Dis moi ce que tu lis.
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Nantho Valentine
Anonyme
Ce qui t'a plu et tout.
Et pareil pour celui de Porter quand tu auras fini?
J'ai profité des vacances pour ne rien lire, mais là je reprends un peu.
Japon, 1950, région d'Hiroshima.
Yasuko est une jeune femme vivant avec son oncle et sa tante.
Des rumeurs courent sur elle.
Elle aurait été touchée par la "pluie noire", celle qui s'est abattue
sur la région après l'explosion de la bombe atomique.
Tout cela n'en fait pas un bon parti à marier et les prétendants
ne se bousculent pas à sa porte.
Pour faire taire les rumeurs, son oncle rédige un journal relatant
leur quotidien depuis l'instant de la chute de la bombe et des 10 jours suivant, dans le but de blanchir sa nièce.
Hiroshima au ras du sol.
Terrifiant.
Des chemins jonchés de cadavres.
Des survivants perdus, plus ou moins gravement blessés.
D'autres ont perdu la raison.
Mais il faut survivre et l'on fait ce qu'on peut et ce qu'il faut.
Il y a cependant des bulles de poésies car le récit est partiellement rural.
Probablement bien traduit, le style n'était certainement pas le souci premier de l'auteur qui est plutôt de rapporter, relater, raconter. On pense inévitablement à ces gens comme des cousins des rescapés des camps de concentrations.
A coup sûr Tardi ou Larcenet en feraient une belle BD.
EDIT:
j'ai particulièrement apprécié les notes de bas de pages proposées par les traducteurs.
[ Dernière édition du message le 03/09/2014 à 10:43:41 ]
Schonx
Entre ces deux musiciens, beaucoup de saxophonistes (évidemment): Eric BARRET, James CARTER, Steve COLEMAN, Ravi COLTRANE, Jan GARBAREK, David MURRAY, Sonny rollins, ... Mais aussi d'autres soufflants (Médéric COLLIGNON, Bill DIXON), batteurs (Simon GOUBERT, Daniel HUMAIR, Elvin JONES, Christian VANDER, ...) contrebassistes, pianistes, guitaristes ... La liste est longue (j'ai compté, il y a bel et bien 80 musiciens ).
Livre passionnant car il parle d'une sacrée entité "à part" au travers de témoignages de musiciens qui l'ont côtoyé (Boulou FERRE, par exemple, est un guitariste qui a fait la première partie du quartet de John COLTRANE au festival de jazz d'Antibes en 1965: il avait 14 ans!!!) ou découvert après sa mort (Raphaël IMBERT, Rick MARGITZA, Joshua REDMAN, moi-même )
Je ne suis pas vraiment quelqu'un qui résume bien les bons livres mais je pense avoir dit l'essentiel (et je m'empresse de poster car mon ordi' fait des siennes!!!).
"8 milliards de malades mentaux, naufragés sur le même radeau" - LOFO'
Schonx
Pour le livre de Lewis PORTER, c'est une sacrée biographie (la meilleure?) comportant photos, documents rares et analyses de thèmes, solos, partitions à l'appui.
Même si je l'ai déjà lu deux fois, je ne peux en dire plus sinon que je vais le relire !!!
Pour les inconditionnel(le)s de John COLTRANE.
"8 milliards de malades mentaux, naufragés sur le même radeau" - LOFO'
Anonyme
Je note donc le bouquin de Porter.
Schonx
Bonne future lecture kumo boy!!!
"8 milliards de malades mentaux, naufragés sur le même radeau" - LOFO'
Anonyme
Vous voyez les gueules sur la couverture? Les regards? La façon de se tenir? L'idée que l'on peut se faire de l'époque? Le type qui a eu l'idée d'illustrer la couverture avec cette photo connait son boulot. En feuilletant le bouquin j'ai compris que celui qui l'a écrit connaissait aussi son boulot, enfin ses boulots; poète, écrivain et marin.
Il n'y a pas vraiment d'histoire mais plutôt une suite d'anecdotes contées par un petit groupe de marins grecs. Des récits de voyages sur toutes les mers, dans tous les bordels, des aventures improbables, des bateaux pourris, des litres d'alcools et de sueurs, tout le catalogue des M.S.T, des coeurs mille fois brisés, des personnages romanesques, des nuits étouffantes d'insomnies, à griller des cigarettes sous les étoiles, des femmes possédées ou à jamais inaccessibles. Gras, vulgaire, sordide, mysogine par certains aspects. Faut dire qu'on est dans le viril. Mais il y a de l'humour aussi.
