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Test de la Fender American Deluxe Strat Plus - Fender redistribue les cartes

6/10

Devinette : Quel est le point commun entre le GPS, le crédit, les restaurants, les Pokémon, Madame Irma, le 1000 bornes et la nouvelle Fender American Deluxe Strat Plus présentée cette année au Winter NAMM ?

Alors que la concur­rence sur le marché de la guitare élec­trique est de plus en plus rele­vée et qu’il devient fran­che­ment compliqué de perfec­tion­ner un instru­ment bien­tôt cente­naire, les marques misent souvent sur l’in­no­va­tion pour séduire de nouveaux clients. Pour se faire, elles se sont progres­si­ve­ment empa­rées de nouvelles tech­no­lo­gies comme l’au­to­ma­ti­sa­tion (Robot Guitar de Gibson, min-ETune…), le numé­rique et la modé­li­sa­tion (Game Chan­ger de Music Man, Variax de Line 6…) ou même les deux en même temps (Fire­bird X de Gibson). Malheu­reu­se­ment, ces nouveau­tés sont souvent accom­pa­gnées de leurs lots d’in­con­vé­nients : sono­ri­tés moins orga­niques et natu­relles, dépen­dance aux outils tiers ou complexité d’uti­li­sa­tion.

Fender, bien qu’ayant pris part au mouve­ment il y a quelques années avec la Strat VG, tente de récon­ci­lier les anciens et les modernes en propo­sant le meilleur des deux mondes : une Stra­to­cas­ter Ameri­can Stan­dard Deluxe dont on peut modi­fier instan­ta­né­ment la confi­gu­ra­tion des micros et les fonc­tions des potards grâce à un système tota­le­ment analo­gique à base de… cartes ! Audio­fan­zine a eu le privi­lège de la tester pour vous. Y a-t-on lu l’ave­nir de la guitare ou n’y a-t-on vu qu’un simple coup de poker ? Pour le savoir, il suffit de lire la carte…

Carto­gra­phie

Fender Stratocaster Deluxe Plus

Pour être tout à fait exact, outre le système évoqué plus haut qui remplace l’ha­bi­tuel switch S-1, cette Deluxe diffère légè­re­ment des autres de la série. Sa fini­tion pour commen­cer, « Mystic Ice Blue » pour celle que nous avons dans les mains, n’est pas au cata­logue des Deluxe habi­tuelles. C’est une couleur bleu clair/gris, métal­li­sée, et plutôt brillante. Elle ne plaira sans doute pas aux anciens qui, aux fini­tions auto­mo­biles, préfèrent le bois appa­rent. D’au­tant que son colo­ris alter­na­tif « Mystic 3-color Sunburst », contrai­re­ment à ce qu’il pour­rait sous-entendre, ne le dévoile pas non plus. Il sera ainsi diffi­cile d’ap­por­ter un juge­ment sur la qualité de l’aulne qui en consti­tue le corps. Les modernes, eux, appré­cie­ront son côté zen, mais suffi­sam­ment « show off » pour la scène avec son vernis uréthane glossy dont l’ef­fet est accen­tué par un accas­tillage à la fini­tion nickel (sauf les attache-cour­roies, chro­mées). Les anciens trou­ve­ront encore un peu ridi­cule, pour des raisons pure­ment cosmé­tiques (lui donner vite fait un côté luxueux), de ne pas avoir unifor­misé les vernis de la tête (toujours l’uré­thane brillant) et du manche (satiné). Pour ma part, j’m’en bats les cartes.

Le manche donc, ainsi que sa touche, sont en érable (pas de palis­sandre pour cette version). Nous consta­te­rons que c’est plus préci­sé­ment un érable moucheté, pas vrai­ment beau du coup (cf. photos). Ce choix est surpre­nant quand on sait que le « bird­seye » est plus cher, mais pas si fonc­tion­nel, il est surtout utilisé pour son esthé­tique plus que pour sa stabi­lité. Là c’est raté. 

Fender Stratocaster Deluxe Plus

Nous remarque­rons aussi que le haut des frettes a été gros­siè­re­ment poli à la machine (on voit les traces d’ou­tillage utilisé lors de leur recti­fi­ca­tion, avec le temps ça risque de cris­ser et de nous salir les doigts). Le travail aurait dû être un peu plus soigné. Entre les frettes se trouvent les habi­tuels repères, sous forme de points noirs. 

