Les gri-gris en Hi-Fi
- 23 230 réponses
- 458 participants
- 2 642 433 vues
- 430 followers
Dr Pouet
52037
Membre d’honneur
Membre depuis 20 ans
Sujet de la discussion Posté le 21/03/2006 à 21:28:14Les gri-gris en Hi-Fi
Il s'agit ici de tenter de faire le tri entre les trucs qui peuvent avoir leur importance, et ceux qui sont de l'arnaque / de l'auto-suggestion / de la mode...
Et tout cela suite à quelques discussions entamées dans le pub d'AF.
Et tout cela suite à quelques discussions entamées dans le pub d'AF.
lasieste
80
Posteur·euse AFfranchi·e
Membre depuis 3 ans
19981 Posté le 16/01/2021 à 18:26:49
Citation :
des musiques contemporaines, atonales, des musiques d'ambiance, des musiques percussives, du drone, de la trance, de la tek, du métal, de tous ces styles ou la couleur et l'intensité du son font partie intégrante du message musical.
Il ne s'agit pas de nier que le propos musical peut aussi être atonal, bruitiste, percussif, expérimental, hypnotique, saturé, tout ce que l'on veut, dans l'harmonie au sens très large il y a de la place pour des formants, de la dissonance, etc., dans le rythme des bruits ou des percussion pas même métriques, etc., et dans la mélodie aussi on peut aussi comprendre ds suites composées de samples par exemple comme dans l'acousmatique.
Mais je ne crois pas que ce soit le son lui-même qui soit le juge de si cela fonctionne ou non, car on peut (on pourrait) écouter ces musiques via un écouteur de téléphone (pas l'oreillette, le son qui sort du combiné porté à l'oreille) à la toute petite bande passante, et encore être en mesure de l'identifier, ou de la critiquer au sens de décortiquer et d'analyser comme en musicologie. Certes il manquerait une partie de l'information, mais hormis quelques rares pièces où tout le spectre se jouerait en dehors des capacités de l'écouteur du téléphone, on pourrait apprécier (évaluer, aimer, rejeter, comparer, analyser, comprendre, retranscrire, etc.) tous ces styles de musiques aussi bien, quelque soit le moyen d'écoute, fut-ce un écouteur de combiné téléphonique. Et l'on trouverait, comme en musicologie là encore, certains titres, albums, mieux construits que d'autres, certains artistes meilleurs que d'autres de leurs contemporains, et de façon relativement objective, dans la limite des goûts et des couleurs, mais sur des critères purement musicologiques, historiographiés, argumentés de façon rationnelle, et cela sans même avoir besoin d'en référer au son et à sa reproduction (même si les aspects du son pourraient faire l'objet aussi d'une telle étude).
Ou bien si l'on ne reconnaît plus les aspects relativement objectifs d'une musicologie (ses méthodes, ses classifications historiques, ses cursus et ses approches etc.), et que l'on identifie la reproduction des musiques, leur qualité, à leur conditions de diffusion (sound systems, free party, boite de nuit, ascenseurs et galeries commerciales, radio FM, concerts et festival, support physique, etc.), ce qui pourrait justifier que l'on ne juge plus que par le son (ou principalement par là), alors c'est peut-être qu'on est passé dans un nouveau monde, où les politiques culturelles valent lieu de culture, où la hiérarchie des valeurs (ou l'idée d'une hiérarchisation des valeurs, sa possibilité du moins) a disparu sous le relativisme intégral, où le marché, qui impose les conditions d'écoute bien souvent, a pris le pas sur une culture musicale.
Les concepts de la musicologie ne sont pas immuables, ni ennyeux, ni tyranniques, simplement ils partent du point de départ classique, il y a une cohérence internes aux créations de l'art, qui justifie que l'on l'étudie, et qui autorise des objectivations, lesquelles on peut encore discuter ensuite. Je crois que le critère principalement du son des musiques, est la négation de cela, il écrase tous les autres crtères, et c'est pourquoi je pense qu'il y a une confusion parfois là-dedans, et dont tout le monde se plaint finalement : il y a trop de musiques nulles, qui n'en sont pas vraiment d'un point de vue musical ou musicologique, aussi bien produites fussent-elles. Le premier pas pour se sortir de cette confusion peut-être serait-ce de revenir à l'étude classique des musiques, qui s'intéresse avant tout, et même si sous des formes non conventionnelles, à la nature, à la cohérence, aux ruptures, aux accents, etc., du propos musical. On y trouverait que d'autant de raisons d'aimer ces musiques qui s'écoutent le mieux dans des circonstances et via des installations particulières, et cela permettrait de trier, sur des critères musicaux - et non sonores, de leur pertinence.
