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Ma Mex à moi
6/10
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L’année 2019 aura été pleine de nouveautés pour le géant américain. Nous l’avons vu récemment avec la sortie de la nouvelle série Vintera, Fender a profité de cette nouvelle année pour terminer le renouvellement total de son catalogue, des modèles d’entrée de gamme proposés par Squier aux modèles Vintage Reissue (rebaptisés American Original). La série Mexican Standard, appelée maintenant « Player », a également subi quelques modifications. Concentrons-nous sur la Stratocaster, modèle phare de la marque depuis sa sortie en 1954.

Test de la guitare Fender Player Stratocaster : Ma Mex à moi

Un clas­sique revi­sité à la sauce Mexi­caine

La Stra­to­cas­ter Stan­dard a long­temps été le modèle avec lequel Fender a essayé d’amé­lio­rer le design origi­nal de Léo Fender datant de 1954. Au fil des années, on a pu voir appa­raître des inno­va­tions tech­niques qui ont forgé la répu­ta­tion du modèle tout en conser­vant les carac­té­ris­tiques en faisant un instru­ment ergo­no­mique et poly­va­lent. La série Player qui a remplacé la Stan­dard reprend cette philo­so­phie et propose quelques amélio­ra­tions tout en gardant l’iden­tité de la guitare.

StratocasterPlayerÀ première vue, la guitare semble bien finie, le vernis poly­es­ter très brillant est appliqué de manière régu­lière. Le corps en aulne béné­fi­cie des contours tradi­tion­nels et de la forme origi­nale de la Stra­to­cas­ter. En effet, cette forme si iconique s’est vue quelque peu modi­fiée au fil du temps ; l’épais­seur du corps a été chan­gée tout comme les chan­freins. La Stra­to­cas­ter Player annonce un retour au design origi­nal sculpté à la main en suivant les cotes origi­nales. Le manche est en érable, serti d’une touche en Pau Ferro qui possède 22 frettes contre les 21 frettes de la série précé­dente. Le radius de la touche est de 9,5 pouces. Le profil du manche appelé « Modern C » est confor­table et auto­rise de nombreuses acro­ba­ties bien que l’ac­cès aux aigus ne soit pas plus aisé. La plaque qui main­tient le manche vissé au corps est carrée et ne possède pas de découpe ergo­no­mique pour faci­li­ter l’ac­cès aux aigus. C’est dommage d’au­tant plus que cette découpe était présente sur le modèle précé­dent. La plaque choi­sie par Fender arbore le logo de la marque : un « F » majus­cule gravé dans le métal. 

Le dos du manche est recou­vert d’un vernis satiné, alors que le devant de la tête dispose d’un vernis brillant. Le confort de jeu a été favo­risé pour l’ar­rière du manche alors que le look « glossy » a été choisi pour la face avant de la tête qui arbore un logo dit « Spaghetti ». Le vernis satiné apporte un réel agré­ment à l’ins­tru­ment qu’on peut jouer durant de nombreuses heures sans être dérangé par un vernis qui accroche trop. 

L’ac­cas­tillage est chromé et cette Stra­to­cas­ter Player est équi­pée du bloc vibrato à 2 points d’an­crage. Ce modèle a été choisi pour sa stabi­lité supé­rieure au bloc à 6 points d’an­crage. Ce vibrato dispose de 6 pontets en acier et d’une tige qui offre un angle plus ouvert. Cet angle évite que la tige ne soit trop saillante par rapport au corps de la guitare. En revanche, le système de fixa­tion de la tige n’a toujours pas été amélioré alors que les concur­rents de la Fender proposent tous des systèmes beau­coup plus ingé­nieux. Les méca­niques chro­mées sont fermées et tiennent assez bien l’ac­cord. La plaque à 3 plis, les boutons de poten­tio­mètres et le bout du sélec­teur de micros sont blanc crème. 

Si la luthe­rie a subi quelques modi­fi­ca­tions qui visent à rendre la guitare plus authen­tique, Fender a égale­ment revu sa copie en ce qui concerne l’élec­tro­nique de l’ins­tru­ment. 

StratocasterPlayer-5La Stra­to­cas­ter telle qu’elle est appa­rue en 1954 est équi­pée de 3 micros simple bobi­nage. Sur cette Stra­to­cas­ter Player, ces micros ont été modi­fiés pour déve­lop­per un son typique de Stra­to­cas­ter mais avec davan­tage de puis­sance. Pour ce faire, Fender a choisi d’équi­per ces nouveaux micros d’ai­mants Alnico 5 surbo­bi­nés, célèbres pour déve­lop­per plus de basses et d’ai­gus et globa­le­ment plus de puis­sance. C’est une légère touche de moder­nité appor­tée à la sono­rité clas­sique de la Stra­to­cas­ter. 

