Perpétuant pour la troisième fois la lignée Tyros, Yamaha présente un nouvel arrangeur ultra sophistiqué et d’une musicalité rarement égalée.
Perpétuant pour la troisième fois la lignée Tyros, Yamaha présente un nouvel arrangeur ultra sophistiqué et d’une musicalité rarement égalée.
À une époque, les arrangeurs représentaient les parents pauvres de l’industrie musicale. Gadgets devenus outils pédagogiques pour enfants puis adultes en recherche de sensations musicales fortes, ce sont aujourd’hui de puissantes stations de production, dotées de ROM énormes, mémoires pour les samples, DTD, ports USB… Certains constructeurs incorporent des pans entiers de technologie développée sur leurs workstations, à tel point que celles-ci n’ont qu’à bien se tenir. Chez Korg, les PA2X embarquent un véritable synthé type Triton / M3. Chez Ketron, l’Audya est une usine à boucles audio qui s’harmonisent et se « timestretchent » en temps réel. Sur le Tyros 3, point de fioritures, Yamaha a choisi d’améliorer tout ce qui pouvait l’être dans son concept d’origine : réalisme sonore, harmonisation, processeur d’effets et interface utilisateur.
Tour du propriétaire
Comme ses prédécesseurs, le Tyros 3 est embarqué dans une carcasse en plastique gris alu sur le dessus et noir sur le dessous. Pour ce niveau de gamme, on aurait préféré une coque en alu brossé, bien plus classe et tout aussi légère. Même si elle n’est pas faite pour cela, la partie située sous les touches a tendance à plier quand on appuie dessus, autant investir dans une housse de transport. Le constructeur en propose une en option, brodée « Tyros 3 », du plus bel effet. Le clavier FSX comporte 61 touches sensibles à la vélocité et à la pression. C’est le meilleur clavier léger que nous ayons été amenés à tester : la réponse est franche, l’équilibre parfait et le contrôle total ; ce clavier détrône dans notre classement le fameux clavier Yamaha équipant, entre autres, les DX7, Korg Trinity / Triton… Depuis le Tyros originel, Yamaha n’a cessé de faire évoluer la position des différentes sections de contrôle. Cette fois, les choix nous paraissent tout à fait judicieux. À gauche, tout ce qui touche les styles et séquences : en partie inférieure, on trouve les commandes de pilotage des styles (intros, variations, breaks, fins, transport, fondus, modes d’arrangement, tempo, pads…) ; au milieu, les touches de sélection des styles par catégorie ; tout en haut, la gestion du séquenceur. C’est aussi là que se situe la section dédiée au micro : réglages, harmonies vocales…
Au centre de la machine, difficile de manquer le grand écran VGA 640 × 480 points de 7,5 pouces. Sa matrice active couleur lui confère une forte luminosité et un excellent piqué. L’écran est orientable (mais pas motorisé, d’ailleurs on s’en fiche un peu). Il est cerné de boutons de part et d’autre, permettant le choix des sons et styles, la navigation dans les différents onglets des pages de menu et l’édition directe des paramètres. Rien à dire, ça fonctionne très bien, le fait qu’il ne soit pas tactile ne pose aucun problème et ça évite de trop le salir. Sous l’écran, en plus des 8 paires de touches de fonction (édition de valeurs variant suivant la page menu), le Tyros 3 offre 9 curseurs linéaires tout à fait bienvenus : non seulement ils permettent une édition rapide du mixeur intégré (nous y reviendrons), mais surtout ils sont décisifs pour les programmes d’orgues à tirettes modélisés. Dès qu’un programme de ce type est appelé, l’écran affiche une représentation graphique des tirettes types Hammond B3, les curseurs permettant alors de les régler à la volée en live. Une amélioration par rapport aux précédents modèles que nous saluons.
Enfin, la partie droite de la machine est réservée aux programmes sonores : en bas, la sélection des mémoires de scène, les registrations OTS (nous y reviendrons également), le choix des canaux main gauche / main droite et la sélection / coupure des parties constituant les différents canaux. Au centre, les touches de sélection des programmes par catégorie. En haut enfin, les différentes sections effets des programmes. C’est aussi dans cette partie que l’on trouve la section direct-to-disc (nous y reviendrons) et les menus système.
