Dis moi ce que tu lis.
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Nantho Valentine


Anonyme


Anonyme


Il s'agit de l'intégrale des 9 romans ayant pour "héros" Maqroll ou ses proches. On est loin du réalisme magique cher aux Latinos. C'est plutôt dans la veine du roman d'aventure, avec comme fil conducteur Maqroll, marin, aventurier, séducteur. Ça se passe pas toujours dans le milieu maritime, on est parfois dans les Andes, sur les fleuves amazoniens, souvent dans divers ports, Panama, Helsinki, il y est souvent question de Marseille, Anvers, La Nouvelle Orléans. D'un point de vue purement littéraire j'ai retrouvé du Cendrars avec ce même goût pour les voyages (c'est pas fait pour me déplaire), le premier roman m'a fait penser aussi au Conrad de "Au coeur des ténèbres", y'a aussi un peu de Corto Maltese dans le mystère entourant la vie de Maqroll.
Maqroll, c'est une sorte de double de Mutis.
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%81lvaro_Mutis
Ça digresse pas beaucoup, juste les scènes de cul un peu inutiles mais qui heureusement ne trainent pas en longueur.
Je me suis bien régalé. Chouette découverte.
Et je commence le grand oeuvre. Y'a des années j'ai chopé 2 volumes sur les 3 que compte la trilogie. Enfin j'ai trouvé d'occaze le tome II.
L'"Histoire des Indes" de Bartolomé De Las Casas, 3 volumes au Seuil, traduction de Jean Marie Saint Lu, le fils ou neveu d'André, et Jean Pierre Clément. Là c'est vraiment le grand oeuvre de Las Casas, moins connu que sa "Brévissime relation de la destruction des Indes" mais beaucoup plus précis et documenté, là c'est 2500 pages... Ah ouais, heureusement qu'en allant en Grèce je me suis un peu intéressé aux auteurs anciens grecs ou latins sans quoi j'arrêtais déjà... Flavius Josèphe, Diodore de Sicile, ça me cause vaguement.

Tome I, Christophe Colomb et ses découvertes. Las Casas était proche des Colomb, il fut en possession des écrits de Christophe.
Pour ceux qui s'intéresseraient à De Las Casas, personnage vraiment exceptionnel, commencez donc par le superbe téléfilm avec Carmet et Marielle, La controverse de Valladolid... Mais évitez le bouquin qui a servi de trame, c'est du niveau Oui-Oui fait de l'histoire...
En introduction à De las Casas lisez la "Brévissime relation de la destruction des Indes", c'est engagé, et pas qu'un peu, ça se trouve en poche ou chez Chandeigne où il est titré "la destruction des Indes", édition par Duviols et Milhou, c'est du très sérieux.
Ou l'excellent et très bien documenté De Las Casas de Bernard Lavallée chez Payot et là c'est pas du Oui Oui raconte Bartolomé.

A bientôt...


dana12


Chez eux, il y a quatre chambres. Celle du frère, la sienne, celle des parents. Et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. Un prédateur en puissance. La mère est transparente, amibe craintive, soumise à ses humeurs. Avec son frère, Gilles, elle tente de déjouer ce quotidien saumâtre. Ils jouent dans les carcasses des voitures de la casse en attendant la petite musique qui annoncera l’arrivée du marchand de glaces. Mais un jour, un violent accident vient faire bégayer le présent. Et rien ne sera plus jamais comme avant. La Vraie Vie est un roman initiatique détonant où le réel vacille. De la plume drôle, acide et sans concession d’Adeline Dieudonné jaillissent des fulgurances. Elle campe des personnages sauvages, entiers. Un univers à la fois sombre et sensuel dont on ne sort pas indemne.
C'est rapide à lire. Style sans emphase, écriture simple. J'aime bien.
Pas d'indication sur le lieu. J'ai situé l'action dans le Nord, je ne sais pas trop pourquoi.
L'action se déroule sur plusieurs années dans les années 90 (gameboy mais pas d'internet) et on suit l'héroïne (qui n'a pas de nom) dans son début d'adolescence avec son jeune frère Gilles, dans une famille où règne un père terrible et où survit une mère effacée.
Les personnages sont à peu près tous très négatifs, surtout les hommes, à part le marchand de glace, le Champion de karaté (mais qui a aussi une part d'ombre) et un professeur de physique. Les autres, que ce soit le père, le prof du collège, le gérant de la casse de voiture, le voisin violent de l'école et son père alcoolique, les amis chasseurs du père et leurs fils, et ce jeune frère qui bascule dans la noirceur, tous sont peu ou prou hostiles.
Les femmes ne sont pas très mieux loties : une ancienne hippie au fond d'un bois, la mère "amibe" qui ne vit que pour les animaux, la Plume, jeune femme jolie et mère de 2 enfants, compagne du Champion, la femme du professeur de physique... Toutes jouent un rôle avec quelques forces mais sont décrites avec leurs faiblesses, leurs failles.
Histoire pas manichéenne du tout, avec des tours et détours, vue avec les yeux de cette jeune fille qui suit son idée pour se sauver.
Incrédule sur tout, sceptique sur le reste

