Dis moi ce que tu lis.
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Nantho Valentine
Anonyme
(dis donc, ce type, encore plus schizo que Pessoa ! )
oryjen
Sinon, je viens pour vous parler d'un auteur absolument génial, visiblement une grande figure de la littérature actuelle, qu'on m'a fait découvrir: William T. Vollmann.
Il est, outre romancier, aussi essayiste, chroniqueur, journaliste, grand reporter, photographe, peintre et graveur... Ca brasse large: c'est qu'il en a beaucoup à dire: celui-ci traverse la vie en engrangeant les expériences avec une sorte de boulimie stupéfiante, et il semble que la production de sens lui soit une manière de digérer tout ça... Un passe-temps comme un autre. D'autres obéissants collectionnent des timbres ou font de la politique, pour faire semblant, pour oublier. Cet animal-ci est rétif à l'anéantissement et je parie qu'on ne l'oubliera pas.
Voici un lien vers la page Wiki qui lui est consacrée:https://fr.wikipedia.org/wiki/William_T._Vollmann
Un autre vers une page critique intéressante qui brosse un panorama dense et complet de son oeuvre:http://www.cafardcosmique.com/William-T-Vollmann-l-esthetique
J'ai lu ce livre:
... qui fait partie d'un cycle de romans monumental intitulé "Sept Rêves", et qui a pour ambition de brosser un portrait du continent américain.
Plutôt que de citer le résumé au dos du livre, qui me semble passer à côté du sujet, voici ce qu'on pourrait peut-être en dire pour donner envie au lecteur épris d'expériences littéraires singulières, hors des sentiers battus:
Deux spires du temps sont accidentellement entrées en coïncidence, et ont mis en contact étroit deux moments de deux vies: celles de Sir John Franklin, explorateur polaire anglais du XIXe siècle, au cours de sa dernière et catastrophique expédition à la recherche du passage du Nord-Ouest, qui allait coûter la vie à tous les membres d'équipage jusqu'au dernier après trois années de glaciale agonie, et celle d'une sorte d'étrange touriste américain des années 90, le "capitaine Subzéro" au pays des Inuits. Le résultat est le récit, à deux voix inextricablement mêlées, à la fois du naufrage personnel et historique de Sir John et de toute son expédition, et de l'errance hallucinée de Subzéro dans ces contrées si dures au coeur et au corps occidental. Subzéro lutte pour rester lui-même, pour conserver le bénéfice de son parcours personnel et ne pas sombrer tout à fait dans la tragédie vécue par John Franklin, tandis que ce dernier se souvient, à mesure que les glaces et la mort peu à peu lui retirent tout espoir de retour, de Reepah, l'amante Inuit de Subzéro. En filigrane (mais drôle de filigrane, car c'est par là que le roman commence, et, tour de force d'invention littéraire -raison, entre autres, pour laquelle j'ose crier au génie- une fois la lecture terminée, la chose produit exactement l'effet de filigrane en rapport de la trame majestueuse du récit des deux vies confondues) on voit se jouer l'anéantissement familier d'une culture par la technologie occidentale, l'alccol et les vapeurs de colle, qui n'ont réussi à produire, partout, et jusque dans nos coeurs occidentaux, bien plus que l'abracadabrantesque "augmentation du niveau de vie" que les connards brandissent, qu'un sentiment hagard de vide sans signification.
Un roman largement autobiographique, comme on le comprend peu à peu, et comme les liens que j'ai placés plus haut nous le confirment. Et comme aussi, je le confesse volontiers, cette modeste chronique.
Le livre est parsemé de dessins de l'auteur, d'un style étrange censément ébloui par la blancheur des glaces, et de cartes historiques assaisonnées à la même sauce.
Ici, un crétin péremptoire (c'est-à-dire aussi crétin et péremptoire que moi) n'y a rien vu de remarquable et le descend en flammes:http://www.juanasensio.com/archive/2007/03/19/william-t-vollmann-claro-the-rifles-les-fusils.html. Sans doute un contempteur de Proust, Balzac et compagnie.
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
[ Dernière édition du message le 17/02/2014 à 10:44:32 ]
Anonyme
Deux nouvelles:
Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie
Alors qu'elle bricole chez elle, quelqu'un sonne à la porte.
