Dis moi ce que tu lis.
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Nantho Valentine
a.k.a
Anonyme
Sous une forme qui a l'air largement autobiographique, l'auteur nous fait visiter Paris entre 1900 et 1947.
Cette visite de Paris lui sert aussi à faire une rétrospective de sa vie, plusieurs évènements historiques ou intimes étant attachés à la géographie de la capitale.
A travers la ville c'est donc au fond de lui qu'il se promène et qu'il nous promène, nous emmène.
Un Paris de petites gens, de prolétaires, de petits commerçants, d'appartement chers et insalubres (déjà),
de prostitués, de métiers oubliés.
Le personnage est vraiment attachant et on le doit certainement à son talent d'écrivain.
Il y a de très beaux passages et des formules poétiques éblouissantes.
Je me suis cependant ennuyé à la lecture de certaines évocations, celles d'un Paris oublié et définitivement
perdu, évocations qui ne parlent probablement qu'aux gens de sa génération si ils sont encore vivants.
Par certains aspects ce n'est pas très éloigné de "Banlieue sud-est" de René Fallet ou de "L'apprenti" de Raymond Guérin, avec ce côté initiatique
dans un cadre très parisien.
Mais c'est une teinte mélancolique qui domine le livre, sans humour mais sans tristesse ni pathos.
Juste un état des lieux personnel, affectif, d'un auteur d'une cinquantaine d'années toutes colorées
par sa vie dans les quartiers de Paris.
Touchant et bien écrit, je n'ai pas eu l'impression de perdre mon temps.
sonicsnap
Anonyme
La petite Lucie n'a que deux ans lorsqu'une nuit elle disparaît.
On la retrouve au bout de quelques heures, endormie et blottie dans le giron du loup en cage de ce cirque dont le père de Lucie est employé.
J'avais vraiment été séduit par Le Très-Bas du même auteur mais là c'est la catastrophe.
C'est bien écrit, pas de doutes là-dessus, mais le personnage est insupportable et ce que lui fait dire l'auteur (c'est à la première personne) n'arrange pas les choses.
On peut pardonner une candeur toute naturelle à l'enfant qu'est Lucie, mais en grandissant elle garde un logiciel de "gamine" qui peut certes séduire mais pour ce qui me concerne m'a juste donné envie
de la tarter.
Lucie c'est la vie de bohême rêvée pour une parties des lectrices "bobos" (parisiennes?) entre 18 et 35 ans de Télérama ou autres revues féminines (allez voir les critiques, je n'invente rien) où tout est beau et facile, ou rien n'est très important et qu'en cas de difficulté un éclat de rire règlera tout.
En réalité c'est un personnage d'une niaiserie confondante, hermétique à toute forme d'autorité cela va de soi, une rebelle qui se veut insouciante mais que je qualifierais de nombriliste.
Le tout est truffé de formules qui se veulent belles et profondes mais qui ne sont que des poncifs
lourdaux, de pseudo-philosophie de la vie et de sagesse lite, des clichés éhontés dont je me demande comment l'auteur a pu les coucher ainsi sur le papier sans se demander si ce n'est pas un peu bêbête.
Il me rétorquerait probablement que c'est le personnage qui est ainsi.
Mouais.
Je ne résiste pas à l'envie de vous proposer quelques citations question de vous faire une idée.
Éloge de la folie d'abord:
Ma mère est folle je crois. Je souhaite à tous les enfants du monde d’avoir des mères folles, ce sont les meilleures mères, les mieux accordées aux cœurs fauves des enfants.
Mais oui une maman folle c'est tellement génial
Je sais que j'ai moins peur des fous, je crois qu'ils sont bien moins dangereux.
Un petit tour dans un asile pour la demoiselle pour qu'elle commence par comprendre qu'il a différentes sortes de fous et non pas les fous
Niveau rebelle ça donne ça:
Je viens de comprendre que personne, jamais, ne me contraindra en rien. Personne. Jamais. En rien. L’internat, on verra bien. J’ai trouvé ma méthode. Elle est simple. Elle vaut pour l’internat comme elle vaudra plus tard pour un mariage, pour un métier, pour tout. Ma méthode, c’est : on verra bien.
