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Sujet Alors, il faut voter OUI ou NON pour la Constitution Européenne ?

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Sujet de la discussion Alors, il faut voter OUI ou NON pour la Constitution Européenne ?
Je ne me suis pas encore fait une religion à ce propos. En plus, je ne l'ai même pas encore lue...




Et vous ?

Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique !  :-( :-)

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C'est normal que laguiller soit contre la taxe tobin.

cette taxe est un impot sur les transactions "capitalistes" visant à accorder une obole alimentaire à ceux qui meurent de fin.

militer pour son application revient à sanctifier (ou tout au moins admettre) les jeux capitalistes et boursiers dans notre choix de société.

ce qui est loin d'être sa vision politique de la société.

elle est donc cohérente.



ceci dit, qd on nous dit à la télé : "si le non passe il n'y a pas de renégociation, ni de plan B", je me demande pourquoi on m'a demandé mon avis, alors ?...
c'est "oui" ou "oui de force", le choix ?...
on se fout de moi ?...

ce genre de chose a le don de me mettre en colère...
et qd je suis en colère... je dis "non".
4132
Ce qui me fout sur le cul moi, c'est que (selon France2 au 20h) si les français votent "non" au traité de la constitution, on pourrait très bien avoir le même référendum dans quelques mois :?!:

Genre : "vous etes vraiment sûr que vous en voulez pas de cette constitution? allez, réfléchissez y un peu encore allez....."

Bonjour la démagocratie :non:

Bass Geek
p3x sur myspace
JE VENDS MON MATOS -> Check mes contributions !

4133

Citation :
ceci dit, qd on nous dit à la télé : "si le non passe il n'y a pas de renégociation, ni de plan B", je me demande pourquoi on m'a demandé mon avis, alors ?...
c'est "oui" ou "oui de force", le choix ?...
on se fout de moi ?...



T'as bien resume le probleme. On demande de voter a un truc que personne ne peut vraiment comprendre, voter non ne sert clairement a rien, voter oui revient a croire tout ce qu'on nous dit.

Alors faire voter ca en referendum a un moment ou dans l'histoire francaise, un gouvernement a jamais ete aussi peu populaire, faut pas s'etonner que ca deconne (j'ai du mal a comprendre nos hommes politiques des fois).

La taxe tobin, c'est du vent, y a qu'en france que ca fait debat, aux EU, en CHine, au Japon, en GB, ils s'en branlent. Et comme ca n'a de sens qu'au niveau mondial... Je comprends meme pas comment des gens osent pretendre que ca peut marcher, c'est de l'escroquerie.
4134

Citation : Ce qui me fout sur le cul moi, c'est que (selon France2 au 20h) si les français votent "non" au traité de la constitution, on pourrait très bien avoir le même référendum dans quelques mois



A mon humble avis, ils misent sur l'abstention, ceux qui sont d'accord avec le traité se déplacent volontier, les autres moins.

Un 3ème referendum dans 4mois ?
4135

Citation : La taxe tobin, c'est du vent, y a qu'en france que ca fait debat, aux EU, en CHine, au Japon, en GB, ils s'en branlent. Et comme ca n'a de sens qu'au niveau mondial... Je comprends meme pas comment des gens osent pretendre que ca peut marcher, c'est de l'escroquerie.





Citation : C'est normal que laguiller soit contre la taxe tobin.

cette taxe est un impot sur les transactions "capitalistes" visant à accorder une obole alimentaire à ceux qui meurent de fin.

militer pour son application revient à sanctifier (ou tout au moins admettre) les jeux capitalistes et boursiers dans notre choix de société.

ce qui est loin d'être sa vision politique de la société.

elle est donc cohérente.





Euh ... On doit pas vivre dans le même monde ...


Là j'ai un sacré coup dans le nez, alors j'éspère ne pas trop m'emporter ... Et sachant que je vais le faire de toutes façons, j'éspère que vous me pardonnerez ...