En ouvrant la jeune femme découvre un homme et un petit garçon qu'elle ne connait pas.
Qui sont-ils et que veulent-ils?
Un thé qui ne refroidit pas
Alors qu'elle assiste aux obsèques d'un élève qui partageait sa classe au collège, une jeune femme
revoit un autre de ses camardes de classe de cette époque.
Un discussion s'en suit et un rendez-vous est pris.
50/50, voilà qui pourrait résumer ce recueil de deux nouvelles d'environ 50 pages chacune.
50/50 c'est aussi l'appréciation toute personnelle que je donne au recueil car autant la première nouvelle
m'a semblé d'un ennui total et sans intérêt aucun, autant la seconde est un concentré de tout le talent dont peut faire preuve cette auteure.
Si les deux sont très cinématographiques,"Un thé qui ne refroidit pas" constitue selon moi la meilleur introduction à l'auteure.
Ça a beau être écrit, il est néanmoins difficile d'en parler...ça ne peut que se lire.
Joli tour de force.
[ Dernière édition du message le 18/02/2014 à 09:04:23 ]
Anonyme
Anonyme
J'ai lu des critiques qui disaient l'inverse: première nouvelle géniale, seconde trop longue et pas terrible.
Le mieux c'est encore d'essayer
Ce truc de 100 pages c'est entre 6 et 7 € neuf.
Vaut mieux profiter d'un exemplaire d'occasion pour ne pas trop regretter l'investissement en cas de déception.
[ Dernière édition du message le 18/02/2014 à 14:03:46 ]
Anonyme

Une parfaite chambre de malade
Une jeune femme suit le parcours médical de son jeune frère âgé de 20 ans qui vient d'entrer à l'hôpital.
Son cancer est sans rémission. Tout le monde le sait.
Elle y passe de fait presque tout son temps libre.
La désagrégation du papillon
Il est temps pour Sae de renter en maison de retraite. Sa tête lui joue des tours. Sa petite fille adoptive culpabilise, mais suit l'intégration de très près.
Deux nouvelles aux contours semblables et pourtant assez différentes.
Pas facile d'en parler mais c'est très bien fichu. Il y a à la fois les pérégrinations psychologiques et affectives mais aussi les viscères (au sens propre) exposées à nu. On obtient une étrange poésie où le beau et le jugement et le pathos sont exclus.
Il n'y a que des faits.
Et comme disait Nietzsche: "Les faits ne sont pas moraux".
C'est aussi bourré de symboles et de tas de choses à discuter avec d'autres personnes les ayant lues, mais ayant aussi lu d'autres livres de cette auteure avec lesquels il y a toujours des résonances.
Étonnant et probablement assez singulier comme approche de la maladie en littérature.
j-master
"Pink Floyd l'histoire selon Nick Mason" (Inside Out en VO)

super sympa à lire, j'adore les descriptions des concerts à leurs débuts
Toute une époque !
"L'Homme est la nature prenant conscience d'elle même." - Elisée Reclus
Anonyme

le rêve de mes pères,
le plus beau, fut toujours de vivre sans rien faire.
Nous sommes nés pour errer au hasard des collines,
sans femmes, et garder nos mains derrière le dos.
J'ai découvert Pavese au début des années 2000. Ce bout de poème m'avait plu.
On m'avait offert son journal, "Le métier de vivre" à cette époque.
Une pause dans Ogawa ma donné l'occasion de le lire enfin.
Bon il y a du Cioran là-dedans mais en plus lite tout de même, le cynisme n'envahissant pas tout.
Il reste de la place pour la poésie, des analyses littéraires d'auteurs italiens et américains principalement, des compte-rendus sur des essais d'anthropologie qui s'intéressent aux mythes et à certaines formes de primitivisme.
Il y a aussi beaucoup de passages sur le romantisme torturé de l'auteur, sa vie amoureuse assez difficile. De fait il saupoudre son livre de quelques saillies mysogines moins marrantes que celles d'un Guitry.
Le type a fini par se suicider en 1950, alors qu'il n'étai âgé que de 42 ans.
Je me suis ennuyé quelques fois, mais il y a tout de même de belles choses.