La firme améri­caine a égale­ment modi­fié le câblage de ces micros. En effet, une Stra­to­cas­ter dite « stan­dard » dispose de 2 poten­tio­mètres de tona­lité, un pour le micro manche et l’autre pour le micro central. Sur cette nouvelle Stra­to­cas­ter Player, le premier réglage de tona­lité affecte le micro manche et le micro central alors que le second potard ajuste la tona­lité du micro cheva­let. C’est une modi­fi­ca­tion inté­res­sante dans la mesure où le micro aigu est souvent trop criard et que le seul moyen d’y remé­dier et d’in­ter­ve­nir sur l’éga­li­sa­tion de l’am­pli, ce qui affecte la sono­rité des autres micros. Avec ce poten­tio­mètre de tona­lité indi­vi­duel, le micro cheva­let dévoile toute sa poly­va­lence, et on peut désor­mais y sous­traire la quan­tité d’ai­gus souhai­tée.

Sur le papier, cette Stra­to­cas­ter Player possède des argu­ments convain­cants qui revi­sitent ce clas­sique tout en conser­vant ses carac­té­ris­tiques presque vintage. 

Fender dans la Strato-sphère ?

StratocasterPlayer-12Si au premier coup d’œil l’ins­tru­ment semble bien fini, la première prise en mains n’est pas si réjouis­sante. On est immé­dia­te­ment frappé voire blessé par le côté angu­leux du bord de la touche. Une légère opéra­tion de ponçage du bord de la touche est obli­ga­toire tant les arêtes des frettes sont saillantes. C’est dommage mais on comprend un peu mieux les méthodes de fabri­ca­tion de Fender rela­ti­ve­ment au prix du produit. Le poids de la guitare est normal pour une Stra­to­cas­ter, pas de mauvaise surprise de ce côté-là. En regar­dant de plus près et avec atten­tion, on s’aperçoit que la touche en Pau Ferro est très claire et sèche. Un nettoyage est néces­saire pour lui donner une teinte plus sombre. La nour­rir avec de l’huile de citron est égale­ment une bonne astuce pour lui rendre sa teinte foncée d’ori­gine. Il est quelque peu déplai­sant de devoir effec­tuer des opéra­tions de main­te­nance comme le ponçage des frettes ou le nettoyage de la touche sur un instru­ment neuf.

En revanche, le vernis satiné au dos du manche est une très bonne surprise. Sous une descrip­tion légè­re­ment « gadget », il est vrai que ce vernis confère à l’ins­tru­ment davan­tage de confort. La guitare semble presque fami­lière quand on la joue pour la première fois. Une fois nettoyée et nour­rie, la touche en Pau Ferro est agréable à jouer. Légè­re­ment moins rugueux que le palis­sandre, le Pau Ferro est utilisé depuis long­temps dans la confec­tion de touches de guitare ; on a pu l’aper­ce­voir sur le modèle signa­ture Stevie Ray Vaughan par exemple.

Le bloc vibrato à 2 points est bien réalisé et ne désac­corde pas la guitare s’il est bien réglé. Les 2 points d’an­crage lui assurent un bon retour dans sa posi­tion dite « de repos » et contri­buent à la stabi­lité de l’ac­cord.

StratocasterPlayer-16Les nouveaux micros Alnico 5 surbo­bi­nés sont extrê­me­ment brillants. Il est vrai qu’ils déve­loppent un niveau de sortie légè­re­ment supé­rieur aux micros Alni­con5 tradi­tion­nels, mais ils ajoutent beau­coup d’ai­gus au son. Fender a essayé de donner à ces nouveaux micros une sono­rité vintage très char­gée en aigus. Dans certains cas et pour certaines utili­sa­tions, c’est un son qui fonc­tionne, mais dans la plupart des cas, il est néces­saire d’agir sur les poten­tio­mètres de tona­lité pour atté­nuer légè­re­ment ce côté brillant. L’iden­tité sonore de la Stra­to­cas­ter est cepen­dant respec­tée.

En son clair, la guitare excelle et retrans­crit avec fidé­lité et préci­sion les solli­ci­ta­tions du guita­riste. Pour un instru­ment de cette gamme, la guitare est très géné­reuse et donne beau­coup. Le poten­tio­mètre de tona­lité qui équipe le micro cheva­let ouvre de nouvelles pers­pec­tives sonores et permet notam­ment d’ex­ploi­ter ce micro en sons clairs, démarche quasi-impos­sible aupa­ra­vant. En effet, le réglage de tona­lité permet d’en­le­ver le côté tran­chant et agres­sif du micro tout en en conser­vant l’at­taque. Pour des arpèges en son clair, le micro cheva­let fonc­tionne très bien. 