Oui, Laguiller, et son collègue Krivine disent non à la taxe Tobin ... Preuve qu'ils débarquent tous deux d'un Trotskisme Issu d'un autre sciècle, et totalement issu des réalités du monde dans lequel nous vivons :

la taxe Tobin, c'est reconnaitre non pas une légitimité au monde boursier, mais simplement que ce monde existe, et qu'il doit être pris en compte comme point de départ dans les luttes (ouvrières ou autres) à mener pour aller vers un monde plus équitable.

C'est une mesure proposée pour un mec prix nobel économie (si je ne m'abuse), qui propose non pas de se passer de la bourse et du système de spéculations, aujourd'hui trop fort pour être renversé du jour au lendemain, mais simplement pour lui ajouter une taxe sur les transactions, qui rétabliraient la balance entre la finance et les entrepreneurs ...



Une mesure qui n'a pas pour but de suprimer la spéculation, ais simplement de taxer tout retrait de capital d'une cause qu'on a soutenu ... Evitant aini le boursicottage "à la minute", et favorisant les investissements à plus long terme.

Pour aller encore plus loiin dans le sens qu'il c'est fixé, l'auteur propose de réinjecter les fonds génerés par cette taxe uniquement dans des causes sociales sous défendues aujourd'hui par manque de moyens. Education dans des pays n'en ayant pas les moyens concrets etc ...

Il est vrai que cette mesure est à la base prévue par l'auteur au niveau mondial.

Cependant, avec l'Europe, c'est posé pour la première fois le cas d'un cadre assez grand pour le mettre en pratique ... Et cette taxe a été discutée de façon très concrète.

C'est peut-être une utopie ... Mais c'est la seule solution proposée pour essayer de réguler les transactions boursières. Et un ensemble de pays aussi nombreux que l'Europe ne peut, au jour d'aujourd'hui, être boycotté à long terme par l'ensemble des acteurs de la finance dans le monde ... Le manque à gagner serait démesuré. Il apparait donc que pour la première fois, un groupe de nations a de manière quasi certaine la possibilité de mettre en place ce système, et ce de manière pérènne.

Alors effectivement, il y a fort à regretter que cette proposition soit absente de ce référundum.

Seulement, dire NON ne fera pas avancer d'un la TT, et cela ne constitue donc pas un argument en faveur du non. Car d'autres avancées seront en revanche anihilées.

Voilà, n'étant pas économiste, mais cepedant m'interressant de très près à l'économie, j'éspère ne pas avoir déformé de trop la réalité de la proposition de M. Tobin.


A +, Neya
myspace.com/lesymptome Qui joue du clavier ??
4136

Citation :
la taxe Tobin, c'est reconnaitre non pas une légitimité au monde boursier, mais simplement que ce monde existe, et qu'il doit être pris en compte comme point de départ dans les luttes (ouvrières ou autres) à mener pour aller vers un monde plus équitable.



Attend, la taxe tobin n'a rien a voir avec le combat ouvrier ou quoi que ce soit. C'est un outil financier.

Citation :
C'est une mesure proposée pour un mec prix nobel économie (si je ne m'abuse), qui propose non pas de se passer de la bourse et du système de spéculations, aujourd'hui trop fort pour être renversé du jour au lendemain, mais simplement pour lui ajouter une taxe sur les transactions, qui rétabliraient la balance entre la finance et les entrepreneurs ...



C'est plus complique que ca. Deja, faut replacer dans le contexte: annees 70, fin du systeme de Bretton woods mis en place en 44, lutte entre ce qui vont devenir les ultra liberaux (friedman, entre autre, autre prix Nobel, veritable icone du mouvement ultra liberal, au niveau economique ET ideologique; c'est dans les annees 70 que les ultra liberaux ont conquis tous les cercles de pensee influents aux EU, avec Nixon, puis reagan, puis bush pere et fils...).

