Il était noir, maintenant il est blanc. Ce n'est pas feu Michael, c'est l'Axiom. Le clavier de contrôle de M-Audio revient en effet dans une version relookée et gonflée aux stéroïdes...
La première chose qui saute aux yeux en déballant cet Axiom Pro, c’est son look un tantinet different de l’Axiom de base. Exit la finition sombre et sobre du premier modèle noir et gris, et place à un blanc lumineux mettant en valeur les contrôleurs noirs en contrepoint de sérigraphies rouges et grises. Avec une telle palette, le design oscille entre l’esthétique iPod Classic et le revival 80’s : on a même droit a une imitation chrome sur le dessus des encodeurs. D’acuns trouveront ça un peu trop m’as-tu-vu, mais force est de constater que par rapport à l’Axiom, les contrastes de l’Axiom Pro le rendront plus facile à utiliser par faible lumière, que ce soit sur scène ou dans la cave mal éclairée qui vous sert de Home Studio. Cela est d’autant plus vrai que M-Audio a profité de l’occasion pour rajouter de jolies LEDs bleux pour rétro-éclairer 19 boutons du clavier en plus de l’écran LCD.
Blanc sur rouge, rien ne bouge
Puisqu’on en parle, arrêtons-nous sur les contrôleurs dont le placement ne déroutera pas les habitués du premier modèle. En dehors du look et des LEDs, on dispose exactement du même nombre de contrôleurs sur l’Axiom Pro que sur l’Axiom, situés au même emplacement.
De droite vers la gauche, on retrouve ainsi 8 pads sensibles à la vélocité, 6 touches de commandes pour le séquenceur, 8 encodeurs rotatifs non crantés (alors qu’ils le sont sur l’Axiom de base), 9 faders et 9 boutons, 8 boutons de commandes globales sous un large écran LCD rétro-éclairé (servant pour 8 d’entre eux à la configuration su clavier), le très pratique pavé numérique à 12 boutons (avec en sérigraphie des lettres en plus des chiffres, laissant à penser qu’on pourra peut-être envoyer des SMS avec son Axiom…), deux gros boutons pour le changement d’octave et les deux incontournables molettes pour le pitch bend et la modulation.
Peu de changements donc en façade, et aucun changement à l’arrière où nous attendent le bouton marche/arrêt, les prises pour le transfo et le connecteur USB (avec auto-alimentation possible du clavier via ce dernier), une entrée et une sortie MIDI au format DIN 5 broches, et deux prises Jack femelles pour connecter une pédale de Sustain et une autre d’expression (non fournies). Rien de neuf sous le soleil donc, et on vous laissera vous reporter au précédent test de l’Axiom car la vraie nouveauté est ailleurs, à commencer par le plus important : le clavier.
A la faveur de la nouvelle technologie propriétaire TruTouch, l’Axiom Pro propose en effet un toucher nettement plus convaincant que l’Axiom. S’il s’agit toujours de touches semi-lestées sensibles à l’aftertouch, le clavier se montre moins mou sous les doigts et moins cheap que son prédécesseur. Un très bon point. Côté MIDI, tout se passe plutôt bien dans un séquenceur avec, en fonction de la courbe de vélocité paramétrée, des réponses cohérentes sur la vélocité des notes ou l’aftertouch. On sera moins enthousiaste vis-à-vis des pads dont la captation n’est pas uniforme sur toute la surface. Du coup, le fait de dévier sur le côté du capteur peut vous conduire à enregistrer une vélocité bien en deça de ce qu’elle aurait été au centre de ce dernier. Bref, il faudra être précis et taper bien au milieu sous peine d’avoir des surprises…
Pour terminer avec la partie physique du clavier, mentionnons que les faders sur le modèle testé se sont montrés sensiblement plus durs dans leur course que ceux de l’Axiom de base. Ce n’est ni mieux, ni moins bien, c’est juste différent. A voir juste ce qu’il adviendra de cette différence après de longues heures d’utilisation.
