Devinette : Quel est le point commun entre le GPS, le crédit, les restaurants, les Pokémon, Madame Irma, le 1000 bornes et la nouvelle Fender American Deluxe Strat Plus présentée cette année au Winter NAMM ?
Alors que la concurrence sur le marché de la guitare électrique est de plus en plus relevée et qu’il devient franchement compliqué de perfectionner un instrument bientôt centenaire, les marques misent souvent sur l’innovation pour séduire de nouveaux clients. Pour se faire, elles se sont progressivement emparées de nouvelles technologies comme l’automatisation (Robot Guitar de Gibson, min-ETune…), le numérique et la modélisation (Game Changer de Music Man, Variax de Line 6…) ou même les deux en même temps (Firebird X de Gibson). Malheureusement, ces nouveautés sont souvent accompagnées de leurs lots d’inconvénients : sonorités moins organiques et naturelles, dépendance aux outils tiers ou complexité d’utilisation.
Fender, bien qu’ayant pris part au mouvement il y a quelques années avec la Strat VG, tente de réconcilier les anciens et les modernes en proposant le meilleur des deux mondes : une Stratocaster American Standard Deluxe dont on peut modifier instantanément la configuration des micros et les fonctions des potards grâce à un système totalement analogique à base de… cartes ! Audiofanzine a eu le privilège de la tester pour vous. Y a-t-on lu l’avenir de la guitare ou n’y a-t-on vu qu’un simple coup de poker ? Pour le savoir, il suffit de lire la carte…
Cartographie
Pour être tout à fait exact, outre le système évoqué plus haut qui remplace l’habituel switch S-1, cette Deluxe diffère légèrement des autres de la série. Sa finition pour commencer, « Mystic Ice Blue » pour celle que nous avons dans les mains, n’est pas au catalogue des Deluxe habituelles. C’est une couleur bleu clair/gris, métallisée, et plutôt brillante. Elle ne plaira sans doute pas aux anciens qui, aux finitions automobiles, préfèrent le bois apparent. D’autant que son coloris alternatif « Mystic 3-color Sunburst », contrairement à ce qu’il pourrait sous-entendre, ne le dévoile pas non plus. Il sera ainsi difficile d’apporter un jugement sur la qualité de l’aulne qui en constitue le corps. Les modernes, eux, apprécieront son côté zen, mais suffisamment « show off » pour la scène avec son vernis uréthane glossy dont l’effet est accentué par un accastillage à la finition nickel (sauf les attache-courroies, chromées). Les anciens trouveront encore un peu ridicule, pour des raisons purement cosmétiques (lui donner vite fait un côté luxueux), de ne pas avoir uniformisé les vernis de la tête (toujours l’uréthane brillant) et du manche (satiné). Pour ma part, j’m’en bats les cartes.
Le manche donc, ainsi que sa touche, sont en érable (pas de palissandre pour cette version). Nous constaterons que c’est plus précisément un érable moucheté, pas vraiment beau du coup (cf. photos). Ce choix est surprenant quand on sait que le « birdseye » est plus cher, mais pas si fonctionnel, il est surtout utilisé pour son esthétique plus que pour sa stabilité. Là c’est raté.
Nous remarquerons aussi que le haut des frettes a été grossièrement poli à la machine (on voit les traces d’outillage utilisé lors de leur rectification, avec le temps ça risque de crisser et de nous salir les doigts). Le travail aurait dû être un peu plus soigné. Entre les frettes se trouvent les habituels repères, sous forme de points noirs.
Au dos du manche nous retrouverons le « Skunk Stripe » (bois qui comble le trou par lequel on installe le Truss Rod) en noyer. La jonction entre le corps et le manche se fait à l’aide d’une plaque de fixation 4 vis avec, excellente chose, un « micro-tilt » qui nous permettra de modifier l’angle de la table et du manche et donc d’affiner un peu plus nos réglages. Le « Corona, California » inscrit sur la plaque nous confirmera l’origine américaine de notre gratte. Ouf, nous voilà rassurés…
Au rayon des accessoires et de l’accastillage, nous remarquerons deux nouvelles différences par rapport aux Deluxe « normales » : le trémolo et la tige de vibrato ne sont pas tout à fait identiques (plus vintage, en apparence tout du moins), et les strap-locks Schaller ont été abandonnées, c’est bien dommage, au profit de grosses attache-courroies qui, même si elles accrochent bien la sangle (fournie), ne garantissent pas la même sécurité. En revanche, nous retrouverons sur la tête les habituelles mécaniques à blocage Fender Deluxe, efficaces, et un guide corde. D’ailleurs, puisqu’on c’est une guitare « de luxe », pourquoi ne pas en avoir installé deux ?
