Le coin du français.
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Pevets
13346
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 19 ans
Sujet de la discussion Posté le 02/07/2005 à 18:37:43Le coin du français.
Vous avez un problème, un doute en français? Venez ici poser votre question, nous tenterons d'y répondre.
Hit !
22470
Vie après AF ?
Membre depuis 19 ans
5511 Posté le 10/06/2023 à 08:04:15
=> Post de Sonic's qui amène une question à notre SyBanez : y a-t-il, au Portugal, des accents différents selon les régions ?
Fort volontiers, je le présumerais.
Rien qu'en Belgique, le liégeois (la langue, donc : puisque sans majuscule ) n'a -du moins, d'origine- que peu de ressemblance(s) avec le namurois courant, bien que seulement distant de son voisin de 70 (septante ) petits kilomètres.
Je me dis qu'en Portugal*, répartissant ses 10 millions d'habitants en 90.000 km² (là où la Belgique en dénombre autant pour moins d'un tiers de la surface) les dialectes et accents peuvent probablement y prospérer.
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Fort volontiers, je le présumerais.
Rien qu'en Belgique, le liégeois (la langue, donc : puisque sans majuscule ) n'a -du moins, d'origine- que peu de ressemblance(s) avec le namurois courant, bien que seulement distant de son voisin de 70 (septante ) petits kilomètres.
Je me dis qu'en Portugal*, répartissant ses 10 millions d'habitants en 90.000 km² (là où la Belgique en dénombre autant pour moins d'un tiers de la surface) les dialectes et accents peuvent probablement y prospérer.
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Hors sujet :Ah que licence poétique
sonicsnap
85221
AF, je suis ton père
Membre depuis 18 ans
5512 Posté le 10/06/2023 à 10:44:49
Je serais étonné que le Portugal échappe aux façons de parler et accents locaux qui me semblent être le lot de la plupart des pays (sauf sans doute Monaco, San Marino, le Vatican et autres confettis).
Sybelle
1006
AFicionado·a
Membre depuis 6 ans
5513 Posté le 10/06/2023 à 11:16:43
C'est aimable, Hit! et Sonic de vous intéresser de la sorte aux singularités de mon Petit Pays (C'est ainsi que nous même le surnommons affectueusement, en Français dans le texte, cf Césaria Évora, comme la Belgique, le Plat Pays, cf Jacques Brel).
Je parlerai donc aussi bien de l’accent que du vocabulaire et même de l’expression orale en soit. Ceci, bien évidement avec une totale incompétence habillement masquée par la suffisance typique de l’«alfacinha» que je suis.
Donc, nous avons en gros 4 «oralités» régionales (si l’on fait abstraction du latin parlé à Fatima). Notre pays étant étroit, géographiquement s’entend, elles s'étirent d'ouest en est en 4 strates, du nord au sud.
Commençons par celui, central, de Lisbonne :
Il est clair, il est précis, les lettres sont toutes prononcées affectueusement, avec dans la bouche une saveur goûteuse et ronde qui donne à notre discours une fluidité que je qualifierais d’orgueilleusement simple. Le vocabulaire et la grammaire en sont érudits, voire précieux, dans le sens que nous utilisons facilement le passé simple à l'oral ainsi que le vocabulaire du 17e siècle, les mots ne devenant jamais désuets comme en français.
Puis, au nord, celui de Porto :
il est épais, il est approximatif, les lettres sont avalées comme on se goinfre d'une «francesinha», une horreur cholestérolifère dont on se demande bien quel est le rapport avec la gastronomie française, le tout assaisonné de bégaiements logorrhéiques. Le vocabulaire et la grammaire en sont grossiers et défoncés de répliques approximativement françaises, comme «va tchi fair enculer» accompagnées de postillons, de grandes claques dans le dos et d’une particularité dont la symbolique m’échappe : les femmes sont tout le temps en train de remettre leur soutien-gorge en place quand elles parlent.
Celui de l’Alentejo est typique :
Par définition un «Alentejano» est taiseux. Par définition, il ne dit rien. Il n’en pense pas moins. Les sympathiques habitant de cette belle région ont donc comme tous les Portugais un vocabulaire intérieur immense, mais «extérieur» extrêmement limité. En aucun cas un Alentejano ne se plaindra ou ne vous contredira, autant par respect que par plaisir à entendre votre point de vue : «Certes, bien sûr, évidemment, effectivement, en effet…», c’est le seul vocabulaire utilisé, prononcé sans trop ouvrir la bouche, à l’endroit d’un interlocuteur Lisboète qui lui n’attend rien d’autre qu’on l’écoute pérorer sans l’interrompre sur quelque sujet que ce soit : je m’entends (littéralement : je m’écoute) très bien avec ces gens…
Enfin, tout au sud, l’accent, mais aussi la grammaire et le vocabulaire de l’Algarve sont «polyglottes». Selon les ghettos traversés, on y entend diverses parlés germaniques, francs, gallo-romain ou saxons et parfois, rarement, une sorte de dialecte aréal en voie d’extinction, le portugais, murmuré nativement par le timide hypolaïs local.
