Avec le X1, Ollo Audio annonce revisiter son approche du casque ouvert, et promet un produit dédié au travail en studio. Nouvelle recette, ou recyclage des restes ? On le met sur nos oreilles, et on vous raconte tout ce que ça donne !

Depuis plusieurs années, les casques font l’objet d’une attention toute particulière de la part des musiciens et ingénieurs du son en quête de précision, car, comme nous le rappelait Los Teignos il y a peu de temps, mixer au casque n’est plus une pratique si rare. Dans ce contexte, Audiofanzine poursuit son exploration des solutions disponibles sur le marché avec un nouveau casque signé Ollo Audio, marque slovène qui s’est fait une place dans le milieu de l’audio professionnel.
Aujourd’hui, c’est le X1, leur tout dernier modèle, qui passe entre nos mains (et sur nos oreilles), annoncé comme un casque polyvalent, pensé à la fois pour le monitoring, l’enregistrement et l’écoute critique. Non seulement cela, mais Ollo nous disent qu’ils auraient fait appel à une IA pour parfaire l’accordage des casques, oui, vous avez bien lu, des casques, autrement dit de chacun individuellement. Et si, dans un test comme le nôtre, on ne peut pas comparer deux casques Ollo, on pourra au moins espérer trouver une réponse en fréquence égale d’une oreille à l’autre. Et ce n’est pas tout : le X1 est accompagné d’un plug-in de contrôle et de simulation, pour permettre d’en faire un outil total de mixage. Que de promesses ! Voyons s’il les tient…
Spécifications techniques et connectique
Le X1 de chez Ollo est un casque de type circum-auriculaire, ouvert, et renfermant des transducteurs dynamiques. La taille du transducteur est de 50 mm.
Les spécifications annoncées par le constructeur sont les suivantes :
- impédance : 32 ohms, pas trop gourmand donc…
- réponse en fréquence : 5 Hz — 22 kHz
Construction et réparabilité : entièrement démontable, pièces remplaçables
Comme toujours chez Ollo Audio : oui, totalement et chaque pièce est remplaçable, même par quelqu’un de moyennement expérimenté. Et d’ailleurs, toutes les pièces détachées peuvent être achetées directement depuis le site du constructeur. On lève les deux pouces !
On peut ôter les coussinets, comme suit :
Mais ce n’est pas ainsi qu’on accède au HP. I faut pour cela retirer la plaque arrière, avec huit petites vis à tête cruciforme.
On découvre alors un HP tenu par quatre petites vis avec des têtes à fausse rondelle. Il suffit d’en retirer trois sur quatre pour pouvoir démonter le HP. À noter, il est nécessaire de glisser très délicatement la pointe d’un tournevis plat pour faire sortir le HP de son compartiment.
Confort et tenue : arceau efficace, petite sensibilité aux bruits de frottement
Excellent comme toujours chez Ollo Audio. Le casque n’est pas trop lourd tout en étant robuste, et le bandeau permet de bien soutenir le poids de l’ensemble de la structure tout en adoucissant le contact lorsque le casque est placé sur la tête.
Isolation
Nulle, mais c’est normal, car le casque est ouvert.
Transport et accessoires : mallette fournie, oreillettes pivotantes, 390 g
Le X1 n’est donc pas le casque le plus facile à transporter que nous ayons vu, mais pas le pire non plus : s’il reste impossible à complètement plier, il bénéficie d’une mallette solide, avec un compartiment pour le câble, en plus d’une boîte en carton qui permettra de le mettre à l’abri si vous ne vous en servez pas pendant longtemps (ou si vous déménagez), mais notons également que les oreillettes peuvent se tourner de manière à gagner de la place lorsque vous transportez le casque dans une valise ou un sac. Par ailleurs, son poids (390 g) est très supportable.
USC2 et fichier de calibration individuel (partenariat DSoniq)
Le X1 s’accompagne donc d’un plug-in d’émulation de conditions d’écoute, et de correction, le USC 2. À cela s’ajoute, pour chaque casque, un fichier de calibration fourni par Ollo. C’est prometteur ! Nous avons donc téléchargé ce fameux plug-in, né d’un partenariat avec DSoniq, et le logiciel en question est en fait une sorte de variation à partir de leur Realphones, je vous laisse juger sur pièces :
Puis nous avons récupéré le fichier de calibration, et nous avons effectué quelques mesures, pour rendre visibles les différences produites par le plug-in, et mesure ainsi son impact (autrement que par une simple écoute subjective).
Voici les courbes de réponse en fréquence avec (bleue) et sans (vert) la calibration :
On observe bien un « lissage » de la courbe sous 1,5 kHz, grâce à des graves légèrement remontés, des bas médiums atténués, et des médiums accentués.
