Il y a un peu plus d'un an, nous avions testé la Duet 2, deuxième mouture de l'interface audionumérique nomade USB d'Apogee proposant deux entrées micro. Les Californiens proposent aujourd'hui le chaînon manquant entre cette dernière et la "grosse" Symphony I/O, la Quartet, proposant notamment 4 entrées micro et de l'ADAT.
Apogee, désormais mariée à Apple, adopte un comportement similaire à la société de Tim Cook, en commençant par le design et l’ergonomie de ses produits. La Quartet, par beaucoup d’aspects, ressemble à sa petite soeur la Duet 2 : l’emballage soigné et le revêtement en aluminium. On retrouve aussi quelques pièces similaires, comme l’encodeur rotatif et les deux écrans OLED (il n’y en avait qu’un sur la Duet), qui nous avaient fait forte impression lors du test de la Duet 2. Ce n’est donc pas une surprise, la Quartet est une réussite au niveau du design et de la finition : c’est beau et ça a l’air solide !
L’interface se présente comme une « desktop », et se destine à être posée sur votre bureau, à côté de votre bel ordinateur pommé (est-il nécessaire de préciser que cette interface ne fonctionne pas sous Windows ?). Ce format est très pratique à l’utilisation, les principaux réglages tombant sous les doigts, et l’interface est assez lourde pour que le poids des câbles ne la fasse pas bouger. Sur la face avant, nous retrouvons donc l’encodeur cranté et cliquable, qui permettra d’accéder, on le verra, à de multiples fonctions, en plus des différents boutons tactiles. Parmi eux, trois boutons A, B et C assignables, un bouton permettant d’accéder au volume de la sortie principale et un autre pour le casque. Les quatre derniers boutons correspondent aux quatre entrées analogiques et permettront d’accéder aux réglages de gain. Sans même toucher à sa souris, nous pouvons donc régler les volumes de sortie des enceintes, du casque, les muter, les diminuer, régler les niveaux des entrées, et même accéder à d’autres fonctions grâce aux trois boutons assignables. Il sera ainsi possible d’activer le mode « mono », de changer de paires d’enceintes ou encore de réinitialiser les vumètres. Il sera même permis de paramétrer le clic de l’encodeur pour qu’il mute les enceintes, le casque ou les deux. Nous n’avons donc pas grand-chose à redire concernant l’ergonomie de la bête, c’est parfait.
Signalons la prise casque située sur le côté de l’interface. On aurait aimé voir aussi une entrée instrument sur ce même côté ou encore mieux sur le devant, cela aurait plus pratique qu’à l’arrière… Justement, qu’est-ce qu’il y a à l’arrière ?
Des connecteurs !
Oui, je sais, ce n’est pas ce qu’il y a de plus original, je vous l’accorde. Mais les constructeurs n’ont pas trouvé mieux, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise !
On retrouve donc les prises combo XLR/Jack 6,35mm au nom de médicament, Amphenol, qui ont le bon goût (rare pour un médicament) de proposer un système de « lock » afin que les prises XLR restent bien en place. Comme ça, si vous marchez sur un câble par mégarde, le câble ne se débranchera pas. Bon, en revanche, la Quartet viendra lamentablement se fracasser contre le parquet de votre home studio, et une petite larme coulera le long de votre joue lorsque vous repenserez au prix de l’interface, environ 1200€. Finalement, ce système n’est peut-être pas une bonne idée pour une interface desktop, surtout si vous êtes du genre à laisser les câbles trainer afin de mieux marcher dessus par la suite.
Juste à côté, ce sont les 6 sorties analogiques au format Jack TRS 6,35mm qui font leur apparition, et les entrées ADAT (pas de sortie !) au format Toslink accompagnées de la sortie Word Clock. On termine avec les deux prises USB : la mini afin de relier l’interface à l’ordinateur ou l’iPad/iPhone et une prise USB « maître » permettant à l’utilisateur de brancher son contrôleur MIDI (un clavier, par exemple) afin d’économiser une prise USB sur son Mac, qui reste dans certaines configurations une denrée rare.
Branchons-là, cette Quartet.
Silence, Maestro
Là non plus, pas de surprise, on retrouve notre bon vieux Maestro 2, qui pilote aussi les autres interfaces de la marque. L’installation se passe sans encombre, encore heureux vu que la carte n’est compatible que Mac, et nous lançons le petit logiciel. S’ouvre une fenêtre avec différents onglets, ce n’est pas super beau, mais cela reste lisible et classique. On retrouve sur la page principale les volumes des enceintes et du casque, ainsi que la fréquence d’échantillonnage et la source de l’horloge.