Au dos du manche nous retrou­ve­rons le « Skunk Stripe » (bois qui comble le trou par lequel on installe le Truss Rod) en noyer. La jonc­tion entre le corps et le manche se fait à l’aide d’une plaque de fixa­tion 4 vis avec, excel­lente chose, un « micro-tilt » qui nous permet­tra de modi­fier l’angle de la table et du manche et donc d’af­fi­ner un peu plus nos réglages. Le « Corona, Cali­for­nia » inscrit sur la plaque nous confir­mera l’ori­gine améri­caine de notre gratte. Ouf, nous voilà rassu­rés…

Au rayon des acces­soires et de l’ac­cas­tillage, nous remarque­rons deux nouvelles diffé­rences par rapport aux Deluxe « normales » : le trémolo et la tige de vibrato ne sont pas tout à fait iden­tiques (plus vintage, en appa­rence tout du moins), et les strap-locks Schal­ler ont été aban­don­nées, c’est bien dommage, au profit de grosses attache-cour­roies qui, même si elles accrochent bien la sangle (four­nie), ne garan­tissent pas la même sécu­rité. En revanche, nous retrou­ve­rons sur la tête les habi­tuelles méca­niques à blocage Fender Deluxe, effi­caces, et un guide corde. D’ailleurs, puisqu’on c’est une guitare « de luxe », pourquoi ne pas en avoir installé deux ? 

Enfin, les cache-micros et les potards, d’un blanc un peu vieilli (enfin jauni), et leurs inscrip­tions dorées se marient bien avec le reste de l’ins­tru­ment (la tâche sur le pick­guard visible sur les photos n’est pas un défaut de fini­tion, c’est le plas­tique protec­teur que je n’ai pas osé reti­rer, la guitare est neuve).

En résumé, à part les frettes, la fini­tion est propre. L’ap­pa­rence est dans l’en­semble plutôt chic même si les anciens la trou­ve­ront plutôt vulgos.

Une guitare qui cache bien son jeu

Fender American Deluxe Strat Plus

Quand on le soulève, on remarque que ce modèle est assez lourd comparé aux Strats plus tradi­tion­nelles. Son poids exact ne nous a pas été commu­niqué, mais elle joue dans la caté­go­rie des mi-lourds, type Les Paul « Weight Relie­ved » de la célèbre marque concur­rente. Il faut dire que son inté­rieur a été entiè­re­ment cham­boulé. Mais avant de déve­lop­per ce thème plus avant, testons son confort. 

En posi­tion assise, rien de nouveau avec la forme Strat, c’est parfait. Quant au manche, il est très agréable, nous déva­le­rons ses 22 cases avec plai­sir. L’ad­di­tion du vernis satiné qui permet à la main de bien glis­ser, de frettes medium jumbo pour les liés (nous retrou­vons en passant le diapa­son long Fender, 64,8 cm), d’un profil en C (dit « modern C », qui ne convien­dra peut être pas aux grandes paluches) et d’un radius conique (241 mm-355,6 mm) est un vrai succès. Pour ne rien gâcher, la guitare à vide nous offre de bonnes vibra­tions et un bon sustain, l’as­sem­blage Aulne/Erable fait des merveilles. 

Quinte Flush Royale ? Pas tout à fait. Malheu­reu­se­ment, en jouant, nous avons constaté que ça frise de partout (la corde de mi aigu buzz même à vide). Montée en 9–42, elle mérite pour commen­cer un tirant supé­rieur. Le réglage n’a peut-être pas été fini, pour­tant l’ac­tion est déjà à bonne hauteur et l’in­to­na­tion est juste. Alors d’où vient le problème ? On se demande si ce n’est pas dû, comme nous l’avons mentionné précé­dem­ment, au fret­tage fait à l’ar­rache. Peut-être sommes nous mal tombés avec cet exem­plaire. À véri­fier en maga­sin en tout cas.

Fender American Deluxe Strat Plus

Notre instru­ment est équipé de trois micros simples Noise­less N3. Pour ceux qui jouent plus rock, il existe aussi une version avec un double en posi­tion cheva­let (et une touche en palis­sandre cette fois-ci, pas d’érable, ainsi qu’une fini­tion « Mystic Black » pour rempla­cer celle de notre spéci­men). 

