Si la marque du magasin Thomann est célèbre pour ses modèles d’entrée de gamme dont la fiabilité et le rapport qualité/prix ne sont plus à prouver, elle sait également produire des instruments aux caractéristiques plus haut de gamme. Le catalogue de la marque se hiérarchise en plusieurs séries d’influence vintage ou moderne.

Océan turquoise
S’appuyant sur le premier design de guitare électrique, la Telecaster conçue par Leo Fender, la Fusion-T est un véritable mélange des genres. Entre la teinte, la configuration micro et le choix des bois, on a une véritable guitare hybride entre les mains, avec sa personnalité bien à elle. Si elle étonne sur certains aspects, elle peut être un peu décevante sur d’autres. Néanmoins, la volonté du fabricant allemand de proposer des modèles originaux, bien finis et encore abordables se fait bien sentir avec cette guitare.
La guitare des pros
En termes de lutherie, Harley Benton s’appuie sur une construction et un choix de bois assez traditionnels. On retrouve un corps en sapele, qui est une espèce d’acajou, un manche vissé en érable surmonté d’une touche en ébène. Le corps est teinté d’un rouge/marron foncé qui laisse transparaître le motif du bois. Enfin, un filet en érable fait le tour du corps. Ce dernier dispose d’un vernis (très) brillant alors que le manche bénéficie d’une finition satinée pour un meilleur confort de jeu. Malgré une lutherie plutôt classique, cette Fusion-T révèle sa personnalité dès qu’on commence à la jouer. Les nombreux chanfreins dont dispose le corps rendent la guitare très ergonomique et facile à prendre en main. La table est sculptée au niveau du bras droit, comme sur une Stratocaster, et le corps dispose d’un chanfrein pour le ventre. L’accès aux aigus est facilité à la fois devant et derrière avec deux chanfreins autour de la corne. De plus, la jonction corps-manche est asymétrique, toujours pour un bon accès aux frettes les plus hautes. On aurait aimé une tête « reverse » pour accentuer davantage le côté moderne de l’instrument et offrir davantage de tension sur les cordes graves.
L’accastillage révèle également les côtés haut de gamme et modernes de l’instrument. Le chevalet WSC est fixe et c’est un modèle type Hipshot– Wilkinson avec pontets individuels et cordes traversant le corps. Les mécaniques à blocage sont moulées sous pression et sont fabriquées par WSC. Elles aident grandement la guitare à tenir l’accord tout comme le sillet Graph Tech Tusq XL. L’accès au truss rod est de type Music Man avec une défonce effectuée dans la vingt-troisième case. C’est une localisation très pratique qui rend le réglage de la guitare simple et rapide. Les frettes, au nombre de vingt-deux, sont en acier inoxydable et il s’agit de Médium Jumbo. La guitare est bien finie, aucune frette ne dépasse. Un réglage de l’intonation sera toutefois nécessaire avant de jouer la guitare. Les cordes d’origine sont des D’Addario EXL 110 (.010 – .046).
Roswell 1947
Première mauvaise surprise : le bouton du potard de tonalité, équipé d’un push-pull, nous est resté dans la main lors de sa première manipulation. Un petit coup de tournevis pour écarter légèrement les pattes du potard, et le problème est réglé, mais effectuer une opération de « maintenance » sur un instrument qui sort tout juste de son carton n’est jamais agréable. Deuxième mauvaise surprise, le son splitté est beaucoup plus faible en volume que le son en mode humbucker. C’est un peu désagréable à l’utilisation si on passe d’un son à l’autre. On se retrouve avec un son splitté trop faible ou un son non splitté trop fort.