Ensuite, la taxe tobin n'est certainement pas un premier pas pour la lutte ouvriere (ce mot n'a aucun sens dans la culture americaine), en tout cas n'a pas ete presente comme telle par Tobin. C'est effectivement concu pour reduire la volatilite a court terme (privilegier l'investissement a moyen terme, se focaliser sur la valeur moyenne plutot que sur les pics, etc....), et permettre une veritable politique macro economique et monetaire des etats.

Donc en soit, taxe tobin au sein de l'UE (enfin plus precismenent zone euro), ca sert quasiment a rien, puisqu'il ne peut y avoir de politique monetaire a une echelle plus petite (monnaire commune).

Si tu es interesse par la taxe tobin, je te deconseille fortement de voir du cote du diplo et d'ATTAC (surtout el cote voyant d'ATTAC, qui correspond justement pas mal a ceux qui ecrivent dans le diplo), et revient a la source ;) :

http://cowles.econ.yale.edu/faculty/tobin.htm

http://cowles.econ.yale.edu/news/tobin/jt_96_tobin-tax.pdf

Tobin a des textes relativement clairs (j'ai jamais fait d'etudes economiques perso, j'ai juste des notions d'econometrie, et encore, et je pense comprendre ce qui se trouve sur ce site).

Citation :
cette taxe est un impot sur les transactions "capitalistes" visant à accorder une obole alimentaire à ceux qui meurent de fin.



Non, c'est avant tout un outil de regulation financier. C'est attac qui met le doigt sur l'argent de la taxe, mais c'est pas du tout le fondement de la taxe tobin.

Pour citer tobin "raising revenue has never been my main motivation".
4137
Y-a un truc qui m'étonne chez nous, c'est que la Hollande s'apprête à voter non et pourtant il ne semble pas y-avoir de catastrophisme là-bas (genre la hollande va couler au large de la mer du nord). C'est-y bien qu'on nous prend pour des glands ici et qu'on nous refait le même coup à chaque fois ?
D'ailleurs, si la Hollande vote non, ils vont renégocier, plan B, autres.... ? :noidea:

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Passage en mode Multi

 

http://soundcloud.com/multiform_bdx

4138

Citation :
D'ailleurs, si la Hollande vote non, ils vont renégocier, plan B, autres.... ?



Pour maastricht et le danemark, ils ont ete mis a l'ecart, puis ont revote pour en gros le meme texte, et ont dit oui. Ca sera a priori pareil.

La hollande est un petit pays: en gros, son vote n'a que peu d'influence sur le processus. Si la france dit non (pays qui a ete quand meme un des pays a l'origine du projet de constitution), on peut pas faire comme si de rien n'etait.

La hollande vote non pour dire non a l'euro, d'apres ce que j'ai compris, ce qui n'est pas tout a fait le cas en France.
4139
Alors, j'ai retrouvé un truc hyper intéressant, un discour de Beregovoy à l'assemblée lors du débat sur le traité de Masstricht, ça vous rappelle rien ??? (pour ceux qui n'ont pas connu cette époque)
On peut maintenant juger sur pièce entre ce qui était dit à l'époque et ce qui a été réellement fait (j'ai l'impression que l'on nous fait le même coup), c'est dingue comme le discour politique en 13 ans n'a quasi pas changé (du coup le discour de Chirac hier ça fait un peu perroquet tout d'un coup). Il ne faut donc pas s'étonné que les gens ne croient plus les discours, c'est une réaction tout à fait normal finalement
Les thèmes d'europe plus sociale et respectueuse de l'environnement y sont abordés

http://www.beregovoy.org/Discours%20PB/sur_maastricht.htm

copier-coller de l'url ci-dessous

Citation :


Traité de Maastricht -- Mai 1992
Colloques Oeuvre législative Témoignages Discours Discours_PB Biographie Thèses

Adapter la Constitution à Maastricht, 1992

Introduction : Le 9 avril 1992, le Conseil constitutionnel, suite à une saisine du président de la République, avait considéré que trois séries de dispositions du traité, parce qu'elles touchaient à l’exercice de la souveraineté nationale, nécessitaient une modification de la Constitution. Etaient visés le droit de vote et d'éligibilité aux scrutins municipaux des ressortissants des autres Etats membres, l'indépendance de la future banque centrale européenne et l'irrévocabilité des taux de conversion des monnaies, et, enfin, l’abandon de la règle de l'unanimité pour les mesures ayant trait à l’entrée et à la circulation des ressortissants de pays tiers. Pour franchir cet obstacle, François Mitterrand choisit de réviser la Constitution par la voie parlementaire.

