Cette semaine, on passe en revue la plus petite des interfaces "Revelator" de PreSonus, l'io44, qui garde le minimum, tout en réussissant à offrir beaucoup d'options à l'utilisateur. Une interface aussi convaincante que sa grande soeur, l'io24 ?
Revelator, c’est la gamme destinée à la création de contenu numérique chez PreSonus : des interfaces et des micros, accompagnés de bundle logiciel permettant de se lancer dans la création de podcasts, ou de live stream, ou de vidéos de gaming… Bref, un ensemble spécialement pensé rien que pour ça, et qui nous avait positivement impressionnés précédemment, surtout pour son intégration d’effets par DSP, utilisable directement à la prise. On s’était dit que c’était vraiment une interface intéressante, et qui se démarquait de la concurrence parce qu’elle jouait sur deux fronts, sur deux idées : grande simplicité d’usage, avec tous les contrôles (ou presque) accessibles depuis l’appareil lui-même, et en même temps l’ajout des effets, ce qui est rare sur ce genre d’interface pour les streamers (au-delà de quelques presets d’égalisation ou de modulation).
Bref, on avait aimé la grande, appréciera-t-on autant la petite ? Pour répondre à cette question, il faut commencer par le déballage…
Déballage
La première chose qui nous frappe en déballant l’io44 c’est le fait que PreSonus ait gardé la même idée de design simple et ordonné que pour le plus gros modèle. Sur cette interface petite (135×77×58 mm) et légère (350 g), le constructeur a clairement séparé les entrées sur le devant, les sorties à l’arrière, et les contrôles sur le dessus. La sortie casque (qui est en vérité une sortie-entrée pour un casque-micro, au format TRRS 3,5 mm) est située à l’avant. Certains la préfèrent ainsi, d’autres la préfèrent à l’arrière, nous ne trancherons pas, cela dépendant de l’installation de chacun.
Pour faire le tour de l’appareil rapidement, disons qu’à l’arrière on trouve deux sorties moniteur sur Jack TRS 6,35 mm ainsi que la connectique USB-C pour le raccordement à l’ordinateur, et l’alimentation de l’interface. Sur la face avant, on trouve une entrée double micro/ligne sur combo XLR Jack TRS 6,35 mm, l’entrée-sortie casque dont nous parlions plus une entrée ligne sur Jack TRS 3,5 mm.
Sur la face supérieure, on trouve le même petit écran LCD que sur l’io24.
En dessous, les mêmes contrôles que sur l’io24. C’est-à-dire un bouton central permettant de revenir à l’écran d’accueil, deux boutons « flèches » droite et gauche permettant de se déplacer dans les différents menus qui chacun permettent le réglage des gains d’entrée ainsi que différentes options (48 volts, filtre passe-haut…). Juste en dessous encore, deux boutons preset dont nous reparlerons plus longuement, là aussi dans la partie « Logiciel », et un encodeur cliquable, qui permet les réglages des niveaux d’entrée, de sortie, et la commutation des différentes options signalées plus haut. Pour finir, toujours plus bas sur la face supérieure, on trouve le bouton de Mute.
Une première chose qui nous frappe lors de ce déballage c’est que cette io44 est à la fois la même interface que l’io 24, si on se place du point de vue des contrôles, du design, et des différentes options de modulation et de transformation du son (nous parlerons plus précisément des DSP un peu plus tard) et à la fois une interface complètement différente au point de vue des entrées proposées, et donc (si l’on peut dire) des acheteurs potentiels de l’interface. Sans trop préjuger, nous avons senti que l’io 24 visait peut-être plus les musiciens (avec assez d’entrée pour brancher plusieurs instruments, ou un micro et un instrument, sans parler des entrées-sorties midi…) tandis que l’io44, si elle n’exclut pas d’être utilisée par des musiciens bien entendu, a peut-être encore plus en tête les gamers, les YouTubeurs…
De ce point de vue, il nous semble intéressant de remarquer que l’io44 n’est donc pas seulement la version réduite de l’io24, mais une autre interface à part entière. D’ailleurs, elles sont vendues, grosso-modo, au même prix…
Logiciel
Le logiciel est plutôt bien pensé, assez complet, offrant de nombreuses possibilités de mixage et de routage du signal. Comme on le voit ci-dessous, il propose d’accéder à toutes les entrées physiques, avec réglages de gain, de panoramique et de niveau de réverbe (la réverbe intégrée ayant également son propre bus, permettant de la paramétrer), ainsi qu’un canal « playback » et deux flux virtuels (pour l’enregistrement d’application à application).
Plusieurs mix vous sont proposés en sortie – dont certains peuvent être envoyés directement vers des logiciels de streaming – avec ainsi la possibilité de créer des mix monitoring et casque séparés.
Les effets embarqués (égaliseur, compression, gate et limiteur, ainsi que des effets de modulation vocale – detuner, ring modulator, slap back…) sont contrôlables de différentes façons. En premier lieu, chacun d’entre eux est paramétrable (réglage de l’effet mais aussi de son ordre dans la chaîne), puis les chaînes créées sont enregistrables sous la forme de présélections.