Suite de la visite
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La connectique du Tyros 3 est plutôt impressionnante, là on est bien dans le haut de gamme. À commencer par les prises casque et USB To Device judicieusement situées sur le devant (l’une à gauche, l’autre à droite). Sur l’arrière, c’est un gruyère : prise 3 broches secteur (alimentation interne, merci), entrée stéréo (ligne / micro avec potentiomètre de gain), départs / retours audio stéréo avec potentiomètre (permettant de connecter des unités audio externes, telles qu’effets, platines…), 2 paires de sorties stéréo assignables, 2 sorties vidéo RGB / cynch (pour connecter un écran LCD, un moniteur ou une TV), 4 prises Midi (2 In/Out), 3 prises pédales, 2 ports USB2 (hôte et Device) et une prise LAN RJ45 pour connexion internet (voir encadré de droite). Enfin, aux 2 extrémités du panneau arrière se trouvent 2 jacks permettant de connecter la sono maison TRS-MS02 empruntée au Tyros 2, constituée de 2 satellites et 1 caisson de basses / ampli. Les satellites se fixent aux angles à l’arrière de la machine, pour une position d’écoute optimale, tandis que le gros caisson de basses /ampli se pose à même le sol. On relie ce dernier à la machine avec 2 câbles. Avec ses 2 X 20 + 40 watts et sa réponse en fréquence équilibrée, cette petite sono offre une écoute très correcte pour une utilisation privée (studio, salon) ; pour la scène, il faudra prévoir plus grand.
Le Tyros 3 est livré avec un pupitre et un CD-Rom. Le disque dur interne 80 Go est vide, tout comme les 2 emplacements, situés sous le capot, permettant d’accueillir des barrettes DIMM 168 broches de 64 à 512 Mo, uniquement par paire et de même capacité. Ils permettent d’étendre la RAM initiale de 4 Mo pour importer des échantillons. Le CD-Rom contient l’éditeur de voix et les manuels, mais ni sons, ni samples, ni styles supplémentaires. Bref, c’est le strict minimum, pas même une pédale de tenue à se mettre sous le pied…
Prise en main
Plus les arrangeurs se perfectionnent, plus ils deviennent parfois complexes à prendre en main, donc plus ils perdent de spontanéité, ce qui va à l’encontre de leur raison d’être. Évitant cela, le Tyros 3 offre un paquet de fonctions pour simplifier la vie de l’utilisateur. A commencer par la fonction OTS, qui permet de faire des réglages globaux de la machine (style + sons main gauche / main droite) et de les appeler avec une seule pression de bouton. Lorsqu’on change de variation de style (directement ou par fill-in automatique), les registrations main gauche / main droite peuvent changer en même temps, soit de manière immédiate, soit différée sur la mesure de passage à la nouvelle variation. L’afficheur offre en permanence une info très détaillée de tout ce qui se passe sur la machine, en 5 langues : programmes, arrangements, position des tirettes harmoniques… on se perd rarement. L’interface est très agréable, faisant la part belle aux graphismes colorés : classeurs avec onglets pour les sons et styles, table de mixage pour les différentes pistes, tirettes harmoniques en couleur pour les sons d’orgues modélisés…
La fonction Music Finder permet de trouver un genre d’arrangement parmi une base de données de 1850 réglages, évoquant des titres connus (attention, ce ne sont pas des Midifiles, juste des réglages complets de la machine – styles et sons – dans un genre donné). Autre attention simple mais utile pour le live, Yamaha a judicieusement prévu 2 touches de transposition par demi-ton et 2 touches de transposition à l’octave (réservée aux parties main droite en mode arrangement et à tout le clavier en mode Full).
