Le HD 25 demeure depuis son lancement une telle référence dans le monde de l’audio qu’il méritait bien qu’on revienne sur son cas à l’occasion du 75ème anniversaire du fabricant qui nous vaut une édition limitée du best seller…
Figurant parmi les casques les plus utilisés sur scène mais aussi en studio, le HD 25 de Sennheiser fait partie de ces produits arrivés à la fin des années 80 et qui sont devenus de tels succès qu’il est difficile pour la concurrence, comme pour son constructeur même, de lui trouver un remplaçant. Ne laissant personne indifférent avec sa grosse personnalité sonore et ses multiples avantages et inconvénients, il garde surtout un énorme avantage sur tous ses adversaires : il est quasi increvable, non seulement parce qu’il est solide, mais parce qu’il est entièrement démontable et que toutes ses pièces sont susceptibles d’être changées. À l’heure où quantité de casques finissent hémiplégiques au fond d’un placard parce qu’on a marché sur leur câble un peu trop fort ou qu’on en n’a pas pris assez soin, le HD 25 fait donc figure de compagnon indestructible qu’on jette dans le sac ou dans le Flight Case pour aller faire une prise de son ou mixer un set, ou même en guise de casque de walkman.
Bref, c’est à une vraie légende qu’il s’agit de s’attaquer ici, en sachant que le produit se décline a priori en trois modèles : le HD 25–1 II Basic Edit en haut de gamme à 200 euros prix public, également nommé HD 25 Plus par le constructeur, le HD 25 tout court à 150 euros prix public, décliné avec des oreillettes jaunes pour une édition 75e anniversaire, et le HD 25 Light proposé pour sa part à 130 euros. Notez que ce sont là les prix pratiqués par Sennheiser sur son site même tandis que les prix que vous trouverez ici et là chez les revendeurs sont généralement plus bas. On s’intéressera pour ce test au HD 25 tout court que nous avons mesuré et à la version 75eme anniversaire que nous avons reçue également, sachant que selon Sennheiser, ces derniers ne présentent pas de différences en termes de son avec le HD 25 Plus dont le surcoût ne s’explique que par le fait qu’il est fourni avec plus d’accessoires…
Casque de spartiate
Certains adorent quand d’autres détestent : le HD 25 demeure un casque au look très 80’s avec des plastiques noirs et des molletons couverts de similicuir pour assurer le confort sur les oreillettes et l’arceau. Vis apparentes, sérigraphie blanche basique sur le dessus, prises rouge ou noire pour distinguer la droite de la gauche et fils qu’on ne se prend pas trop la tête à dissimuler, on sent qu’on est face à un outil de travail et non pas face à un de ces casques pensé pour séduire par son design : sur ce point, on pourrait presque parler d’anti-Beats, même si les coussinets jaune de l édition Anniversaire ramène un peu de folie à l’histoire… On pourrait en dire autant du confort qui n’a rien d’exceptionnel : les oreillettes ne sont pas les plus douces qui soient (notez qu’on peut toutefois se procurer des oreillettes en velours, livrées d’ailleurs avec la version Plus) et la pression exercée par l’arceau demeure assez conséquente pour un supra aural (c’est à dire un casque où l’oreillette repose sur l’oreille et non pas autour) : après de longues heures de travail, on est souvent content de l’enlever.
Mais ces aspects rustiques offrent bien des avantages en contrepartie. Le choix de la conception supra aurale permet d’abord au casque de garder une dimension très raisonnable, au point qu’on peut sans problème l’utiliser comme casque nomade, ou comme casque DJ grâce à la possibilité d’articuler son écouteur gauche et son fil qui ne part que du côté droit.
Par ailleurs, la pression exercée par l’arceau, combinée au design des oreillettes, permet une excellente isolation dans les deux sens, sans recourir au moindre dispositif d’annulation de bruit. Enfin, et c’est peut-être le plus gros avantage du HD 25 sur tous ses concurrents depuis sa naissance comme nous l’évoquions précédemment : tout est démontable et disponible en pièce détachées. Des coussinets au HP en passant par les câbles, l’arceau ou même le rembourrage de ce dernier, on peut tout changer, ce qui confère une énorme durée de vie au casque : à ce stade, on peut parler d’investissement. Reste à parler du son, qui est bien la première de nos préoccupations.
En terrain entendu…
Pour ceux qui n’auraient jamais pu écouter un HD 25, disons qu’il propose une bonne mise en avant du grave et du bas médium et une bosse dans les haut-médiums/aigus, aux alentours de 9 kHz, qui redonne de la brillance à l’ensemble. On est très loin en tous cas de la courbe plus plate d’un HD650, et loin des casques très détaillés dans l’aigu comme on en voit chez Beyer ou AKG, ce qui fait du HD25 un casque très complémentaire de ces derniers. En termes d’impressions d’écoute, s’il fallait trouver un point de comparaison dans la concurrence, ce serait plus probablement avec l’ATH-M50 X d’Audio-Technica qui propose le même genre de relief au niveau de sa courbe, avec une large bosse de 3dB dans le bas et un pic autour de 10 kHz.
