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Test de Spectralayers Pro 11 de Steinberg - Spectraordinaire !

9/10
Award Valeur sûre 2024
2024
Valeur sûre
Award

Moins d’un an après une version 10 qui nous avait convaincus, Spectralayers revient pour rappeler à tous les acteurs du marché qu’il est bien LE patron du démixage… et peut-être même plus…

Test de Spectralayers Pro 11 de Steinberg : Spectraordinaire !

Profi­tant d’al­gos Open Source, de plus en plus d’édi­teurs intègrent aujour­d’hui une fonc­tion de démixage par STEM dans leur logi­ciel. Après Izotope RX et Acous­tica, c’est en effet au tour de FL Studio et de Logic Pro de propo­ser cette possi­bi­lité qui fait par ailleurs l’objet de plusieurs services web. Et bien que la version 10 du logi­ciel de Stein­berg garde encore une bonne longueur d’avance sur ses petits cama­rades en termes de fonc­tion­na­li­tés, tandis qu’Izo­tope RX peine depuis quelques versions à se réin­ven­ter, Robin Lobel semble vouloir battre le fer pendant qu’il est chaud en propo­sant une version 11 qu’on n’at­ten­dait pas si tôt, mais qui n’a rien pour­tant d’une demie mise à jour, comme on s’en rend compte dès le lance­ment du logi­ciel…

Ces petites choses qui changent tout

spectralayersglobalOutre une nouvel écran d’ac­cueil sur la version auto­nome du logi­ciel, lequel vous invite à ouvrir un projet exis­tant ou à impor­ter un ou plusieurs nouveaux fichiers (n’y manquent qu’un raccourci vers des tutos, les espaces commu­nau­taires et la doc pour qu’on se retrouve face au hub déployé par Stein­berg sur ses autres logi­ciels), on note d’abord la possi­bi­lité inté­res­sante de compac­ter les panneaux de droite sous forme d’icône pour dispo­ser de la plus grande taille possible au niveau de la visua­li­sa­tion prin­ci­pale : une déli­cate atten­tion quand il s’agit de travailler sur le petit écran d’un ordi­na­teur portable ou sur l’es­pace encore plus restreint de la version ARA qui s’af­fiche dans une appli­ca­tion hôte.

Dans le genre petite fonc­tion qui change la vie en termes de produc­ti­vité, la gestion du bouclage d’une partie du fichier est aussi gran­de­ment appré­ciée pour ne pas avoir à jongler avec les fonc­tions de lecture à l’heure du para­mé­trage d’un modu­le…

colonneDans la partie droite de l’in­ter­face, les choses ont aussi pas mal évolué. On notera d’abord quelques amélio­ra­tions du Display Panel qui permet désor­mais d’af­fi­cher toute ou partie des infos qui vous semblent inté­res­santes, ainsi que du Chan­nel Panel ou de petites lettres en amont des commandes Solo / Mute vous aident à retrou­ver vos petits plus faci­le­ment entre les diffé­rents canaux. L’His­tory Panel propose quant à lui de pouvoir renom­mer une étape de la produc­tion : une très bonne idée qui permet de clari­fier sa session en cas de multiples trai­te­ments : quand vous faites à la suite une dizaine de Denoise, il est ainsi possible de préci­ser ce sur quoi ils portent. Seul bémol à ce sujet : comme nombre de logi­ciels et contrai­re­ment à ce qu’on voit dans Reaper ou le monde de la 3D par exemple, l’his­to­rique n’est pas sauve­gardé avec le projet…

Le Layers Pannel a lui aussi beau­coup plus à offrir que par le passé, avec la possi­bi­lité de passer d’une vue compacte à une vue détaillée d’un simple clic, mais surtout avec la gestion des sélec­tions multiples via Command/Control + Clic ou Shift + Clic. Voilà qui promet un fameux gain de temps, qu’il s’agisse d’ex­por­ter les layers dans votre STAN par cliquer/glis­ser, ou encore de fusion­ner, dupliquer, effa­cer, grou­per ou dépla­cer plusieurs calques en une opéra­tion… Mais la grosse nouveauté de la colonne vient surtout de l’ajout d’un nouveau panneau Modules.