On peut procéder à d’autres réglages, en combinant la calibration à différentes émulations de lieu d’écoute. Ainsi, calibration+club, calibration+voiture, calibration+studio (pour comparaison, on a conservé également la courbe de la réponse en fréquence avec seulement la calibration) :
Sur la dernière image, on voit le comparatif enter la RF calibrée+environnement studio et la même chose filtrée grâce au filtre passe-bas.
Le logiciel donne de bons résultats, et ce n’est pas surprenant, car Dsoniq, surtout avec la mouture n° 2 de son plug-in, est aujourd’hui une référence solide dans le domaine de l’émulation. On apprécie qu’Ollo, grâce à ce partenariat, soit en mesure de nous proposer plus qu’une simple correction pour « lisser » la réponse du casque, mais un outil complet d’émulation qui permettra à chaque utilisateur de customiser son écoute selon ses attentes et ses besoins. Le seul reproche que l’on fera est celui d’un certain manque d’ergonomie du produit. En premier lieu, sa procédure de récupération. Je vous invite à regarder le tutoriel vidéo mise en ligne par Ollo sur leur chaîne YouTube pour avoir une idée du processus à suivre avant de simplement bénéficier de la correction installée et fonctionnelle : il vous faudra entrer votre adresse e-mail quatre fois, une fois pour enregistrer le casque, une fois pour créer votre compte dans l’espace « Backstage » d’Ollo, une fois pour obtenir le fichier de calibration et le code de récupération du logiciel, une dernière fois pour obtenir le logiciel, lorsque vous vous serez rendu sur le site Dsoniq. Attention, Rok Gulič ne rigole pas quand il vous dit de ne pas faire de faute de frappe dans l’email lors de la récupération du fichier de calibration. J’en sais quelque chose puisque je n’ai pas suivi ce conseil, et qu’il m’a fallu contacter Ollo Audio et Dsoniq séparément pour débloquer la situation des deux côtés (réponse ultrarapide, chapeau). Quant à la prise en main, là aussi, une petite amélioration nous semble possible, comme pour certaines fonctions qui sont accessibles à la fois à travers la barre latérale et par des boutons situés dans la barre inférieure, mais d’autres non, et l’on ne sait pas pourquoi, ou encore l’inclusion de certaines fonctions dans des zones que l’on peut mettre hors circuit avec un bouton on/off, mais qui ne sont pas affectées par ce bouton (le filtre passe-bas, par exemple). Bref, le logiciel est complet, c’est bien, mais mériterait à mon sens une petite rationalisation.
Mesures AF : réponse en fréquence, distorsion et appairage L/R
Voici donc le nouveau protocole de mesures objectives, mené par nos soins afin de compléter l’écoute subjective. Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plaisir de pouvoir vous fournir des courbes de réponse en fréquence et distorsion, réalisées dans notre atelier.
Réponse en fréquence :
On remarque :
- Une légère montée progressive à partir de 20 Hz et jusqu’à 200 Hz.
- Une réponse généralement stable et linéaire entre 100 Hz et 2 kHz.
- Avec quand même une légère accentuation entre 200 et 300 Hz.
- Une légère remontée au-delà de 2 kHz.
- Un pic suivi d’un creux très net entre 4,5 et 5,5 kHz et qui ne retrouve le niveau moyen qu’à 7 kHz
- Un très fort pic (+10 dB par rapport au niveau général) entre 8 et 9 kHz
- S’en suit une chute progressive, mais le haut du spectre reste bien présent, avec une accentuation générale des aigus.
De plus, les courbes gauche (bleue) et droite (orange) sont très proches, avec des écarts minimes, laissant donc voir un bon équilibre entre les deux canaux et donc, on le suppose, une tolérance basse tout au long de la chaîne de fabrication.
Distorsion :
La distorsion mesurée est basse, surtout dans la plage située entre 80 Hz et 1,2 kHz, avec une partie située sous les 0,05 % à partir de 200 Hz. La remontée dans le grave est négligeable, sauf peut-être un taux de presque 4 % à 23 Hz environ. La remontée de la distorsion dans l’aigu est encore plus négligeable, et dans l’ensemble, on remarque un bon recul de contenu harmonique impair.
Écoutes de référence : équilibre, image stéréo et lisibilité des timbres
Richard Hawley — Don’t Get Hung Up In Your Soul
Une ballade acoustique, avec beaucoup de réverbe et une différence de dynamique importante entre la voix et la guitare. La première chose qui frappe, c’est la mise en avant de la voix, mais avec une bosse à 4–5 kHz, on n’est pas nécessairement surpris. Par contraste, on a l’impression que le creux vers 4–5 kHz gomme une part potentielle d’agressivité et permet de regagner de la douceur. Le faible taux de distorsion dans les médiums permet à la guitare de conserver ses nuances dynamiques sans effet d’écrasement, et le profil plutôt accentué dans l’aigu donne beaucoup de précision dans les attaques, les queues de réverbe, etc. Le grave n’est pas trop présent, ce que l’on apprécie toujours sur ce morceau où la contrebasse a parfois tendance à sonner épaisse.