Belle musicalité
Utilisé comme arrangeur, le Tyros 3 est capable de jouer simultanément 3 programmes main droite, 1 programme main gauche, 8 programmes sur ses pistes de styles et 4 riffs sur les Pads, pour un total de 128 voix de polyphonie. Lorsque la partie main gauche est désactivée, le Tyros 3 reproduit jusqu’à 3 couches sonores sur tout le clavier (avec ou sans arrangement). Lorsqu’elle est activée, le canal main gauche est joué sous le point de split programmé. En fait, on peut même régler 3 points de split distincts délimitant 4 zones : zone de reconnaissance d’accords, main gauche, main droite 1–2 et main droite 3. Maintenant, passons à l’écoute des sons d’usine, parmi les 1500 disponibles, certains aux standards GM2 / XG. Les pianos acoustiques place d’emblée la barre très haut, comme ce piano classique, ce piano jazz-rock et ce piano soft. Le Tyros 3 emprunte en effet le multiéchantillon dynamique stéréo tiré des derniers Clavinova. Résultat, un son réaliste, ample, dynamique, sur toute la tessiture – à notre sens le meilleur son de piano sur un clavier, lecteurs d’échantillons et grosses workstations confondus ! On comprend les bruits selon lesquels l’incorporation de ce son aurait posé des problèmes de segmentation au marketing de Yamaha… Les pianos électriques sont tout aussi impeccables, tels que Rhodes, CP80, Wurlitzer, Clavinet. Les sections cuivres et cuivres solos sont également magnifiques, avec un coup de chapeau au nouveau sax jazz, expressif et baveux à souhait. Il utilise la nouvelle technologie « Super Articulation 2 » développée spécifiquement pour le Tyros 3. Celle-ci, mise en œuvre automatiquement suivant l’analyse du jeu ou manuellement via 2 Switches dédiés situés à gauche du clavier, permet de jouer différentes versions d’échantillons pour une même note, non seulement en fonction de la vélocité, mais également des intervalles et des répétitions. Applications : glissando à l’octave vers le haut ou vers le bas, attaques pitchées, legato, vibrato, bruits de doigts, souffle… Dans le même tonneau, on trouve une clarinette, une trompette, un harmonica et une cornemuse tout aussi expressifs.
Les guitares sont tout aussi excellentes, acoustique nylon, acoustique acier et électriques, utilisant des samples très musicaux et des effets de simulation de qualité. Pour reproduire les différentes techniques de jeu de guitare (notamment), le Tyros 3 incorpore des multiéchantillons en couche baptisés MegaVoices, dont le son varie suivant la vélocité de frappe. Ceci permet de créer des rythmiques réalistes au sein d’une piste d’arrangement sans faire appel à plusieurs programmes ; parfait pour lire des styles déjà faits, mais très difficile à utiliser pour programmation soi-même. En parcourant les différentes catégories, nous avons également pu apprécier la qualité des basses, des kits de batterie (avec nouveaux échantillons dynamiques stéréo), des accordéons (ô combien vitaux pour un arrangeur !) et des cordes. Au détour des programmes, on trouve un vibraphone, des bois et un clavecin pas trop mal. La seule véritable déception provient des chœurs classiques ou jazz, assez datés et compliqués à faire sonner correctement. Les orgues échantillonnés sont de bon niveau, à part un problème assez ennuyeux d’un échantillon trop fort et trop criard sur quelques notes d’un programme de B3. Pour simuler les orgues à tirettes harmoniques, le Tyros 3 utilise une technologie de modélisation avec modification en temps réel des 9 pieds (voir encadré ci-dessous). Les sons de synthèse ne sont pas en reste, avec des simulations assez convaincantes de machines classiques, à travers différents programmes de basses, leads, pads et polysynths, certains tirés des Motifs. Au global, le Tyros 3 offre la plus belle panoplie sonore de tous les lecteurs d’échantillons que nous ayons écoutés à ce jour. À titre de comparaison, nous le plaçons au-dessus des Fantom et PA2X/M3, un cran au-dessus des Motif/Tyros2 et à parité avec les PC3 Kurzweil. Nous ne pourrons en revanche pas donner de chiffres sur la taille de la Rom PCM utilisée, Yamaha Japon ayant refusé de nous communiquer ces données.