Sur le premier onglet dénommé « input », on accède logiquement aux réglages des entrées analogiques et numériques. C’est ici que l’on choisira les niveaux des entrées (instrument, +4dBu, –10dBV, micro), qu’on enclenchera le limiteur, l’alimentation fantôme, l’inverseur de phase, qu’on règlera les gains en entrée (jusqu’à 75 dB !), et que l’on regroupera certaines entrées (pour les prises stéréo, par exemple). Dans l’onglet sortie, on pourra scruter les vumètres et régler les niveaux de sortie des analogiques (+4dBu ou –10dBV).
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Dans le panneau de réglages, on pourra choisir les fonctions des boutons assignables de la face avant de la Quartet, ainsi que du clic de l’encodeur. L’onglet routing permettra d’assigner n’importe quelle source, les entrées, mais aussi les deux « mixers » disponibles dans l’onglet… Mixer, à n’importe quelle sortie physique (les trois stéréo et le casque). L’onglet Mix ressemble à une table de mixage virtuelle, ou plutôt deux, permettant à l’utilisateur de faire son retour casque aux petits oignons. C’est simple et efficace, avec des faders linéaires, des mutes, des solos, des panoramiques… On pourra donc faire un mix pour les enceintes et un pour le casque, ou alors acheminer le signal du séquenceur directement vers les enceintes et utiliser les deux mixers pour deux casques différents. Enfin, ça c’est si vous avez un ampli casque, car la Quartet ne propose qu’une seule sortie casque.
Voilà, on a fait le tour de la bête. C’est simple, efficace et donc très pratique à l’usage. Vu le prix de la bête, on aurait aimé avoir quelques traitements en interne, au moins pour le retour casque, une réverbe, un égaliseur et un compresseur par exemple. Comme ce que fait, au hasard, RME.
Je branche la guitare
Viens le moment fatidique, de brancher les micros et d’écouter. Bon, vu qu’on est des gros geeks (vous aussi, de toute façon), on n’a pas pu s’empêcher de relever quelques chiffres. On commence par les préamplis qui sont vraiment impressionnants : non content d’offrir jusqu’à 75dB de gain (la concurrence table plus vers 60dB, mis à part la Forte de Focusrite qui fait aussi bien), les préamplis se sont révélés être les plus silencieux de notre petit comparatif. Pour infos, ils donnent les mêmes résultats que ceux de la Duet 2, on peut donc affirmer sans trop se mouiller que ce sont les mêmes. Ils surclassent, côté bruit propre, ceux pourtant déjà très bien (ils montent jusqu’à 91 dB) de notre ULN8 de Metric Halo et ceux de la Forte qui nous avaient déjà impressionnés. On a donc beaucoup de gain et très peu de souffle, c’est ce qu’on demande à un préampli d’interface audio, non ? Les prises nous permettent de les comparer à ceux de l’ULN8, et de constater que la transparence est de mise.
Téléchargez les exemples audio préamplis (format Wav)
Côté convertos, notre loop back test nous indique des valeurs proches de celles obtenues avec la Duet 2 et du même ordre que la Forte de Focusrite. C’est donc dans la bonne moyenne, sans être exceptionnel, et cela reste loin de notre étalon, l’ULN8, encore une fois. Il faut quand même remettre en perspective ces chiffres, qui restent des chiffres, mais qui peuvent tout de même donner une indication. À l’écoute, ce n’est pas toujours aussi évident… Nous vous conseillons de ne pas faire une fixette sur ces résultats et de prendre en compte d’autres paramètres parfois plus importants : ergonomie, fonctionnalité, compatibilité, connectique, prix…
Téléchargez les fichiers convertos (format Wav)
Conclusion
Sans trop de surprise, on peut considérer la Quartet comme une grosse Duet 2. C’est toujours aussi ergonomique, joli, bien assemblé, et toujours pas compatible Windows… Côté son c’est strictement la même chose avec ces très bons préamplis, silencieux et offrant 75 dB de gain. Heureusement, cette fois-ci Apogee n’a pas fait l’impasse sur les entrées numériques et propose 8 canaux ADAT. Le prix de 1200€ environ en magasin est relativement élevé, mais Apogee nous a habitués à ça et l’offre nous semble quand même honnête vu les qualités de la bête, même si on aurait aimé avoir des traitements internes. Si vous avez un Mac, 1200€, que vous aimez les jolies choses, la simplicité, et que vous avez besoin de quatre préamplis micro, la Quartet est à considérer sérieusement.