Sur l’intro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmoniques médiums ajoutées par la distorsion, l’attaque légèrement piquée des notes, tout en séparant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. Le grave est bien tenu, légèrement surélevé autour de 200–300 Hz, ce qui donne de la rondeur aux notes sans baver dans l’extrême grave. Les attaques sont un peu adoucies par le creux entre 4 et 5 kHz, mais la présence reste suffisante. La voix est bien rendue, sans trop de pincement « nasal », ce qui arrive parfois sur ce morceau avec certains casques.
Massive Attack — Teardrop
Un titre avec beaucoup d’extrême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. Le sub (30–50 Hz) est bien présent, sans débordement, ce qui donne à l’écoute un équilibre assez remarquable. Le pic dans les aigus vers 8–9 kHz apporte de la précision et de « l’air » sur les percussions et les effets stéréo, avec le risque toutefois d’une petite fatigue auditive. Rien de terrible toutefois, pour l’instant.
Voilà un morceau avec beaucoup de soufflants jouant dans des tessitures similaires : c’est très touffu et le but est d’essayer de discerner les timbres. La linéarité entre 300 Hz et 2 kHz, la distorsion très basse, tout cela favorise la lisibilité des timbres et la différenciation entre les instruments à vent. Aucun registre ne semble écrasé ou mis en avant. Les cuivres graves (le trombone-basse en particulier) sont bien retranscrits, car ils sont audibles sans pour autant prendre trop de place. On regrette un peu des cymbales un peu trop soulignées par l’accentuation de l’aigu.
Edgar Varèse — Ionisation (0:30–1:15)
Ici, on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réverbération naturelle de la salle, qui joue sur l’impression d’espace. Le X1 restitue une image stéréo très précise et les dynamiques sont rendues avec vigueur. Le suivi des résonances naturelles reste convaincant grâce à la bonne linéarité du médium, et l’accentuation des aigus renforce l’impression d’espace sans paraître artificielle. Une écoute très agréable dans l’ensemble, avec peu de fatigue auditive.
Je signale finalement qu’Audiofanzine travaille en affiliation avec Ollo Audio : si vous souhaitez acheter le X1, et que vous désirez également soutenir AF, cliquez sur le lien ci-dessous : Ollo Audio – X1
FAQ
Le X1 convient-il au mixage et à l’écoute critique ?
Oui. Les mesures montrent une bonne linéarité dans le bas médium/médium, une distorsion faible et un excellent appairage L/R, ce qui en fait un outil fiable pour mixer et vérifier des détails.
Quelle isolation attendre d’un X1 ouvert ?
Aucune isolation : c’est normal pour un casque ouvert. Il n’est pas adapté aux prises de son à proximité de micros ou aux environnements bruyants.
Que change la calibration fournie ?
Le fichier individuel ‘lisse’ la réponse : graves légèrement remontés, bas-médiums atténués, médiums accentués ; combinée aux émulations d’USC2 (studio, club, voiture…), qui permettent de simuler différentes conditions de diffusion.
Le logiciel USC2 est-il indispensable ?
Non, le casque fonctionne sans. USC2 ajoute calibration + émulations, utile pour standardiser l’écoute entre lieux/systèmes.
Le casque est-il réparable ?
Oui, la construction est entièrement démontable et toutes les pièces sont disponibles en pièces détachées.
Quel type de câble ? Peut-on le remplacer ?
Câble détachable 2 m en Y, 2× jack 2,5 mm à baïonnette avec repères rouge/noir (droite/gauche). Remplaçable, mais connecteurs sertis côté câble : moins aisés à réparer soi-même.
Le X1 est-il confortable sur de longues sessions ?
Oui, le maintien est bon et le poids reste contenu (≈390 g). Attention toutefois aux micro-bruits transmis par l’armature/câble lors de frottements.
Où est-il fabriqué ?
En Slovénie.
Caractéristiques techniques
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Type : circum-aural ouvert, transducteurs dynamiques 50 mm.
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Impédance : 32 Ω.
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Réponse en fréquence annoncée : 5–22 kHz.
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Poids : ~390 g.
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Câble : détachable 2 m en Y, 2× jack 2,5 mm à baïonnette, repères rouge/noir L/R.
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Démontabilité : complète ; pièces détachées disponibles.
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Logiciel : USC2 (partenariat DSoniq) + fichier de calibration individuel ; émulations de pièces (studio, club, voiture, etc.).
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Pays de fabrication : Slovénie.