crossroads

C’est pas mal écrit, pas trop mal foutu.
C’est bourré d’anecdotes drôles et parfois édifiantes.
Et puis bon, il y a pas mal de trucs vraiment bien vu.
Sympa à lire.
Instrumental/Ambient/Post-Rock : https://dzeta.bandcamp.com/

sonicsnap

En tous cas, ça sonne très vrai. On sens que l'auteur a du connaitre son lot de perdants, pas forcément magnifiques.


dugenou

Les grands esprits finissent toujours par se rencontrer


crossroads


Instrumental/Ambient/Post-Rock : https://dzeta.bandcamp.com/

JohnnyG


oryjen

Ce n'est pas un roman de science-fiction pour une fois.
Mais depuis plusieurs opus, Priest aime à mélanger le réel, la prospective et la fiction d'une manière absolument fluide et indiscernable. On peut donc, finalement se poser la question...
A lire d'urgence pour les neu-neus qui considèrent que la remise en cause de la version officielle d'un évènement problématique relève automatiquement du "complotisme".
Priest pose correctement les nuances là où elles doivent être considérées.
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

Anonyme


crossroads


C’est écrit très simplement et c’est vachement bien.
C’est plein de citations et d’interviews.
Ça parle de musique, de technique de business et pas vraiment de people.
Je connaissais certains disques du musicien mais peu l’homme et l’artiste.
Il est résulté un mec d’une rare honnêteté et transparence. (dès les années 90 il avoue sans langue de bois que les albums live sont retouchés en studio, il ne cache pas ses échecs et flops financiers).
A travers son histoire, on suit celle de l’évolution des lives : du bricolage des débuts jusqu’aux difficultés liées aux normes de sécurité d’aujourd’hui.
Lors du live de 86 à Houston, le chef des pompiers exige l’arrêt immédiat des feux d’artifice, craignant un incendie. L’équipe lui explique que cela n’est pas possible, car tout est programmé, ce qui est faux, le concert se déroule donc comme prévu.
Par la suite, beaucoup de concerts de sa carrière furent annulés, plus ou moins au dernier moment, suite à un refus d’autorisation…
J’ai trouvé sa vision de l’industrie du disque et du live des années 2010 assez juste.
Il a toujours défendu les droits d’auteur avec une vraie crédibilité car citoyen français résident et payant ses impôts en France.
Bref, une lecture sympa.
Instrumental/Ambient/Post-Rock : https://dzeta.bandcamp.com/

oryjen

car citoyen français résident et payant ses impôts en France.
Sauf sur les liasses de biftons planquées dans des boîtes de VHS.