J'ai mis quelques citations en spoiler desfois que vous voudriez voir d'un peu plus près.
- Pourquoi est-il déconseillé de perdre la tête ? Parce qu’alors on est sincère.
- Pourquoi celui qui est vraiment amoureux demande-t-il la continuité, la durée (lifelongness) des rapports ? Parce que la vie est douleur et l’amour partagé un anesthésique, et qui est-ce qui voudrait se réveiller au milieu d’une opération ?
- Si baiser n’était pas la chose la plus importante de la vie, la Genèse ne commencerait pas par là.
- Au fond le plaisir de baiser ne dépasse pas celui de manger. Si manger était interdit comme l’autre, toute une idéologie serait née, une passion du manger, avec des normes chevaleresques. Cette extase dont on parle –le fait de voir, le fait de rêver quand on baise- n’est rien de plus que le plaisir de mordre dans une nèfle ou dans une grappe de raisin. On peut s’en passer.
- Celui qui dénonce l’immoralité de l’amour vénal devrait laisser tranquilles toutes les femmes, car, une fois exclus les rares instants où l’on nous offre son corps par amour, même la femme qui nous a aimés se laisse faire et agit seulement par politesse ou par intérêt, à peu près résignée comme une prostituée.
On peut dire la même chose de l’homme, bien que ce soit peut-être moins fréquent.
Pour sortir de ce drame, il n’y a qu’à condamner aussi l’amour sincère, par le fait que son but est le plaisir. Mais il reste toujours que baiser –qui réclame des caresses, qui réclame des sourires, qui réclame des complaisances- devient tôt ou tard pour l’un des deux un ennui dans la mesure où l’on n’a plus naturellement envie de caresser, de sourire, de plaire à ladite personne ; et alors cela devient un mensonge comme l’amour vénal.
- Les malheurs ne suffisent pas pour faire d’un con une personne intelligente.
- Les célibataires prennent le mariage plus au sérieux que les gens mariés
- La raison pour laquelle les femmes ont toujours été « amères comme la mort », des sentines de vices, perfides, des Dalilas, etc…n’est au fond que la suivante :
L’homme- s’il n’est pas un eunuque- éjacule toujours et avec n’importe quelle femme, tandis qu’elles atteignent rarement le plaisir libérateur, et cela pas avec tous, et souvent pas avec l’être adoré – justement parce qu’adoré – et si elles y parviennent une fois, elles rêvent plus de rien d’autre.
A cause du désir – légitime – de ce plaisir, elles sont prêtes à commettre n’importe quelle iniquité. Elles sont contraintes de la commettre. C’est le tragique fondamental de la vie, et il vaudrait mieux qu’il ne fût jamais né l’homme qui éjacule trop rapidement. C’est là un défaut qui justifie le suicide.
- L'erreur des sentimentaux est non pas de croire qu'il existe de "tendres affections", mais de faire valoir un droit à ces affections au nom de leur tendre nature. Alors que seules les natures dures et résolues savent et peuvent se créer un cercle de tendres affections. Et il va de soi - tragédie - que ce sont celles qui en jouissent le moins. Qui a des dents, etc.
Qu'il soit clair, une fois pour toutes, qu'être amoureux est un fait personnel qui ne regarde pas l'objet aimé - même pas si celui-ci vous aime en retour. Dans ce cas aussi, on échange des gestes et des paroles symboliques où chacun lit ce qu'il a en lui et que, par analogie, il suppose exister chez l'autre. Mais il n'y a pas de raison, il n'y a pas de nécessité, que les deux contenus coïncident. Il faut un art tout particulier pour savoir accepter et interpréter favorablement ces symboles et y placer sa vie de façon satisfaisante. L'un ne peut rien faire pour l'autre que lui offrir de ces symboles, en s'imaginant que la correspondace est réelle.