L’Ame­ri­can Deluxe Strat Plus a la parti­cu­la­rité de n’avoir aucune soudure, tout est relié à un PCB. J’en vois déjà parmi les anciens qui râlent. Les modernes leur explique­ront qu’il y aura moins de câbles et donc moins de risques de les voir partir en vadrouille quand on a trop fait le guignol sur scène. Ils ajou­te­ront que notre Strat ne souf­frira plus de bruits para­sites liés aux mauvaises soudures. Ils évoque­ront aussi et surtout les chan­ge­ments de câblage à la volée. Ils achè­ve­ront triom­pha­le­ment leur argu­men­ta­tion en notant qu’il sera enfin possible d’as­som­mer le gars relou dans le public qui n’ar­rête pas de nous crier « hé Hendrix ! joue-nous un Johnny ! », en lui jetant les cartes façon « Cat’s Eyes ».

Les anciens leur rétorque­ront que tu feras moins le malin quand tu seras en tour­née et que ton circuit imprimé aura court-circuité parce que ta guitare aura pris de la bière, petit con. Bonne chance pour le faire répa­rer par un luthier ! Nous serons tenus de passer par un répa­ra­teur agréé Fender, ce qui risque d’aga­cer ceux qui aiment avoir le choix. Et puis ils se lamen­te­ront car ce qu’ils aimaient eux, c’était juste­ment ouvrir la guitare, chan­ger les micros, souder, tenter des combi­nai­sons, la person­na­li­ser quoi. Là c’est tout de suite plus anonyme et moins roman­tique. Pas faux. En même temps, tout le monde n’a pas des talents de brico­leur et ceux qui, comme moi, en sont complè­te­ment dénués seront ravis de n’avoir qu’à ouvrir une petite trappe située au dos de la guitare et d’y insé­rer une carte pour modi­fier l’ins­tru­ment.

Fender American Deluxe Strat Plus

La cavité qui la reçoit est envi­ron deux fois plus grosse que celle que l’on trouve sur les guitares à micros actifs pour loger une pile 9 V. Et puisqu’on parle de pile, il est bon de noter que notre système est entiè­re­ment passif et que par consé­quent, il n’y en a pas besoin. Encore une fois, la guitare à vide résonne plutôt très bien et ce renfon­ce­ment dans le corps ne semble pas alté­rer le son de manière signi­fi­ca­tive.

Intro­duire les cartes est un jeu d’en­fant, elles se clipsent faci­le­ment et les ingé­nieurs de chez Fender ont rendu l’opé­ra­tion la plus simple possible. S’il fallait appor­ter un bémol à ce système, il concer­ne­rait la trappe en plas­tique. On peut bien sûr la reti­rer, mais elle parait fragile, en parti­cu­lier ses accroches (voir photos). Ceux qui, comme moi, ne sont pas très déli­cats non plus les casse­ront bien vite. Les cartes devraient tenir en place même sans couvercle. Et admet­tons qu’on les perde, nous pour­rons toujours les rache­ter pour les rempla­cer, elles seront aussi vendues sépa­ré­ment. En tout cas, trois « person­na­lity cards » sont four­nies d’ori­gine, avec une notice expli­ca­tive, dans leur petit porte-carte à peine plus gros qu’un porte­feuille. Pas sûr qu’on les emmène avec soi en concert, mais au moins, elles ne se bala­de­ront pas dans les coins, à moins que nous perdions le porte-carte et toutes les cartes d’un coup, ce qui est possible aussi (un peu comme les porte-média­tors bidons qu’on vous fait payer pour ne pas les perdre au fur et à mesure, mais d’un seul coup).

 J’t’échange la Cutter contre la Blen­der, ça vaut

Fender American Deluxe Strat Plus

Nous aurions pu vous présen­ter les cartes comme ça, mais les nôtres jouent dans une caté­go­rie supé­rieure, elles sont argen­tées, mieux que celles de Paul Allen, ce qui risque de provoquer trop d’émo­tions au petit cœur fragile de Patrick Bate­man. Leur rôle est cepen­dant bien diffé­rent :

– La Stan­dard (sous-titrée « Tradi­tio­nal Wiring ») nous offre les bran­che­ments clas­siques d’une Strat. Les trois potards conser­ve­ront leurs fonc­tions habi­tuelles (1 volume + 2 tona­li­tés). Il en sera de même pour le sélec­teur à 5 posi­tions qui pilo­tera les micros de façon tradi­tion­nelle (posi­tion 1/cheva­let, posi­tion 2/cheva­let+­mi­lieu, posi­tion 3/milieu, posi­tion 4/milieu+­manche, posi­tion 5/manche).