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

Anonyme


Comment les japonais appréhendent-ils l'espace? Comment l'organisent-ils? Pourquoi? Quelles sont les racines à l'origine de certains choix plutôt que d'autres?
Les réponses sont bien évidemment multiples et l'auteur propose un maximum de pistes, qu'elles soient géographiques, historiques, anthropologiques, religieuses et/ou mythiques/mythologiques, philosophiques voir linguistiques.
À ce sujet j'ai été très surpris par les résultat d'une étude phonologique ayant été effectuée par Tsunoda Tadanobu sur des locuteurs japonais et non-japonais afin de voir comment les cerveaux réagissaient.
Il s'agissait de diffuser des sons artificiels (moteurs, sons d'instruments de musiques) et des sons naturels (cris humains, cris d'animaux, bruits d'insectes, bruits de la mer ou du vent) et de voir par quelle hémisphère ils seraient traités, sachant que la gauche traite ce qui relève du verbal et des opérations logiques, analytico-déductives.
Il s'est avéré que pour les locuteurs japonais, même les sons non-verbaux étaient traités par l'hémisphère gauche, ce qui laissait entendre que la perception de l'espace et de l'environnement par les japonais étaient aussi conditionnés par la façon dont le cerveau faisait le tri, mettant à gauche ce qu'un cerveau occidental classerait dans l'hémisphère droite. Tsunoda Tadanobu attribuerait tout cela à la structure du langage japonais.
J'ai tout de même voulu voir ça d'un peu plus près et me suis renseigné un peu. Il s'avère que la méthodologie de Tsunoda Tadanobu était discutable, enfin au moins discutée par une personne, sur la forme, mais également sur le fond, puisque:
Journalist Karel van Wolferen has written "his testing methods are highly suspect. My impression, based on an account by one of his foreign guinea-pigs, is that auto-suggestion plays an important role. Yet his books sell well in Japan, and his views have been officially credited to the extent of being introduced abroad by the semi-governmental Japan Foundation".
https://en.wikipedia.org/wiki/Tadanobu_Tsunoda
On peut donc imaginer qu'un certain Japon souhaite toujours jouer sur ses particularités culturelles (voir ce qu'on appelle les nihonjinron https://en.wikipedia.org/wiki/Nihonjinron) et montrer encore et toujours au monde combien le Japon est différent, spécifique pour ne pas dire au-dessus du lot, ce qui est souvent rappelé dans le livre de Philippe Pelletier, La fascination du Japon : idées reçues sur l’archipel japonais dont j'ai parlé ici il y a quelques temps. Tsunoda Tadanubo est d'ailleurs l'auteur d'un best-seller au titre qui en dit long: "The Japanese Brain".
Mais tout ça ne relève pas du fait de l'auteur qui, à l'époque de la rédaction (1982) n'avait pas le recul ni les connaissances permettant d'avoir un avis critique sur cette étude. Reste une somme particulièrement riche et stimulante d'informations, d'analyses, de faits qui rendent la lecture passionnante pour qui est curieux du Japon et de sa culture. Régulièrement, l'auteur parle d'un mot ayant une signification dans la manière de nommer tel ou tel lieu ou tel partie d'un lieu. En analysant les idéogrammes le symbolisant il nous emmène non seulement dans l'étymologie mais également tout l'aspect culturel qui sous-tend tel dénomination, un peu à l'image du travail d'Alain Rey, même si les compétences de chacun sont incomparables. Mais tout de même, cela donne accès à bien des choses.
À la fin je me suis demandé pourquoi n'y avait-il pas un livre sur "Vivre l'espace en France" ou n'importe quel autre pays. Peut-être parce que malgré tout, plusieurs facteurs font que la question s'est posée au Japon et peut-être pas ailleurs, tout comme l'historicité a peu d'importance dans certains pays, certaines cultures alors qu'elle semble primordiale ailleurs.
Une lecture exigeante en temps mais pas difficile que je recommande non seulement à ceux ou celles qui s'intéresseraient au Japon mais également au curieux et curieuses qui à la lecture, interrogerons alors leur propre culture non pas pour la comparer mais éventuellement établir un questionnement sur la façon dont nous appréhendons l'espace.
[ Dernière édition du message le 11/02/2019 à 11:31:58 ]

Anonyme


"L'aspect réel est toute chose. Toute chose sont cet aspect, ce caractère, ce corps, cet esprit, ce monde, ce vent et cette pluie[...], cette suite de mélancolie, de joie, d'action et d'inaction[...], ce pin toujours vert et ce bambou qui jamais ne rompt."
Maître Dogen (1200 - 1253), fondateur de l'école Sōtō du bouddhisme zen au Japon.
"Nakamura Hajime (1912 - 1999), universitaire japonais spécialiste des écritures védiques, hindous et bouddhistes, a bien montré que la tradition japonaise tend a considérer le monde phénoménal comme seul absolu, et donc à ne reconnaître l'existence d'aucun principe qui le transcenderait."
Ces deux citations figurent dans le livre "Vivre l'espace au Japon", et du coup je me suis replongé dans cet ouvrage que j'avais déjà lu mais qu'il me semblait nécessaire de relire. Ce ne sont pas des livres qu'on lit comme des romans, mais on les a avec soi, on en lit un chapitre ou deux et on part se balader, on sirote un café, on cuisine, on bavarde avec des amis, on va bosser et puis d'un coup, une idée surgit. On la mâchouille un peu.
Puis on retourne au livre, on relit tel ou tel passage, on avance etc etc...des livres compagnons qui vous accompagnent plusieurs semaines, vous mettent dans un certain état d'esprit. Des livres qu'on interroge, qui vous interrogent, qui vous font vous interroger mais ne vous imposent rien. Ils proposent, à prendre ou à laisser.
On y revient quelques mois ou années plus tard et comme souvent avec les bons livres, la lecture est autre, avec de nouvelles questions, de nouvelles réponses. Pour ma part c'est toujours revivifiant et j'ai donc pris grand plaisir à me replonger dans cet univers à la fois simple et compliqué.
[ Dernière édition du message le 11/02/2019 à 11:54:20 ]

