Un jour, c'est sûr, vous irez enregistrer vos compos à Abbey Road comme les Beatles. Mais vu que l'argent durement économisé sur votre livret A ne suffirait pas à louer le prestigieux studio plus d'un jour et de demi, autant se rabattre sur l'alternative la moins coûteuse : monter votre home studio.
Il a en effet vécu le temps où pour enregistrer la moindre chanson, il fallait se faire repérer par une maison de disques, seule à même de pouvoir financer la coûteuse production d’un disque en studio d’enregistrement. Depuis plus de 30 ans, la miniaturisation et la mondialisation (soit le mot positif pour désigner le fait d’avoir délocalisé les chaînes de production dans le tiers monde où le coût du travail est dérisoire) ont permis aux équipements de se démocratiser et aux amateurs de se suffire en partie à eux-mêmes.
Pourquoi en partie ? Parce qu’à de rares exceptions près, le studio d’enregistrement demeure la meilleure solution pour enregistrer et produire de la musique à un niveau professionnel.
Petit éloge du studio et des gens qui y travaillent
Ce qui fait du studio le meilleur endroit pour produire de la musique, ce n’est pas seulement les coûteux équipements qu’on y trouve, où le fait que le local même ait été pensé de A à Z pour faire de la musique, mais c’est surtout la compétence et à l’expérience des gens qu’on y trouve. Ce qu’on va chercher en allant dans un studio, ce n’est ainsi pas seulement une super console et des micros à 3000 euros, ni même seulement la magnifique acoustique d’une salle et d’une régie amoureusement traitées par un acousticien, mais c’est un ingé son et ses éventuels assistants qui, en parfaite connaissance du lieu comme du matos, sauront en tirer le meilleur parti pour le mettre au service de votre musique en vous dégageant de toutes les contingences matérielles. Et ça, ça n’a pas de prix. Ou si, ça en a un : 400 euros la journée dans la plupart des petits studios français, et 1000 à 2000 euros pour accéder aux gros studios et aux endroits de légende. Tout dépend de la renommée de la structure, de la superficie de la cabine, de l’équipement et de l’ingé qui va s’occuper de vous…
Et comme vous le voyez, on parle de tarif journalier, trahissant le plus énorme défaut du studio : le temps y est compté.
Le temps pour soi
On ne vient pas seulement au home studio pour des raisons économiques, on y vient parce que ces raisons pèsent sur le temps qu’on peut y passer. Autrefois, les Rolling Stones ou Pink Floyd pouvaient réserver 3 mois d’affilée un studio d’enregistrement pour y jammer, composer, répéter et enfin produire leur disque. Mais la crise du disque est passée par là et plus personne ou presque n’a le budget pour se permettre ce genre d’excentricités. Du coup, la production d’un album complet sera souvent ramenée à une semaine, voire deux ou trois selon les budgets. Autant dire que lorsqu’il faut sortir une douzaine de titres sur un temps aussi court, chaque minute compte et on n’a pas le temps de flâner, d’essayer 3000 trucs ou d’appréhender un nouvel instrument qui traine, et de composer quoi que ce soit. Lorsqu’on entre en studio, on doit d’ailleurs s’être préparé au mieux histoire de ne pas gâcher de précieuses et coûteuses minutes. De fait, même chez des stars qui n’ont pas forcément vos difficultés financières, l’écriture et parfois la pré-production se font souvent à la maison, et ce n’est que lorsque les morceaux sont à un stade bien avancé qu’on se rend en studio pour produire tout ou partie du disque (en effet, au grand dam des studios qui autrefois réalisaient un album de A à Z, il ne s’agit souvent aujourd’hui que d’y refaire des voix ou des cordes, le mixage, le mastering, bien des pistes réalisées en Home Studio étant gardées pour le définitif).