Le contrôle qu’il est hyper
L’une des grandes nouveautés de cet Axiom Pro, c’est la technologie HyperControl qui vous propose une sorte de super mapping prêt à l’emploi pour les grands séquenceurs du marché : Pro Tools évidemment, mais aussi Cubase, Ableton Live, Logic, Reason et même une sélection d’instruments virtuels (Digidesign pour la plupart). Point de Sonar pour l’instant (histoire de ne pas faciliter la vie de la concurrence ?), ni de Digital Performer ou de Samplitude. On ne s’étonnera pas, du coup, du fait que ni Studio One, ni Reaper ne disposent du mode Hyper Control. Ca ne veut pas dire pas dire que vous ne pourrez pas utiliser l’Axiom Pro avec ces logiciels, mais ça vaut dire que vous devrez vous faire un mapping à l’ancienne, et c’est bien dommage.
C’est dommage parce que, testé sous Ableton Live 8, l’Hyper Control est quand même bien pratique : en gros, on peut piloter l’essentiel des fonctions du séquenceurs sans jamais avoir à toucher sa souris que pour le drag & drop de boucles ou de plug-ins. Tout le reste, on le fait avec l’Axiom avec un suivi en temps réel sur l’écran LCD : chaque paramètre modifié s’affiche en effet sur ce dernier. Petit reproche concernant ce dernier : un certain manque de réactivité sur les mouvements rapides. Si le séquenceur répond parfaitement au séquenceur, la valeur indiquée par l’écran de l’Axiom manque parfois de précision (sur les potards notamment) ou affiche même des valeurs un peu fantaisiste : les vélocités des pads renvoyées par le LCD sont parfois étranges alors qu’il n’y a rien d’anormal dans la séquence enregistrée. Mais le gros plus de l’HyperControl, ce n’est pas tant au niveau du séquenceur qu’on le voit mais dans les instruments et effets virtuels : en passant du mode Mixer au mode Device, on transforme en effet l’Axiom en contrôleur dédié. Vous pouvez ainsi éditer les LFO d’un synthé, la fréquence de coupe d’un filtre ou son enveloppe avec les infos affichées directement sur l’écran du clavier. Une très bonne chose qui a toutefois ses limites : contrairement à l’Automap de Novation, HyperControl n’est pas capable de mapper à la volée les paramètres rencontrés dans un VST/VSTi lambda. Impossible de jouir donc du confort du Mode Device avec le dernier freeware à la mode ou même une grosse bertha du virtuel (BFD, Kontakt, etc.). Pour ça, il y aura toutefois le mode MIDI Learn équipant la plupart des logiciels…
Finissons avec une dernière fonctionnalité intéressante de l’Axiom Pro : la possibilité d’envoyer, avec la plupart des contrôles (pads, sliders, blocs de contrôles, pavé numérique), des messages ASCII à votre séquenceur, tout comme le fait votre clavier d’ordinateur. Dès lors, il n’est pas nécessaire qu’une commande de votre DAW soit associée à un contrôleur MIDI pour la piloter depuis l’Axiom et, en associant vos raccourcis claviers à certaines touches, vous pourrez complètement vous passer de clavier informatique…
Conclusion
L’Axiom était un bon clavier de contrôle et c’est sans surprise que l’Axiom Pro, avec son clavier amélioré, sa technologie HyperControl, ses LEDs et sa gestion des messages ASCII le surpasse. On le prend vite en main et l’exhaustivité des mappings pour les principaux séquenceurs permet de travailler, dès le clavier branché, vite et bien. Reste qu’en proposant strictement les mêmes contrôleurs que son prédécesseur pour un prix 30 30 à 40 % plus cher, et à défaut d’une version 88 touches à toucher lourd, cet Axiom mérite moins le qualificatif de Pro que de Mark II. De fait, s’il constitue un excellent achat pour quiconque cherche un clavier alliant polyvalence et qualité, il n’est pas certains que les possesseurs de l’ancien modèle gagneront énormément en montant en gamme.