Mais il faut une réserve, at the back of one's head, de ruse pratique: il faut avoir décidé de se servir de cette offrande (faite par besoin individuel de l'objet aimé) pour satisfaire ses propres besoins. Celui qui aura su adroitement établir cette correspondance ne souffrira pas de mécomptes, il fera arriver tout à son avantage, il créera un monde de cristal où il jouira de son objet. Mais il n'oubliera jamais que cette sphère de cristal est un vide où l'air ne pénètre pas, et il se gardera de la briser en tentant ingénument de l'aérer. Abandons, transports, enfants, dévouements, confidences: ce sont des symboles individuels d'où l'air - la mystique pénétration de l'autre - est toujours exclu. Il y a en somme entre ces symboles et la réalité le même rapport qu'entre les mots et les choses. Il faut être assez adroit pour leur prêter une signification sans les prendre pour la vraie substance. Laquelle est la solitude de chacun, froide et immobile.
[ Dernière édition du message le 03/03/2014 à 20:51:47 ]
Anonyme
L'affaire DSK vu par Nabe. Pété de rire tout le long, je vous offre un petit extrait, DSK vient de passer sa première nuit en prison, et on lui annonce qu'il a une visite:
De la visite ? Déjà ? Je sais que j’ai droit à une par jour, mais je m’en serais passé aujourd’hui, je suis trop mal. On ne peut pas me foutre la paix, merde ? Je maugrée en arrivant au parloir. Derrière l’espèce de guichet vitré, j’aperçois une petite vieille grassouillette, les traits tirés, une sorte d’Édith Piaf sous cortisone… Mais c’est… ma femme !
— Mon pauvre chéri… pleurniche-t-elle. Ce que tu as dû souffrir…
Elle est tout en noir, elle se croit déjà en deuil ou quoi ? Je m’assois en face d’elle sur une chaise en bois. Le garde reste à ma droite, debout… Il se cure le nez.
Je ne dis rien. J’observe, fasciné, mon épouse Anne considérablement métamorphosée… C’est moi en principe qui aurais dû prendre dix ans dans les dents avec ce que j’ai vécu et c’est elle, comme d’habitude finalement, qui morfle
Anonyme
![]()
Ca a l'air sympa.
oryjen
Mais à mon avis ça ne s'est pas passé comme ça au parloir...
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
[ Dernière édition du message le 11/03/2014 à 18:27:59 ]
Dr Pouet
Là je suis dans Mangeclous, de Albert Cohen, j'aime bien et je me marre pas mal !
C'est l'histoire de 5 quasi va-nu-pieds juifs, bourrés de défauts (cupidité, égoïsme, malhonnêteté, couardise, saleté, inculture, naïveté, mégalomanie, misogynie...) et par dessus tout : menteurs et mythomanes au dernier degré. Il n'empêche que l'auteur a de la tendresse et même de l'amour pour eux ; par ailleurs il fait preuve d'un esprit caustique décapant pour décrire la Société des Nations et les milieux politico-bourgeois attenants.
Même si c'est principalement une satyre sociale, c'est mené un peu comme un roman d'aventure, avec des mystères, des rencontres... Le style est beau et fluide (il ne devient ampoulé que dans les oraisons de Mangeclous, avocat raté qui s'écoute parler). Mais ce qui prédomine c'est avant tout cet humour juif, bourré d'auto-dérision. L'aspect historique est intéressant aussi car ça a été écrit en 1938.
Bref, je n'ai pas fini, mais jusque là, j'aime beaucoup !
[ Dernière édition du message le 11/03/2014 à 20:51:31 ]
Anonyme
A travers sept personnes et leurs destins que l'auteur a côtoyé de près ou de loin, ce dernier raconte son parcours de l'enfance à l'âge adulte quelque part dans la Creuse.
Un "roman de terroir", assez proche de "Ma vie parmi les ombres" de Richard Millet par biens des égards.
Par le style d'abord, bien que moins intimidant et "narcissique" que Millet, est assez affirmé et au début on se perd plusieurs fois dans les circonvolutions syntaxiques, désorienté au point qu'à la fin de l'interminable phrase on ne sait plus de quoi il était question.
Mais on s'habitue et on profite ensuite avec plaisir de toutes les nuances poétiques, figuratives ou abstraites, qui viennent ciseler ces destins, ces vies apparemment insignifiantes.
Comme chez Millet nous sommes là dans la campagne du centre de la France, à une époque charnière durant laquelle
certaines coutumes, croyances et manières de vivre héritées du passé sont encore vivaces.
La forme autobiographique est un autre point commun avec Millet et le livre cité plus haut. Et comme pour ce dernier, malgré le "je" on ne sait pas ce qui tient du vécu ou du romancé.
