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Sujet Dis moi ce que tu lis.

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Sujet de la discussion Dis moi ce que tu lis.
... et je te dirais qui tu es...

En ce moment je lis "L'ombilic des Limbes" d'Antonin Artaud, décidement (dément?) ce mec était génial!!!

Et vous c'est quoi vos lectures en ce moment???
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Il vient d'en sortir un sur le milieu du journalisme, ça a l'air croustillant.:bave:
"C'est blazman legacy ici" (Apocryphe) / Live music / Soundcloud
4752

Citation de : youtou

jviens de me taper du Umberto Eco, le nom de la rose et le pendule de foucault.

 

Rhâââââ c'est super bien écrit et/ou traduit. 'tention hein, perso je foutrais ça dans le même sac que Bukowski ou Barjavel. Perso, je parle italien, enfin nan je le parle mal, pis je le comprends pas mieux, mais en lisant ce bouquin pourtant traduit en français, j'entendais toutes les expressions piémontaises que ma daronne me sort tout le temps.

Pas facile à expliquer, mais la traduction est vraiment une oeuvre d'art, et utilise à perfection les similitudes entre français et italien (et soit dit en passant, c'est une honte que l'italien soit pas enseigné aux petits français et le français aux petits ritals, c'est probablement les 2 langues se ressemblant le plus au monde, pis bon, comme si ça suffisait pas, les 2 pays ont à peu près la même démographie, la même économie, la même superficie, en plus d'avoir la même histoire culturelle).

 

Umberto Eco est un "monstre" ... je comprends pas qu'il soit si "ignoré" en France... ce type a une culture effroyable et une intelligence hors du commun ... mais voilà, on a l'air con à côté avec nos BHL, Onfray etc...

Le nom de la rose est une superbe hypothèse sur la disparition du texte d'Aristote sur la comédie...

 

Les ptits ritals peuvent apprendre le français : ma copine Elena étudiait Sartre en français en classe de première (enfin l'équivalent)... en "terminale" elle coinçait un pote prof de philo sur les intellectuels français ...

J'ai des amis à reggio Emilia qui parlent couramment le français... ils ont appris par eux mêmes... lors de beuveries transfrontalières...

 

Je crois qu'on occulte un peu la culture italienne de peur qu'on s'aperçoive de notre degré d'arriération...c'é tanto da imparare

4753

Citation :

Umberto Eco est un "monstre" ... je comprends pas qu'il soit si "ignoré" en France... ce type a une culture effroyable et une intelligence hors du commun ...

 Pis surtout c'est truffé d'humour. Là où des jean d'ormesson vont se polir le chinois à se regarder écrire de la merde de niveau CM1 en racontant leurs minables souvenirs bourgeois d'une enfance chiante, Eco écrit presque aussi bien que Saramago et parvient à mettre du lol de partout, en plus d'enrichir culturellement son lecteur sans qu'il y ait fait gaffe.

 

Citation :

Je crois qu'on occulte un peu la culture italienne de peur qu'on s'aperçoive de notre degré d'arriération...

Bof, je trouve pas forcément qu'on soit arriéré par rapport à eux (et du reste j'aime pas trop comparer les pays), et dans les 60's, c'était plutôt l'Italie qui était retournée à la barbarie et la totale misère. Par la suite, c'est probablement le pays qui a le plus avancé en Europe de l'ouest, et dans tous les domaines.

En revanche, je maintiens que c'est le pays le plus proche culturellement de la France (qui lui a absolument tout piqué, que ça soit la bouffe, la langue, au final ceci dit on leur a piqué la chose la plus importante : l'idée de la beauté esthétique et de la recherche de la classe), bien plus que la Belgique ou le Luxembourg qui ont pourtant la même langue, ou que l'Allemagne qui est notre principal partenaire économique.

 

Au final, un français c'est rien d'autre qu'un italien énervé : dans les 2 cas ça parle tout le temps et trop fort. Mais le rital est toujours 2ème degré, et tient des propos dignes d'un regard de défi lancé à un orage, tandis que le français a oublié le lol et finit pas se prendre au sérieux.

