptable
L’arceau est léger comme une plume, le casque ne sert pas fort, et le coussinet sont doux. Les très grands écouteurs permettent à l’oreille de respirer. On regrette seulement qu’ils n’épousent pas vraiment la forme du pourtour de l’oreille : la matière mémoire de forme est assez raide, et le casque porte plus sur le crâne au-dessus de l’oreille, qu’en dessous, où il reste une zone qui « baille ».
Isolation
Inexistante, puisque c’est un casque ouvert.
Transport
À 235 gr, il s’agit d’un casque plutôt « léger » vu sa taille, donc le transport ne sera pas trop difficile.
Le sac fournit avec, velouté et avec un côté « glitter » un peu bling, offrira une certaine protection, certes, mais une mallette aurait été bienvenue dans cette gamme de prix, surtout pour un casque qui ne se plie pas.
Benchmark
Voici donc le nouveau protocole de mesures objectives, mené par nos soins afin de compléter l’écoute subjective. Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plaisir de pouvoir vous fournir des courbes de réponse en fréquence et distorsion, réalisées dans notre atelier.
Réponse en fréquence :
On remarque :
- Un plateau à partir de 1 kHz, descendant très doucement jusqu’à 20 Hz
- Au-dessus, un creux à 1,3 kHz
- Un creux important à 3 kHz
- Un creux assez marqué à 6 kHz
- Des aigus accentués, sauf à 10 kHz
Les transducteurs sont franchement bien appariés, c’est toujours bon signe quant au contrôle qualité.
Distorsion :
La distorsion mesurée est inférieure à 0,2 % de 50 Hz à 20 kHz. À 20 Hz, la distorsion est seulement de 1,5 %, seulement marquée par l’ajout de fréquence paire du second ordre, avec des fréquences impaires très en retrait. Bref, c’est très bon.
Écoute
Richard Hawley — Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur Truelove’s Gutter)
Une ballade acoustique, avec beaucoup de réverbe et une différence de dynamique importante entre la voix et la guitare. La première chose qui frappe, c’est l’impression de grand détail, sans pour autant avoir recours à des fréquences aiguës surdosées (souvent le truc facile pour ciseler un son, pour surligner les attaques et les articulations). On sent toutefois le creux à 3 kHz, avec une voix plus sur le « coffre », moins nasale, et de façon générale avec des attaques assez douces (plectre contre cordes, par exemple), presque atténuées. Le reste du spectre est très neutre, rendu avec précision, que ce soit le médium, le bas médium ou le grave.
Sun Kil Moon – Butch Lullabye (sur Common As Light And Love…)
Sur l’intro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmoniques médiums ajoutées par la distorsion, l’attaque légèrement piquée des notes, tout en séparant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. Pour ce qui est du rendu du couple clavier-basse/batterie, on est entre de bonnes mains : c’est précis, bien différencié, la grosse caisse sonne bien sèche et médium, avec juste une pointe de résonance grave par dessous, le clavier-basse est bien suivi jusque dans le bas du spectre, avec des attaques de notes bien précises. Sur la voix, et sur l’overdub de caisse claire (roulement) juste avant la partie B, on ressent un peu ce manque à 3 kHz, ce qui donne une impression de léger filtrage : moins de hauts médiums, certes compensés par la présence forte, mais pas trop surlignée des aigus… mais il reste qu’on perçoit une absence.
Massive Attack — Teardrop (sur Mezzanine)
Un titre avec beaucoup d’extrême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. Le bas du spectre est rendu sans souci par le casque, qui ne peut certes pas retranscrire l’extrême grave comme le ferait une enceinte de monitoring, mais qui arrive à le faire « ressentir », à lui donner une sorte de présence perceptible. Dans l’aigu, si l’on est content de trouver une voix adoucie, sans trop de consonnes sifflantes, on lui trouve un caractère un peu nasal, sûrement dû encore une fois à ce creux dans le haut médium. Ce n’est pas criant, mais c’est là.
Charlie Mingus — Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)
Voilà un morceau avec beaucoup de soufflants jouant dans des tessitures similaires : c’est très touffu et le but est d’essayer de discerner les timbres. Très bien : des aigus pas trop soulignés, donc des cymbales pas trop en avant ; une bonne capacité de percevoir le piano et la contrebasse derrière la masse des cuivres ; et pour finir une bonne lisibilité de l’ensemble des instruments à vent. Rien à redire : le casque donne un résultat d’ensemble, et de détail, très précis.
Edgar Varèse — Ionisation (New York Philharmonic, dir. Pierre Boulez)
Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réverbération naturelle de la salle, qui joue sur l’impression d’espace. L’écoute se fait entre 0:30 et 1:15. Là aussi, sur des instruments acoustiques, on est très satisfait du résultat. On remarque surtout un très bon équilibre des différentes tessitures, de différents timbres, et une image stéréo très large et précise, qui nous permet de vraiment bien saisir la place de chaque instrument dans l’espace de la salle. Les dynamiques sont énormes, comme il se doit !
Conclusion
Pour ce qui est de l’écoute, même si l’on a relevé la présence de ce creux à 3 kHz, dont les résultats sont perceptibles (même s’ils sont plutôt subtils, n’exagérons rien), on est plutôt très satisfait de ce que l’on a pu entendre. D’ailleurs, sur ce point-là nos conclusions sont plus ou moins les mêmes que celles avancées par Red Led auparavant : un grave et un médium très lisible (un peu plus de bas que sur le K702, il suffit de comparer les courbes), un aigu clair, mais pas trop en avant (à mon avis), et ce creux dans le haut médium. C’est agréable, précis, et avec très peu de distorsion, le rendu est toujours limpide. Alors, le casque adoucit-il trop la musique ? Couvre-t-il un peu trop les attaques grâce à ce creux ? Bref, sonne-t-il trop HiFi ? Je n’en suis pas totalement convaincu, car je l’ai trouvé suffisamment précis pour être utilisé professionnellement, mais je conseillerais toutefois de l’utiliser avec toujours un peu d’égalisation préalable, pour éviter les mauvaises surprises lors d’écoutes sur d’autres supports.
Pour ce qui est de la construction, rien à redire, et si l’on a trouvé que le confort était à améliorer, on reste ouvert à l’idée qu’il faut peut-être que le casque se « fasse » à force d’être porté. On regrette toutefois l’absence d’une mallette, qui nous a semblé être un manque criant pour un casque de ce prix.