Pas facile d'entrer dans ces "Vies minuscules", mais une fois dedans on se promène à travers champs sous le ciel étoilé d'une nuit d'été, on côtoie l'idiot du village légèrement alcoolique, le curé tombeur de ces dames, on perçoit dans les conversations des "grands" l'écho de l'oncle perdu de vue depuis des décennies mais qui selon les rumeurs aurait "réussi en Amérique" , on passe du temps avec le grand-père un peu benêt et taciturne, les mômes avec qui on se met sur la gueule au pensionnat, les filles pas farouches et des tas d'autres personnages finement scrutés et racontés.
C'est pas spécialement long (250 pages) mais c'est à lire quand on a le temps, que l'on est tranquille pour en profiter au maximum.
a.k.a
Je les avais trouvées très bien aussi ces vies minuscules ! ![]()
J'avais feuilletté le début de Rimbaud le fils, du même, ça m'avait donné envie...
Anonyme
Présentation de l'éditeur:
Une femme disparaît. Emmenée à l'aube en ambulance.
Hospitalisation forcée ?
Enlèvement ?
Fugue d'adultère ?
Son mari enquête, de plus en plus certain d'être privé de son libre arbitre. Dans les souterrains d'un hôpital labyrinthique, structuré comme une ville fantôme sous surveillance électronique, entre des ruines de fondations, au milieu des préparatifs tragi-comiques d'une sinistre fête de commémoration, l'«homme» ne cesse d'errer, tout en rédigeant minutieusement des cahiers d'enquête.
Un cheval qui mène l'opération. Une secrétaire nymphomane, conçue in vitro. Une fillette prostituée et mourante qui rétrécit d'heure en heure. Les figures que le narrateur croise appartiennent à un monde dominé par le sexe, l'angoisse, les manipulations scientifico-policières, le grotesque.
Dosant avec une fascinante maîtrise l'absurde et le rationnel, Kôbô Abé signe avec Rendez-vous secret un roman policier, un livre pornographique, une fable poétique, un exercice de style de haute virtuosité. La comédie hyperréaliste du désespoir.
Trouvé d'occasion, je lis ce quatrième de couverture et je me suis dis: "'tain ça va êt'bon ça !!!"
J'embarque le livre et j'embarque dans le livre.
Au final je me suis plus souvent fait chier qu'autre chose.
ça part un peu dans tous les sens au grand damn de l'histoire en elle-même
dont j'ai rapidement perdu le fil et le mince filet d'intérêt que j'avais saisi.
Ce filet surgissait de temps en temps mais je le perdais aussi vite.
Le style est direct, pas dégueu, probablement bien traduit, mais je me suis ennuyé.
Le bouquin n'est pas mauvais pour autant, mais j'ai ressenti un décalage entre le quatrième de couverture et la lecture. Le livre ne m'a pas parlé autant qu'il semble parler à d'autres.
Pas à chier donc, mais je préfère de loin "La face d'un autre" du même auteur.
Anonyme
Kazu qu'on imagine être dans la cinquantaine, est une femme bien dans sa peau.
Elle a investi toute son énergie dans l'Ermittage où elle reçoit des notables et autres personnalités de hauts rangs: politiques, artistes, intellectuels.
Célibataire et sans enfant, elle s'est contentée d'aventures et d'amants plus ou moins régulier. Elle ne regrette rien et jouit de sa liberté.
Mais à l'occasion de la réunion d'une association qui se tient dans ses locaux elle a un coup de foudre pour un sexagénaire grisonnant, qui en impose de par sa silencieuse autorité qui inspire le respect à tous.
Des personnages forts, des situations tendues, une relation singulière, le tout dans un contexte électoral qui fait étrangement écho à l'actualité. Le style n'est pas lyrique mais j'ai trouvé l'histoire vraiment captivante, même si ce n'est pas le Mishima le plus typé selon moi.
Je ne sais pas si un film en a été tiré, mais je rêve d'une adaptation que quelqu'un comme Mikio Naruse aurait réalisée dans les années 60.