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Figures de style
Le Tyros 3 est livré avec 450 styles d’usine en mémoire interne, le disque dur étant désespérément vide… Tous les genres sont représentés, classés en différentes catégories : Pop&Rock (AcousticRock, ContempPop, ContempRock, EasyPop, HardRock, Live8Beat, SouthernRock, Unplugged1&2, VintageGtrPop), Ballad (16BeatBallad2, 80’sBoyBand, AnalogBallad, ChillOutCafé, R&BSoulBallad), Dance (6–8Trance, 70’sDiscoFunk, Electronica, FunkDisco, Ibiza2004), Swing&Jazz (Charleston, DreamyBallad, JazzGtrClub, ModBigBandShfl, ModernJazz, MoonlightBallad), Rythm & Blues (GospelSisters, Rock&RollShfl, Skiffle), Country (70’sChartCntry, BlueGrass) Latin (BossaNova, BrazilianSamba, GuitarRumba, RockChaCha, SheriffReggae), Ballroom (Tango1, TheatreMarch, VienniseWaltz), Movie&Show (MoviePanther, RomanticBallet, SaturdayNight, WildWest), Entertainer (8BeatAdria, Caribbean, DiscoFox, DiscoHands, ScanBugg) et World (OberPolka, Sirtaki, Zouk). Cette classification nous a semblé moins intuitive qu’il n’y parait. En effet, un genre musical peut être décliné et classé dans plusieurs catégories, comme le Disco présent dans les rubriques Dance, Latin, Movie&Show et Entertainer ; il faudra s’y faire. Les styles sont encore en progrès par rapport aux précédents modèles, tirant parti d’une part, de la panoplie sonore étendue (dont les kits de batterie), d’autre part de la section effets permettant de gérer plusieurs DSP distincts suivant la partie rythmique et enfin, du puissant système de reconnaissance d’accords, gérant pas moins de 38 types d’accords jusqu’à 6 notes (pour ceux qui ont une main gauche très développée). Lorsque l’arrangeur est activé, l’harmonisation se fait sur la main gauche ou le clavier complet, avec ou sans inversion de basse, suivant différents doigtés plus ou moins simplifiés (avec 2 doigts, on peut en faire des choses… sur le Tyros 3). Différentes règles d’harmonisation permettent de définir les intervalles de chaque note harmonisée dans les différentes déclinaisons d’accords (voir ci-après). Bref, nous avons trouvé beaucoup de réalisme, de subtilité, de musicalité.
Un style comporte 3 intros, 4 variations, 4 fill-in, 1 break et 3 fins. On peut démarrer un morceau directement ou l’agrémenter d’une intro ou d’un fondu. Pour faciliter les choses, le changement de variation peut s’opérer avec fill-in automatique pour un enchaînement parfait et musical. En cours de jeu, rien de tel qu’utiliser les 4 pads programmables pour lancer ici une percussion, là un effet ou encore là un riff (parmi les 123 internes ou les mémoires utilisateur), synchronisé au tempo (en boucle ou en coup unique). On est loin du côté rengaine des arrangeurs de jadis. Pour terminer discrètement, rien de tel qu’un fondu en sortie ; et pour épater la foule, l’une des 3 fins plus ou moins complexes. Le Tyros 3 offre pas mal de souplesse quant à la gestion du tempo : lorsqu’on change de style, soit le nouveau style s’enchaîne avec le tempo programmé, soit le tempo initial est conservé. 2 boutons permettent de régler directement la valeur souhaitée ; on aurait préféré un rotatif, plus rapide, mais fort heureusement, une touche spéciale « Tap Tempo » permet de se caler illico sur la vitesse désirée. Enfin, signalons la fonction d’harmonisation main droite en fonction des accords joués main gauche. Très puissante, celle-ci peut se faire selon 26 styles de jeu différents et est mémorisée avec chaque programme. À nous Moonlight Serenade à un doigt !
Bien arrangé
Le Tyros 3 permet de programmer et mémoriser nos propres styles. Un style comprend jusqu’à 15 sections rythmiques de 8 pistes, avec 32 mesures, à concurrence de 120 ko par style. Pour programmer une piste, on dispose de 3 modes de programmation : temps réel avec Overdub, pas-à-pas ou assemblage de parties de style. On programme dans une gamme et un type d’accord au choix, la valeur par défaut étant CM7. Pour éditer, il y a un certain nombre d’outils classiques : quantisation, suppression d’événements, copie / insertion / suppression de mesures, changement de la vélocité… Pour ajouter du feeling, on peut agir sur le groove, avec fonctions Swing classiques et une très intéressante fonction Push, permettant d’anticiper ou retarder certains temps plus ou moins finement, ajoutant quelques « imprécisions » dans le tempo. Pas mal !