Faut dire qu'elle tient de sa mère qui lui tient ce discours à la veille de son mariage:
Mais je suis heureuse que tu ne m'écoutes pas, ça me plaît comme ça, c'est bon signe, on t'a bien élevée, petite, on t'a appris à n'écouter que ton coeur et lui seul.
Sacro-sainte maman qui n'échappe pas aux clichés sexistes:
Le travail des mères, c'est de protéger les enfants de la noire humeur des pères. Et les pères? Leur travail est, je crois, de même nature: ils sont là pour garder les enfants de la trop vive folie des mères. Pour moi cela n'aura marché que d'un côté.
Ma mère aura toujours été ravie par le mouvement de ses enfants, qu'ils entrent, qu'ils sortent, qu'ils passent au tribunal ou à la mairie. Il est hors de question que qui que ce soit - fût-ce son mari - émette la moindre réserve sur notre conduite. Elle seule a le droit de nous critiquer. C'est son privilège de mère - et c'est sa grâce de ne jamais user de ce privilège.
J'ai peur de vieillir. Je me demande si les hommes connaissent cette peur-là.
Les hommes sont protégés de beaucoup de choses - par les femmes comme mères et ensuite comme épouses.
Dans le genre anti-conformiste pointue:
J'avais choisi une robe d'été bien qu'on fût en hiver.[...] Rien n'est plus triste de toujours s'habiller "comme il faut". Rien n'est plus désolant que ces gens qui ne disent et ne font jamais rien de "déplacé".
De toute façon, dans la vie faut pas s'en faire:
Je ne dis rien. Je n'ai rien à dire.[...]Je retrouve ma boussole, mon instinct, ma formule merveilleuse: on verra bien. Et voilà.
Le couple est une chose difficile - comme toutes les choses impossibles. Et puis, au fond, qu'importe ce qui devrait être: ce qui est suffit à ma joie. J'ai un secret: la vie m'aime bien. La vie vient toujours à ma rencontre quand je suis au bord de l'oublier. Pourquoi m'en faire?
Inspirée par la proximité d'un cimetière, voilà le discours qu'elle tient à son ex-mari:
Mais Roman, mon bon Roman, mon vieux Roman, quel rapport avec l'amour? On ne va pas rester avec quelqu'un sous prétexte qu'il est perdu sans vous - à moins qu'il s'agisse d'un enfant et qu'on en soit la mère*. je ne suis pas ta mère Roman et je ne veux plus être ton épouse.
Je suis heureuse de ce que nous avons vécu ensemble, même si j'ai un doute sur ce mot: ensemble. Je suis heureuse et je m'en vais. Regarde-les [elle lui montre les tombes] ils ont fini de chercher, eux. Ils ont trouvé. Moi je n'ai pas trouvé, Roman, et il n'y a rien ni personne dont je ne puisse me passer.
* parce que les pères c'est pas leur genre, on connaît heing...nan mais
Il y en a d'autres, des pelletées de bêtises affligeantes du même calibre.
A la fin je ne lisais plus que pour voir si il pouvait y avoir pire et je n'ai pas été déçu,
puisque notre bonne gamine plaque une carrière d'actrice en forte ascension pour libèrer de l'hospice une vieille dame atteinte d'Alzheimer avec pour but l'emmener où elle veut car je cite:
Tout est possible.
C'est un petit conte, une petite ode à la légèreté qui ne manque pas de lourdeurs.
Vu le bouquin j'allais pas me priver d'un jeu de mot aussi facile.
J'ai pas mal d'autres Bobin à lire. J'espère qu'ils ne ressembleront
pas trop à celui-ci. Remarquez ça a l'avantage d'être vite lu.
[ Dernière édition du message le 13/07/2015 à 20:21:16 ]
Anonyme
Anonyme
Mais pour faire plus direct, j'avais commencé ça il y a trois jours:
Ampoulé comme un sapin de Noël, j'ai arrêté au bout de 60 pages,
écoeuré par la sophistication stérile et froide du style.
[ Dernière édition du message le 13/07/2015 à 21:06:12 ]
a.k.a
Jackbrelle
Je redébarque, je prendrai le temps ultérieurement de revisiter les pages...
Je lis " Les Masques Du Temps " ( Robert Silverberg )...