Par exemple récent, Ithaca de Thys&Amon Tobin 2020, ça sonne mieux sur les grosses écoutes du studio, mais même sur le radio réveil au hp de 5cm, ce sont des textures renversantes. Pourquoi? Grâces aux tensions organisées puis résolues, grâce à l'orchestration mise en œuvre, grâce au rapport étroit entre l'époque de sa sortie et la situation générale (même si ce sont des compositions anciennes sen réalité), bref tous critères qui sont autrement plus effectifs à décrire la réalité de l'excellence de cette musique, que son mixage ou sa qualité sonore propre. Et pourtant il s'agit à priori de musique à grand spectacle et faite pour jouer à fond du rendu sonore. Les mêmes pièces transcrites pour un orchestre classique, ou un piano, seraient encore prenantes, et nous diraient encore quelque chose de révélateur sur notre époque et ce qui s'y joue. Même en en changeant le son, et parce qu'on y trouve un propos et dans une cohérence étroite (enfin c'est mon jugement sur ces pièces, on peut toujours en discuter, rien ne change là-dessus, les goûts les couleurs etc.)
kosmix
46340
Ma vie est un thread...
Membre depuis 19 ans
19982 Posté le 16/01/2021 à 18:28:38
Discussion vraiment intéressante (mais j'ai pas tout lu, trop de pages, trop de pavés) mais je remarque néanmoins qu'une bonne musique écoutée sur un mauvais système reste une bonne musique, et si elle peut-être gâchée du point de vue purement sonore l'émotion primale elle persiste. En revanche une mauvaise musique écoutée sur un système audiophile top bah au final ça n'a d'intérêt que d'écouter le matos, c'est de l'exhibition stérile.
Putain Walter mais qu'est-ce que le Vietnam vient foutre là-dedans ?
[ Dernière édition du message le 16/01/2021 à 18:29:15 ]
chacal549
1937
AFicionado·a
Membre depuis 20 ans
19983 Posté le 16/01/2021 à 18:58:52
Lasieste, si ton point de vue est très intéressant et cultivant, tu passes pour moi complètement à coté du point que je soulève, et d'une manière d'apprécier la musique que tu ne saisis visiblement pas.
ce que tu es en train de dire, pour faire une métaphore, c'est qu'on apprécie autant un bon hamburger avec une paille, puisqu'elle nous permettra quand même, via le jus, d'apprécier la qualité objective du steak.
Ce n'est pas tout à fait faux, mais la gourmandise dans tout ça? le gras sur les doigts, la bouche pleine, la transgression?
J'insiste donc sur ce point duquel tu passe totalement à coté: le plaisir primal, sensoriel, spontané, STRICTEMENT émotionnel qui est le propre de beaucoup de musiques populaires et de musiques amplifiées.
J'adhère totalement à ton approche ultra-intellectualisée, presque mathématique, de la musique DANS UN CERTAIN CONTEXTE.
Mais par exemple quand je vais danser ou me défouler dans un concert de métal, j'ai envie, voire BESOIN que ça me ramone les entrailles. Parce que je ne vais pas "écouter la magnifique résolution d'un arrangement dont la texture est intéressante", je vais m'immerger dans une émotion partagée avec l'interprète.
Et ce n'est pas comme tu le prétends une déculture, au contraire c'est la part la plus historiquement ancienne de la musique et celle dont l'humanité ne s'est jamais défaite. En dénier l'importance voire parfois l'aspect essentiel et central, oui, c'est restrictif.
Edit, j'étais passé à coté de cette phrase:
désolé mais tu ne peux pas dire que les concepts de musicologie ne sont pas immuables et tyranniques et quelques phrases plus loin faire preuve d'un élitisme manifeste
ce que tu es en train de dire, pour faire une métaphore, c'est qu'on apprécie autant un bon hamburger avec une paille, puisqu'elle nous permettra quand même, via le jus, d'apprécier la qualité objective du steak.
Ce n'est pas tout à fait faux, mais la gourmandise dans tout ça? le gras sur les doigts, la bouche pleine, la transgression?
J'insiste donc sur ce point duquel tu passe totalement à coté: le plaisir primal, sensoriel, spontané, STRICTEMENT émotionnel qui est le propre de beaucoup de musiques populaires et de musiques amplifiées.