Dr Pouet

À propos du Japon, un article intéressant sur Carlos Ghosn et son rapport avec les usages japonais :
https://www.mediapart.fr/journal/international/110219/l-affaire-carlos-ghosn-vue-du-japon

Anonyme

Je n'ai pas pu lire l'article car il est payant, mais le peu que j'ai lu me remémore plusieurs lectures et qu'il y a effectivement des manières de faire et que tout Carlos Ghosn qu'on soit, on se doit de les respecter. Carlos Ghosn n'étant pas japonais, il a encore moins de marges de manoeuvres qu'un japonais car ces marges, eh ben en tant qu'étranger il ne les connait pas. Du coup il semble qu'il vaut mieux ne pas se risquer à deux ou trois écarts si on a pas les billes pour le faire.
Dans le bouquin "Vivre le Japon" de Jean-Paul Porret, l'auteur explique que si vous vous faites arrêter par la police, inutile de se la jouer à la française et contester ou discuter. Tu te fais arrêter, tu files tes papiers, tu prends ton amende si il y en a une et tu files sans moufeter.
Une vidéo de la chaîne Ici Japon est consacrée à la police. Tu te fais choper fumant un joint en public c'est minimum 10 jours de garde à vue. Imaginez des détournements de fonds.

Anonyme


Après les bouquins de Berque et celui sur le zen j'ai relu pas mal d'articles sur Nishida Kitarô (1870 - 1945), le premier philosophe japonais au sens occidental du terme. Lecteur de Platon, Descartes, Hume il a également introduit la phénoménologie de Husserl au Japon sans oublier la tradition du zen auquel il se référait régulièrement sans pour autant en faire un fétiche exotique. Il porte un intérêt tout particulier à la question du néant et créé ce qu'il appelle "La Logique du Lieu".
Comme chez Husserl, le mot d’ordre qui peut résumer l’ensemble de la démarche nishidienne est celui d’un « retour aux choses elles-mêmes ». Toutefois, bien qu’il reprenne à son compte une partie du bagage conceptuel husserlien (qu’il est d’ailleurs le premier à introduire au Japon), Nishida fait subir à celui-ci une torsion complète puisqu’il entend dépasser l’opposition noèse-noème en direction d’un niveau plus fondamental qui transcende en même temps qu’il fonde et détermine cette opposition.
Cette investigation par Nishida des conditions transcendantales de la pensée s’inscrit dans un projet plus large, initié dès Zen no kenkyû de 1911, et destiné à poser les bases d’un « système » – c’est-à-dire d’une méthode ou d’une logique – susceptible de rendre compte de la facticité concrète et irréductible de la réalité par-delà la conscience réflexive classique. Entreprise qui doit, à terme, ouvrir la possibilité d’une nouvelle saisie de la transcendance comprise comme ce qui se révèle à l’origine même de l’expérience ordinaire. Et c’est en ce sens que cette perspective résolument ancrée dans la concrétude des faits et de l’expérience peut être qualifiée de « réalisme absolu ». Comme on le sait, cette tentative a conduit Nishida à élaborer ce qu’il nommera sa « logique prédicative » (, jutsugoteki ronri) ou « logique du lieu » (, bashoteki ronri), logique grâce à laquelle il cherche à répondre, d’une manière fondamentalement neuve, au problème de la connaissance. Aussi écrit-il dans « Basho », texte fondateur de cette logique du lieu …
https://www.cairn.info/revue-philosophie-2003-4-page-43.htm
Il cherchait à faire communiquer les deux approches, occidentales et orientales.
Afin de parfaire ce croisement des pensées, il a, avec l'aide d'autres philosophes japonais de sa génération, créé L'École de Kyoto dont vous trouverez un descriptif ci-dessous:
https://www.japoninfos.com/la-philosophie-japonaise-et-lecole-de-kyoto.html
Les questions qui m'intéressaient étaient celles liées à l'expérience pure. J'ai appris pas mal en lisant certains articles mais je voulais me re-pencher sur la phénoménologie à laquelle je n'ai jamais trop rien compris. J'avais le bouquin de Lyotard, mais je trouvais ça abscons. J'avais aussi le livre orienté cursus universitaire de Philippe Huneman et Estelle Kulich, mais trop universitaire justement.
J'ai trouvé ce petit bouquin de Christine Leroy et même si je n'ai lu que les parties consacrées à Saint Augustin et Husserl, eh ben l'auteure a bien éclairé le bouzin et débroussaillé le terrain. Même si ça n'est pas toujours facile, ça a le mérite d'être très bien structuré et surtout bien écrit. Ça rend vraiment le domaine accessible si on se donne un peu de peine. Un ouvrage clair que je vous conseille vivement si vous souhaitez aborder cette discipline philosophique un peu ardue.
[ Dernière édition du message le 11/02/2019 à 14:41:55 ]