– La Blen­der (sous-titrée « Neck And Bridge Blend ») nous permet­tra surtout de mélan­ger le micro cheva­let et le micro manche. Le premier bouton de tona­lité (celui près du volume) conser­vera son rôle, mais étendu à toutes les posi­tions du sélec­teur. Le deuxième bouton de tona­lité permet­tra de doser le mix entre les micros. Ex : quand le sélec­teur de micro est sur la posi­tion cheva­let, avec le deuxième potard de tona­lité à 10, nous n’en­ten­drons que lui, en reve­nant à 0, il sera mélangé au micro grave. Voici le reste des posi­tions : posi­tion 2/ cheva­let+­mi­lieu mélangé au micro manche, posi­tion 3/ milieu unique­ment, posi­tion 4/ milieu+­manche mélangé au cheva­let, posi­tion 5/ manche mélangé au cheva­let. Comme vous pouvez le consta­ter, les possi­bi­li­tés sonores sont assez vastes et origi­nales.

Fender American Deluxe Strat Plus

– La Cutter (sous-titrée « Treble And Bass Cut ») nous permet­tra, au moyen du premier bouton de tona­lité, d’at­té­nuer les fréquences aiguës, comme d’hab’, mais sur toutes les posi­tions du sélec­teur et, au moyen du deuxième bouton, d’at­té­nuer les fréquences graves. Les combi­nai­sons de micros sont les mêmes que sur la carte Stan­dard, tradi­tion­nelles donc. Ce câblage devrait nous offrir des sons très jazzy ou très funky, voire juzzky si l’on coupe tout.

La Cutter et la Blen­der ont en commun d’avoir au dos 4 « dip switches » qui nous permet­tront de couper un peu plus les fréquences aigües ou au contraire d’en réduire la perte à faible volume. 

Fender a appa­rem­ment prévu de sortir de nouvelles cartes dans le futur et nous sommes bien curieux de savoir quels câblages les Améri­cains pour­raient bien encore propo­ser.

Il est temps de mettre cartes sur table (enfin dans table), et de véri­fier si ces nouvelles possi­bi­li­tés, sédui­santes en théo­rie, le sont aussi dans la pratique.

Cartes (et) sons 

Voici là chaîne utili­sée pour l’en­re­gis­tre­ment des extraits audio : Fender Ameri­can Strat Deluxe Plus > Ampli Marshall JVM410H  > Load­box/simu­la­teur de HP Two Notes Torpedo > Carte son Apogee Duet. L’EQ de l’am­pli est neutre, tout à midi. 

Fender American Deluxe Strat Plus

Pour tous les exemples, voici les corres­pon­dances :

  • Posi­tions du sélec­teur : 1/ manche, 2/ manche + milieu, 3/ milieu, 4/ milieu + cheva­let, 5/ cheva­let
  • Poten­tio­mètres de tona­lité : T1/ celui près du volume, T2/ celui tout en bas

Commençons avec la carte Stan­dard déjà instal­lée (sans carte, aucun son ne sorti­rait de l’am­pli) et voyons comment réagit notre Deluxe dans son utili­sa­tion clas­sique. Écou­tons le son clair d’abord dans les 5 posi­tions, du micro manche au micro cheva­let. Pour exploi­ter toutes les possi­bi­li­tés de l’ins­tru­ment, j’al­terne diffé­rents styles de jeu, parfois du strum­ming, parfois des arpèges, un peu partout sur le manche. Sur l’ex­trait avec le micro du milieu, je vous laisse appré­cier le sustain. 

1 clean posi­tion 1
00:0000:29
  • 1 clean posi­tion 1 00:29
  • 2 clean posi­tion 2 00:45
  • 3 clean posi­tion 3 sustain 00:35
  • 4 clean posi­tion 4 00:37
  • 5 clean posi­tion 5 00:26

Si Mister Frise ne s’était pas incrusté, on pour­rait dire que le son est plutôt sympa, claquant et brillant dans le plus pur style Fender érable. Les anciens trou­ve­ront le rendu sonore des N3 pas très chaud, un peu passe-partout. Pour ma part, je les trouve vrai­ment satis­fai­sants. 