Enfin, les cache-micros et les potards, d’un blanc un peu vieilli (enfin jauni), et leurs inscriptions dorées se marient bien avec le reste de l’instrument (la tâche sur le pickguard visible sur les photos n’est pas un défaut de finition, c’est le plastique protecteur que je n’ai pas osé retirer, la guitare est neuve).
En résumé, à part les frettes, la finition est propre. L’apparence est dans l’ensemble plutôt chic même si les anciens la trouveront plutôt vulgos.
Une guitare qui cache bien son jeu
Quand on le soulève, on remarque que ce modèle est assez lourd comparé aux Strats plus traditionnelles. Son poids exact ne nous a pas été communiqué, mais elle joue dans la catégorie des mi-lourds, type Les Paul « Weight Relieved » de la célèbre marque concurrente. Il faut dire que son intérieur a été entièrement chamboulé. Mais avant de développer ce thème plus avant, testons son confort.
En position assise, rien de nouveau avec la forme Strat, c’est parfait. Quant au manche, il est très agréable, nous dévalerons ses 22 cases avec plaisir. L’addition du vernis satiné qui permet à la main de bien glisser, de frettes medium jumbo pour les liés (nous retrouvons en passant le diapason long Fender, 64,8 cm), d’un profil en C (dit « modern C », qui ne conviendra peut être pas aux grandes paluches) et d’un radius conique (241 mm-355,6 mm) est un vrai succès. Pour ne rien gâcher, la guitare à vide nous offre de bonnes vibrations et un bon sustain, l’assemblage Aulne/Erable fait des merveilles.
Quinte Flush Royale ? Pas tout à fait. Malheureusement, en jouant, nous avons constaté que ça frise de partout (la corde de mi aigu buzz même à vide). Montée en 9–42, elle mérite pour commencer un tirant supérieur. Le réglage n’a peut-être pas été fini, pourtant l’action est déjà à bonne hauteur et l’intonation est juste. Alors d’où vient le problème ? On se demande si ce n’est pas dû, comme nous l’avons mentionné précédemment, au frettage fait à l’arrache. Peut-être sommes nous mal tombés avec cet exemplaire. À vérifier en magasin en tout cas.
Notre instrument est équipé de trois micros simples Noiseless N3. Pour ceux qui jouent plus rock, il existe aussi une version avec un double en position chevalet (et une touche en palissandre cette fois-ci, pas d’érable, ainsi qu’une finition « Mystic Black » pour remplacer celle de notre spécimen).
L’American Deluxe Strat Plus a la particularité de n’avoir aucune soudure, tout est relié à un PCB. J’en vois déjà parmi les anciens qui râlent. Les modernes leur expliqueront qu’il y aura moins de câbles et donc moins de risques de les voir partir en vadrouille quand on a trop fait le guignol sur scène. Ils ajouteront que notre Strat ne souffrira plus de bruits parasites liés aux mauvaises soudures. Ils évoqueront aussi et surtout les changements de câblage à la volée. Ils achèveront triomphalement leur argumentation en notant qu’il sera enfin possible d’assommer le gars relou dans le public qui n’arrête pas de nous crier « hé Hendrix ! joue-nous un Johnny ! », en lui jetant les cartes façon « Cat’s Eyes ».
Les anciens leur rétorqueront que tu feras moins le malin quand tu seras en tournée et que ton circuit imprimé aura court-circuité parce que ta guitare aura pris de la bière, petit con. Bonne chance pour le faire réparer par un luthier ! Nous serons tenus de passer par un réparateur agréé Fender, ce qui risque d’agacer ceux qui aiment avoir le choix. Et puis ils se lamenteront car ce qu’ils aimaient eux, c’était justement ouvrir la guitare, changer les micros, souder, tenter des combinaisons, la personnaliser quoi. Là c’est tout de suite plus anonyme et moins romantique. Pas faux. En même temps, tout le monde n’a pas des talents de bricoleur et ceux qui, comme moi, en sont complètement dénués seront ravis de n’avoir qu’à ouvrir une petite trappe située au dos de la guitare et d’y insérer une carte pour modifier l’instrument.