Je parlerai donc aussi bien de l’accent que du vocabulaire et même de l’expression orale en soit. Ceci, bien évidement avec une totale incompétence habillement masquée par la suffisance typique de l’«alfacinha» que je suis.
Donc, nous avons en gros 4 «oralités» régionales (si l’on fait abstraction du latin parlé à Fatima). Notre pays étant étroit, géographiquement s’entend, elles s'étirent d'ouest en est en 4 strates, du nord au sud.
Commençons par celui, central, de Lisbonne :
Il est clair, il est précis, les lettres sont toutes prononcées affectueusement, avec dans la bouche une saveur goûteuse et ronde qui donne à notre discours une fluidité que je qualifierais d’orgueilleusement simple. Le vocabulaire et la grammaire en sont érudits, voire précieux, dans le sens que nous utilisons facilement le passé simple à l'oral ainsi que le vocabulaire du 17e siècle, les mots ne devenant jamais désuets comme en français.
Puis, au nord, celui de Porto :
il est épais, il est approximatif, les lettres sont avalées comme on se goinfre d'une «francesinha», une horreur cholestérolifère dont on se demande bien quel est le rapport avec la gastronomie française, le tout assaisonné de bégaiements logorrhéiques. Le vocabulaire et la grammaire en sont grossiers et défoncés de répliques approximativement françaises, comme «va tchi fair enculer» accompagnées de postillons, de grandes claques dans le dos et d’une particularité dont la symbolique m’échappe : les femmes sont tout le temps en train de remettre leur soutien-gorge en place quand elles parlent.
Celui de l’Alentejo est typique :
Par définition un «Alentejano» est taiseux. Par définition, il ne dit rien. Il n’en pense pas moins. Les sympathiques habitant de cette belle région ont donc comme tous les Portugais un vocabulaire intérieur immense, mais «extérieur» extrêmement limité. En aucun cas un Alentejano ne se plaindra ou ne vous contredira, autant par respect que par plaisir à entendre votre point de vue : «Certes, bien sûr, évidemment, effectivement, en effet…», c’est le seul vocabulaire utilisé, prononcé sans trop ouvrir la bouche, à l’endroit d’un interlocuteur Lisboète qui lui n’attend rien d’autre qu’on l’écoute pérorer sans l’interrompre sur quelque sujet que ce soit : je m’entends (littéralement : je m’écoute) très bien avec ces gens…
Enfin, tout au sud, l’accent, mais aussi la grammaire et le vocabulaire de l’Algarve sont «polyglottes». Selon les ghettos traversés, on y entend diverses parlés germaniques, francs, gallo-romain ou saxons et parfois, rarement, une sorte de dialecte aréal en voie d’extinction, le portugais, murmuré nativement par le timide hypolaïs local.
Je suis vulgaire mais j'aime la vie avec des petits bouts des autres dedans. (Et l'amour avec des gros bouts...)
[ Dernière édition du message le 10/06/2023 à 11:18:05 ]
sonicsnap
85221
AF, je suis ton père
Membre depuis 18 ans
5514 Posté le 10/06/2023 à 11:51:50
Merci Sybelle. C'est marrant, même si tu n'avais pas précisé que tu étais alfacinha, quelque chose de subliminal nous aurait dit que tu n'étais pas de Porto, allez savoir quoi..
Hit !
22470
Vie après AF ?
Membre depuis 19 ans
5515 Posté le 11/06/2023 à 06:07:44
Je valide.
- - - - - -
Oui; merci pour ce délicieux et captivant post !
Quel soin apporté à la description; d'autant qu'il n'est pas aisé de décrire des accents.
Merci encore pour ton post.
- - - - - -
Oui; merci pour ce délicieux et captivant post !
Quel soin apporté à la description; d'autant qu'il n'est pas aisé de décrire des accents.
Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite
Toutefois (car il faut bien que je fasse mon grincheux, j'ai une réputation à tenir, moi !) :
= en soi.
(Comme : "en moi", en toi)...
On voit refleurir cette erreur sur les forums.
Alors on est tenté de la répéter.
Toutefois (car il faut bien que je fasse mon grincheux, j'ai une réputation à tenir, moi !) :
Citation :
Je parlerai donc (...) et même de l’expression orale en soit.
= en soi.
(Comme : "en moi", en toi)...
On voit refleurir cette erreur sur les forums.
Alors on est tenté de la répéter.
Merci encore pour ton post.
sonicsnap
85221
AF, je suis ton père
Membre depuis 18 ans
5516 Posté le 11/06/2023 à 10:42:59
Je découvre qu'hypolaïs est un nom d'oiseau..
ay
170
Posteur·euse AFfiné·e
Membre depuis 20 ans
5517 Posté le 11/06/2023 à 13:53:28
J'ai découvert hypolaïs à la fin de cet hyper laïus fort amusant.
