Il est mignon, léger et sonne plutôt bien... Et surtout, casque ouvert positionné à l'entrée de gamme, sous la barre des cent euros, l’ATH-R30x vise un créneau assez peu exploité par d'autres constructeurs. Il a donc tout pour nous intriguer.

Voici venu le petit dernier des nouveaux casques d’Audio-Technica, le R30x. La marque n’en est évidemment pas à son coup d’essai : fondée en 1962, la marque japonaise a su se forger une réputation solide, autant dans l’audio professionnel que chez les amateurs éclairés. Nous avons déjà testé plusieurs casques de la gamme M — ATH-M50x, M60x, M70x — ainsi que des références plus récentes de cette série R, tous appréciés pour leur rapport qualité/prix.
Conception et spécifications clés
L’ATH-R30x est un casque de type circum-auriculaire, ouvert, avec un transducteur dynamique de 40 mm de diamètre.
Les spécifications annoncées par le constructeur sont les suivantes :
- impédance : 36 ohms
- réponse en fréquence : 5 Hz — 40 kHz
Le casque est livré sans pochette de transport, avec comme seul accessoire un adaptateur 3,5 <> 6,35 mm pour le connecteur jack. Le jack n’est pas démontable (montage serti) et le câble (de 3 mètres) non détachable (on le regrette un peu) a au moins l’avantage d’être très souple.
Pour finir, et on y reviendra, le casque est principalement réalisé en plastique, mais robuste non seulement par sa matière, mais par sa structure réalisée comme une armature à côtes, qui réparti bien la pression d’un choc, et donne une bonne solidité à l’objet (en tout cas, on le suppose en le manipulant), et il est très léger (210 g) ce qui laisse penser que l’écoute sera confortable sur le long terme. Du métal est présent par endroit, en particulier sur le ressort de l’arceau.
Démontage et réparabilité (coussinets, transducteurs, arceau)
Il se démonte assez facilement.
Comme d’hab, on retire les coussinets :
Ce qui révèle quatre encoches avec des petites vis. On sort le tournevis et… :
On découvre une armature plate et très aérée, qui sert de support au transducteur, maintenu en place par un panier fixé à l’aide de quatre vis :
Et hop, on se retrouve avec le transducteur séparé de son panier et séparé de l’armature de support.
Quant à l’arceau, il est aussi maintenu par des fixations à vis, donc là aussi l’intervention est relativement facile. À noter, vous pouvez acheter l’arceau et les coussinets séparément chez Audio-Technica, ce qui est toujours un point positif.
Très correct, le casque étant remarquablement léger (210 g) et les coussinets plutôt doux. Le casque ne serre pas trop, et les oreillettes se placent facilement sur le pourtour des oreilles, car elles sont assez larges pour bien s’adapter à différentes morphologies.
Isolation
Non applicable, le casque étant ouvert
Transport
Facilité par le poids plume, mais rendu plus difficile par le fait que le casque ne se plie pas, que le câble ne se détache pas et que le casque est livré sans pochette de protection. Trois petits points regrettables, même s’ils répondent à une logique d’économie assez compréhensible.
Mesures labo : réponse en fréquence et distorsion
Voici donc le nouveau protocole de mesures objectives, mené par nos soins afin de compléter l’écoute subjective. Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plaisir de pouvoir vous fournir des courbes de réponse en fréquence et distorsion, réalisées dans notre atelier.
Réponse en fréquence :
On remarque :
- Montée progressive de 7 dB de 20 Hz jusqu’à environ 60 Hz.
- Puis un pic autour de 100 Hz.
- Légère bosse vers 300 Hz, d’environ +1 dB.
- Ligne quasiment plate entre 500 Hz et 2 kHz, avec malgré tout un léger creusement par rapport à l’accentuation suivante…
- C’est-à-dire l’accentuation à partir de 2 kHz, atteignant un pic entre 3 et 4 kHz.
- Creux marqué autour de 5 kHz, autour de 87 dB.
- Reprise ascendante après 5,5 kHz, avec plusieurs pics successifs entre 6,1 et 13 kHz, le plus élevé atteignant environ +10 dB vers 13 kHz (relativement à 1 kHz).
- Stabilité générale des niveaux dans les très hautes fréquences, avec les habituelles fluctuations.
Bonne symétrie générale entre les canaux gauche (bleu) et droit (marron), avec des écarts modérés au-dessus de 10 kHz.
Distorsion :
La distorsion mesurée est seulement inférieure à 0,1 % entre 500 Hz et 2 kHz, avec plus de 5 % à 20 Hz, 2 % à 50 Hz et des zones flirtant autour des 0,5 % dans le grave et l’aigu. On s’attend donc à une écoute un peu colorée, en particulier dans le grave.