Anonyme

"Les beautés Toshima" (Toshima signifie "femme mûre"), c'est ainsi que se fait appeler un groupe de trois femmes bientôt plus trentenaires de la haute société japonaise de ce qui semble être la fin des années 60. Divorcées et résolument indépendantes, elles se réunissent une fois par mois pour se raconter leurs dernières aventures sentimentales, professionnelles, les potins mondains, l'actualité. C'est aussi une bonne occasion de sortir, boire, s'amuser.
L'une d'elles, Taeko, se lance dans une aventure sans lendemain avec le jeune barman d'un bar qu'elles fréquentent régulièrement toutes les trois.
Eh ben je n'ai pas trouvé ça terrible. Les personnages sont pourtant très intéressants, mais l'héroïne principale (Taeko) se perd dans des considérations de midinettes un peu gonflantes. Quelques fois on pourrait croire un truc genre Catherine Pancol. C'est vraiment dommage car il y a vraiment tout ce qu'il faut pour faire un roman béton.
Il y a quelques bonne scènes et quelques belles phrases mais ça ne sauve pas le livre.
Déçu par ce livre de cet auteur que j'aime pourtant beaucoup, mais ça n'est rien au vu de ceux qu'il a écrit et qui m'ont vraiment emballés.
[ Dernière édition du message le 04/04/2014 à 14:01:50 ]
Anonyme

Biographie de Saint François d'Assise.
La vie de Saint François d'Assise, a priori, j'en ai rien à foutre mais en feuilletant ce court livre (140 pages) j'ai été soufflé par le style de l'auteur. C'est une biographie philosophée, romancée, poétisée avec des formules qui font mouches et des idées bien amenées.
Les 80 premières pages sont remplies d'un mysticisme subtil, tout en nuance. Un vrai tour de force emmené par un style faussement simple.
Après ça se gâte. Le mysticisme se transforme en une sorte de prêche laxative et le style prend un peu d'odeur malgré quelques touches de Wizzard sur la fin. Si le livre avait été construit dans l'autre sens ça aurait vraiment été génial.
Il faut faire un peu de tri et on obtient tout de même un bon livre bien écrit.
J'en lirai d'autres, même si après avoir lu ce bouquin, la vie de Saint François d'Assise j'en ai a posteriori toujours rien à foutre.
vodevil
C'est quand qu'on va où?
[ Dernière édition du message le 12/04/2014 à 10:44:58 ]
Anonyme
le livre du rire et de l'oubli est son meilleur, à mon humble avis.
Anonyme
Holden Caulfield a 17 ans.
Il vient de se faire virer de la prépa de "Pencey Prep."
A la veille de Noël c'est sa troisième exclusion de l'année.
C'est dimanche soir. Son sort est scellé.
Il doit rentrer mercredi soir pour les vacances de Noël et annoncer la nouvelle à ses parents qui le prendront forcément très mal.
En attendant il essaye de se projeter et envisage l'avenir de différentes manières.
Je ne voudrais pas dévoiler trop de choses dans ma présentation car il y a des surprises dans le livre.
J'en avais souvent entendu parler sans savoir de quoi il parle exactement.
Et puis comme je ne connais pas la littérature américaine car elle ne m'attire pas plus que ça j'y allais un peu à reculons.
Le titre me laissait penser que ça allait être un truc un peu sentimentalo-chiant.
C'est marrant comme on peut être con et se tromper car c'est pas du tout ça et je me suis bien marré en le lisant.
C'est écrit à la première personne dans un style parlé qui, toute proportion gardée, peut rappeler Céline. L'argot et les expressions populaires ne sont pas en reste.
Il y a aussi quelque chose d'un petit Nicolas qui aurait un peu grandi mais pas trop par certains aspects.
Le personnage est très attachant et son manque de maturité navigue entre immaturité indiscutable et lucidité éphémère pour notre plus grand bonheur. Suivre ce petit gars est vraiment passionnant.
Une fois lu je vous invite à vous rencarder sur les conséquences de la parution de l'ouvrage sur l'auteur et sur sa réception aux USA.
Pour ce qui me concerne c'est une surprise totale doublée d'une réussite sur la forme et le fond.
Anonyme
Citation :
dans un style parlé qui, toute proportion gardée, peut rappeler Céline.
le rapprochement n'est pas absurde. y'a aussi le côté déçu de l'humanité chez les deux auteurs. superbe bouquin !