 

 

 

4754
Youtou, tu t'es pas gondolé dans le pendule de Foucault, quand ils imaginent des départements universitaires totalement farfelus ?
Genre, phonétique du film muet ou psychologie des foules dans le Sahara ..ou l'urbanisme tzigane

Sinon, ce bouquin est fabuleux d'érudition ...je ne sais pas si le Da Vinci code a essayé de s'en inspirer ( la blague dans ce cas) pour la relecture proposée de l'histoire, mais on peut voir ce pendule comme un da vinci code pour adultes , se donnant les moyens de son ambition, dense, documenté, plein d'humour, et sacrément bien écrit ( et traduit)
J'ai adoré..il y a aussi en filigrane une histoire sentimentale douce amère assez fine, mais surtout un pied extraordinaire à suivre Eco dans les jonctions, osées, qu'il établit entre certains moments historiques ou pensées politico-religieuses
4755

Citation :

Youtou, tu t'es pas gondolé dans le pendule de Foucault, quand ils imaginent des départements universitaires totalement farfelus ?
Genre, phonétique du film muet ou psychologie des foules dans le Sahara ..ou l'urbanisme tzigane 

 Yep, les types imaginent et construisent tout un édifice pour étayer une théorie du complot.

Ils font même un logiciel qui va donner des théories complotistes (le livre a été écrit courant 80's) si on lui rentre des données même farfelues, les héros du bouquin rentrent même Mickey et Minnie. bave Y a d'ailleurs un site web actuel qui fait la même chose, m'en souviens plus du titre.

 

Citation :

.je ne sais pas si le Da Vinci code a essayé de s'en inspirer ( la blague dans ce cas) pour la relecture proposée de l'histoire, mais on peut voir ce pendule comme un da vinci code pour adultes , se donnant les moyens de son ambition, dense, documenté, plein d'humour, et sacrément bien écrit ( et traduit)

 pour la ptite histoire, la 1ere fois que j'ai le pendule de foucault, c'était en vacances toussa, en bouquin de plage, et par total hasard, j'avais embarqué aussi le da vinci code. Javé halluciné tellement le da vinci code était un plagiat médiocre et putassier, et sérieux en plus.

4756

Citation de : sqoqo

Youtou, tu t'es pas gondolé dans le pendule de Foucault, quand ils imaginent des départements universitaires totalement farfelus ?
Genre, phonétique du film muet ou psychologie des foules dans le Sahara ..ou l'urbanisme tzigane

Sinon, ce bouquin est fabuleux d'érudition ...je ne sais pas si le Da Vinci code a essayé de s'en inspirer ( la blague dans ce cas) pour la relecture proposée de l'histoire, mais on peut voir ce pendule comme un da vinci code pour adultes , se donnant les moyens de son ambition, dense, documenté, plein d'humour, et sacrément bien écrit ( et traduit)
J'ai adoré..il y a aussi en filigrane une histoire sentimentale douce amère assez fine, mais surtout un pied extraordinaire à suivre Eco dans les jonctions, osées, qu'il établit entre certains moments historiques ou pensées politico-religieuses

 

La grande différence avec le da Vinci code c'est que Eco va s'inspirer de faits historiques réels .... tandis que l'autre bouquin - c'est Eco qui en parle- - est basé sur des fakes du XIX (ou de romans du XII...)...Eco a d'autres démystification à son actif, éparpillées dans ses articles (comme la prétendue croyance du moyen age selon laquelle la terre était plate)... Sa culture immense est aussi ce qui fait que dans ses romans y'a toujours des trucs qui nous (enfin, au moins à moi) échappent (comme les détails de la guerre Aristote Platon dans le Nom de la rose)

 

[ Dernière édition du message le 23/06/2015 à 11:41:04 ]

