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Sujet Dis moi ce que tu lis.

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Sujet de la discussion Dis moi ce que tu lis.
... et je te dirais qui tu es...

En ce moment je lis "L'ombilic des Limbes" d'Antonin Artaud, décidement (dément?) ce mec était génial!!!

Et vous c'est quoi vos lectures en ce moment???
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3951
Excellente découverte ! Merci Kumo Boy.
(dis donc, ce type, encore plus schizo que Pessoa ! )
3952
Etonnante biographie, qui donne envie de lire! Le passage que tu cites me semble être une pure merveille de philosophie décillée!

Sinon, je viens pour vous parler d'un auteur absolument génial, visiblement une grande figure de la littérature actuelle, qu'on m'a fait découvrir: William T. Vollmann.
Il est, outre romancier, aussi essayiste, chroniqueur, journaliste, grand reporter, photographe, peintre et graveur... Ca brasse large: c'est qu'il en a beaucoup à dire: celui-ci traverse la vie en engrangeant les expériences avec une sorte de boulimie stupéfiante, et il semble que la production de sens lui soit une manière de digérer tout ça... Un passe-temps comme un autre. D'autres obéissants collectionnent des timbres ou font de la politique, pour faire semblant, pour oublier. Cet animal-ci est rétif à l'anéantissement et je parie qu'on ne l'oubliera pas.
Voici un lien vers la page Wiki qui lui est consacrée:https://fr.wikipedia.org/wiki/William_T._Vollmann
Un autre vers une page critique intéressante qui brosse un panorama dense et complet de son oeuvre:http://www.cafardcosmique.com/William-T-Vollmann-l-esthetique

J'ai lu ce livre:
1933502.jpg
... qui fait partie d'un cycle de romans monumental intitulé "Sept Rêves", et qui a pour ambition de brosser un portrait du continent américain.
Plutôt que de citer le résumé au dos du livre, qui me semble passer à côté du sujet, voici ce qu'on pourrait peut-être en dire pour donner envie au lecteur épris d'expériences littéraires singulières, hors des sentiers battus:
Deux spires du temps sont accidentellement entrées en coïncidence, et ont mis en contact étroit deux moments de deux vies: celles de Sir John Franklin, explorateur polaire anglais du XIXe siècle, au cours de sa dernière et catastrophique expédition à la recherche du passage du Nord-Ouest, qui allait coûter la vie à tous les membres d'équipage jusqu'au dernier après trois années de glaciale agonie, et celle d'une sorte d'étrange touriste américain des années 90, le "capitaine Subzéro" au pays des Inuits. Le résultat est le récit, à deux voix inextricablement mêlées, à la fois du naufrage personnel et historique de Sir John et de toute son expédition, et de l'errance hallucinée de Subzéro dans ces contrées si dures au coeur et au corps occidental. Subzéro lutte pour rester lui-même, pour conserver le bénéfice de son parcours personnel et ne pas sombrer tout à fait dans la tragédie vécue par John Franklin, tandis que ce dernier se souvient, à mesure que les glaces et la mort peu à peu lui retirent tout espoir de retour, de Reepah, l'amante Inuit de Subzéro. En filigrane (mais drôle de filigrane, car c'est par là que le roman commence, et, tour de force d'invention littéraire -raison, entre autres, pour laquelle j'ose crier au génie- une fois la lecture terminée, la chose produit exactement l'effet de filigrane en rapport de la trame majestueuse du récit des deux vies confondues) on voit se jouer l'anéantissement familier d'une culture par la technologie occidentale, l'alccol et les vapeurs de colle, qui n'ont réussi à produire, partout, et jusque dans nos coeurs occidentaux, bien plus que l'abracadabrantesque "augmentation du niveau de vie" que les connards brandissent, qu'un sentiment hagard de vide sans signification.
Un roman largement autobiographique, comme on le comprend peu à peu, et comme les liens que j'ai placés plus haut nous le confirment. Et comme aussi, je le confesse volontiers, cette modeste chronique.
Le livre est parsemé de dessins de l'auteur, d'un style étrange censément ébloui par la blancheur des glaces, et de cartes historiques assaisonnées à la même sauce.
Ici, un crétin péremptoire (c'est-à-dire aussi crétin et péremptoire que moi) n'y a rien vu de remarquable et le descend en flammes:http://www.juanasensio.com/archive/2007/03/19/william-t-vollmann-claro-the-rifles-les-fusils.html. Sans doute un contempteur de Proust, Balzac et compagnie.

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

[ Dernière édition du message le 17/02/2014 à 10:44:32 ]

3953
1933477.jpg

Deux nouvelles:
Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie

Alors qu'elle bricole chez elle, quelqu'un sonne à la porte.
En ouvrant la jeune femme découvre un homme et un petit garçon qu'elle ne connait pas.
Qui sont-ils et que veulent-ils?



Un thé qui ne refroidit pas

Alors qu'elle assiste aux obsèques d'un élève qui partageait sa classe au collège, une jeune femme
revoit un autre de ses camardes de classe de cette époque.
Un discussion s'en suit et un rendez-vous est pris.



50/50, voilà qui pourrait résumer ce recueil de deux nouvelles d'environ 50 pages chacune.
50/50 c'est aussi l'appréciation toute personnelle que je donne au recueil car autant la première nouvelle
m'a semblé d'un ennui total et sans intérêt aucun, autant la seconde est un concentré de tout le talent dont peut faire preuve cette auteure.
Si les deux sont très cinématographiques,"Un thé qui ne refroidit pas" constitue selon moi la meilleur introduction à l'auteure.
Ça a beau être écrit, il est néanmoins difficile d'en parler...ça ne peut que se lire.
Joli tour de force.