Les micros Roswell ne sont pas mauvais sans être excellents non plus. Leur sonorité est très standard et sans réelle personnalité ni grain. On remarque d’ailleurs un caractère un peu étouffé, même avec le potard de tonalité à fond. Cela ne saute pas aux oreilles en jouant la guitare, mais en comparant avec d’autres micros, ces derniers sonnent immédiatement plus ouverts à côté des Roswell présents sur la Fusion-T. Néanmoins, ils ont le mérite d’offrir une certaine polyvalence. Sons clairs, crunch ou saturés, les micros ne bronchent pas. Ils ne font pas tordre le son clair et restent relativement sains et droits en sons saturés. Ces micros sont montés sur des embases en plastique noir qui permettent d’en ajuster la hauteur. Les contrôles sont positionnés comme sur une Telecaster mais sont montés directement sur le corps de la guitare. Le sélecteur à trois positions et les potards de volume et de tonalité sont alignés verticalement. Les potards semblent être de qualité tout à fait standard mais fonctionnent bien.

- Fusion-T OCT – Klean All Pickups03:56
- Fusion-T OCT – Klean All Pickups Split05:09
- Fusion-T OCT – Crunch All Pickups01:43
- Fusion-T OCT – Crunch All Pickups Split02:18
- Fusion-T OCT – Lead All Pickups02:54
- Fusion-T OCT – Lead All Pickups Split03:25
- Fusion-T OCT – Lead All Pickups Drop-D02:21
Ergonomie et modernité
Les micros n’ayant pas de réelle personnalité, il est difficile de déceler la zone de confort de la guitare. Ce n’est pas une mauvaise chose et démontre sa polyvalence. Bien qu’assez moderne dans sa conception, la Fusion-T n’est pas très typée et pourrait convenir à de nombreux styles. Les sons clairs sont droits, le comportement des micros est sain et ne fait pas tordre l’ampli. On remarque quand même ce côté un peu étouffé et sans vie des Roswell LAF. Le jeu en flat picking passe plutôt bien, les micros compressant légèrement le signal et faisant bien ressortir l’attaque. En spitant les micros, on perd donc beaucoup de volume et le grain n’est pas très satisfaisant. La position intermédiaire pourra convenir pour des rythmiques funk standards. Les sons crunch sont agréables sans être transcendants. Une égalisation visant à réduire les basses sera quasi-indispensable pour contrer le côté très sombre des micros et ouvrir le son davantage. Les deux micros sont en revanche équilibrés entre eux et la position intermédiaire est assez sympa. Une fois les micros splittés, les sons sont en revanche assez pauvres et le côté fin et étriqué de ces micros est assez caricatural. En attaquant la grosse saturation, les micros Roswell conservent ce côté sombre et un peu renfermé. Cependant, chaque note se fait entendre et les attaques sont bien présentes. La guitare offre une bonne surprise au niveau du sustain. Les notes tiennent bien et meurent de manière naturelle et très musicale. La lutherie très saine n’y est pas étrangère.
On adhère
Fidèle à la philosophie des instruments Harley Benton, la Fusion-T présente un rapport qualité/prix imbattable. Son niveau de lutherie et d’équipements la place en compétition avec des modèles bien plus onéreux. Les finitions sont soignées et la lutherie est saine et bien conçue. Le corps offre une excellente ergonomie et rend la guitare très familière dès la première prise en main. Bien que l’électronique soit définitivement le point faible de la guitare, elle ne manque pas moins de personnalité et saura ravir de nombreux musiciens grâce à sa polyvalence. La touche en ébène au rayon de douze pouces alliée au profil Modern C du manche en érable prodiguent un bon confort de jeu. Le poids de la guitare est dans la moyenne des modèles de cette forme. Tous les petits détails comme l’emplacement de l’ajustement du truss rod ou les mécaniques à blocage inscrivent la guitare dans une lignée résolument moderne et ergonomique. Cette Fusion-TT HH Ocean Turquoise possède une vraie personnalité bien qu’elle rappelle fortement d’autres guitares de type Telecaster. En bref, une très bonne guitare pour le prix, qu’il sera possible de conserver un bon moment en changeant les micros.