Un cousin éloigné de "Le Vaisseau des Morts" de B.Traven.
La première partie est écrite dans un style assez sec, direct. A partir de la seconde la poésie arrive et c'est un tout autre voyage. Un livre éblouissant à bien des niveaux. Je ne résiste pas à l'envie de vous citer quelques extraits en spoiler:
« Tu vois ce que je veux dire : c’est des autres que j’ai peur, des honnêtes femmes, qui ne couchent pas pour de l’argent. De celles qui sont instruites. Que l’on épouse. »
« On devrait te tuer, entends-tu ? Avec un pistolet. Et pas n’importe lequel : avec un pistolet à merde ».
« Toutes les étoiles sont belles. Nous autres [marins] avons besoin des corps célestes quand ils se trouvent à un certain nombre de degrés au-dessus de l’horizon. »
« - Les femmes veulent être vendues. Elles ont ça dans le sang.
- Je t’avais dis de ne pas en boire d’autre. Tu as perdu l’habitude.
- Un jour un maquereau a épousé une brave fille. Il a d’abord bouffé sa dot. Puis il s’est mis à la refiler à ses amis, il lui a arraché ses dents en or pour les vendre, il l’a vendue elle-même à une maison close.
Elle est morte avec son nom à la bouche.
Elle l’aimait.
Il l’a chargée sur une charrette et est allé la vendre à la morgue. »
« C’est à terre que la nausée me prend. Mon voyage le plus pénible, le plus dangeureux, je l’ai fait sur l’asphalte, à Athènes, entre les quartiers Syntagma et Omonia. J’ai vomi sur le Mont Liban comme les terriens vomissent en mer lorsque souffle le Meltem. Vous nous plaignez parce que nous n’avons pas de maison, parce que nous marchons les jambes écartées, parce que nous portons à terre des chemises froissées et des vêtements chiffonnés.
Vous me faites chaud au cœur.
Un lit stable, un sommeil tranquille. Le café et les journaux posés sur la table de nuit. L’excursion du week-end, avec les traditionnelles boulettes de viande hachée. Mais je ne changerais pas mon métier pour le vôtre, même pas un seul jour. »
« Je voudrais qu’on oublie aussi mes ossements mais dans un bordel. Et que les femmes s’en servent comme canules pour leurs bocks, comme fume-cigarettes, comme sifflets .»
Peu avant d’embarquer pour un long voyage.
- Tu es ready ?
- Oui, attends que je prenne une bouteille de whisky.
- Prends plutôt ta triple paire de cornes.
Tu n’as pas peur, parbleu, parce que tu n’as jamais vu le trou de ton cul.
- Où sont les filles ?
- Est-ce que je sais ? On les a chargées sur des camions et on en a fait du savon en Allemagne. Sacré veinard celui qui s’est lavé avec un savon pareil. Il n’en est pas restée une.
Je l’ai entraînée sur le lit. Elle a tiré de sous l’oreiller un pistolet qui avait l’air d’un jouet.
- Je te les colle toutes les six.
Le coup du pistolet, j’en avais jamais entendu parler.
Il ne m’a pas fait peur. C’est son regard qui m’a effrayé.
- Faisons le chemin à la nage
- Regarde la gueule du requin : elle attend.
- Attends, je vais sauter. Pour le rassasier. Tu auras le temps d’atteindre la côte.
Prends-moi par la main pour me montrer le monde. Le grand planisphère déchiré. Géographie perdue au milieu de livres inutiles.
Les sextant sans lentilles. Nous les avons ôtées pour allumer nos cigarettes.
La lunette brisée. Le parallèle gauchi. L’aiguille du compas, affolée, titube.
Le loch, un requin l’a fendu, ou peut-être un chien de mer.
Le clepsydre ? Mais le sable ne parvient pas à passer.
Alors mesurons la marche du Soleil avec nos doigts.
Lequel de tous les soleils ?
L’autre…Commandant à vingt-neuf ans sur un cargo. Eveillé, vif, habile à la manœuvre. La théorie possédée sur le bout des doigts. […] Son bateau se retrouve coincé sur un banc de sable. Quand il a vu que le bateau ne se dégageait pas, il est entré dans le charter room et a tout repris à zéro. Il a mesuré, cherché de tous les côtés. Ce n’était la faute à personne. Une erreur de la carte ?