S’ins­pi­rant de l’er­go­no­mie de RX, Spec­tra­layers propose désor­mais dans ce dernier la liste des modules dispo­nibles pour le trai­te­ment, évidem­ment filtrable par type. De la sorte, on se retrouve avec une inter­face cohé­rente qui évite d’al­ler se perdre inuti­le­ment dans les menus, avec à gauche la barre d’ou­tils géné­riques utili­sés pour la sélec­tion, la navi­ga­tion, le zoom et l’in­ter­ac­tion directe avec le spec­tro­gramme, et à droite, en plus des diffé­rents Layers, Chan­nel et History, tous les modules dédiés aux trai­te­ments parti­cu­liers : le démixage évidem­ment, mais aussi tout ce qui concerne la restau­ra­tion. Et c’est d’ailleurs dans cette liste de trai­te­ments qu’on repère une foule de nouveau­tés dont une en parti­cu­lier, en queue de liste, s’avère parti­cu­liè­re­ment inté­res­san­te…

Le gros lot

lotDernier module de la liste, Chaîne de module est un conte­neur qui permet lui-même d’in­té­grer plusieurs modules pour enchai­ner les tâches. Dans la mesure où tous les modules du logi­ciel sont acces­sibles alors, y compris les plug-ins VST3 de tierce partie, vous compren­drez qu’il s’agit là d’un moyen de gagner un temps précieux au quoti­dien : on peut ainsi enchaî­ner un démixage par exemple, plus un denoi­sing avant d’ap­pliquer une égali­sa­tion puis une compres­sion, sachant que chaque chaîne de trai­te­ment est évidem­ment sauve­gar­dable comme un preset…

Là où ça devient plus inté­res­sant encore, c’est qu’on dispose dans le menu Fichier d’une nouvelle entrée Trai­te­ment par lot. Un clic dessus et vous voici face à une fenêtre permet­tant d’ajou­ter quan­tité de fichiers que vous pour­rez ensuite soumettre à une chaîne de modules. Dans le domaine de la restau­ra­tion comme de l’édi­tion où les tâches ultra-répé­ti­tives ne manquent pas, dispo­ser d’une telle pelle­teuse est sans conteste un moyen de gagner des heures de travail… Inutile de dire donc qu’on est face là à un ajout majeur qui pour­rait, à lui seul, moti­ver la mise à jour pour certains… Sauf que Spec­tra­layers 11 a beau­coup plus à offrir encore, comme on le constate du côté de la grande spécia­lité du logi­ciel : le démixa­ge…

Je STEM (comme un fou, comme un soldat)

Alors que la plupart des concur­rents de Spec­tra­layers se limitent encore à un démixage de base isolant la voix, la basse et les percus­sions du reste du morceau, alors que Spec­tra­layers 10 allait déjà bien plus loin que tout ça en pouvant démixer la batte­rie, recon­naître les pianos ou guitares, cette version 11 confirme encore un peu plus l’avance du logi­ciel sur ce terrain avec la possi­bi­lité de recon­naître les cuivres et les saxo­phones (le plus cuivré des bois). Et ça marche plutôt bien si l’on en juge par cet exemple sur lequel je n’ai fait aucune correc­tion :

Why Did You Do It – SOURCE
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  • Why Did You Do It – SOURCE01:36
  • Why Did You Do It_voix01:36
  • Why Did You Do It_percus­sions01:36
  • Why Did You Do It_guitares01:36
  • Why Did You Do It_Basse01:36
  • Why Did You Do It_Saxet­cuivres01:36

Ou cet autre :

Bécane – origi­nal
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  • Bécane – origi­nal00:47
  • Bécane – voix00:47
  • Bécane – percus­sions00:47
  • Bécane – piano00:47
  • Bécane – guitare00:47
  • Bécane – bass00:47
  • Bécane – Autre00:47

Ce n’est pas parfait évidem­ment, d’au­tant qu’il est souvent dur de faire la part dans les timbres médiums entre la guitare, le piano, ou tous les sons halo un peu ventre-mou qui peuvent tapis­ser un arran­ge­ment (nappes de cordes ou de synthés) mais ça demeure le plus souvent une très bonne bas qu’on peut affi­ner à la main…