La cavité qui la reçoit est environ deux fois plus grosse que celle que l’on trouve sur les guitares à micros actifs pour loger une pile 9 V. Et puisqu’on parle de pile, il est bon de noter que notre système est entièrement passif et que par conséquent, il n’y en a pas besoin. Encore une fois, la guitare à vide résonne plutôt très bien et ce renfoncement dans le corps ne semble pas altérer le son de manière significative.
Introduire les cartes est un jeu d’enfant, elles se clipsent facilement et les ingénieurs de chez Fender ont rendu l’opération la plus simple possible. S’il fallait apporter un bémol à ce système, il concernerait la trappe en plastique. On peut bien sûr la retirer, mais elle parait fragile, en particulier ses accroches (voir photos). Ceux qui, comme moi, ne sont pas très délicats non plus les casseront bien vite. Les cartes devraient tenir en place même sans couvercle. Et admettons qu’on les perde, nous pourrons toujours les racheter pour les remplacer, elles seront aussi vendues séparément. En tout cas, trois « personnality cards » sont fournies d’origine, avec une notice explicative, dans leur petit porte-carte à peine plus gros qu’un portefeuille. Pas sûr qu’on les emmène avec soi en concert, mais au moins, elles ne se baladeront pas dans les coins, à moins que nous perdions le porte-carte et toutes les cartes d’un coup, ce qui est possible aussi (un peu comme les porte-médiators bidons qu’on vous fait payer pour ne pas les perdre au fur et à mesure, mais d’un seul coup).
J’t’échange la Cutter contre la Blender, ça vaut
Nous aurions pu vous présenter les cartes comme ça, mais les nôtres jouent dans une catégorie supérieure, elles sont argentées, mieux que celles de Paul Allen, ce qui risque de provoquer trop d’émotions au petit cœur fragile de Patrick Bateman. Leur rôle est cependant bien différent :
– La Standard (sous-titrée « Traditional Wiring ») nous offre les branchements classiques d’une Strat. Les trois potards conserveront leurs fonctions habituelles (1 volume + 2 tonalités). Il en sera de même pour le sélecteur à 5 positions qui pilotera les micros de façon traditionnelle (position 1/chevalet, position 2/chevalet+milieu, position 3/milieu, position 4/milieu+manche, position 5/manche).
– La Blender (sous-titrée « Neck And Bridge Blend ») nous permettra surtout de mélanger le micro chevalet et le micro manche. Le premier bouton de tonalité (celui près du volume) conservera son rôle, mais étendu à toutes les positions du sélecteur. Le deuxième bouton de tonalité permettra de doser le mix entre les micros. Ex : quand le sélecteur de micro est sur la position chevalet, avec le deuxième potard de tonalité à 10, nous n’entendrons que lui, en revenant à 0, il sera mélangé au micro grave. Voici le reste des positions : position 2/ chevalet+milieu mélangé au micro manche, position 3/ milieu uniquement, position 4/ milieu+manche mélangé au chevalet, position 5/ manche mélangé au chevalet. Comme vous pouvez le constater, les possibilités sonores sont assez vastes et originales.
– La Cutter (sous-titrée « Treble And Bass Cut ») nous permettra, au moyen du premier bouton de tonalité, d’atténuer les fréquences aiguës, comme d’hab’, mais sur toutes les positions du sélecteur et, au moyen du deuxième bouton, d’atténuer les fréquences graves. Les combinaisons de micros sont les mêmes que sur la carte Standard, traditionnelles donc. Ce câblage devrait nous offrir des sons très jazzy ou très funky, voire juzzky si l’on coupe tout.
La Cutter et la Blender ont en commun d’avoir au dos 4 « dip switches » qui nous permettront de couper un peu plus les fréquences aigües ou au contraire d’en réduire la perte à faible volume.
Fender a apparemment prévu de sortir de nouvelles cartes dans le futur et nous sommes bien curieux de savoir quels câblages les Américains pourraient bien encore proposer.
Il est temps de mettre cartes sur table (enfin dans table), et de vérifier si ces nouvelles possibilités, séduisantes en théorie, le sont aussi dans la pratique.
