La voilà, la milieu de gamme de la nouvelle série Quantum : l'ES-4, une jolie petite desktop 4 entrées, 4 sorties avec les nouveaux préamplis PreSonus, le réglage automatique du gain, et un design particulièrement réussi... Va-t-on découvrir en elle toutes les audaces ?
Si la Quantum HD-8, que nous avions testée récemment, représentait le pinacle de la gamme au nom quantique, la ES-4 n’est pas en reste puisqu’il s’agit du modèle le plus avancé de la série « ES », c’est-à-dire la série de desktops autoalimentées, portatives si besoin, et avec un nombre plus limité (mais encore faudrait-il définir ce qu’on appelle limité) d’entrées et de sortie…
Sur le papier, elle promet de bons préamplis, des convertisseurs rapides, une latence basse, et un logiciel très complet et facile à prendre en main, en plus de diverses options de « facilitation du travail », au premier rang desquelles on trouve le réglage automatique du gain.
Voyons donc ce que cette ES-4 nous réserve, en commençant par la décrire, tout simplement.
Présentation
La Quantum ES-4 se présente sous la forme d’une interface desktop réalisée dans un mélange à peu près égal de métal et de plastique, plutôt robuste et avec une bonne conception de la ventilation pour permettre une dissipation correcte de la chaleur (l’interface chauffe donc assez peu).
Sur la face arrière, on trouve les entrées et les sorties suivantes (de droite à gauche) :
- quatre entrées micro/ligne sur prises combo XLR-Jack 6,35 mm TRS
- deux sorties principales au niveau ligne, et deux sorties alternatives, sur Jack 6,35 mm TRS
- une entrée et une sortie MIDI sur jack 3,5 mm
- deux prises USB-C, l’une pour la connexion à l’’ordinateur et l’auto-alimentation, l’autre comme prise d’alimentation auxiliaire, au cas où l’interface serait utilisée avec un appareil mobile, où si votre ordinateur ne bénéficie pas d’une prise USB-C (nécessaire pour une alimentation suffisante). L’alimentation auxiliaire peut-être réalisée à l’aide d’un second ordinateur, ou d’un bloc d’alimentation assez puissant et avec une sortie USB-C, bien entendu.
- un commutateur marche/arrêt
Sur la face avant, on trouve deux sorties casques, et deux autres entrées niveau ligne/instrument, qui sont connectées aux préamplis 1 et 2 (donc pas utilisables en même temps que les entrées micro 1 et 2 à l’arrière).
Là, on tombe sur un petit problème : c’est très bas, serré contre la surface du bureau… Bref, on a du mal à y connecter et déconnecter notre casque, par exemple. Mauvais point.
Sur le dessus sont réunis tous les contrôles de l’interface :
- quatre boutons pour sélectionner l’entrée à régler, surmontés de quatre indicateurs de niveau, en dBFS, à segments LED
- un bouton 48 V, actionnable pour chaque entrée indépendamment
- un bouton Autogain, actionnable pour chaque entrée indépendamment
- l’encodeur principal, qui permet de régler les gains d’entrées, les niveaux de sortie…
- un bouton « main » et un « casque » pour sélectionner la sortie à régler
- un indicateur (stéréo) de niveau de sortie, à segments LED
- un bouton « Mute »
Le premier bon point provient, à notre sens, des contrôles sur la face supérieure : bien espacés, bien disposés, bien identifiés, ils sont faciles à manipuler et l’on prend rapidement l’interface en main. On s’est senti très vite en terrain connu. Rien à redire !
On aime également beaucoup retrouver l’option Autogain directement sur la machine : cela permet un processus de travail très fluide, où le musicien qui s’enregistre seul peut se concentrer sur le fait de réaliser ses prises, en ne passant pas trop de temps à manipuler son environnement software. Très pratique si l’on veut, par exemple, enregistrer une série de voix en harmonies : on place le micro, on règle automatiquement le gain avant chaque prise directement sur l’appareil, et l’on peut se concentrer sur la performance.
Moins réussie : la face arrière, où l’on est face à un cas de légère « surcharge » de l’espace disponible, et où il se révèle parfois difficile de brancher ou débrancher des connecteurs lorsque le panneau commence à être « rempli ».