Mais le morceau de bravoure, c’est incontestablement la gestion des accords très complexe, avec des règles d’harmonisation à définir pour chaque piste suivant les variations d’accord jouées : comment se comporte la basse par rapport aux renversements d’accords, comment ces accords sont rejoués (renversés ou non, avec un mode guitare qui « gratte » ou « arpégie » les notes…), comment les lignes mélodiques sont transposées, comment se comporte l’harmonisation des accords majeurs, mineurs, septièmes. Dans ce dernier cas, le Tyros 3 gère l’altération de différents intervalles lorsqu’on passe en mineur (diminution ou augmentation des tierce, quinte, sixte, septième…) suivant différentes règles fondamentales d’harmonie : mélodique, harmonique, naturel, dorien. C’est une alternative à certains arrangeurs qui proposent des variations figées pour les accords majeurs, mineurs et septième et qui, du coup, triplent où quadruplent le nombre de motifs à programmer sans pour autant harmoniser tous les types d’accords. Nous préférons l’approche de Yamaha sous forme de règles d’harmonie déclinées à partir d’un seul accord majeur, plus rapide et beaucoup plus musical lorsqu’on commence à utiliser des combinaisons complexes. Pour clore ce chapitre, signalons que le Tyros 3 est indirectement compatible avec toute la gamme de styles Tyros / PSR9000 ; cela nécessite l’utilisation de logiciels de conversion, parfois en plusieurs manipulations, gracieusement mis à disposition par le constructeur.
Séquenceur limité
Le Tyros 3 est équipé d’un séquenceur 16 pistes sur 16 canaux Midi d’une capacité de 300 ko par morceau (plus de 100.000 notes). Ceci lui permet de relire les Midifiles standard (avec affichage et suivi des partitions) ou les fichiers Karaoké / texte (avec affichage et suivi des paroles). On peut afficher 2 canaux simultanés au choix (clé de sol, clé de fa), les accords de guitare et les paroles, le tout sur la même partition. La signature et la quantisation de note sont paramétrables, tout comme la couleur des notes et le facteur de zoom. La lecture peut se faire entre 4 repères assignables, avec possibilité de bouclage entre les repères. De même, on peut activer une lecture continue ou aléatoire de tous les morceaux contenus dans un dossier donné, à la manière d’une Playlist. Un mode d’apprentissage permet d’asservir la lecture du morceau en fonction des notes jouées ou chantées (tant qu’on joue ou tant qu’on chante faux, ça n’avance pas).
On peut également enregistrer ses propres séquences suivant 2 méthodes. La première, baptisée « enregistrement rapide », permet d’envoyer les performances live jouées avec l’arrangeur directement vers les 16 pistes : 4 pistes main gauche / droite, 4 pistes de pads et 8 pistes issues du style. Une fois l’enregistrement multipiste terminé, il suffit de le sauvegarder (mémoire interne, disque dur ou via USB). Rien de plus simple. La seconde méthode est le mode pas à pas : on y entre les notes les unes après les autres, avec hauteur, vélocité, temps de porte et durée ; puis les progressions d’accords pour les pistes de style. L’édition ultérieure peut se faire en temps réel (avec punch in / out) ou en pas-à-pas (édition de liste de notes, de progressions d’accords, de Sysex). Dans ce dernier cas, des filtres d’événements permettent d’aller droit au but sans perdre de temps dans des listes surchargées. On peut globalement reprocher à ce séquenceur d’être orienté arrangeur, c’est-à-dire basé sur une mélodie main droite et un accompagnement automatique harmonisé suivant une progression d’accords. En cela, il se différencie des workstations dont les séquenceurs permettent d’enregistrer chaque piste en partant de zéro. On peut également regretter l’impossibilité de transférer directement des portions de données entre les pistes d’arrangeur et les pistes du séquenceur.
Effets à la douzaine
L’un des talons d’Achille de la plupart des arrangeurs est sans conteste la section effets. On manque souvent de DSP séparés pour faire sonner les différentes parties d’arrangement qui tournent ensemble. La Tyros 3 rompt avec cette tradition, puisqu’il offre pas moins de 9 DSP séparés, un chorus global, une réverbe globale, un compresseur et un EQ maître. Les effets globaux sont assignés à 2 bus dont les départs sont réglables par canal, alors que les multieffets sont directement assignés aux parties : 2 sont affectés aux parties rythmiques, 1 à l’entrée micro, 4 aux parties mains gauche / droite et 2 aux pistes du séquenceur, avec quelques recouvrements et subtilités que nous ne détaillerons pas ici et qui permettent encore plus de souplesse qu’il n’y paraît.
