Après un teasing de plusieurs mois, la première interface audio d’Arturia fut annoncée en grande pompe lors du NAMM 2015. Avec sa palanquée d’entrées/sorties, son format compact et sa promesse de performances audio excellentes, l’AudioFuse en a fait saliver plus d’un. L’attente fut longue, avec un temps de gestation de deux ans et demi, mais elle pointe enfin le bout de ses potards. Alors, ça valait le coup de patienter ?
Pas besoin de faire durer le suspens plus longtemps, les plus impatients auront de toute façon déjà regardé la note en bas de page : oui, l’AudioFuse est une bonne interface audio. Pas parfaite, car aucune ne l’est vraiment, mais il faut avouer qu’elle tient ses promesses et qu’elle a plus d’un tour dans son sac, ses spécifications techniques étant plutôt impressionnantes sur le papier. Mais que cela donne-t-il une fois déballée ?
Nous avons justement tourné une vidéo « déboitage » il y a quelques jours pour vous donner nos premières impressions sur la petite boite et faire le tour des entrées/sorties. Les premiers sentiments sont positifs, l’assemblage ayant l’air très solide et la connectique est ultra complète pour une interface aussi compacte. Il est aussi à noter que l’AudioFuse est disponible en trois coloris, vous pourrez donc peut-être l’assortir avec votre plus belle cravate.
Pas besoin de refaire le tour de la bête, on retiendra surtout le hub USB doté de 3 ports, parfait pour y brancher une clé ou un contrôleur, l’entrée phono qui ravira les amateurs de vinyles, les E/S MIDI au format mini-jack, les deux paires de sorties monitoring, les deux sorties casques doublées kack/mini-jack ou encore les inserts et les E/S numériques. Vous l’aurez compris, il n’y a pas grand-chose à redire côté connectique, surtout une fois qu’on apprend qu’une des sorties peut-être basculée via le logiciel en mode « reamping ». On appréciera aussi le fait qu’on puisse remettre le couvercle pendant le transport afin de protéger sa petite chérie. La seule chose qui reste à redire côté hardware, c’est le fait que le châssis devienne très (très) chaud au bout de quelques minutes. Le constructeur nous a confié que cela était dû à la conception même de l’AudioFuse, qui utilise son châssis comme dissipateur thermique. Les températures actuelles (37 degrés à l’ombre à l’heure de la rédaction de cet article) ne doivent certainement pas arranger les choses…
Côté retours visuels, c’est aussi très bien avec des LED entourant le gros potard principal ainsi que deux rangées verticales pour les entrées 1 et 2. Pour les contrôles disponibles sur la face supérieure de l’AudioFuse, nous avons préféré vous les montrer directement en action dans cette vidéo :
Pour la partie logicielle, c’est l’AudioFuse Control Center qui se charge de tout. Le logiciel a eu la bonne idée de reprendre le look de l’interface de manière photoréaliste, ce qui fait qu’on s’y retrouve très facilement. Le seul point faible, c’est que ça prend pas mal de place à l’écran, et en redimensionnant le tout, ce n’est pas toujours très lisible. Côté monitoring, on aurait aimé aussi avoir accès à plusieurs mixes directement dans le Control Center pour les sorties Main, CUE 1 et CUE 2. Pour les sources provenant de votre STAN, on pourra faire des mixes alternatifs dans cette dernière et les envoyer dans les différentes sorties, mais pour les sources provenant directement des entrées de l’AudioFuse, il faudra faire avec un seul mix pour les trois sorties… Dommage, en espérant qu’une future mise à jour propose cela.
Côté compatibilité, on peut tirer un grand coup de chapeau à Arturia, car l’AudioFuse fonctionne sous Mac OS, Windows, iOS, Linux et Android ! Nous tenons d’ailleurs à préciser que nous n’avons eu aucun problème lors du test sous Mac OS ou Windows. Pour couronner le tout, le constructeur a prévu trois modes d’alimentation : quand l’interface est branchée sur le secteur, toutes les fonctionnalités sont disponibles, quand elle est alimentée par le port USB, les niveaux maximums des entrées et sorties tombent à 18 dBu (au lieu de 24), et il existe un mode faible consommation coupant les entrées, une paire de sorties ainsi que l’alimentation fantôme. C’est vraiment très bien vu, car cela permettra à l’interface d’être compatible même avec les ports USB faiblards, mais aussi de pomper moins d’énergie sur la batterie de votre ordinateur portable. Pour utiliser l’AudioFuse en mode tablette sans prise secteur, Arturia a fourni un câble USB avec deux prises permettant de rajouter une batterie externe pour alimenter l’AudioFuse, les tablettes étant incapables de fournir assez d’énergie. On peut donc, en achetant une batterie externe, être vraiment nomade !
