Sujet Stress, pression, culpabilité, perdition : pas facile de faire avec... Et vous ?

Au passage WC, puisque tu es dans la gestion, je parlais avec une copine qui a eu son diplôme y'a quelques années, je sais pas exactement lequel (un BTS de gestion je pense) et qui pensait passer celui d'expert comptable.

Elle a un peu déchanté quand son mémoire a été refusé, à demi-mots elle me disait qu'elle s'était un faite saquer et j'ai l'impression qu'il y a pas mal de corporatisme dans cette profession. Tout ça pour dire qu'il vaut surement mieux tout passer dans la foulée...

Tout ce que je sais, c'est qu'elle bosse dans un cabinet depuis quelques années, elle les fait les comptes du libraire du coin quoi, mais c'était pas pour reprendre des cours, ptet en candidat  externe ? Après, elle est peut-être sortie du cursus scolaire et c'est tout simplement difficile de s'y remettre.

Trau: le fait d'être un peu spécialisé dans une niche (la BD dans ton cas) peut être une façon de se démarquer aussi, j'imagine ?

Citation :

 Je sais qu'à Colomiers, ville moyenne à côté de Toulouse, il y a une librairie qui est là depuis belle lurette, et ils me disaient que ce qui fait qu'ils sont encore en place, ce sont tous les Lycéens (moi le premier) que tous les profs ramenaient, et c'est vrai que c'était devenu automatique.

Les prescriptions (romans à lire en collège/lycée) sont importantes oui, mais il faut compter aussi sur les marchés publics (biblliothèques et écoles), qui peuvent représenter pour certains plus de 50% du CA. 

En gros y'a deux stratégies qui marchent à peu près. 

Soit t'es dans une grande ville et tu te spécialises avec une petite boutique (BD , sciences humaines, art etc...), soit t'es dans une petite/moyenne ville et tu fais généraliste et là il te faut du stock dans tous les secteurs. D'ou un gros stock qui coute bien cher.

Le stock c'est l'image de marque de la librairie. Quand un touriste vient dans ma boutique, si il connait un peu la BD ou la poésie, il voit tout de suite qu'on a des choses peu communes. C'est valorisant, ça démarque. Un généraliste qui n'a que les best sellers et la littérature classique est assimilé assez vite à une maison de la presse ou un France Loisirs. En tant qu'indépendant, on doit être visiblement différents des chaines. Et un gros stock, des étagères pleines de trucs inconnus, tu verras pas ça dans une FNAC ou un Virgin. C'est ce qui permet aussi de conseiller une lecture originale, qui fera que le client reviendra.

Le client qui vient ici demander conseil, il le fait pour avoir autre chose qu'un moteur de suggestions Amazon. C'est là dessus que se joue notre survie. 

Citation :

 Cette marge brute décidée par les annonceurs, ça bloquerait pas un peu tout ? (salaires, prix,...)

Ca découle de la loi Lang. Cette loi a permis de sauver le réseau des librairies indépendantes en limitant la concurrence prix des gros réseaux. Donc oui, le prix de vente est bloqué. Les salaires minimum par poste sont fixés par la convention collective. 

L'intérêt des diffuseurs et des distributeurs c'est aussi qu'on vende leurs livres. C'est un relation de symbiose. Plus ils sont présents dans des points de vente, plus ils vendent de livres. Ils n'ont aucun intérêt à étouffer les libraires. De notre coté, on a aussi intérêt à jouer le jeu (mise en place de nouveautés, opé commerciales, et vazy que je te prends un présentoir de 40 ex....) parce qu'un livre qui n'est pas en boutique a beaucoup moins de chances d'être vendu évidemment. 

C'est une relation d'intérêts communs. Et faut pas oublier qu'on est leurs clients aussi. Donc à part Hachette Groupe (premier éditeur français, deuxième mondial) avec qui faut plutôt faire carpette, sous peine d'avoir une remise merdique, voire de plus être fourni du tout, ça se passe entre gentlemen. Pour l'anecdote, si Hachette décide de ne plus servir un libraire, c'est en gros 40 % des nouveautés en littérature qui ne seront pas en boutique. Donc pour un généraliste, 6 mois de ce traitement et c'est la clé sous la porte. Pour un spécialiste, c'est différent.