Il est entré dans sa cabine et s’est tué. A ce moment-là le capitaine est venu frapper à sa porte pour lui dire que le bateau s’était relevé tout seul, qu’il n’avait pas de voie d’eau, et de monter donner la route.
Un canaque a abordé avec sa barque – il n’aurait pas pu venir plus tôt le saligaud – et a tout expliqué au capitaine. Tous les six ans à minuit, les eaux refluent en masse vers le large. Elles reviennent en trois heures. Avant l’aube […] ça n’était écrit dans aucun livre. On l’a signalé après coup. Comme toujours.
- Ta bouche est souillée d’ordure. Il n’y a qu’à voir ce que tu en fais.
- Toi aussi tu jures.
- C’est quand même pas pareil. Attends, tu vas rire. Hier ce con de Spyros démontait son briquet sur le bastingage. Une vis lui échappe et tombe à la mer. Tu sais ce qu’il est allé trouver à injurier ?
- Je n’imagine pas.
- Le petit âne que montait le Christ pour entrer à Jérusalem.
Le cuisinier était en train d’égorger des béliers et jetait les cornes à la mer. Y en a une qui est tombée dans une barque. Le batelier la ramasse, la regarde bien et demande au batelier de la barque d’à-côté :
- Bon sang, Lourétzos, qu’est-ce que c’est que ce truc-là ?
Il avait pas plus tôt dit ça que les cornes se sont mises à pleuvoir dans sa barque. Lourétzos a mis ses mains en porte-voix et lui a crié :
- C’est rien, Sigondo, mon vieux, c’est rien. C’est le commandant et l’équipage qui se peignent.
- A propos puisque tu t’intéresses aux culottes, la plus bizarre que j’aie jamais vue, c’est une juive qui la portait. C’était rien que de la dentelle, des cordons et des rubans. Mes mains en tremblaient.
- T’avais qu’à la laisser l’enlever toute seule.
- C’est pas drôle.
- Oui avant la guerre. J’avais bu pas mal de bouteilles de Madère. J’en accoste une là-bas dans les ruelles. Belle, un peu sèche. On se met d’accord.
- Combien ?
- Me rappelle pas. On monte, on se couche. Elle avait de ces dessous ! Rien que de la soie et de la dentelle. Elle me fait :
« Tu veux comme les femmes ou bien…
J’ai pas compris. J’y fous la main au panier et je tombe sur un brisant, mais alors un brisant.
C’était un homme, tiens, un homme habillé en femme.
Les types matent les filles sur les quais.
- Oh la la !!! Ce qui va se passer ce soir, murmura le chef de chauffe.
Vaselinez-vous, on arrive, moi j’en prends deux.
- C’est ça, mets le paquet, ricana le graisseur. Après on te frictionnera à l’alcool et tu resteras trois semaines au lit , comme l’autre fois à Lomé. Tiens, t’es trop con.
- Moi ! fit l’autre en colère. Moi ! je suis prêt à parier. Je rends des points à des types de vingt ans.
- Prends plutôt quelques photographies, du genre que tu sais, c’est bien assez pour toi.
J’ai élevé un grand gaillard, un colosse – enfin, à dire vrai, c’est la mère qui élève l’enfant. Pendant qu’elle accouchait, moi je fumais un narghilé. C’est ça qui est pas juste. Il faudrait qu’on sente nous aussi quelques lancées au-dessous du nombril pendant que nos femmes accouchent. J’ai une pitié immense pour les coutures de son ventre.
- Comme nous traînons les hommes, ils traînent la ferraille sur la mer.
- Avec les mains ?
- Pire. Avec leur âme.
Le premier malade du monde était chinois. Et naturellement le premier médecin aussi.quote
Tout ce que je touche pourrit. Ne meurt pas : pourrit
[ Dernière édition du message le 05/09/2014 à 22:43:23 ]
oryjen
Tu les tapes au clavier?
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
Anonyme
Pour ce livre j'ai tout tapé car les passages qui me plaisaient
sont assez précis. Je n'ai donc pas cherché sur le net.
Et puis j'avais le temps.
[ Dernière édition du message le 06/09/2014 à 06:06:32 ]
Anonyme
Citation :
Pour ce livre j'ai tout tapé car les passages qui me plaisaient
sont assez précis.
:laporte:
Sinon je trouve pas l'écriture super intéressante, malgré quelques phrases qu'on dirait sorties d'un film d'Audiard.
Après c'est ptet trop prévisible : on s'imagine sans peine un marin de cette époque naviguer entre putes, gueules de bois, et latitudes à moustiques.
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