Après la pionnière iD 22, l’abordable iD 14, la petite iD4, voici la grande iD44, complétant ainsi la gamme d’interfaces audio d'Audient. Avec ses quatre préamplis intégrés et ses seize entrées numériques, la belle étend logiquement l’offre du constructeur anglais. Reste à savoir si la qualité est toujours au rendez-vous… C’est ce que nous allons voir tout de suite !
Si l’iD22, sortie en 2013, demeure légèrement différente du reste de la gamme, le look des interfaces audio d’Audient est sensiblement le même depuis l’iD14 sortie en 2015. Ainsi, on retrouve sur l’iD44 les mêmes potards, le même design et la même qualité de construction que sur les deux modèles précédents. Seuls les switchs changent et adoptent une forme non plus circulaire, mais rectangulaire. Nous avons toujours face à nous un modèle desktop, à placer donc sur son bureau et proposant maintes fonctionnalités en accès direct. Cependant, il faudra cette fois-ci un bureau plus grand, l’iD44 mesurant 191 × 276 × 69 mm, ce qui est sensiblement plus imposant que les iD14 et iD4.
Cette grande surface permettra de donner accès à pas mal de réglages, à commencer pour chaque entrée micro, au gain, à l’alimentation +48 V, au pad –10 dB et au coupe-bas situé à 100 Hz. Entourant le gros encodeur cranté qui contrôle le volume de sortie, on retrouve 7 boutons, dont le Dim (pour baisser momentanément le volume de sortie avec une valeur choisie), le cut (pour couper complètement le son), et le bouton iD permettant au gros encodeur rotatif de prendre le rôle d’une molette de souris : survolez un potard ou fader virtuel dans votre STAN et contrôlez la valeur du paramètre avec le gros potard. Pratique, même si la molette de la souris marche bien aussi. Trois boutons F permettront d’accéder directement à d’autres fonctions, comme le mono sum, l’inverseur de polarité ou encore le passage à une paire d’enceintes alternatives (via les sorties 3/4) dont on pourra régler le niveau dans la partie logicielle. Un bouton de talkback permettra d’envoyer le signal provenant de n’importe quelle entrée (analogique, numérique et même le micro intégré de votre ordinateur) vers n’importe quelle sortie afin de communiquer avec les musiciens parfois situés derrière un mur ou une vitre. Enfin, deux potards permettront de régler les niveaux des deux sorties casques totalement indépendantes (en termes de volume et de source) et situées à l’avant, à l’instar des deux entrées instrument à haute impédance. Côté visualisation, Audient a placé deux séries de 8 LED affichant le niveau de sortie de l’iD44.
À l’arrière, c’est assez fourni avec les quatre entrées analogiques ligne/micro en combo Jack TRS/XLR, sachant que les deux premières disposent en plus d’inserts afin de brancher un traitement externe juste avant la conversion. Il est d’ailleurs possible de rentrer via le retour de l’insert afin d’attaquer directement le convertisseur et éviter de passer par le préampli intégré. Pratique si vous utilisez un préampli micro externe. Côté sorties, on a deux paires en Jack TRS, et côté numérique quatre connecteurs ADAT en TOSlink afin d’avoir 16 entrées/sorties en 44,1/48 kHz. Pour synchroniser l’horloge à d’autres appareils, l’iD44 propose une sortie Wordclock en BNC et pour finir, on retrouve le connecteur USB-C. Pas de panique, le constructeur fourni deux câbles dans la boite, avec de l’autre côté soit un connecteur USB-C, soit un connecteur USB « classique ». L’iD44 fonctionne donc avec tous les ordinateurs que les moins de 20 ans ne peuvent que connaître. L’alimentation externe est bien sûr obligatoire et un switch permettra de mettre la belle sous tension.