Le démixage de la batte­rie se déve­loppe aussi, Spec­tra­layers étant désor­mais capable de distin­guer le hi-hat des cymbales en plus de la grosse caisse et de la caisse clai­re… Mais l’avan­cée la plus sympa­thique demeure la possi­bi­lité de démixer un ensemble vocal composé d’une voix lead et d’un choeur. Voyez ce que ça donne :

Bécane – voix
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  • Bécane – voix00:47
  • Bécane – Voix prin­ci­pale00:47
  • Bécane – Voix d’Ac­com­pa­gne­ment00:47

Comme pendant de ce module, on dispose aussi enfin de la possi­bi­lité de démixer un bruit de foule, inté­res­sante dans une pers­pec­tive de restau­ra­tion pour, par exemple, nettoyer une capta­tion live où le public serait un peu trop présent.

Alors bien sûr, toutes ces possi­bi­li­tés seront plus ou moins effi­caces en fonc­tion de la complexité du mix de base. Sur un arran­ge­ment extrê­me­ment touffu comme celui du Seeds of Love de Tears for Fears par exemple, on sent que l’IA peine souvent à retrou­ver ses petits : les guitares se confondent avec les pianos, les cordes avec les cuivres, etc. En regard de cela, deux choses sont toute­fois à souli­gner : la première, c’est que l’enjeu du démixage ne sera pas forcé­ment toujours d’iso­ler une STEM qu’on voudrait hyper propre, mais plutôt de rééqui­li­brer la balance du mix…En­suite, il faut bien comprendre que le démixage proposé en première inten­tion par l’IA mérite qu’on l’af­fine ensuite à la main, en passant d’un calque à l’autre pour voir ce qui n’a pas à y être et le réaf­fec­ter au bon calque. Or, sur ce point, cette nouvelle version nous propose via l’ou­til Trans­fer Brush de gagner sacré­ment du temps en permet­tant de dépla­cer du maté­riau audio d’un calque à l’autre d’un simple clic…

Clean your M/S

« Ah, une dernière chose… » comme aurait dit Stéphane Travail lors des fameuses Cléno­tes… Tout comme Izotope RX, Spec­tra­layers s’avère désor­mais capable de démixer le signal en Mid/Side, ce qui ouvre encore plus de possi­bi­li­tés pour travailler… De la sorte, les onze STEMS qu’est suscep­tible de géné­rer le logi­ciel (voix lead, choeur, grosse caisse, caisse claire, char­ley, cymbale, basse, guitare, piano, cuivres et le reste) sont encore démixables en M/S… comme en compo­sants (tran­si­toires, contenu tonal et bruit) !

Bref, les possi­bi­li­tés donnent le vertige, permet­tant d’adres­ser des problèmes de manière ultra précise, comme de bosser extrê­me­ment fine­ment sur certains aspects d’un mix : via le M/S par exemple, on peut ainsi faire recu­ler un instru­ment dans le mix comme pronon­cer sa largeur… Et évidem­ment, cela s’avère aussi inté­res­sant pour la restau­ra­tion de conte­nus non musi­caux sur lequel le logi­ciel progresse égale­ment.

Mais aussi…

Outre des amélio­ra­tions des algos de sépa­ra­tion des voix dans les dialogues (et de la possi­bi­lité de sauve­gar­der des profils de voix) comme du suppres­seur de bruit (dispo­sant désor­mais d’un mode Strong), on accueille avec plai­sir le nouveau module Voice DeClip qui, comme son nom l’in­dique, entend redon­ner un gain normal à une voix qui aurait saturé le micro ou le préamp au moment de l’en­re­gis­tre­ment. Le module permet indu­bi­ta­ble­ment d’ob­te­nir de meilleurs résul­tat que le déclip­peur de base qui bouf­fait trop les aigus sur les voix. Appor­tant une amélio­ra­tion sensible, le résul­tat demeure toute­fois perfec­tible, sachant que RX ne s’en sort pas beau­coup mieux…

Clip­ping Example – unpro­ces­sed
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  • Clip­ping Example – unpro­ces­sed00:08
  • Clip­ping Example – proces­sed00:08
  • Clip­ping Example – RX proces­sed00:08