J'adhère totalement à ton approche ultra-intellectualisée, presque mathématique, de la musique DANS UN CERTAIN CONTEXTE.
Mais par exemple quand je vais danser ou me défouler dans un concert de métal, j'ai envie, voire BESOIN que ça me ramone les entrailles. Parce que je ne vais pas "écouter la magnifique résolution d'un arrangement dont la texture est intéressante", je vais m'immerger dans une émotion partagée avec l'interprète.
Et ce n'est pas comme tu le prétends une déculture, au contraire c'est la part la plus historiquement ancienne de la musique et celle dont l'humanité ne s'est jamais défaite. En dénier l'importance voire parfois l'aspect essentiel et central, oui, c'est restrictif.
Edit, j'étais passé à coté de cette phrase:
Citation :
il y a trop de musiques nulles, qui n'en sont pas vraiment d'un point de vue musical ou musicologique, aussi bien produites fussent-elles
désolé mais tu ne peux pas dire que les concepts de musicologie ne sont pas immuables et tyranniques et quelques phrases plus loin faire preuve d'un élitisme manifeste
Avocat du diable et de sa musique et expert en vacuité dispendieuse.
[ Dernière édition du message le 16/01/2021 à 19:02:33 ]
Neveud
6253
Je poste, donc je suis
Membre depuis 4 ans
19984 Posté le 16/01/2021 à 19:15:12
x
Hors sujet :vous arriveriez pas à synthétiser votre pensée et faire des posts plus courts aka tl;dr
Alain Souchon n'est pas un film
[ Dernière édition du message le 16/01/2021 à 19:15:34 ]
lasieste
80
Posteur·euse AFfranchi·e
Membre depuis 3 ans
19985 Posté le 16/01/2021 à 19:24:31
Non mais t'inquiète j'ai aussi tout ce qu'il faut pour faire de beaux hamburgers saignants à la maison, j'aurais du mal à vivre avec la seule radio de la cuisine, et encore quand il s'agit de créer la musique je ne lésine pas à la débauche d'instruments et de matériels, et quand je vais à un festival trans ou une free party (ça commence à remonter loin comme souvenir...), je suis devant parce que le contact physique avec le sound system est tellement bon etc.
Ce que j'ai dans le pif plutôt c'est la culture du son qui oublie celle de la musique. Je crois que c'est un travers où nous en sommes un peu parfois, on entend des tracks bien produites dans l'ensemble, ou de mieux en mieux, mais de plus en plus vides d'idées musicales, et sans cesse davantage de commentaires qui confondent la réalisation technique avec la réalisation musicale. Or c'est un peu dommage, maintenant qu'on a pris 10 ou 20 ans à acquérir la technique, si on pouvait revenir un peu chacun à cette recherche de développer son style, son vocabulaire, en se faisant confiance sur le fait que la technique suivra (comme on l'a acquise), on pourrait peu à peu sortir de la phase de l'auto-prod/music making/home-studisme où c'est la course à la technique, et les discussions interminables comme ici où parfois ça tourne en rond de façon stérile, et le paysage y gagnerait en belles choses à proposer et à écouter sans doute.
D'ailleurs je constate que c'est un peu la tonalité de nombre de ceux qui ont commenté mes longues explications depuis hier, même avec des bémols, des remarques et des divergences, et je trouve cela bien rassurant sur la réalité de notre engeance.
Ce que j'ai dans le pif plutôt c'est la culture du son qui oublie celle de la musique. Je crois que c'est un travers où nous en sommes un peu parfois, on entend des tracks bien produites dans l'ensemble, ou de mieux en mieux, mais de plus en plus vides d'idées musicales, et sans cesse davantage de commentaires qui confondent la réalisation technique avec la réalisation musicale. Or c'est un peu dommage, maintenant qu'on a pris 10 ou 20 ans à acquérir la technique, si on pouvait revenir un peu chacun à cette recherche de développer son style, son vocabulaire, en se faisant confiance sur le fait que la technique suivra (comme on l'a acquise), on pourrait peu à peu sortir de la phase de l'auto-prod/music making/home-studisme où c'est la course à la technique, et les discussions interminables comme ici où parfois ça tourne en rond de façon stérile, et le paysage y gagnerait en belles choses à proposer et à écouter sans doute.
D'ailleurs je constate que c'est un peu la tonalité de nombre de ceux qui ont commenté mes longues explications depuis hier, même avec des bémols, des remarques et des divergences, et je trouve cela bien rassurant sur la réalité de notre engeance.