Back in black
Audient, à l’occasion de la sortie de l’iD44, a mis à jour la partie logicielle de ses iD, et l’on découvre ainsi une nouvelle interface, plus sombre mais aussi plus sobre. La fenêtre principale propose une table de mixage virtuelle, avec les entrées analogiques, numériques et les retours logiciels. On choisira à droite le mix affecté par les réglages (Master, Cue A, B, C ou D) que l’on pourra ensuite envoyer dans n’importe quelle sortie. C’est dans cette même fenêtre que l’on assignera aussi les fonctions des touches F1-F3 parmi les 6 proposées (talkback, opposition de phase, mono, alt pour la 2e paire d’enceintes, dim et cut). Pour aller un peu plus loin, il est possible d’ouvrir une deuxième fenêtre appelée « System Panel » et permettant d’accéder à certains paramètres, comme le protocole utilisé dans les entrées et sorties numériques (ADAT ou S/PDIF), la source de l’horloge (interne, entrée numérique 1 ou 2), le mode mono (L, C ou R) et enfin le niveau du Dim et de la paire d’enceintes alternative. C’est ici que l’on accédera aussi au routing de l’interface audio via un tableau à deux entrées avec en ordonnée les sorties physiques (ligne et casque) et en abscisse les sources (Main Mix, CUE A-D, retour de la STAN). On pourra faire de même pour les sorties numériques (1–8 et 9–16), ainsi que le talkback. Petite surprise pour ce dernier, il sera possible de sélectionner n’importe quelle source, y compris externe, à savoir une autre interface audio reliée à l’ordinateur ! Du coup, vous pourrez aussi choisir le micro intégré de votre ordinateur. Plutôt cool.
Benchmark
Nous avons réglé la mémoire tampon au minimum (32 échantillons) afin d’obtenir la meilleure latence : 3,58 ms en entrée et 2,34 ms en sortie (en 96 kHz). Du classique pour une interface USB.
Afin de tester l’interface, nous avons fait des benchmarks avec notre APx515 d’Audio Precision, et nous allons pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus avec les interfaces précédemment testées.
Voici les résultats avec les niveaux lignes, en 96 kHz :
Avec une déviation de ±0,050 dB, l’iD44 reste non loin des meilleures interfaces testées ici (les Babyface Pro de RME, Apollo 8 d’Universal Audio ou la Clarett 2Pre USB tournant autour des ±0,020 dB). C’est un très bon résultat vu son prix, à n’en pas douter. On peut aussi constater la nette différence par rapport à l’iD4 (±0,157 dB) et l’iD14 (±0,116 dB). Tout cela va dans le bon sens, ce qui est un très bon point pour Audient.
Concernant la distorsion, c’est tout bonnement excellent et l’on reste presque toujours sous la barre des 0,001 %. Du niveau des meilleures, tout simplement.
Passons maintenant aux préamplis offrant jusqu’à 60 dB de gain.
Après avoir réglé le gain sur 34 dB, la déviation reste identique, ce qui est de très bon augure. En effet, nous pouvons ainsi affirmer que les préamplis sont parfaitement transparents, ce qui est une qualité recherchée sur une interface audio. La distorsion augmente quant à elle, mais reste sous la barre des 0,01 %, ce qui demeure un résultat tout à fait honnête, même si légèrement inférieur à celui obtenu sur la Clarett 2Pre. On termine avec le rapport signal/bruit de 105 dB, ce qui est un très bon résultat, du niveau des meilleures.
Pour résumer, l’iD44 n’a pas vraiment de point faible et on notera sa très bonne performance du côté de la distorsion en niveau ligne. La Clarett que nous avions testée en début d’année a des résultats légèrement meilleurs, mais la version 4Pre offre une connectique moins complète (une seule entrée ADAT et aucune sortie) pour un prix sensiblement identique.
Conclusion
Comme souvent, le constructeur anglais arrive à bien placer ses pions sur l’échiquier des interfaces audionumériques et propose avec l’iD44 une solution sérieuse, bien pensée, bien construite et relativement unique sur le marché. Tout parait simple avec l’iD44, que ce soit d’un point de vue matériel avec tous ces switchs et potards qui tombent parfaitement sous les doigts, que du côté logiciel avec cette console virtuelle simple à prendre en main. De plus, nous avons aimé le système de talkback astucieux et la connectique très complète (2 E/S ADAT, inserts symétriques, Word Clock). Le rapport fonctionnalités/prix est très bon et il est évident que la dernière née du constructeur britannique trouvera aisément son public, disposant d’un budget limité mais désireux d’acheter autre chose que de l’entrée de gamme.