Merci
Merci
sonicsnap
85221
AF, je suis ton père
Membre depuis 18 ans
5518 Posté le 11/06/2023 à 15:56:44
Je n'ai eu qu'une fois l'occasion d'aller au Portugal et c'était à Porto. Ce que j'ai remarqué, c'est que tous les gens que j'ai rencontrés parlaient français.
Sybelle
1006
AFicionado·a
Membre depuis 6 ans
5519 Posté le 11/06/2023 à 18:39:05
Peut-être pas tous les gens de Porto, mais c'est vrai que la génération de Grand-Mère apprenait le français plus que l'anglais comme actuellement.
D'autre part les émigrants viennent, ou plutôt partent surtout du nord (le nord-est, très pauvre) donc de la région de Porto, le Sud étant surtout agricole, les paysans restent avec la terre à leurs sabots et le Centre, capitale oblige, en emploi de service.
Donc, il y a un rapport souvent étroit avec les quelques 1,8 millions (y compris 2de génération) de mes compatriotes résidant chez vous (ce qui fait pas mal de maçons et de concierges).
Les gens de Porto qu'on surnomme le «Tripeiros», j'expliquerai pourquoi une autre fois, sont des gens très affables et très accueillants, moins «snobs» que les Lisboètes. Mon seul reproche : il mangent comme 4 !
Il est encore temps de vous rendre dans cette ville pour la São João (je ne vous dis pas comment ça se prononce...), la Saint Jean, pour une fête à l'origine païenne, qui est pour moi la thérapie de groupe la plus exceptionnelle que l'on puisse certainement vivre en Europe : toute la soirée vous la passerez à taper et être tapé sur la tête par des gens que vous croisez, avec un petit marteau en plastique (traditionnellement avec un plan d’ail monté) y compris celle des Policiers ou des vieilles Mamies !
D'autre part les émigrants viennent, ou plutôt partent surtout du nord (le nord-est, très pauvre) donc de la région de Porto, le Sud étant surtout agricole, les paysans restent avec la terre à leurs sabots et le Centre, capitale oblige, en emploi de service.
Donc, il y a un rapport souvent étroit avec les quelques 1,8 millions (y compris 2de génération) de mes compatriotes résidant chez vous (ce qui fait pas mal de maçons et de concierges).
Les gens de Porto qu'on surnomme le «Tripeiros», j'expliquerai pourquoi une autre fois, sont des gens très affables et très accueillants, moins «snobs» que les Lisboètes. Mon seul reproche : il mangent comme 4 !
Il est encore temps de vous rendre dans cette ville pour la São João (je ne vous dis pas comment ça se prononce...), la Saint Jean, pour une fête à l'origine païenne, qui est pour moi la thérapie de groupe la plus exceptionnelle que l'on puisse certainement vivre en Europe : toute la soirée vous la passerez à taper et être tapé sur la tête par des gens que vous croisez, avec un petit marteau en plastique (traditionnellement avec un plan d’ail monté) y compris celle des Policiers ou des vieilles Mamies !
Je suis vulgaire mais j'aime la vie avec des petits bouts des autres dedans. (Et l'amour avec des gros bouts...)
Hit !
22470
Vie après AF ?
Membre depuis 19 ans
5520 Posté le 11/06/2023 à 23:28:44
Je crois que tu en avais déjà parlé. Car je me souviens avoir lu des propos autour de cette tradition.
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Hors sujet :À l'opposé du calendrier et à une France de distance, en Belgique je vous recommanderais en janvier la fameuse fête des Bommels (taper ce nom pour les images), dans une ville située pile au milieu de la "frontière" partageant territoires wallon et flamand.
Trois ou quatre jours durant, tout le monde se grime; les habitants eux-mêmes ne peuvent identifier le "maire", un nécessiteux, le policier ou la banquière de la place; c'est d'un relax assuré. Mais inexplicable tant qu'on ne l'a pas fêtée.
Au contraire du carnaval de Dunkerque (qui étale son carnaval sur 3 mois), où il vaut mieux ne pas se retrouver dans le mythique "chahut" et en s'accompagnant de fervents pratiquants, on est aux Bommels, à chaque seconde, d'une bienveillance consommée à l'endroit de chaque fêtard, averti ou non des usages...
C'est ainsi que, participant pour la première fois et venu en jean's usé sur les recommandations d'une connaissance, je suis reparti habillé en Donald et la tête peinturlurée en vert d'un côté et plein de bisous de rouge-à-lèvres de l'autre; ayant effectué entretemps plusieurs tours de piste avec les palmes et un réservoir de bière en guise de bouteille d'oxygène dans laquelle les fêtards s'abreuvaient au moyen d'énormes pailles dans la farandole.
Inoubliable.
Ambiance irracontable
Hit ! - THREAD "Le Rendez-vous des Belges". / THREAD "Les Conneries publiques" (anecdotes non musicales).
[ Dernière édition du message le 11/06/2023 à 23:35:12 ]
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