En vis-à-vis de cela, la maison, c’est l’endroit où le temps n’existe pas. On n’y trouve aucun directeur artistique ou chargé de prod tapotant sa montre alors que vous refaites une prise pour la trentième fois, et rien n’y empêche de passer 6 mois sur une seule et même compo (un défaut autant qu’une qualité d’ailleurs car le fait de devoir créer sans contrainte de temps peut vous conduire à ne jamais rien finir). Le Home Studio, en somme, vous permet de disposer de la seule chose qu’un studio ne peut vous offrir : un compteur qui ne tourne pas. Comme dirait Alphonse qui pressentait probablement l’avénement du home studio :
Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
Au-delà de ça, le concept du Home Studio vous permet de bâtir un environnement pensé par et pour vous, avec tout le confort d’être parmi les vôtres, dans la chaleur de votre nid douillet… Enfin, là encore, suivant les cas, ce confort pourra être un avantage autant qu’un inconvénient : ah ! la prise parfaite ruinée parce que votre enfant débarque pour vous dire qu’il a faim ! Ou parce que votre mère ou votre père, votre compagne ou votre compagnon, vous dit que le dîner est servi…
Que trouve-t-on dans un Home Studio ?
Pour toutes ces raisons, quantité de musiciens en viennent donc à l’idée de se monter un Home Studio, c’est à dire un ersatz de studio d’enregistrement à domicile. Sur le papier, on trouvera dans ce dernier peu ou prou les mêmes équipements que dans un studio d’enregistrement. Tout dépend toutefois du home studio car il est bien évident qu’un DJ faisant de la musique électronique instrumentale n’aura pas le même équipement qu’un guitariste faisant de la chanson pop/rock. Tout comme il y aura de notables différences entre le Home Studio d’un professionnel ayant investi dans son outil de travail et celui d’un amateur qui débute.
Voici donc une liste des équipements susceptibles de s’y trouver, sachant que seuls les quatre premiers de cette liste sont communs à tous les home studio :
- Dispositif d’enregistrement multipiste (obligatoire) : c’est à lui qu’on pensera en premier, vu que le but du studio est d’abord d’enregistrer de la musique. Ce dernier se résumera la plupart du temps à un ordinateur équipé d’une interface audio et d’un logiciei dédié, mais dans le cas des allergiques à l’informatique, il pourra tout aussi bien être un enregistreur matériel, plus ou moins complexe, soit analogique (enregistrement sur bandes) soit numérique.
- Système d’écoute (obligatoire) : ce dernier pourra se composer d’une ou plusieurs paires d’enceintes et d’un ou plusieurs casques audio.
- Câbles audio ou MIDI (obligatoire) : Soit un paquet de cordons divers et variés, avec leurs éventuels adaptateurs, pour relier les matériels entre eux.
- Alimentations électriques (obligatoire) : soit des cordons secteurs, des éventuels transfos, des multiprises et tout ce qui permettra à la fée électricité d’accomplir son prodige.
- Mobilier (obligatoire) : tables, bureaux, sièges, caissons et pieds, pour disposer ou ranger tout le matériel de la façon le plus pratique qui soit, et qui peut se résumer dans bien des cas à un bureau et une chaise
- Table de mixage (facultatif suivant les cas) : elle permettra de connecter les différentes sources audio au dispositif d’enregistrement et au système d’écoute.
- Micro(s) (facultatif suivant les cas) : Un ou plusieurs microphones étant destinés à enregistrer des instruments acoustiques ou électroacoustiques ou des voix, ainsi que leurs accessoires : pieds, pinces, etc.
- Divers instruments de musique et leurs accessoires (facultatif suivant les cas) : qu’il s’agisse de guitares, de basses, de claviers, de batterie ou encore de platines vinyle ou CD, avec leurs amplis si nécessaire.
- Divers instruments et surfaces de contrôle (facultatif suivant les cas) : allant du clavier à la console en passant par des contrôleurs à pads, une batterie MIDI ou des surfaces pensées pour le DJing.
- Divers effets et traitements audio matériels (facultatif suivant les cas) : de l’EQ au compresseur en passant par la réverbe, le delay, la disto ou les mille et un effets à modulation, au format rack ou en pédale.
- Des traitements acoustiques (facultatif suivant les cas) : panneaux de bois ou de mousses destinés à améliorer l’acoustique de votre pièce.
Et hélas aussi, suivant les cas, un lit, une porte-fenêtre, un lave-linge, la caisse du chat, une cabine de douche, un four micro-ondes, le chat, une télé, une lampe halogène, les poils du chat, un chien en plastique qui bouge la tête tout seul, et une collection d’animaux en verre soufflé qui vibre sur son étagère à chaque fois qu’on ouvre ou ferme la porte.
Car, comme nous allons le voir, la plus grande qualité et le plus grand défaut d’un home studio tient dans le mot 'home’.