Anonyme
Si vous voulez vraiment que je vous dise, alors sûrement la première chose que vous allez demander c'est où je suis né, et à quoi ça a ressemblé, ma saloperie d'enfance, et ce que faisaient mes parents avant de m'avoir, et toutes ces conneries à la David Copperfield, mais j'ai pas envie de raconter ça et tout.
Les filles c'est comme ça, même si elles sont plutôt moches, même si elles sont plutôt connes, chaque fois qu'elles font quelque chose de chouette on tombe à moitié amoureux d'elles.
«La vie est un jeu, mon garçon. La Vie est un jeu qu'on doit jouer selon les règles.»
«Oui, m'sieur. Je le sais. Je le sais bien.»
Un jeu, mes fesses. Quel jeu. Si vous vous mettez du côté où il y a tous les coups intéressants, alors c'est un jeu, d'accord - je veux bien l'admettre. Mais si vous êtes de l'autre côté, celui où il n'y a rien d'intéressant, à quoi rime le jeu ? A rien. Il n'y a pas de jeu.
Les gens qui pleurent à s'en fondre les yeux en regardant un film à la guimauve, neuf fois sur dix ils ont pas de cœur.
Fallait toujours qu'il sache qui est-ce qu'y aurait. Ce type, je vous jure, s'il fait un jour naufrage et qu'on va le chercher avec un canot de sauvetage, avant de monter faudra d'abord qu'il se renseigne pour savoir qui tient les rames.
" - Et vous ne vous faites aucun souci pour votre avenir ?
- Oh oui bien sûr. Bien sûr que je me fais du souci pour mon avenir. " J'ai réfléchi une minute. " Mais pas trop, quand même. Non, pas trop, quand même.
- Ça viendra", a dit le père Spencer. " Ça viendra un jour, mon garçon. Et alors il sera trop tard. "
Les gens pensent toujours que ce qui est vrai est vrai cent pour cent. Je m’en balance, sauf que ça finit par m’assommer quand les gens me disent que tout de même, à ton âge... Ça m’arrive aussi d’agir plus vieux que mon âge ― oui, oui, ça m’arrive ― mais les gens le remarquent jamais. Les gens remarquent jamais rien.
Quand elle arrive au rendez-vous, si une fille a une allure folle, qui va se plaindre qu'elle est en retard ? Personne.
"Depuis 1888, nous travaillons à forger de splendides jeunes hommes à l'esprit ouvert." Tu parles ! Ils forgent pas plus à Pencey que dans n'importe quelle autre école. Et j'y ai jamais connu personne qui soit splendide, l'esprit ouvert et tout. Peut-être deux gars. Et encore. C'est probable qu'ils étaient déjà comme ça en arrivant.
Dr Pouet
À acheter donc.
[ Dernière édition du message le 13/04/2014 à 14:14:52 ]
TheStratGuy
Quelqu'un a lu L'insoutenable légèreté de l'être de Kundera ? Il me tente bien.
Très bon texte sur le fond, après perso il se trouve qu'il est arrivé pile poil dans ma vie à un moment de crise existentielle et m'a permis de faire un grand bond en avant, je suis donc probablement pas très objectif, peut-être est-ce qu'il touchera moins des personnes moins concernées?... Dans tous les cas, le sujet de fond est intéressant.
Par contre dans tous les cas faut vraiment savoir oublier le style, souvent extrêmement lourd voire carrément rebutant et avec notamment de nombreux passages très maladroits sur la forme qui lui donneraient presque des airs de texte mal traduit (alors qu'en réalité je crois que c'est justement Kundera qui a exigé de son traducteur que tout colle au plus près des tournures d'origine). Après, on peut peut-être aussi voir dans cette opposition entre la lourdeur du style et les idées qu'il véhicule une illustration supplémentaire de la dualité pesanteur/légéreté qui est la base de tout le bouquin, même si à mon sens on s'en serait bien passés.
Par contre et contrairement à ce que le titre pourrait laisser craindre, pas besoin d'un bac +18 en philo pour en saisir les enjeux, sur ce plan-là je l'avais trouvé assez accessible.Do not take life too seriously. You will never get out of it alive.
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