[ Dernière édition du message le 18/02/2014 à 09:04:23 ]

3954
Ça fait longtemps que je ne suis plus ce qui sort en littérature japonaise. Yogo Ogawa, je découvre ce nom : pourtant je vois sur le Net qu'elle sévit depuis un moment, qu'elle a pas mal de reconnaissance, qu'on la compare à de grands noms (japonais ou américains)... 50/50 : ça donne pas forcément envie ! La nouvelle qui donne le titre du livre est, de plus, celle que tu écartes (0/100 ?). En tout cas je garde en tête la référence, merci.
3955
Bon après mon jugement et ma "notation" valent ce qu'ils valent.
J'ai lu des critiques qui disaient l'inverse: première nouvelle géniale, seconde trop longue et pas terrible.
Le mieux c'est encore d'essayer :bravo: mais gare aux prix des bouquins des éditions Actes Sud.
Ce truc de 100 pages c'est entre 6 et 7 € neuf.
Vaut mieux profiter d'un exemplaire d'occasion pour ne pas trop regretter l'investissement en cas de déception.

[ Dernière édition du message le 18/02/2014 à 14:03:46 ]

3956
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Une parfaite chambre de malade

Une jeune femme suit le parcours médical de son jeune frère âgé de 20 ans qui vient d'entrer à l'hôpital.
Son cancer est sans rémission. Tout le monde le sait.
Elle y passe de fait presque tout son temps libre.


La désagrégation du papillon

Il est temps pour Sae de renter en maison de retraite. Sa tête lui joue des tours. Sa petite fille adoptive culpabilise, mais suit l'intégration de très près.


Deux nouvelles aux contours semblables et pourtant assez différentes.
Pas facile d'en parler mais c'est très bien fichu. Il y a à la fois les pérégrinations psychologiques et affectives mais aussi les viscères (au sens propre) exposées à nu. On obtient une étrange poésie où le beau et le jugement et le pathos sont exclus.
Il n'y a que des faits.
Et comme disait Nietzsche: "Les faits ne sont pas moraux".
C'est aussi bourré de symboles et de tas de choses à discuter avec d'autres personnes les ayant lues, mais ayant aussi lu d'autres livres de cette auteure avec lesquels il y a toujours des résonances.
Étonnant et probablement assez singulier comme approche de la maladie en littérature.
3957
Moi je lis ça en ce moment :
"Pink Floyd l'histoire selon Nick Mason" (Inside Out en VO)
9782851207999FS.gif

super sympa à lire, j'adore les descriptions des concerts à leurs débuts :-D
Toute une époque !

"L'Homme est la nature prenant conscience d'elle même." - Elisée Reclus

3958
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le rêve de mes pères,
le plus beau, fut toujours de vivre sans rien faire.
Nous sommes nés pour errer au hasard des collines,
sans femmes, et garder nos mains derrière le dos.


J'ai découvert Pavese au début des années 2000. Ce bout de poème m'avait plu.
On m'avait offert son journal, "Le métier de vivre" à cette époque.
Une pause dans Ogawa ma donné l'occasion de le lire enfin.

Bon il y a du Cioran là-dedans mais en plus lite tout de même, le cynisme n'envahissant pas tout.
Il reste de la place pour la poésie, des analyses littéraires d'auteurs italiens et américains principalement, des compte-rendus sur des essais d'anthropologie qui s'intéressent aux mythes et à certaines formes de primitivisme.

Il y a aussi beaucoup de passages sur le romantisme torturé de l'auteur, sa vie amoureuse assez difficile. De fait il saupoudre son livre de quelques saillies mysogines moins marrantes que celles d'un Guitry.
Le type a fini par se suicider en 1950, alors qu'il n'étai âgé que de 42 ans.

Je me suis ennuyé quelques fois, mais il y a tout de même de belles choses.
J'ai mis quelques citations en spoiler desfois que vous voudriez voir d'un peu plus près.

Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite


[ Dernière édition du message le 03/03/2014 à 20:51:47 ]

3959
L'enculé, Marc Edouard Nabe.

L'affaire DSK vu par Nabe. Pété de rire tout le long, je vous offre un petit extrait, DSK vient de passer sa première nuit en prison, et on lui annonce qu'il a une visite:

De la visite ? Déjà ? Je sais que j’ai droit à une par jour, mais je m’en serais passé aujourd’hui, je suis trop mal. On ne peut pas me foutre la paix, merde ? Je maugrée en arrivant au parloir. Derrière l’espèce de guichet vitré, j’aperçois une petite vieille grassouillette, les traits tirés, une sorte d’Édith Piaf sous cortisone… Mais c’est… ma femme !
— Mon pauvre chéri… pleurniche-t-elle. Ce que tu as dû souffrir…
Elle est tout en noir, elle se croit déjà en deuil ou quoi ? Je m’assois en face d’elle sur une chaise en bois. Le garde reste à ma droite, debout… Il se cure le nez.
Je ne dis rien. J’observe, fasciné, mon épouse Anne considérablement métamorphosée… C’est moi en principe qui aurais dû prendre dix ans dans les dents avec ce que j’ai vécu et c’est elle, comme d’habitude finalement, qui morfle

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mrgreen

 

Ca a l'air sympa.