Anonyme


Quatrième de couverture:
Quand la ferveur de mai 68 fut retombée, un gamin ignorant de tout, après avoir bien couru et vociféré, fit une expérience sans commune mesure avec toutes celles qu'il avait faites et qu'il ferait dans sa vie. Il découvrit le bouddhisme dans son essence : nu, immobile, vide. II ne sut pas mettre de mot sur ce qu'il vivait, ni ne reconnut le bouddhisme. Comment l'aurait-il pu ? Cela se situait hors de portée du langage. Une porte s'était entrouverte, un souffle avait passé, la porte s'était refermée. Mais à jamais il n'était plus le même. Hervé Clerc, qui fut ce jeune homme, nous introduit au bouddhisme non plus par l'exposé de la Doctrine mais par le récit d'une expérience originale. Le bouddhisme qu'il a rencontré n'était pris dans aucune culture. Un tel objet a vocation à perdre son nom, comme un aliment bien digéré dont la substance s'intègre à la nôtre. Hervé Clerc le nomme " bouddhisme ordinaire ". Dans cette antique vision du monde, il se trouve, aujourd'hui encore, des outils et des matériaux pour reconstruire une maison commune.
Ce livre, vous l'aurez compris, est né d'une expérience faite par l'auteur lorsqu'il était jeune. Il invite donc le lecteur/la lectrice non versé dans le bouddhisme, à suivre ses pas, un lecteur/une lectrice qui comme lui à l'époque, n'adhérait pas plus au bouddhisme qu'un(e) autre. Un bouddhisme respectueux des canons mais qui n'est pas nécessairement cultuels, car il y a bien évidemment plusieurs bouddhismes, mais c'est une autre histoire.
Il expose donc d'une façon assez claire et détaillées les fondamentaux du bouddhisme et la façon dont cela s'est fait une place dans sa vie dont il raconte des épisodes en liens plus ou moins directes. Il fait également référence à la pensée occidentale lorsque cela lui semble nécessaire ou éclairant.
Il y a bien une structure mais pour ce qui me concerne, il manque quelque chose pour que le livre ait une consistance. J'ai une certaine connaissance du bouddhisme et il y a toujours quelque chose à prendre dans certains livres sur la question, mais là bon OK j'ai revu deux-trois trucs, découvert d'autres , cependant au final, il ne me reste pas grand chose de cette lecture mis à part une impression de quelque chose de brouillon. J'ai lu plein de chose mais n'en ait pas retenues beaucoup.
Pourtant on voit que l'auteur avait un plan et qu'il s'est donné du mal mais je ne sais pas, je n'ai pas accroché.
En fait l'auteur n'a aucune autorité en la matière et ne prétend pas en avoir. Tout l'intérêt réside donc dans le fait qu'il est un homme ordinaire à qui il est arrivé quelque chose d'extraordinaire. Un jour ça lui est tombé dessus et ça a changé sa vie. Son expérience ne le rend pas plus légitime qu'un autre pour parler du bouddhisme mais pas moins non plus. Une expérience ça n'est pas rien. Surtout la sienne. C'est la force du projet mais je trouve qu'on passe à côté et que ça n'est pas très bien exploité.
Je ne le recommanderais pas pour une initiation au bouddhisme, mais après tout il doit bien parler à des gens, alors pourquoi pas? Bref probablement un bon livre mais pas pour moi.
J'ai apprécié le petit lexique à la fin, très bien fichu.