Enfin, ça c’était avant. Pourquoi ? Parce qu’en comparaison avec mon vieux HD 25-C II acheté il y a plus d’une douzaine d’années, l’exemplaire de HD 25 que nous testons ici n’offre pas tout à fait le même rendu. Si la bosse des 9 kHz est toujours là tout comme celle des graves, cette dernière est autrement plus prononcée sur le modèle récent, ce qui s’entend immédiatement lorsqu’on chausse les casques l’un après l’autre. Dur de savoir s’il s’agit là d’une évolution du modèle qui céderait à la mode des basses énormes façons Beats by Dre, du vieillissement de l’ancien casque, d’une particularité de l’exemplaire de test ou d’une question de « rodage », mais les faits sont là : on a plus de basse dans le HD25 neuf que dans l’ancien.
Cela ne déplaira pas à tout le monde de toutes façons, et il faut admettre qu’en marge de cet aspect, on retrouve bien l’essentiel du caractère sonore du HD 25, comme nous allons le voir en passant en revue quelques morceaux…
Sur le Feel Good inc. de Gorillaz et son métissage pop/hip-hop, ce dernier est assurément agréable en mettant bien en valeur le bas et le haut médium tout en disposant de la brillance nécessaire pour rendre justice à la voix du chanteur, au charley et aux divers petits éléments en arrière-plan sur le refrain, tous bien audibles. En terme de spatialisation, on est toutefois face à un rendu plus compact et recentré que sur un DT770, ce qui n’est pas forcément un défaut.
Le bas généreux du casque se retrouve sur le Walk on the wild side de Lou Reed, où la voix du chanteur comme la contrebasse gagnent beaucoup en grave au risque pour cette dernière de perdre un peu en netteté. Côté aigus et hauts médiums, si l’on distingue bien le Charley et les balais, force est de constater que la mise en avant du bas est un peu préjudiciable aux médiums et aux guitares qui s’y trouvent, tout comme à la réverbe sur le début des choeurs, même si ce derniers gardent un corps très agréable.
Avec le Time de Pink Floyd et ses horloges, on se rend compte que le HD-25 est loin d’être ridicule dans le haut, avec un bon rendu des réverbes et par conséquent une bonne spatialisation des rototoms. L’arrivée de la basse ternit toutefois un peu le tableau car elle est si présente alors qu’elle vole largement la vedette aux pianos électriques qui se débattent dans le médium.
On poursuit avec les Raconteurs et leur Consoler of the lonely, dont le kick ne pose évidemment pas de problème au HD25 avec le « humph » qui donne le sourire en intro. Le charley manque toutefois un peu de clarté sur les passages chargés et dès que basse, voix et guitares jouent de concert, on retrouve la relative hypertrophie du bas avec un rendu un peu trop boomy. Ce qui se passe en haut est alors moins évident à distinguer au point de quasiment perdre le tambourin qui se trouve à gauche sur le pont et d’avoir des cymbales moins audibles sur certains temps. Bref, ce n’est pas sur ce morceau que notre vieil ami s’avère le plus intéressant…
Même constat sur le Happy de Pharell Williams, où le charley ouvert du refrain tend à disparaître derrière les voix, tandis que l’on peine parfois à distinguer dans le médium ce qui appartient à la guitare, à la basse ou au rhodes très terne, en comparaison de ce qu’il peu donner sur un DT770. Côté basse en revanche, on a de quoi faire bouger la tête, ce qu’apprécieront certains.
Conclusion
Même si l’on pourra regretter une hausse des basses sur le modèle testé par rapport à la moyenne des HD 25, et même si tous ne loueront pas son look résolument 80’s et son confort spartiate, force est de reconnaître que notre vieil ami possède toujours des avantages certains : une excellente isolation, une taille très compacte et surtout, une grande solidité doublée de la possibilité de tout changer sur le casque, des oreillettes à l’arceau en passant par les mousses, les coussinets ou les connectiques. Et quand bien même il pourrait ne pas être votre premier choix en termes d’écoute, admettons que le HD25 s’avère parfaitement complémentaire des casques plus portés vers le haut médium et l’aigu qu’on trouve dans les studios. N’hésitez donc pas à l’écouter pour vous faire votre idée, sachant que si la courbe en réponse vous satisfait, il sera votre fidèle compagnon pendant des années…