Pierre Bérégovoy, le 5 mai 1992, à l'Assemblée nationale, ouvrit donc le débat sur le projet de réforme constitutionnelle. Pour la première fois d'une tribune officielle, il se fit l'avocat de la totalité du traité de Maastricht et non plus, comme hier, de son volet économique et monétaire. Ferme et résolu à l'égard de ses adversaires déclarés, Pierre Bérégovoy, comme il s'y était engagé quinze jours auparavant[1], se montra ouvert à l'égard de l'opposition et prêt à tenir compte des propositions pertinentes des parlementaires, quelle que fût leur appartenance. Ce n'était pas là l’effet de la majorité relative dont il disposait au Palais Bourbon, mais la manifestation de son espoir et de sa volonté de parvenir à susciter un vaste mouvement de concorde nationale autour de l'Union européenne :

« Le débat auquel nous participons est un moment important de notre vie nationale.

Il s’agit de décider ensemble ce que sera l'Europe de demain. Il s’agit aussi du destin que nous allons offrir à cette vieille terre de France qui nous a été léguée par l’histoire et que nous laisserons en héritage au siècle qui vient.

Ce choix ne souffre pas les arrière pensées. Il doit venir du plus profond de la conscience.

Tous, nous aimons notre pays. Tous, nous lui souhaitons de développer le génie de son peuple dans la fidélité à ses meilleures traditions. Et si nous avons tous une certaine idée de la France, aucun d'entre nous n'est le dépositaire de la vérité patriotique, aucun n'est le propriétaire des couleurs de la République.

Traitons nos interlocuteurs avec le même respect que nous sommes en droit d'exiger d'eux : c'est la règle de conduite que je propose à chacun d'entre nous.

L'élargissement à l'Espagne et au Portugal, l'Acte unique et, maintenant l'Union européenne : telles sont les trois étapes principales d'un grand dessein européen dont personne ne contestera qu’il a été porté avec persévérance par le président de la République. Le projet de révision constitutionnelle est l'aboutissement de ce travail obstiné, méthodique et anticipant l'avenir.

Nous avons maintenant le temps d’un grand débat, et c'est heureux. Du traité de Rome à l'Acte unique, la construction européenne a réuni plusieurs présidents et beaucoup de gouvernements. A chacun des grands carrefours de cette histoire, la France a souvent discuté ; elle a parfois hésité et finalement elle a toujours choisi de poursuivre une œuvre qu’elle avait elle-même entreprise. Discutons donc, et voyons ceux qui, selon moi, risquent de sacrifier l’avenir au nom d'une conception frileuse de la Nation, et ceux qui entendent le préparer au nom d'un patriotisme audacieux.

Il s'exprime ici ou là une certaine appréhension de l'Europe, et disons même parfois une espèce d'europhobie.

Je souhaite, en quelques mots dissiper les malentendus et apaiser les inquiétudes. Mais je voudrais auparavant vous parler des espérances que fait naître l'Union européenne.

Espoir de paix d'abord.

J'appartiens à cette génération qui a vu l’Europe du feu et du sang, quand le nationalisme suscitait la guerre, quand la guerre attisait le nationalisme.

En une génération de réconciliation et de construction communautaire, des siècles de déchirements fratricides ont été effacés. Il était temps que l’Europe relève la tête, qu’elle écrive sur sa bannière, comme les rescapés du Chemin des Dames : « Plus jamais ça ».