Écoutes de référence : folk, électro, jazz, classique — points forts et limites
Richard Hawley — Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur Truelove’s Gutter)
Une ballade acoustique, avec beaucoup de réverbe et une différence de dynamique importante entre la voix et la guitare. La scène sonore bénéficie de l’ouverture du casque, avec une belle impression d’espace sur la réverbération, qu’on perçoit aisément comme plus ouverte vers la gauche sur la scie musicale, par exemple. La voix baryton est bien rendue, avec ce qu’il faut d’articulation et la guitare ressort de manière équilibrée, même si certaines harmoniques supérieures manquent un peu d’air à cause du creux autour de 5,5 kHz. En revanche la contrebasse, qui ressort parfois de façon un peu « pâteuse » sur ce morceau, est ici assez mal rendue par la bosse générale du bas médium, qui justement accentue ce côté peu clair.
Sur l’intro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmoniques médiums ajoutées par la distorsion, l’attaque légèrement piquée des notes, tout en séparant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. Les notes graves sont bien présentes, mais manquent de précision : la distorsion élevée dans les sub-basses et l’accentuation du bas médium brouillent un peu cette zone. Les harmoniques médiums sont bien reproduites grâce à la linéarité entre 500 Hz et 2 kHz. L’attaque des notes est distincte autour de 3–4 kHz, mais la séparation avec la grosse caisse reste moyenne dans le bas du spectre, et le casque a du mal à suivre le clavier-basse dans ses notes les plus graves, qui restent en retrait. La voix est bien rendue, articulée, bien précise dans l’aigu, sans être trop nasale (risque important sur ce morceau).
Massive Attack — Teardrop (sur Mezzanine)
Un titre avec beaucoup d’extrême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. Là aussi, l’extrême grave manque de netteté et de présence. Les détails dans le haut médium sont présents et les aigus sont globalement clairs, mais un léger excès de brillance autour de 8–10 kHz a tendance à souligner les légères sibilances que l’on perçoit parfois dans la voix sur ce morceau, rendant fatigante l’écoute à niveau un tant soit peu élevé.
Charlie Mingus – Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)
Voilà un morceau avec beaucoup de soufflants jouant dans des tessitures similaires : c’est très touffu et le but est d’essayer de discerner les timbres. Les médiums équilibrés permettent une restitution correcte des timbres, mais dans les passages denses, les instruments se chevauchent légèrement, en particulier dans le bas du spectre où la distorsion reste notable, et où un bas médium un peu trop gonflé a tendance à brouiller le propos (c’est de toute façon une zone difficile à gérer en audio, et ici on regrette de la percevoir un peu trop par rapport aux médiums).
Edgar Varèse — Ionisation (New York Philharmonic, dir. Pierre Boulez)
Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réverbération naturelle de la salle, qui joue sur l’impression d’espace. L’écoute se fait entre 0:30 et 1:15 min. L’image stéréo est large, bien servie par la conception ouverte du casque, et l’on apprécie vraiment l’écoute à ce moment-là. La réverbération est bien suivie, avec une perception claire de la profondeur de la salle, et du placement d’instruments avec leur réverbération qui s’étend parfois plus vers la gauche, la droite, au centre… En revanche, la précision dans le grave reste limitée par la distorsion, et certaines percussions (grosse caisse d’orchestre, timbales) semblent s’en trouver colorées.
FAQ
Le câble est-il détachable ?
Non, le câble de 3 m est fixe (montage serti) et la prise n’est pas démontable. Un adaptateur 3,5 ↔ 6,35 mm est fourni.
Peut-on réparer ou remplacer des pièces ?
Oui, les coussinets se retirent facilement, le transducteur et l’arceau sont accessibles via des vis, et Audio-Technica propose arceau et coussinets en pièces détachées.
Ce casque isole-t-il bien ?
Non. C’est un modèle ouvert : il laisse passer l’air et le son. Il convient mieux aux environnements calmes.
Pour quel usage le R30x est-il le plus pertinent ?
Pour du mixage et des écoutes de travail, ce casque allie un prix très raisonnable à un confort notable et à une scène sonore assez détaillée ; attention toutefois au grave peu précis (THD élevée <100 Hz) et à une brillance possible autour de 8–10 kHz.
Est-il confortable sur la durée ?
Oui, il est léger (210 g) et les coussinets sont doux, avec une pression modérée.
Caractéristiques techniques
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Type : circum-aural ouvert, transducteur dynamique 40 mm
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Impédance : 36 Ω ; réponse en fréquence : 5 Hz — 40 kHz
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Poids : 210 g (sans précision de câble)
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Câble : 3 m, non détachable, montage serti, sortie en Y
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Accessoires : adaptateur 3,5 mm ↔ 6,35 mm ; pas de housse fournie
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Châssis : plastique à « armature à côtes » ; quelques éléments métalliques (ressort d’arceau)
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Pliage : non ; pièces de rechange disponibles (arceau, coussinets)