Ces présélections sont accessibles de trois façons : deux d’entre elles sont assignées aux boutons « preset » en façade, six autres peuvent être enregistrées et retrouvées grâce à un sélecteur rotatif (virtuel) qui contient aussi sept préréglages d’usine. Pour finir l’une d’entre elles peut être assignée à un bouton Hot Key (en haut à gauche) qui permet de l’activer rapidement et indépendamment des autres.
Ce logiciel est complété, dans le bundle, par Studio One Artist et l’ensemble des logiciels Studio Magic. Pour finir, cette interface et son logiciel sont compatibles avec macOS, Windows (ainsi que iOS et Android, pour la possibilité de gestion à distance depuis une tablette).
Benchmark
Précisons-le d’abord, l’io44 travaille dans une résolution max de 24 bits/96 kHz. Un petit tour du côté de RTL Utility nous apprend que la latence réelle est la suivante :
En mettant le buffer sur 256 samples en 44 kHz, le logiciel remonte une latence de 13,265 ms.
En mettant le buffer sur 256 samples en 48 kHz, le logiciel remonte une latence de 12,667 ms.
En mettant le buffer sur 256 samples en 96 kHz, le logiciel remonte une latence de 7,677 ms.
En mettant le buffer sur 128 samples en 44 kHz, le logiciel remonte une latence de 8,254 ms.
En mettant le buffer sur 128 samples en 48 kHz, le logiciel remonte une latence de 7,875 ms.
En mettant le buffer sur 128 samples en 96 kHz, le logiciel remonte une latence de 5,344 ms.
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision. Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible.
Gain max : PreSonus annonce 50 dB de gain, nous avons pu en tirer 49,8 dB. on valide !
Résolution : 96 kHz – 24 bit
Commençons par les entrées ligne :
Déviation : bien droit, bien appairé, jusqu’à 7 kHz. Après, on note une déviation de ±0,181 dB dans le haut du spectre.
THD : ici, c’est assez moyen, avec 0,02 % jusqu’à 2 kHz, puis un profil en peigne, avec une série harmonique bien visible, ou la THD monte jusqu’à 0,2 %.
Rapport signal/bruit : 65,264 dB. C’est cohérent avec les résultats notés ci-dessus et ce n’est pas très bon !
L’entrée ligne sur jack TRS 3,5 mm nous donne quand à elle les résultats suivants, à peu près similaires :
Passons maintenant aux entrées micro :
Déviation : ±0,105 dB.
THD : 0,01 % jusqu’à 2 kHz, un peu mieux
Rapport signal/bruit : 88,906 dB, donc un peu mieux aussi
Qu’en est-il de la sortie casque ?
Déviation : ±0,531 dB avec des voies moins bien appariés, et l’habituelle chute dans le haut du spectre, à partir de 2 kHz, encore une fois.
THD : Là aussi, on observe une plus grande disjonction entre les voies, avec une courbe autour de 0,01 % jusqu’à 2 kHz, après quoi on retrouve cette perturbation qui ressemble à une résonance.
Rapport signal/bruit : 58,039 dB
Quelle conclusion pouvons-nous tirer de tels résultats ? Déjà qu’ils sont légèrement moins bons que pour l’io24. On dira donc que pour la linéarité, cela reste très correct, mais au niveau de la THD, c’est passable, sans plus, et que dans la gamme de prix, on a vu mieux, indéniablement.
Conclusion
En premier lieu, nous avions remarqué, lors du test de l’io24, que certains dans le forum s’étaient demandé si le profil en peigne dans le haut du spectre était dû à un défaut de l’appareil que nous avions dans les mains : les résultats de l’io44 nous confirme que non, cela est typique de cette gamme. Il est tout à fait compréhensible que certains jugent ce profil rédhibitoire, et impossible de nier que d’autres interfaces proposent de meilleurs résultats.
Cependant, comme nous l’avions noté lors du test précédent, il nous semble que l’intérêt de l’appareil ne réside pas dans ce point et que, lorsqu’on le juge comme un ensemble, on doit bien reconnaître qu’il s’agit, dans sa gamme de prix, et dans le secteur du marché qu’il convoite, d’une des interfaces les plus intéressantes produites actuellement. Les DSP sont certainement un plus indéniable. L’idée que (presque) toutes les commutations puissent se faire depuis l’interface comme depuis le logiciel est très bien pensé, et rare sur les petites desktops : un maximum d’options de prise en main, pour que chacun développe ses habitudes de travail, selon ses préférences.
Alors est-ce que l’io44 concurrence vraiment sa grande sœur ? À notre avis non, car les deux interfaces ne sont pas tout à fait pensées pour le même public. L’io44, même si elle offre généralement les mêmes options, ne sera sûrement pas le choix premier des musiciens de par son nombre d’entrées très réduit, et cela pour un prix similaire à l’io24. De plus, les résultats en THD et niveau S/B restent assez décevants (en tout cas, moins bon que l’io24). Cela ne lui enlève aucune de ses autres qualités ; il s’agit seulement d’une constatation objective. À notre avis, donc, l’io24 reste l’interface la plus désirable, malgré la proximité des deux appareils.