Oui, je crois à l'Europe car je désire passionnément la paix. La paix du continent lui-même : paix franco-allemande, paix entre les Douze, paix également avec ce qu’on appelait « l’autre Europe» et qui viendra s’arrimer à la Communauté.

Paix et équilibre sur notre planète. Les États-Unis d’Amérique constituent aujourd’hui la première puissance mondiale. Ce sont nos alliés ; leur amitié nous est précieuse. Mais il n’est bon pour personne que le monde soit à la merci d’une seule grande puissance.

Au XXIe siècle, d’autres grands acteurs mondiaux verront le jour, en Asie ou en Amérique du Sud. Qui ne sent que l’Europe est pour la France le moyen de tenir son rang et un facteur d’équilibre dans le nouvel ordre international fondé sur le doit et la sécurité collective ?

Espoir de sécurité. Le trafic de drogue ou la grande criminalité ne connaissent pas de frontières. Il était grand temps de développer une coopération pour la justice et les affaires intérieures. C'est ainsi que l'Europe pourra être pleinement celle de la liberté d'aller et venir, de s'installer et travailler à l'intérieur de l'espace communautaire. Maastricht couronne Schengen : la coopération étroite aux frontières est la condition de la liberté intérieure[2]

Espoir d'une meilleure maîtrise de nos équilibres démographiques. Chacun de nos États connaît des problèmes d'immigration. La politique commune des visas permettra de les traiter plus efficacement.

Espoir d'une meilleure qualité de vie. L’environnement, qui devient l'une des attributions centrales du Parlement de Strasbourg[3], sera pris en compte dans toutes les politiques communes.

Espoir enfin, et je voudrais y insister, de progrès social en Europe et par l’Europe.

Là aussi, Maastricht est une nouvelle étape. La France agit en faveur d’un espace social européen non seulement pour éviter la concurrence déloyale mais aussi pour donner une vraie cohérence humaine à cette Communauté. Espace de protection : c’est la charte des droits sociaux et la possibilité de la concrétiser par des dispositions votées à la majorité qualifiée.

Espace de négociation entre les partenaires sociaux qui est maintenant garanti.

En un siècle, l'Europe a inventé, notamment contre la tentation du "laisser-faire, laisser aller", un modèle social avancé : importance de la négociation collective, haut niveau de protection. Ce modèle doit être garanti. Né dans une période de plein emploi, il doit être aussi enrichi.

Protection des salariés et insertion des exclus : en un mot cohésion sociale du tissu européen.

Bref, là où nous avons déjà atteint des résultats élevés, le traité protège nos acquis. Là où nous pouvons faire mieux ensemble, l'Europe avance.

L’Europe c'est le moyen que nous nous donnons pour maîtriser notre avenir dans le monde. Le maîtriser et non pas le refuser, comme le voudraient certains. Le maîtriser et non pas le subir, comme l'envisagent d'autres, qui s'en remettent trop souvent seules forces du marché.

J'ai bien écouté les adversaires de la ratification. Ils développent trois arguments principaux qui méritent une réponse[4].

D'abord, ils ne combattent pas frontalement l'idée européenne. Ils refusent l'Europe communautaire au nom d'une hypothétique Europe des Nations

Les plus entreprenants vont jusqu'à recommander une Europe confédérale qui s'opposerait à une Europe fédérale. Faux débat : nous n'en sommes pas à l'Europe fédérale. Mais nous allons plus loin qu'une Europe des Nations car nous acceptons de partager des compétences dans des domaines où l'on peut faire à douze ce que l'on ne réussit pas à faire tout seul.[5]

Europe technocratique, disent les mêmes. Il est vrai que la technique administrative complique parfois inutilement les textes qui résultent de l’application du traité de Rome ou de l’Acte unique. Il dépend des gouvernements, agissant sous le contrôle de leurs Parlements, que les corrections nécessaires soient apportées. Comme l’a fort justement dit M. Raymond Barre, la Commission de Bruxelles a un pouvoir de proposition et d’exécution. La décision, elle appartient au conseil des ministres de la Communauté, dans le cadre des orientations définies par le conseil européen, autrement dit les chefs d’État et de gouvernement. Quant au Parlement de Strasbourg, il partage avec le Conseil le pouvoir législatif.