Cartes (et) sons
Voici là chaîne utilisée pour l’enregistrement des extraits audio : Fender American Strat Deluxe Plus > Ampli Marshall JVM410H > Loadbox/simulateur de HP Two Notes Torpedo > Carte son Apogee Duet. L’EQ de l’ampli est neutre, tout à midi.
Pour tous les exemples, voici les correspondances :
- Positions du sélecteur : 1/ manche, 2/ manche + milieu, 3/ milieu, 4/ milieu + chevalet, 5/ chevalet
- Potentiomètres de tonalité : T1/ celui près du volume, T2/ celui tout en bas
Commençons avec la carte Standard déjà installée (sans carte, aucun son ne sortirait de l’ampli) et voyons comment réagit notre Deluxe dans son utilisation classique. Écoutons le son clair d’abord dans les 5 positions, du micro manche au micro chevalet. Pour exploiter toutes les possibilités de l’instrument, j’alterne différents styles de jeu, parfois du strumming, parfois des arpèges, un peu partout sur le manche. Sur l’extrait avec le micro du milieu, je vous laisse apprécier le sustain.
- 1 clean position 1 00:29
- 2 clean position 2 00:45
- 3 clean position 3 sustain 00:35
- 4 clean position 4 00:37
- 5 clean position 5 00:26
Si Mister Frise ne s’était pas incrusté, on pourrait dire que le son est plutôt sympa, claquant et brillant dans le plus pur style Fender érable. Les anciens trouveront le rendu sonore des N3 pas très chaud, un peu passe-partout. Pour ma part, je les trouve vraiment satisfaisants.
Voyons maintenant comment notre strat se débrouille avec les sons crunch et saturés. Pour le crunch, j’improvise sur une petite grille à trois accords en variant encore une fois les styles de jeu (doigts/médiator, strumming/arpèges) et la dynamique tout en remontant progressivement le manche, sur les 5 positions (de manche à chevalet). Pour le son saturé, trois exemples, un micro manche dans le style de Robin « Le Trouvère », un micro chevalet, style hard à la Skid Row, et enfin une petite impro « n’importe quoi » sur les 5 positions.
- 6 crunch position 1 00:11
- 7 crunch position 2 00:13
- 8 crunch position 3 00:13
- 9 crunch position 4 00:13
- 10 crunch position 5 00:11
- 11 satu position 1 00:46
- 12 satu position 4 00:21
- 13 impro 5 positions 00:30
Encore une fois, je trouve les sons de notre Deluxe Plus convaincants. C’est une question de goût bien sûr, mais il me semble que les N3, à faible niveau de sortie, et le Marshall, un ampli High-gain pas très fin (le gain n’est qu’à 4), se complètent assez bien. On pourra aussi entendre du souffle, les noiseless ont leur limite, même si la faute revient surtout au Marshall, un vrai buffle. L’exemple du micro chevalet est presque criard tant notre six-corde est pleine de hauts médiums et d’aigus. Mais encore une fois, c’est aussi dû à l’ampli dont je vous rappelle que l’égalisation est neutre et que nous pouvons donc toujours régler.
Un petit tour de magie. Je bats les cartes et j’en tire une au hasard. Ça sera la Blender. D’abord deux exemples sur micros manche et chevalet avec le potard T2 à 10, puis pour comparer, le potard à 0 (mix des deux micros et donc le même son sur les deux exemples) et enfin les deux encore mélangés, mais plus subtilement, avec le potard à 5. Théoriquement nous devrions aussi avoir le même résultat sur les deux positions, mais vous pourrez constater qu’il y a une très légère prédominance du micro sélectionné sur celui qu’on ajoute. Ensuite viennent deux exemples sur les positions 2 et 4, sans blend et avec blend.
- 14 blender position 1 potard 10 0 5 00:13
- 15 blender position 5 potard 10 0 5 00:13
- 16 blender position 2 sans avec 00:20
- 17 blender position 4 sans avec 00:20
Le mélange des micros manche et chevalet nous apporte une vraie 6e position et il est assez amusant de trouver des similitudes avec la position centrale d’une Les Paul (plus brillante dans notre cas, bien entendu). Le fait de pouvoir doser le mix entre les deux justifie le « Plus » apposé à notre Deluxe. J’aime.