Voici une courte vidéo montrant l’ergonomie et les fonctionnalités disponibles de la partie logicielle AudioFuse Control Center :
Benchmark
Avec la mémoire tampon réglée au minimum (32 échantillons), nous avons obtenu une latence de 3,55 ms en entrée et 2,31 ms en sortie (en 96 kHz). Ces résultats sont plus élevés que la Twin d’Universal Audio (1,71/0,63 ms) ou la Babyface Pro (1,43/1,07 ms) et presque identiques à la M-Track 2×2 (2,93/2,59 ms). On est donc au niveau des interfaces USB classiques, mais pas des meilleures.
Afin de tester l’interface, nous avons fait des benchmarks avec notre APx515 d’Audio Precision, et nous allons pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus avec les interfaces précédemment testées.
Voici les résultats avec les niveaux lignes, en 96 kHz :
Avec une déviation de ±0,111 dB, l’interface a une très légère atténuation dans le haut du spectre (plus de 10 kHz) en niveau ligne. Ça reste un peu moins bon que l’Apollo Twin (±0,052 dB) et la Babyface Pro (±0,021 dB), mais mieux que la M-Track 2X2 (±0,174 dB). Ce résultat nous semble tout à fait en adéquation avec son prix.
Côté distorsion, on reste sous la barre des 0,005 %, ce qui est un peu moins bon que la Twin qui reste en dessous des 0,002 % et la M-Track 2X2 (0,003 %) mais aussi bien que la Babyface Pro. Le résultat est donc tout à fait honorable !
Les préamplis embarqués ne sont certes pas contrôlés numériquement, le réglage sera donc un peu moins précis, mais ils offrent un gain allant jusqu’à +75 dB, ce qui est vraiment conséquent et au niveau des meilleures. Voyons voir leurs performances.
Avec les entrées micro réglées sur 34 dB de gain, la déviation baisse un peu, ±0,091 dB, ce qui est une très bonne nouvelle. On constate que le résultat est différent de ceux fournis par le constructeur, car ces derniers ne concernent que les préamplis alors que les nôtres portent sur toute la chaine entrée+sortie. Rien d’anormal, donc. Les résultats sont meilleurs que la M-Track 2X2 (±0,139 dB), mais toujours en dessous de la Babyface Pro (±0,023 dB) et de l’Apollo Twin MKII (±0,054 dB). Concernant la distorsion, ça ne dépasse jamais les 0,005 %. Cela prouve que les préamplis sont vraiment transparents, ce qui est toujours une très bonne chose sur une interface audio. Et avec un rapport signal/bruit de 105 dB, on peut aussi qualifier ces préamplis de silencieux. C’est du tout bon !
Pour résumer ces résultats, les convertisseurs, sans forcément être au niveau des meilleurs, restent à la hauteur de nos espérances pour une interface de ce prix. Les préamplis démontrent qu’ils en ont sous le capot (75 dB de gain) tout en restant silencieux et transparents.
Conclusion
Comme nous l’avons dit en début d’article, l’AudioFuse est une très bonne interface audio aux qualités multiples, au prix bien calibré et aux spécifications vertigineuses, en atteste la liste des points forts située ci-dessus. Il demeure malgré tout quelques points à améliorer, notamment au niveau logiciel, mais nous comptons sur le sérieux des Grenoblois pour améliorer ça dans les mois à venir. Pour le reste, nous nous félicitons d’avoir entre les mains une interface audio qui sort de l’ordinaire, qui ne manque pas de bonnes idées, et faite par une boite française (cock-a-doodle-doo !). Comme diraient nos amis anglo-saxons : « Here comes a new challenger! »