Mais la restau­ra­tion progresse aussi du côté des évolu­tions fonc­tion­nelles du logi­ciel puisque Spec­tra­layers 11 a gran­de­ment amélioré sa gestion des fondus mais s’ouvre désor­mais aussi à l’au­to­ma­tion avec des enve­loppes de volume appli­cables aux calques comme aux canaux…

Du côté des utili­taires plus créa­tifs, on notera l’ap­pa­ri­tion du nouveau module Signal Gene­ra­tor qui rassemble les anciens géné­ra­teurs de silence, de son et de bruit et leur adjoint un géné­ra­teur de tran­si­toires. De la sorte on dispose de quoi réali­ser une base pour le sound design, sachant que cette version 11 nous grati­fie égale­ment d’un nouveau module Reverse. Pendant de ce géné­ra­teur, un nouvel outil Tran­sient Pencil permet de tracer des tran­si­toires à même le spec­tro­gramme, de quoi redon­ner de l’at­taque à un signal qui en aurait perdu au gré d’un démixage par exemple.

Notre avis : 9/10

Award Valeur sûre 2024
2024
Valeur sûre
Award

Si la V10 nous avait beaucoup plu, on ne s’attendait pas moins d'un an plus tard à une mise à jour aussi conséquente de Spectralayers qui - cela ne fait plus aucun doute - est aujourd’hui une des locomotives de l’innovation logicielle. Doté d’algos toujours plus performants et d’outils toujours mieux pensés, il permet à lui seul d’aborder l’édition, la restauration, le mixage comme le remixage ou le sound design d’une façon complètement différente. Parfaitement complémentaire du très sérieux Wavelab comme de n’importe quelle STAN dans laquelle il s’intègre à merveille via ARA, il pourrait bien sous peu devenir ce tout-en un indispensable lorsqu’on veut approcher l’audio sous un autre paradigme. S’il ne rend pas Izotope RX complètement caduc en termes de restauration car il lui manque encore quelques modules à développer pour cela , il n’en demeure pas moins bien plus intéressant dans son approche première, de sorte que les professionnels devraient vite comprendre tout le bénéfice qu’ils auront à utiliser les plug-ins d’Izotope, Wave, Supertone, Accentize, Zynaptiq, etc. depuis cette machine à voyager dans les strates du son…

Il n’y a donc pas grand-chose à redire sur cet outil qui mérite très largement son prix, si ce n’est à s’interroger sur l’évolution que choisira de lui donner son développeur : d’un côté, on voit bien comment Spectralayers pourrait à terme devenir toujours plus complet du côté de la restauration et de l’édition, avec la possibilité de faire tomber RX de son trône, de l’autre on sent un potentiel créatif énorme qui pourrait se libérer en allant flirter avec les lignes d’un Melodyne ou d’un RipX, en descendant des STEM vers les notes comme en s’ouvrant au MIDI ou au Sound Remplacement…

Bref, chapeau plus que bas et vivement la suite !

  • Une mise à jour d’une richesse réjouissante
  • Réorganisation pertinente de l’interface graphique
  • De nombreuses améliorations ergonomiques qui font gagner du temps
  • Toujours plus de possibilités côté démixage (brass, cymbales, foule, choeurs)
  • Les nouveaux outils et modules (Transient Pencil, Transfer Brush, Voice Declip, Signal Generator)
  • Les enveloppes de volume
  • La gestion du M/S, une matrice dans la matrice
  • Le chaînage de modules et le traitement par lot
  • Tout ce qu’on adore dans Spectralayers et notamment la possibilité de séparer le signal en calques, la parfaite intégration ARA, la vélocité et la stabilité du logiciel…
  • Il faut bien avoir conscience que la magie du démixage a ses limites face à des sources trop complexes parfois
  • Déclippage de voix perfectible
  • Il manque encore quelques outils de restauration face à ce bon vieux RX
  • On devine un potentiel énorme si le logiciel descend du STEM vers la note et s’ouvre au MIDI comme au sound replacement ou à la synthèse croisée…
Intêret de la mise à jour :
Pays de fabrication : France

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