Voyons main­te­nant comment notre strat se débrouille avec les sons crunch et satu­rés. Pour le crunch, j’im­pro­vise sur une petite grille à trois accords en variant encore une fois les styles de jeu (doigts/média­tor, strum­ming/arpèges) et la dyna­mique tout en remon­tant progres­si­ve­ment le manche, sur les 5 posi­tions (de manche à cheva­let). Pour le son saturé, trois exemples, un micro manche dans le style de Robin « Le Trou­vère », un micro cheva­let, style hard à la Skid Row, et enfin une petite impro « n’im­porte quoi » sur les 5 posi­tions. 

6 crunch posi­tion 1
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  • 6 crunch posi­tion 1 00:11
  • 7 crunch posi­tion 2 00:13
  • 8 crunch posi­tion 3 00:13
  • 9 crunch posi­tion 4 00:13
  • 10 crunch posi­tion 5 00:11
  • 11 satu posi­tion 1 00:46
  • 12 satu posi­tion 4 00:21
  • 13 impro 5 posi­tions 00:30
Fender American Deluxe Strat Plus

Encore une fois, je trouve les sons de notre Deluxe Plus convain­cants. C’est une ques­tion de goût bien sûr, mais il me semble que les N3, à faible niveau de sortie, et le Marshall, un ampli High-gain pas très fin (le gain n’est qu’à 4), se complètent assez bien. On pourra aussi entendre du souffle, les noise­less ont leur limite, même si la faute revient surtout au Marshall, un vrai buffle. L’exemple du micro cheva­let est presque criard tant notre six-corde est pleine de hauts médiums et d’ai­gus. Mais encore une fois, c’est aussi dû à l’am­pli dont je vous rappelle que l’éga­li­sa­tion est neutre et que nous pouvons donc toujours régler.

Un petit tour de magie. Je bats les cartes et j’en tire une au hasard. Ça sera la Blen­der. D’abord deux exemples sur micros manche et cheva­let avec le potard T2 à 10, puis pour compa­rer, le potard à 0 (mix des deux micros et donc le même son sur les deux exemples) et enfin les deux encore mélan­gés, mais plus subti­le­ment, avec le potard à 5. Théo­rique­ment nous devrions aussi avoir le même résul­tat sur les deux posi­tions, mais vous pour­rez consta­ter qu’il y a une très légère prédo­mi­nance du micro sélec­tionné sur celui qu’on ajoute. Ensuite viennent deux exemples sur les posi­tions 2 et 4, sans blend et avec blend.

14 blen­der posi­tion 1 potard 10 0 5
00:0000:13
  • 14 blen­der posi­tion 1 potard 10 0 5 00:13
  • 15 blen­der posi­tion 5 potard 10 0 5 00:13
  • 16 blen­der posi­tion 2 sans avec 00:20
  • 17 blen­der posi­tion 4 sans avec 00:20
Fender American Deluxe Strat Plus

Le mélange des micros manche et cheva­let nous apporte une vraie 6e posi­tion et il est assez amusant de trou­ver des simi­li­tudes avec la posi­tion centrale d’une Les Paul (plus brillante dans notre cas, bien entendu). Le fait de pouvoir doser le mix entre les deux justi­fie le « Plus » apposé à notre Deluxe. J’aime.

Voici les deux derniers exemples pour cette carte. Le premier se fait sur les 5 posi­tions avec le T2 à 0 (blend à fond donc). Pour démon­trer qu’il n’y a dans ce cas-là pas de diffé­rence entre la posi­tion manche et la posi­tion cheva­let, je switche vite fait entre elles sur les 4 premiers accords. Le dernier exemple prou­vera que l’ac­tion du T1 a un impact sur toutes les posi­tions : je le mets à 0 et je passe de la posi­tion 1 à la posi­tion 5 (avec blend).  

18 blen­der 5 posi­tions avec
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  • 18 blen­der 5 posi­tions avec 00:29
  • 19 blen­der posi­tion 1 4 tone0 00:19

Pour finir, instal­lons la CUTTER. Je joue un premier exemple jazzy (avec un manche en érable et un tirant 9–42, on fait comme on peut), T1 à 0, aigus coupés donc, puis, pour montrer qu’il est actif sur toutes les posi­tions, je passe à la posi­tion 3 puis à la 4 dans un solo à la Brian « Fait ce qu’il te plait » (au début, je plaque un accord suivi d’une note avec le potard à 10 puis à 0 pour sentir la diffé­rence). Nous obte­nons bien le son « boxy » habi­tuel que nous cher­chions. 