Voici les deux derniers exemples pour cette carte. Le premier se fait sur les 5 positions avec le T2 à 0 (blend à fond donc). Pour démontrer qu’il n’y a dans ce cas-là pas de différence entre la position manche et la position chevalet, je switche vite fait entre elles sur les 4 premiers accords. Le dernier exemple prouvera que l’action du T1 a un impact sur toutes les positions : je le mets à 0 et je passe de la position 1 à la position 5 (avec blend).
- 18 blender 5 positions avec 00:29
- 19 blender position 1 4 tone0 00:19
Pour finir, installons la CUTTER. Je joue un premier exemple jazzy (avec un manche en érable et un tirant 9–42, on fait comme on peut), T1 à 0, aigus coupés donc, puis, pour montrer qu’il est actif sur toutes les positions, je passe à la position 3 puis à la 4 dans un solo à la Brian « Fait ce qu’il te plait » (au début, je plaque un accord suivi d’une note avec le potard à 10 puis à 0 pour sentir la différence). Nous obtenons bien le son « boxy » habituel que nous cherchions.
- 20 cutter position 1 tone 1 coupe 00:25
- 21 cutter position 3 tone 1 coupe 00:14
- 22 cutter position 4 tone 1 coupe 00:19
Qu’en est-il de l’impact du T2? Je joue une petite rythmique sur la position 4 puis je baisse le potard à 0, basses coupées donc.
L’effet n’est pas glorieux. Nous aurons même perdu du volume (Jacques Dessange est très mécontent) et le résultat n’est finalement pas si funky que ça. On va quand même lui laisser sa chance et mettre en action deux dipswitchs au dos de la carte pour renforcer les aigus à bas volume. Je joue une rythmique disco bien connue avec un son crunch sur la position manche. Le Marshall bave et la position sélectionnée n’aide pas à arranger les choses. C’est là que le T2 entre en action, je coupe les basses et, ô miracle, le volume se maintient à peu près, mais surtout, le son est beaucoup plus défini.
La Cutter aura donc des applications bien précises et son intérêt est, d’après moi, assez limité. Enfin, elle ajoutera quand même de nouvelles possibilités à notre arsenal sonore. Pour ceux qui se demandent à quoi pouvait bien ressembler le son « juzzky » (T1 et T2 à 0), j’ai essayé, c’est moche, non vraiment, il ne faut pas.
Finalement, ce système de cartes est-il un gadget ou a-t-il une réelle utilité ? Nous appuierons la seconde proposition. Bien sûr, même si c’est faisable, il y a peu de chances que nous changions de cartes en plein concert. C’est plutôt une question d’humeur, lorsque, lassés des sons traditionnels, nous voudrons temporairement essayer autre chose. Est-ce qu’il révolutionnera l’univers de la guitare ? Non, mais il élargira l’idée qu’on se fait du son Fender et c’est déjà pas mal.
« Vous êtes arrivés à destination »
Coup de bluff, coup de maître… En tout cas, ce n’est pas avec cette American Deluxe Strat Plus que Fender mettra fin à la querelle entre anciens et modernes (il va y avoir du sport dans les forums !). Elle s’adressera plutôt à ces derniers, mais aussi aux gratteux pas très bricoleurs dans l’âme, à ceux qui cherchent à sortir des sentiers battus avec des sons originaux, ou aux musiciens professionnels, en particulier les guitaristes de studio qui ont besoin d’un éventail de sonorités le plus large possible.
Nous ne pourrons pas reprocher à Fender leur audacieuse tentative de changer la conception de notre instrument préféré et d’emprunter de nouvelles voies, à moins d’être un adepte du principe d’éducation d’Omer Simpson : « N’essaie pas, tu risques de rater ». Mais au prix annoncé de 2120 € TTC avec sa case Deluxe (+ accessoires), plutôt 1600 € en cherchant vite fait sur le net (soit le même prix qu’une Deluxe « normale ») elle se situe dans le haut de gamme, ce qui ne parait pas toujours évident au vu de sa lutherie et de sa finition moyenne (les frettes) qui nous feront hésiter avant de faire chauffer la seule carte qui importe vraiment au bout du compte, la bleue. À vous de voir, moi, je passe la main.
(réponse à la devinette : « Pikachu », c’était pourtant évident !)
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