Résumé: Deux chercheurs ( un vieux un jeune ) bossent sur respectivement la réversibilité du temps, et la libération de la force intra-atomique... le premier a réussi a envoyé deux trois particules vers le passé qui ont étés annihilées directos... L'autre a abandonné ses recherches, il a flippé à mort sur les conscéquences boulversifientes pour la société marchande de ses découvertes et s'est reclus avec son amoureuse à poil, où le vieux est bien venu aussi, c'est la grosse amitié mais sans partouze...
Tsaââm! http://laurent.tarrisse.perso.sfr.fr/test_gif/organiste.gif
Arrive un mec du futur/ou un charlatan hyper-doué... Y séduit tout le monde, son magnétisme fulgure, il se tape hommes/femmes comme je fume. Aussi il laisse sous-entendre cette libération intrachose et vient du Future...
Faussaire génial ou non est la question à traiter par le héros plus une équipe de rigolo-pénibles,cougardnymphe, gros lours..., Le type raconte ( au "je" ) avec l'ironie un peu anglaise... Drôle et socio-70's mais pas trop de stéréotypes, langage crédible ( manque " Putain chier! ça déchire comme c'est stylé! " Donc ça va )...
J'ai fait de l’insomnie hier juste pour lire la suite!
Après un échange d'idées, chacun peut repartir avec la sienne.
[ Dernière édition du message le 13/07/2015 à 21:10:32 ]
Anonyme
http://www.cybersfere.com/pict/cyber/ref/131837.jpg
Je les avais emmenés avec moi ce matin, question de savoir lequel j'allais lire.
Ce sont des livres assez courts.
Cependant, je n'ai pas été emballé au point d'aller au-delà de la page 30 ils vont donc tous finir chez des amis
ou en solderie.
Anonyme
Voici la première page du roman:
Je m'appelle Martin.
J'ai vingt-huit ans.
Un jour que je rentrais chez moi sans être attendu,
j'ai trouvé mon frère et ma fiancée couchés dans mon lit, endormis dans les bras l'un de l'autre.
Dans le moment, j'ai pu prendre sur moi et, sans éveiller personne, je suis sorti pour aller considérer la situation dans la rue.
Ayant descendu un étage, je me suis trouvé, sur le palier du cinquième, nez à nez avec Chazard, un locataire irascible qui se plaignait quotidiennement qu'on fît trop de bruit au dessus de sa tête.
Chazard m'a entrepris avec son habituelle véhémence et, me voyant qui filais sans vouloir l'entendre, il a tenté de me retenir par le flottant de mon veston.
Ç’a été le réveil de la bête.
Je suis revenu sur lui, je l'ai frappé à la mâchoire et, sur un dur coup de pied qu'il venait de me porter
au tibia, je l'ai fait basculer par-dessus la rampe dans la cage de l'escalier.
Il a poussé un hurlement que tous les locataires de l'immeuble ont dû entendre
et il est mort en arrivant au rez-de-chaussée, la tête éclatée sur les dalles.
En une seule page, avec sobriété, détails essentiels, concision redoutable, presque banale, dans un français simple mais maîtrisé et efficace, l'auteur propose un programme captivant, un univers entier.
La suite ne déçoit pas avec des personnages forts, divers, très réussis et très attachants.
Telle qu'elles sont décrites les femmes et les filles sont particulièrement charmantes et on rêverait de rencontrer
certaines d'entre elles.
C'est vous dire si leurs profils sont réussis.
Un brin d'intrigue, des réflexions sur l'amour qui valent ce qu'elles valent, un parfum de lutte des classes, de l'humour, des moments d'intimités tendres très touchants viennent servir de liant et donner aux personnages toutes
leurs mesures, y compris les plus humbles.
On navigue entre légèreté et gravité mais sans pathos pesant qui pourrait alourdir le porpos.
Le style est riche mais jamais ampoulé, un rien cinématographique tant sont bien rendus certaines scènes, dialogues, réactions, attitudes et même certains silences.
On rêve d'une adaptation cinéma "d'époque" avec entre autres, Jean-Pierre Léaud dans le rôle de Michel, le frère de Martin, Marlène Jaubert dans le rôle de Valérie, Bernadette Lafont jouerait Tatianna.
Il y a de multiples tiroirs qui s'ouvrent tout au long de l'histoire.
Certains le restent d'autres se referment.
L'inconnu est bien évidemment à double-sens.
Un roman distrayant, captivant, bourré de charme et émouvant.
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