20 cutter posi­tion 1 tone 1 coupe
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  • 20 cutter posi­tion 1 tone 1 coupe 00:25
  • 21 cutter posi­tion 3 tone 1 coupe 00:14
  • 22 cutter posi­tion 4 tone 1 coupe 00:19

Qu’en est-il de l’im­pact du T2? Je joue une petite ryth­mique sur la posi­tion 4 puis je baisse le potard à 0, basses coupées donc. 

00:0000:00

L’ef­fet n’est pas glorieux. Nous aurons même perdu du volume (Jacques Dessange est très mécon­tent) et le résul­tat n’est fina­le­ment pas si funky que ça. On va quand même lui lais­ser sa chance et mettre en action deux dips­witchs au dos de la carte pour renfor­cer les aigus à bas volume. Je joue une ryth­mique disco bien connue avec un son crunch sur la posi­tion manche. Le Marshall bave et la posi­tion sélec­tion­née n’aide pas à arran­ger les choses. C’est là que le T2 entre en action, je coupe les basses et, ô miracle, le volume se main­tient à peu près, mais surtout, le son est beau­coup plus défini.      

00:0000:00
Fender American Deluxe Strat Plus

La Cutter aura donc des appli­ca­tions bien précises et son inté­rêt est, d’après moi, assez limité. Enfin, elle ajou­tera quand même de nouvelles possi­bi­li­tés à notre arse­nal sonore. Pour ceux qui se demandent à quoi pouvait bien ressem­bler le son « juzzky » (T1 et T2 à 0), j’ai essayé, c’est moche, non vrai­ment, il ne faut pas.

Fina­le­ment, ce système de cartes est-il un gadget ou a-t-il une réelle utilité ? Nous appuie­rons la seconde propo­si­tion. Bien sûr, même si c’est faisable, il y a peu de chances que nous chan­gions de cartes en plein concert. C’est plutôt une ques­tion d’hu­meur, lorsque, lassés des sons tradi­tion­nels, nous voudrons tempo­rai­re­ment essayer autre chose. Est-ce qu’il révo­lu­tion­nera l’uni­vers de la guitare ? Non, mais il élar­gira l’idée qu’on se fait du son Fender et c’est déjà pas mal.

« Vous êtes arri­vés à desti­na­tion » 

Coup de bluff, coup de maître… En tout cas, ce n’est pas avec cette Ameri­can Deluxe Strat Plus que Fender mettra fin à la querelle entre anciens et modernes (il va y avoir du sport dans les forums !). Elle s’adres­sera plutôt à ces derniers, mais aussi aux grat­teux pas très brico­leurs dans l’âme, à ceux qui cherchent à sortir des sentiers battus avec des sons origi­naux, ou aux musi­ciens profes­sion­nels, en parti­cu­lier les guita­ristes de studio qui ont besoin d’un éven­tail de sono­ri­tés le plus large possible.

Nous ne pour­rons pas repro­cher à Fender leur auda­cieuse tenta­tive de chan­ger la concep­tion de notre instru­ment préféré et d’em­prun­ter de nouvelles voies, à moins d’être un adepte du prin­cipe d’édu­ca­tion d’Omer Simp­son : « N’es­saie pas, tu risques de rater ». Mais au prix annoncé de 2120 € TTC avec sa case Deluxe (+ acces­soires), plutôt 1600 € en cher­chant vite fait sur le net (soit le même prix qu’une Deluxe « normale ») elle se situe dans le haut de gamme, ce qui ne parait pas toujours évident au vu de sa luthe­rie et de sa fini­tion moyenne (les frettes) qui nous feront hési­ter avant de faire chauf­fer la seule carte qui importe vrai­ment au bout du compte, la bleue. À vous de voir, moi, je passe la main.

(réponse à la devi­nette : « Pika­chu », c’était pour­tant évident !)

Télé­char­gez les fichiers sonores (format FLAC)

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Notre avis : 6/10

  • PO-LY-VA-LENCE
  • Simplicité d’emploi
  • Changement de câblage à la volée
  • Système entièrement passif et analogique
  • Originalité
  • Sons
  • Confort du manche
  • Carte Blender
  • Lutherie moyenne
  • Finition des frettes
  • Rapport qualité/prix pas ouf
  • « bouh je suis la traaaappe en plastique qui fait peeeeur ! »
  • Fiabilité sur la durée incertaine
  • Un peu lourde pour une Strat
  • Carte Cutter plus anecdotique

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