Tous ces effets sont de puissants multieffets offrant jusqu’à 16 paramètres, certains modifiables en temps réel. Pour ne pas partir de zéro, on trouve un paquet de Presets : 42 programmes pour la réverbe, 106 pour le chorus (avec également des réverbes, délais, Flanger, Leslie) et pas moins de 272 pour chacun des 9 DSP. Dans la liste, tout ce qu’il faut pour s’amuser : réverbes, délais, chorus, Flanger, Phaser, disto, simulateur d’ampli, haut-parleur tournant, Enhancer, effets lo-fi, ainsi que des combinaisons d’effets. On peut aussi harmoniser tout ce qui passe dans l’entrée micro, en particulier sa propre voix, en fonction des accords joués pour piloter l’arrangeur. Pas moins de 60 types d’harmonies vocales sont disponibles dans différents styles musicaux (country, jazz, classique, vocodeur…), ainsi que 10 mémoires utilisateur. Enfin, le compresseur maître offre 5 Presets + 5 mémoires (réglages du type, seuil, ratio et gain, tout comme l’EQ maître. Une section très puissante qui sonne remarquablement bien.
Direct-to-disc
La fonction direct-to-disc permet de capturer 1 piste stéréo à partir des entrées audio ou d’importer un fichier depuis un périphérique de stockage USB. En lecture, on dispose de 2 pistes stéréo. Le travail s’effectue en 16 bits / 44 kHz. Une fois les pistes capturées, on peut leur faire subir quelques traitements classiques : normalisation, réglage de volume, effacement, écrasement / remplacement / mixage par punch in / out programmé, manuel ou au pied…
Une Playlist permet de gérer facilement une liste de morceaux à jouer dans un ordre prédéfini. Les listes peuvent être éditées, triées dans tous les sens, c’est vraiment facile d’importer un nouveau morceau et de réarranger le tout, à concurrence de 500 fichiers par liste ! Elles peuvent ensuite être sauvegardées (mémoire interne ou externe) et rappelées à n’importe quel moment.
Tables de mixage
À tout moment, le Tyros 3 permet d’entrer dans le mixeur de voix, qui offre un contrôle et une représentation graphique de tous les canaux utilisés. En une pression de touche, on accède ainsi au mélange de tout ce qui sort de la machine : 3 sons main droite, 1 son main gauche, 8 pistes d’arrangement, 16 pistes de séquence, 4 Pads, 1 micro… Différentes tables de mixage sont disponibles, dans lesquelles on peut régler en deux temps trois mouvements les volumes, panoramiques, EQ (2 bandes), accordage / portamento / coupure du filtre / résonance (uniquement pour les 4 parties main gauche / main droite), envois vers les bus d’effets réverbe et chorus, choix de l’effet pour les différentes pistes (9 DSP séparés), EQ maître, compresseur maître et sortie audio.
Terminons en signalant que le Tyros 3 sait gérer de manière très souple différentes gammes microtonales. Elles sont entièrement paramétrables, avec édition graphique. On a également 9 Presets sous la main, dont des gammes orientales. Sans oublier la réponde dynamique du clavier, avec 5 courbes de vélocité et 3 de pression.
Conclusion
Le Tyros 3 est l’aboutissement d’une série d’arrangeurs haut de gamme commencée depuis plusieurs années. Beaucoup de chemin a été parcouru depuis la première mouture. La musicalité incontestable est ce qui frappe le plus sur cet instrument, mettant la concurrence à bonne distance, notamment grâce aux nouvelles sonorités SA2 d’une rare expressivité. Les styles ont également gagné en réalisme, tirant parti de nouveaux échantillons de batterie et d’une section effets largement dimensionnée. Quant au clavier 61 touches, il est d’une qualité exceptionnelle, mais hélas il n’y a pas de versions 76 ou 88 touches. Bourré de réglages, le Tyros 3 n’en demeure pas moins une machine à l’ergonomie simple, idéale pour la scène pro. Ceux qui aiment triturer les sons et les styles ne seront pas déçus et le Tyros 3 est tout aussi à l’aise en studio. On regrettera cependant que la partie synthèse sonore soit déportée sur un soft, compte tenu de la taille de l’écran, et que le séquenceur soit orienté arrangeur. Autres points de frustration, la construction tout plastique en regard du prix et le peu d’accessoires fournis. Mais l’impression globale qui s’est dégagée de notre test est très largement positive. Quand on lance un style sur le Tyros 3, difficile de ne pas poser les doigts sur le clavier et commencer à battre du pied… l’inspiration vient alors toute seule.