4757
1628459_6_430f_couverture-de-l-ouvrage-de-patrik-ourednik.jpg

La Tchéquie de nos jours.
Le vieux Viktor Dyk est assis sur un banc au soleil, attendant le moment propice pour écraser de sa canne un coléoptère
qui ne lui a rien fait si ce n'est se trouver à proximité de ladite canne.
Il est comme ça Dyk. Un genre de vieil aigri et cynique au caractère fort qui s'accommode mal de l'époque et de ses contemporains.
C'est aussi un esprit brillant et vif qui ne manque pas d'humour.
Ce qui en fait un personnage apprécié par les gens âgé du quartier.

L'ambiance de ce quartier change brutalement lorsqu'on apprends la mort de Mme Horak qui, percutée par une voiture à un carrefour,
s'est traînée jusque dans son appartement où elle a fini par succomber.
D'autres disent que c'est faux, et qu'en réalité elle s'est suicidée en se mettant la tête dans le four.
A moins que ce soit un meurtre?
Qu'est-ce qui est vrai?



Quel bouquin !!! :bave:
On se marre pas mal car c'est sacrément bien écrit avec des personnages bien construits, des idées à foison, c'est fin et intelligent, poétique et touchant, avec toujours un peu de fond, question de ne pas prendre le lecteur pour un imbécile.

J'étais vraiment enthousiaste à l'idée de reprendre la lecture et de retrouver tous ces personnages.
C'est simple j'aurais aimé que le livre ne s'arrête pas. Patrik Ourednik en a sous la pédale
et on n'est jamais déçu.
Il faut souligner saluer le travail de traduction de Marianne Canavaggio qui donne au livre un cachet très particulier.
Je pourrais conseiller des tas de livres, mais si vous n'avez pas trop le temps de lire, que vous ne savez pas quoi choisir
et que vous voulez malgré tout vous mettre un bon bouquin sous les yeux et dans la tête sans vous la prendre je vous conseille chaudement celui-ci.



Quelques extraits pour ceux que ça intéresse:

Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite

[ Dernière édition du message le 24/06/2015 à 10:05:14 ]

4758
1916938.jpg

Janvier 1936.
Alors que Charles Digoin, la cinquantaine, rentre chez lui il croise
un homme bizarrement habillé qui lui demande:
"Eh bien ? Vous ne me reconnaissez plus ?!!"
Il faut dire que M.Digoin a un passif dont il craint constamment l'irruption
qui gâcherait le confort tranquille de sa vie de petit bourgeois provincial.



Ma curiosité pour cet auteur avait été éveillée par Benoît Poelvoorde, grand lecteur en général
et fan de Emmanuel Bove (1898 - 1945) en particulier.
Je n'ai pas été déçu.
Le style n'est pas flamboyant, plutôt "froid" d'une certaine manière, mais assez subtil pour nous faire croire qu'on lit quelque chose de banal, ce qui n'est en réalité pas le cas.

En effet, l'auteur excelle dans la mise à nu des orgueils propres aux personnages de la haute et petite
bourgeoisie parisienne et provinciale qui habitent ce roman.
A priori ce n'est pas une thématique ou un milieu qui m'attire,
mais Emmanuel Bove décrit si bien ce petit monde qui bouillonne d'opportunisme, de manipulation, de jalousie, de zèle éhonté mais aussi de petites faiblesses sans que jamais cela ne se dévoile, mais que chacun des personnages perçoit et analyse selon ses intérêts.

Il nous révèle donc ce qui est occulté, ce que cache chacun(e) d'eux/d'elles, sans tomber dans un romantisme bavard, affecté ou ampoulé mais avec tout de même une forme de classicisme.
Allié à cette "froideur" du style, c'est peut-être là la force de l'écriture dans ce livre.

Les personnages sont évidemment finement construits, la construction et le rythme bien maîtrisés et il n'y a rien de superflu, rien à jeter.