Dr Pouet
52037
Membre d’honneur
Membre depuis 20 ans
19986 Posté le 16/01/2021 à 19:34:46
Citation de chacal549 :
Citation :il y a trop de musiques nulles, qui n'en sont pas vraiment d'un point de vue musical ou musicologique, aussi bien produites fussent-elles
désolé mais tu ne peux pas dire que les concepts de musicologie ne sont pas immuables et tyranniques et quelques phrases plus loin faire preuve d'un élitisme manifeste
En poussant le raisonnement plus loin, on pourrait dire que toute la musique qu’on écoute c’est de la merde, car trop simpliste harmoniquement, vu qu’on utilise même pas les quarts de tons.
lasieste
80
Posteur·euse AFfranchi·e
Membre depuis 3 ans
19987 Posté le 16/01/2021 à 19:50:32
C'est bien pour cela que les instruments continus sont un succès de ces dernières années.
Mais je pense à des choses plus simples, et qui sont difficiles, c'est difficile d'écrire des mélodies (ou des motifs) simples et belles, de composer des harmonies (ou des textures) qui se tiennent et qui ne sont pas des recettes précuites, d'abandonner le 4x4 quantifié pour créer des rythmes (ou des ambiances) plus humains, et de faire de la musique avec tout cela. Cela demande beaucoup de travail sur les instruments, le résultat est souvent personnel et dans une continuité de style, mais c'est bien cela que nous apprécions chez les artistes que nous suivons, une unité de style qui se déploie singulièrement.
Laisser un peu la technique à sa place de servante, et revenir à cette recherche artistique, voilà l'idée.
Mais je pense à des choses plus simples, et qui sont difficiles, c'est difficile d'écrire des mélodies (ou des motifs) simples et belles, de composer des harmonies (ou des textures) qui se tiennent et qui ne sont pas des recettes précuites, d'abandonner le 4x4 quantifié pour créer des rythmes (ou des ambiances) plus humains, et de faire de la musique avec tout cela. Cela demande beaucoup de travail sur les instruments, le résultat est souvent personnel et dans une continuité de style, mais c'est bien cela que nous apprécions chez les artistes que nous suivons, une unité de style qui se déploie singulièrement.
Laisser un peu la technique à sa place de servante, et revenir à cette recherche artistique, voilà l'idée.
[ Dernière édition du message le 16/01/2021 à 19:53:29 ]
iktomi
14751
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 5 ans
19988 Posté le 16/01/2021 à 20:00:08
J'ai sauté les 4 dernière pages... parce-que ça part d'un débat sur les capacités / gouts à écouter / apprécier de la musique sur des systèmes "de qualité" ou "pourris" sans jamais définir de quoi il s'agit exactement, donc concrètement chacun discute avec sa référence personnelle en tête qui est sans doute différente des autres...
L'exemple que j'ai donné concernant mon ancien combi (sans même parler de l'état de mon audition), je ne suis pas certain que ça soit du même niveau que ce que certains qualifient de "système pourri mais j'apprécie quand même écouter dessus"...
L'exemple que j'ai donné concernant mon ancien combi (sans même parler de l'état de mon audition), je ne suis pas certain que ça soit du même niveau que ce que certains qualifient de "système pourri mais j'apprécie quand même écouter dessus"...
[ Dernière édition du message le 16/01/2021 à 20:00:54 ]
kosmix
46340
Ma vie est un thread...
Membre depuis 19 ans
19989 Posté le 16/01/2021 à 20:25:22
Moi je discute dans l'absolu, mes propos sont une vue de l'esprit (enfin si esprit je possède )
Putain Walter mais qu'est-ce que le Vietnam vient foutre là-dedans ?
lasieste
80
Posteur·euse AFfranchi·e
Membre depuis 3 ans
19990 Posté le 16/01/2021 à 21:18:07
Citation de iktomi :
Sinon perso, si j'écoute une musique que j'apprécie, et bien si le système est pourrit, je préfère ne pas l'écouter du tout.
Et j'irais plus loin en disant qu'il y a très peu de choses qui m'enragent plus que mon système d'écoute qui se met subitement à merder / freezer au moment où je devrais frissonner de plaisir sur un morceau que j'adore.
Tu connais Oval Sound System? Je crois que tu devrais regarder de près, cela pourrait grandement t'aider dans la problématique, et peut-être aussi pour l'hyperacousie, à vérifier https://fr.audiofanzine.com/oval-sound-system/avis/
edit: une vidéo édifiante
[ Dernière édition du message le 16/01/2021 à 21:34:20 ]
- < Liste des sujets
- Charte