On notera aussi que l’interface a absolument besoin d’une connexion complète en USB-C pour fonctionner. Notre ordinateur principal étant dépourvu de ce format, nous avons dû nous servir d’une alimentation extérieure pour mener à bien ce test. Ce n’est pas un point négatif, mais un élément à garder en tête…
Entrons maintenant dans le logiciel
Logiciel
Dans l’environnement numérique, on retrouve l’Universal Control de PreSonus dont nous avions déjà dit le plus grand bien dans notre test de la Quantum HD-8 :
Composé, de gauche à droite, d’abord des tranches d’entrées (dont la sensibilité micro ou ligne est automatiquement sélectionnée par la simple insertion d’une fiche XLR ou Jack) puis des deux sorties, avec la possibilité, dans la section « paramètres » (le bouton « engrenage » en haut à droite) de faire apparaître les tranches de réinjection (loopback) en plus. Depuis cette même section « paramètres », vous pouvez choisir les assignations de fonctions spéciales aux boutons de l’interface : qu’est-ce que l’encodeur contrôle, quel bouton sert à changer de paires d’enceintes (pratique pour des comparatifs), quelle source est envoyée vers les casques 1 et 2, Mute ou Dim ? S’ajoutent à cela les paramètres du logiciel : temps de maintient des crêtes, coloration des tranches ; et pour finir les paramètres généraux : contournement total du mixeur (pour ne travailler qu’avec votre logiciel préféré), réinitialisation des paramètres d’usine.
Pour revenir au mixer : sur chaque tranche on trouve un réglage de gain en entrée (réglable aussi depuis l’interface), avec un filtre passe-haut, l’alimentation fantôme et, en mode micro seulement, le réglage automatique de gain (accessible aussi depuis l’interface).
Précisons que si vous ne voulez pas garder les yeux sur l’écran, pour suivre chaque processus de réglage automatique du gain, l’encodeur change de couleur pour vous indiquer que le réglage est en cours (rouge) puis qu’il est terminé (vert)
Le long de chaque tranche, on trouve ensuite un réglage de panoramique, les sélecteurs Mute et Solo, et un fader (pas contrôlable depuis l’interface, par ailleurs). Toutes les tranches sont renommables en double-cliquant sur leur nom en bas, et l’on peut leur assigner un logo d’instrument en cliquant sur la zone neutre sous les faders. Par défaut, l’envoi du signal se fait sur les sorties « Mains » (la tranche la plus à droite), mais l’on peut aussi choisir d’envoyer un mix différent sur la paire 3/4 grâce à deux petits contrôleurs à glissière horizontaux, situés entre le panoramique et le gain de chaque tranche d’entrée. Cette seconde paire peut ensuite être contrôlée à sa sortie grâce à la tranche « Retours » et son fader. De plus, le mode « Fader Flip » accessible dans les paramètres permet de reporter ces réglages d’envois sur les faders des tranches : en clair, sélectionnez les sorties 3–4, et tous vos faders d’entrée afficheront le niveau d’envoi de ces voies vers les bus 3–4 (reproduisant en plus précis le réglage du petit fader horizontal de chaque tranche). Cela permet de visualiser le mix de chaque paire clairement, et d’effectuer des réglages de précision.
Pour conclure ce tour de l’environnement numérique, précisons que tous les réglages effectués peuvent être sauvegardés sous le nom de « Scènes ».
On notera pour finir que le problème que nous avions noté sur la HD-8 (une seule tranche « Retours » ne permettait pas de visualiser correctement toutes les paires de sorties simultanément) est naturellement éliminé ici, puisqu’il n’y a qu’une paire alternative.
Benchmark
Précisons-le d’abord, la Quantum ES-4 travaille dans une résolution max de 24 bits/192 kHz. Un petit tour du côté de RTL Utility nous apprend que la latence réelle est la suivante :
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision (lien). Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible.
Gain max mesuré (entre entrée micro et sortie ligne) : 74,83 dB
Plage dynamique mesurée (pondération A) : 110,107 dB
Commençons par les entrées ligne :
Déviation : ±0,076 dB
THD+N : 0,0031 % THD : 0,0030 %
Rapport signal/bruit : 99,043 dB
Distorsion d’intermodulation : –86,576 dB
Passons aux entrées micro (réglées avec l’Autogain) :
Déviation : ±0,086 dB
THD+N : 0,005 % THD : 0,0049 %
Rapport signal/bruit : 101,293 dB
Distorsion d’intermodulation : –75,318 dB
Qu’en est-il de la sortie casque ?
En restant sur l’entrée micro, qui a donné de meilleurs résultats…
Déviation : ±0,127 dB
THD+N : 0,007 % THD : 0,006 %
Rapport signal/bruit : 98,690 dB
Distorsion d’intermodulation : –76,616 dB