On a découvert avec beaucoup de plaisir le plugin Massive de chez Pulsar, marque française… un EQ bien de chez nous, sur le modèle du fameux Massive Passive à lampe. Et pour un prix qui, lui, n’est pas massif !

Pour les producteurs de musique que nous sommes, la chaîne mastering est un enjeu majeur, et un bel égaliseur stéréo pour venir corriger ou colorer nos mixs, c’est un pion essentiel ! Il y a déjà quelques références tout à fait recommandables sur le marché, et voici donc le nouveau venu, fraichement sorti de chez Pulsar Audio. La marque française (basée à Grenoble) qui a déjà développé quatre plug-ins, principalement des compresseurs dont le très plébiscité 1178, s’attaque ici à un gros morceau. Pour situer un peu le produit, c’est donc une émulation de la célèbre machine de chez Manley Labs, EQ passif présent dans de très nombreux studios de mastering, qui est elle-même inspirée des plus anciens Pultec.
Un égaliseur qui se distingue
On retrouve ici les caractéristiques de la référence hardware Massive Passive : quatre bandes paramétriques, en shelf ou en bell au choix, un low pass et un hi pass, le tout répliqué pour les deux canaux stéréo. Il faut préciser qu’il s’agit d’un égaliseur parallèle, technologie qui produit des corrections plus douces et musicales qu’un EQ en série, les différentes bandes étant en interaction les unes avec les autres, et non cumulées.
Voici pour les grandes lignes, mais quand on rentre dans le détail, le plug-in Pulsar Massive a quelques spécificités fort intéressantes. L’interface reproduit visuellement la référence, ses potentiomètres et autres switchs, dans la moitié inférieure ; mais elle propose aussi une version graphique avec la courbe de vos corrections et un analyseur de spectre.
Le « meilleur des deux mondes », nous dit la marque en proposant ce bonus du monde numérique sur une référence sonore analogique. En désactivant le link stéréo, la courbe de fréquence du canal qui n’est pas sélectionné y apparait en niveau de gris en arrière-plan pour une meilleure lecture. Et dans le même esprit, la marque française nous propose un Auto-Gain ; ça, on adore ! Pour évaluer la pertinence des corrections qu’on aura appliquées, après un certain temps de travail, en utilisant le bypass des bandes ou du plugin, c’est beaucoup plus parlant à niveau constant ! Pour rentrer un peu dans le détail, chaque bande de fréquence peut-être activée ou non, en bell ou en shelf, grâce à des switchs. En dessous, toujours pour chaque bande de fréquence, trois potentiomètres permettent de régler le Gain entre moins 20 et plus 20, le Bandwidth (largeur de la bande) du plus large au plus serré, et enfin la fréquence. Chacun de ces potentiomètres a une course continue, ce qui permet un réglage très fin de tous ces paramètres, mais ils peuvent être utilisés comme crantés aussi pour les fréquences : il suffit de cliquer sur les valeurs numériques et non sur le potar. Les graves (Low) vont de 22 hertz à 1 kHz, les bas mediums nommés Warmth couvrent une bande de 82 Hz à 3,9 kHz. Pour les hauts mediums, appelés Presence, on va de 220 Hz à 10 kHz, et enfin les aigus – Air – se situent entre 560 Hz et 27 kHz. À noter que le graphique indique parfois des valeurs qui ne sont pas celles sélectionnées sur le potentiomètre. Le fonctionnement du Bandwidth aussi est assez spécial et ce qu’on observe sur la courbe graphique peut être un peu déroutant, mais s’explique peut-être par la dimension « Passive » de la machine que réplique ce plug-in : le point d’EQ monte en valeur quand on resserre la bande, et au contraire descend en dessous de la valeur choisie si la bande est large. En effet, le principe de la technologie d’une EQ passive est basé sur un schéma électrique qui ne contient pas de composants permettant d’amplifier les fréquences que l’on travaille. Si l’on cherche à faire ressortir une fréquence, c’est l’ensemble du reste des fréquences qui sera donc atténué. Il en résulte que si on élargit la bande de fréquence travaillée, le différentiel avec le reste des fréquences s’amoindrit afin de conserver un niveau RMS global constant.
M/S comme MasSive (ou comme MaSter)


Passive Agressive
Et en parlant de colorer, cruncher ou driver, voilà encore une belle proposition sur ce plugin : le potentiomètre de Drive, en plus du Gain. L’ajout de ce contrôle, qui n’est pas présent sur l’original, permet d’aller chercher la saturation des lampes et autres composants, de texturer le son indépendamment du niveau. Pour décrire le Drive à proprement parler, on est vraiment dans la finesse et la polyvalence combinée. À faible dosage, il nous permet d’aller enrichir subtilement notre spectre harmonique, et de casser légèrement la linéarité de notre signal en y ajoutant un peu de distorsion harmonique. Alors qu’à fort dosage, nous allons franchement écrêter notre signal et générer un overdrive puissant, mais qui saura rester agréable à l’écoute, sans trop provoquer de perte de compréhension du signal. Les transitoires sont bien sûr moins saillantes, mais on garde l’essentiel de l’énergie et la légère compression que cela peut provoquer reste très homogène.


Déjà adopté
Le prix du Pulsar Massive est très honnête, 149 € et même 89 € pour la période de lancement (mai juin 2022), ce qui est un très bon deal. À titre de comparaison, une des marques les plus connues de plugins propose un Massive Passive validé par Manley Labs, réplique stricte du modèle hardware, à un prix plus élevé. Pulsar va également proposer ce plug-in en combo avec le Mu, qui est une émulation de compresseur limiteur à lampes, ce qui constituera une offre vraiment complète pour votre chaîne master ou pour travailler les différents bus de votre mix. Nous, on a beaucoup aimé ce plug-in, efficace et complet, qui sonne de manière très musicale. Les ajouts par rapport à une émulation stricte de la machine de référence sont tous bienvenus et apportent beaucoup au potentiel du Pulsar Massive. Il y a de bonnes chances pour qu’on l’insère dorénavant sur toutes nos chaînes master ou nos bus batterie.