Avec Raymond Guérin, Drieu La Rochelle et quelques autres, Emmanuel Bove fait partie de ces écrivains dans l'ombre de Céline qui ont été un peu oubliés mais qui méritent d'être ramenés à la lumière.



[ Dernière édition du message le 01/07/2015 à 10:23:33 ]

4759

je note, merci !

4760
1916601.jpg

Les Américains qui ont débarqué en 1944 en Normandie
étaient de vrais gaillards et mesuraient en moyenne 1m73
et si on avait pu les ranger bout à bout plante des pieds contre crâne
ils auraient mesuré 38 kilomètres.


Ainsi s'ouvre ce livre dont il n'est pas facile de parler.
Cette "brève histoire" permet de nous interroger sur l'histoire
et ce que nous en savons ou pensons vraiment savoir non seulement selon l'orientation idéologique, politique ou morale
de chacun mais aussi d'un pays oui d'un continent entier.

L'auteur ne prend pas vraiment position mais propose d'abord d'identifier les courants politiques marquants (pour faire court nazisme, communisme, démocratie), compare leurs idéologies, leurs faits et méfaits.
Pour essayer de comprendre il se retourne vers ce qu'en dirent les philosophes, les psychanalystes, les anthropologues, les ethnologues, les linguistes.
Ce qui donne par exemple:

"Les nazis pensaient que [...] mais les communistes disaient que [...] les philosophes dirent alors [...] ce à quoi les psychanalystes s'opposèrent car selon eux [...]."

C'est écrit un peu à la manière de quelqu'un qui réciterait une leçon bien apprise.
Il n'y a pas vraiment d'ordre chronologique.

Ce livre soulève, sans révisionnisme aucun, l'interrogation suivante: que savons-nous vraiment de l'histoire
si ce n'est ce qu'on nous en dit?
Qu'est-ce qui est vrai?
Qu'est-ce qui est faux?
Sachant que l'auteur lui-même ayant déjà fait une sélection de faits et d'analyses faites par d'autres.
Et nous lecteurs, que savons-nous de l'histoire et que retiendrons-nous de celle proposée par Patrik Ourednik?
Nous ne pouvons que répéter ce qui a été dit, prendre parti selon nos tendances mais l'image entière
est hors de portée d'une certaine façon.
D'ailleurs est-il possible de comprendre un siècle en cantonnant la recherche uniquement
à son début et à sa fin?

Puisque c'est très bien fait, l'auteur en profite pour brouiller les pistes à un autre niveau en glissant ça et là quelques anecdotes édifiantes ou absurdes dont on ne sait pas non plus si elles sont vraies ou fausses, de petites histoires dans la grande histoire. Peut-être sont-elles plus véridiques que la grande?

Bien que représentant une partie congrue les tendances de la fin du XXème siècle sont aussi présentées mais
il y a moins de recul et donc moins d'acuité.

A priori ça n'a l'air de rien, mais construire ce livre a certainement demandé un gros travail de documentation
mais aussi de structuration. Pour couronner le tout, ça ne manque pas d'humour.

C'est vraiment une réussite selon moi.
En à peine 150 pages l'auteur couvre le torrent du siècle passé et nous offre
un résumé des courants forts l'ayant agité.
Ce livre vous permettra d'y naviguer sans pour autant vous garantir que sa carte est claire,
mais entre-temps il vous aura instruit, fait réfléchir et amusé.
Balaise.

En bonus un petit extrait sur la révolution internet:

Citation :
[...] 180 pays avaient accès à l'Internet et pouvaient communiquer avec ceux qui partageaient des intérêts
semblables et entrer en contact avec l'association des mères suisses qui donnait des conseils sur la façon de communiquer avec les adolescents ou avec des citoyens qui communiquaient spirituellement avec les extra-terrestres et souhaitaient partager leur expérience avec d'autres citoyens ou encore avec les élèves de l'école élémentaire de Winnipeg qui avaient trouvé une belette morte pendant une excursion et avaient écrit une rédaction sur la vie des belettes.