Ira-t-on plus loin dans le futur ? Certains le souhaitent, d’autres le redoutent. L'histoire tranchera. Ce qu’il nous faut refuser en tout cas, c'est le retour en arrière. Dans un monde de plus en plus ouvert et interdépendant, qui pourrait accepter que l' Europe tombe en panne avant de se déchirer, qui oserait prendre le risque de voir l'Allemagne ou l'Angleterre ou tel ou tel ou tel autre pays s’isoler et déterminer sa politique en fonction de son seul intérêt national ?

Je le dis avec d'autant plus de vigueur qu'il me paraît utile d'agir vite. Je n'entends pas dramatiser les échéances. Mais l'histoire, ces dernier temps, accélère la cadence : le bloc soviétique s'est disloqué, l’Allemagne a retrouvé son unité, le monde a changé. Ce qui se passe malheureusement en Yougoslavie ou sur d'autres continents rappelle à ceux qui savent voir et entendre que le chemin est court entre l'espérance de la liberté et le réveil des égoïsmes ancestraux.

Pour l’heure, nos partenaires principaux n’en sont pas ébranlés. Ils tiennent le cap. Le chancelier Kohl disait en substance récemment : l’Allemagne unie fera encore plus pour l’Europe unie ; attitude responsable d’un Européen convaincu agissant dans la fidélité aux principes qui guidaient, dès 1948, le chancelier Adenauer, M. de Gasperi, Winston Churchill comme Robert Schuman et François Mitterrand.[6]

Les adversaires subtils de l’Union européenne disent en second lieu : la monnaie unique, c’est la fin des politiques économiques autonomes et le monétarisme obligé.

Croyez l'ancien ministre des Finances qui a, comme d'autres, quelque expérience en la matière. Notre politique monétaire n’est pas d'abord contrainte par l'Europe mais par une économie mondiale ouverte ; la monnaie unique, tout au contraire, c'est le moyen de faire face à cette contrainte. Elle est fondée sur la stabilité monétaire, c'est vrai. Mais qui n'en voit les avantages quand on compare ce qui s’est passé en Allemagne et chez ses voisins depuis la fin de la seconde guerre mondiale. La dévaluation – fût-elle compétitive – a toujours été la sanction de l’instabilité monétaire. C’est la monnaie faible et l’instabilité des déficits qui provoquent le ralentissement économique et non le contraire.

Si les taux d’intérêts sont élevés, ce n'est pas à cause de la stabilité monétaire mais en raison du manque d’épargne mondiale aggravé par les déficits américains. La toute puissance du dollar a permis à l’ économie américaine de faire payer aux autres son déficit. N’y a-t-il pas là un motif supplémentaire de créer une monnaie européenne qui puisse traiter d'égal à égal avec le dollar et le yen ? Ouvrons les yeux : l'Europe de l'Ouest a ses difficultés, mais les modèles si vantés autrefois qui vivaient en autarcie, où en sont-ils ? C’est parce que je suis socialiste que je me refuse à la facilité de l’inflation : un impôt sur les pauvres, une subvention pour les riches.

Et puis, la politique économique ne se réduit pas à la monnaie. Sous le bouclier d’une monnaie forte, il y a bien des choses à faire. C'est avec ces autres instruments que nous sommes parvenus, alors même que nos parités étaient pratiquement fixes, à réduire l’inflation, à améliorer notre compétitivité dans le domaine des prix, à gagner des parts de marché, à obtenir une croissance supérieure à la moyenne de celles de nos voisins.

L’Union économique et monétaire, c'est l'espoir d'une plus grande croissance. Jacques Delors l'a dit : elle nous permettra de créer plus d’emplois. Il a raison parce qu'une monnaie unique facilitera les voyages et les affaires en Europe : parce qu’une monnaie stable diminuera l’inflation et augmentera le pouvoir d'achat.