La Stra­to­cas­ter, parti­cu­liè­re­ment utili­sée par de nombreux blues­men, d’Eric Clap­ton à Stevie Ray Vaughan en passant par Joe Bona­massa révèle tout son poten­tiel en son crunch. L’at­taque des micros devient plus franche et le léger incré­ment du niveau de sortie conféré par le surbo­bi­nage des micros se révèle très utile. En effet, on conserve toujours l’iden­tité sonore de l’ins­tru­ment tout en gagnant en préci­sion et en équi­libre. Les 5 posi­tions de micros sont exploi­tables en son crunch et dévoilent la grande poly­va­lence de l’ins­tru­ment. En jouant sur un bon ampli à lampes, on peut obte­nir des sono­ri­tés très variées en agis­sant simple­ment sur le potard de volume et le sélec­teur de micros. Par l’ajout d’une pédale de boost de bonne facture on peut faci­le­ment obte­nir trois sons complè­te­ment diffé­rents en jouant simple­ment sur le volume de la guitare.

En son saturé, on remarque encore une fois le carac­tère des aimants Alnico 5 qui tordent le son avec davan­tage de puis­sance. On le ressent en jouant l’ins­tru­ment, les micros réagissent mieux à la satu­ra­tion ; ils restent cepen­dant des micros simples, et il faudra utili­ser les posi­tions 2 et 4 pour profi­ter d’une absence de souffle et de buzz. Pour attaquer un registre Clas­sic Rock, ces micros offrent le bon compro­mis entre dyna­mique et puis­sance. 

Clean – All pickups + tone down bridge pickup
00:0002:59
  • Clean – All pickups + tone down bridge pickup02:59
  • 80's rock – bridge01:40
  • Crunch – All pickups03:09
  • Lead – bridge – in between dyna­mic02:17

Chan­ge­ment de Strat(égie)

Fender a su propo­ser, avec cette Stra­to­cas­ter Player, un instru­ment poly­va­lent et répon­dant aux exigences des guita­ristes modernes. Les nouveaux micros alliés au nouveau câblage incluant un réglage de tona­lité pour le micro cheva­let, délivrent des sono­ri­tés modernes tout en conser­vant le grain typique et fami­lier de la Strat. Si quelques détails tech­niques sont les bien­ve­nus, comme l’ac­cès au truss-rod par la tête de l’ins­tru­ment, on regrette un manque de soin dans la fini­tion du manche. La plaque carrée, même si elle rappelle les premières Stra­to­cas­ter, reste un frein lorsqu’on essaie d’ac­cé­der aux frettes les plus aiguës, d’au­tant qu’elle est très angu­leuse. De plus, le manche compor­tant désor­mais 22 frettes contre 21 précé­dem­ment, on peut se deman­der pourquoi le chan­frein n’a pas été conservé. L’ins­tru­ment est globa­le­ment bien fini et même agréable à jouer. Il reste désa­gréable de devoir poncer légè­re­ment le bord des frettes et de devoir nettoyer et nour­rir la touche d’un instru­ment neuf …

Cette Stra­to­cas­ter Player propo­sée aux alen­tours de 600 € reste une valeur sûre et propose un bon rapport qualité-prix. On regrette cepen­dant l’ab­sence de housse.

  • StratocasterPlayer-2
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  • StratocasterPlayer-18
  • StratocasterPlayer

 

6/10
Points forts
  • Confort de jeu
  • Sonorités authentiques
  • Guitare très généreuse
  • Nouveaux coloris assez sympathiques
Points faibles
  • Finitions du manche peu soignées
  • Nécessité de régler/nettoyer/nourrir l’instrument avant de le jouer
  • Pas de housse
Auteur de l'article Hushman

Guitariste polyvalent, j'aime autant jouer des cocottes funk que des gros riffs en Drop C, en passant par des morceaux des Stones ou encore du Jazz Manouche. Passionné de matos guitare depuis que j'ai posé mes doigts sur le manche de ma première guitare, je suis également technicien du son et enregistre et produis quelques morceaux dans différents styles (blues, soul, techno ...)


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Guitariste polyvalent, j'aime autant jouer des cocottes funk que des gros riffs en Drop C, en passant par des morceaux des Stones ou encore du Jazz Manouche. Passionné de matos guitare depuis que j'ai posé mes doigts sur le manche de ma première guitare, je suis également technicien du son et enregistre et produis quelques morceaux dans différents styles (blues, soul, techno ...)