Sujet Dis moi ce que tu lis.

Édition : lire avant qu'il ne soit trop tard !

Un éditeur argentin lance un modèle de livre dont le texte disparaît au bout de deux mois. Explication.

C'est une initiative inattendue. Au mois de mars dernier, la maison d'édition argentine Eterna Cadencia a lancé sur le marché El libro que no puede esperar, ou "le livre qui n'attend pas".

Le concept est simple : le livre, acheté dans un sac hermétique, est imprimé avec de l'encre qui disparaît progressivement au contact de l'air et de la lumière. Deux mois après sa première ouverture, les pages de l'ouvrage redeviennent totalement blanches. L'histoire ne précise pas ce que deviennent ces livres une fois qu'ils ont retrouvé leur virginité, mais peu importe. Car l'initiative vise avant tout à attiser le désir de lire. "Nous pensons que c'est une manière magique et poétique d'expliquer un problème réel. Nous avons voulu faire un livre qui était un message en soi, qui nous incitera à lire ces auteurs avant que leurs récits ne disparaissent vraiment, là, devant nos yeux", explique Javier Campopiano, directeur général de l'agence de publicité DraftFCB et co-responsable, avec l'éditeur, de ce projet.

Les auteurs ne peuvent pas attendre

Car les lecteurs auraient tendance à acheter des livres... sans s'y plonger aussitôt. Qu'importe, les livres peuvent attendre ! Problème : leurs auteurs, eux, non. Faute d'écho de la part du public, les jeunes écrivains se découragent, et s'arrêtent parfois à l'aube de leur potentielle carrière littéraire. Avec un livre périssable, ils seraient, au contraire, sûrs d'être lus.

Ce paradoxal pari est jusqu'à présent réussi pour Eterna Cadencia, qui est déjà en rupture de stock de ce livre spécial. De nombreux auteurs se sont portés candidats pour bénéficier de cette innovation, mais, pour le moment, aucune autre oeuvre n'a été imprimée avec cette encre spéciale. Alors, simple effet de mode ou innovation capable d'aiguiser l'amour de la lecture ? L'avenir le dira.

LESLIE MEURAILLON

Le Point.fr - Publié le 07/07/2012 à 09:38 - Modifié le 07/07/2012 à 16:58