Anonyme


Quatrième de couverture:
"Le mot dieu est ambivalent. Il a un adret et un ubac. Une face sud et une face nord. Quand Nietzsche annonce : "Dieu est mort", il fait référence au dieu personnel, bon, jaloux ou miséricordieux, que le croyant prie dans les églises, mosquées et synagogues. C'est la face sud. La face nord, il n'en souffle mot. Elle est abrupte, lisse, vertigineuse, sans filet, sans contour, sans fond, nocturne. C'est elle que nous voyons aujourd'hui pointer à l'horizon. Cela pourrait être le sens, encore caché, de notre modernité." H. C. Dans une démarche et un style uniques en leur genre, Hervé Clerc nous invite à un voyage ascendant vers une réalité ineffable et cachée, qui a peu de chose à voir avec le "Dieu" que l'on nie ou confesse habituellement. Depuis toujours, certains mythes, contes ou légendes nous livrent des indices qu'il nous aide à décrypter.
« Six aveugles vivent dans un petit village. Un étranger arrive sur le dos d’un éléphant. Les aveugles commencent à palper l’animal. “C’est une grosse colonne”, dit celui qui touche une patte. “C’est un tuyau rugueux”, dit celui qui touche la trompe. […] L’éléphant symbolise une réalité singulière nommée brahmane par les hindous, Allah par les musulmans […] et “déité” par maître Eckhart. » C’est sur ce conte oriental que débute l’ouvrage du journaliste Hervé Clerc, qui propose de s’attaquer à la question de Dieu par la face nord, c’est-à-dire sous son aspect le plus caché, le plus ineffable, le moins séduisant. En effet, nous avons tendance à l’aborder comme des aveugles, et non par son unité. Or, « qu’est-ce que l’éléphant dans son entier ? » questionne l’auteur. Et de répondre aussitôt : « L’unité du réel. » Ainsi, en s’appuyant sur de grandes religions, il tente de rendre compte de cette vision d’un réel unifié, une autre manière de définir « Dieu ».
https://www.psychologies.com/Culture/Spiritualites/Religions/Livres/Dieu-par-la-face-nord
Même si pour moi il souffre des mêmes problèmes de structures que le précédent, il y a tout de même pas mal de trucs très intéressants. Ici l'auteur se sert de l'hindouisme et de l'Islam pour mener son enquête et montre à quel point, malgré des différences notables, les deux religions convergent sur certains point de vues. Les vision chrétiennes, judaïques sont abordées mais avec moins de profondeur. Juste histoire de dire qu'elles ont leur avis là-dessus mais que peut-être sont-elles "trop proches" de nous pour nous renseigner avec plus de fraîcheur.
Il y a des pages très belles sur l'hindouisme, Maître Eckhart et Ibn' Arabi. Mais d'autres pages m'ont carrément parues ennuyeuses (surtout le dernier tiers) ou manquer de retenue sur le sujet.
Il y a quelques fois un mélange des genres dans l'écriture, peu certes, mais çà saute aux yeux lorsqu'on passe du registre de l'essai à ce qui s'apparenterait presque à du langage parlé.
J'ai regretté aussi une forme d'essentialisation avec des formulations du genre "Pour le musulman" ou "Pour l'hindou"...comme si chaque musulman et chaque hindou avaient le même rapport avec leurs religions respectives. Surtout qu'il aborde ici des concepts dont je ne suis pas certain qu'ils soient tous parlants aux musulmans ou aux hindous qui ne sont pas versés dans une certaine exégèse.
Plus réussi que le précédent malgré certains défauts, je pense qu'il intéressera toute personne s'intéressant à la question.
[ Dernière édition du message le 11/02/2019 à 15:38:10 ]

Anonyme


Bien écrit, bien décrit. Pas de pathos, de misérabilisme, ni de jugement et une fois de plus, un "témoignage" qui montre qu'il faut faire l'expérience pour comprendre... Bon bouquin.

Point-virgule

« La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. », Friedrich Nietzsche. ♫

dugenou


il en reste encore 10 sur Ama...
Merci Mya pour m'avoir fait decouvrir ce titre.


sqoqo


Côté pile, il est sympa, avenant, drôle et courtois.
Côté pile, il entend dépasser l’opposition noèse-noème en direction d’un niveau plus fondamental


Anonyme


[ Dernière édition du message le 13/02/2019 à 11:51:29 ]

Silverfish Imperatrix

Mon thread sur le jazz, principalement bop et post bop:
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