Troisième argument principal des adversaires du traité : la monnaie unique ce serait un pouvoir abandonné à une banque centrale toute puissante. Cet argument n’est pas exact. D'abord le directoire sera nommé par le Conseil européen et chaque État membre désignera son représentant au conseil d'administration. Mais je ne veux rien vous cacher. Si je me suis rallié à la proposition d’une banque centrale indépendante dont l’Allemagne faisait une condition sine qua non, c'est parce qu’il m'est apparu que cette banque centrale serait contrebalancée par une autorité économique forte et démocratique, qui déterminerait l’essentiel : les grandes orientations économiques et la politique monétaire extérieure, autrement dit, les taux de change.

Le traité crée une Europe politique, rend possible une Europe sociale, institue une "autorité économique" dans l'Union économique et monétaire, ouvre la voie d'une Europe industrielle, reconnaît une nouvelle citoyenneté communautaire.

À partir de ces bases, l'Europe sera demain ce que la France en fera avec ses partenaires. Craindre l'Europe au nom de la patrie, c'est faire bien peu de crédit à cette dernière. Notre pays n'est pas l'objet de l'histoire : il en est un acteur, il pèse sur les événements. Faire l'Europe, telle est notre ambition. Sans défaire la France, telle est notre volonté.

Le débat va s'ouvrir à l'Assemblée nationale puis au Sénat.

La volonté du président de la République et du gouvernement, c'est que naisse, sur ce projet, un grand mouvement de concorde nationale. Car, je le répète, tous les Français ont intérêt à l'Europe. Et quand je dis tous les Français, je pense aux Français de métropole. Je pense aussi aux Français des départements et territoires d'Outre-mer qui ont tant apporté au pays et qui lui apporteront encore : qu’ils sachent que l’Europe, ce sera pour eux la solidarité et le respect de leur spécificité.

Il ne peut être question de renégocier le traité. Il a fallu plus d’un an aux Douze pour arriver à un accord, et le Parlement a été régulièrement tenu informé des positions prises par la France. Le débat sur la monnaie unique, c’est maintenant qu’il a lieu, de façon irréversible comme l’a souhaité le chancelier Kohl lui-même et comme le prévoit le traité.

Bien entendu, le Parlement sera associé tout au long de la transition, ne serait-ce que pour adapter avant 1997 1e statut de la Banque de France. Mais, vis-à-vis des investisseurs, des marchés financiers, des opinions publiques, nous ne pouvons indéfiniment différer les choix : ce serait retarder d’autant les effets positifs de l’annonce de la monnaie unique.

Refuser l'éligibilité des citoyens européens, ce serait de même refuser le traité. Pourquoi ne pas se réjouir que les enfants des autres pays membres et les nôtres se sentent solidaires d’une même communauté, et citoyens d’une même Europe ?

Il y avait des réserves légitimes sur l’éligibilité : le texte constitutionnel qui vous est soumis les lève. Les élus communautaires ne pourront ni exercer les fonctions de maire et d’adjoint, ni participer à l’élection des sénateurs : la souveraineté nationale continuera d’appartenir aux citoyens français.

Il ne peut s’agir non plus de rendre le traité inopérant. On a parlé du Conseil constitutionnel comme juge de la subsidiarité. Les spécialistes s’accordent à penser que ce serait une monstruosité juridique. La subsidiarité, ou pour dire en français courant, le fait de traiter un niveau communautaire ce qui ne peut pas l’être au niveau des États est un grand progrès : ne le tuons pas par excès de zèle. Qui trop embrasse, mal étreint.

Sous ces réserves essentielles, le gouvernement sera à l'écoute des suggestions de notre Parlement, qui doit avoir dans la démocratie européenne toute sa place.

J'en vois, ici ou là, qui nous exhortent à ne prendre aucun risque. Ce sont souvent les mêmes, je le note au passage, qui nous accusent de manquer d'esprit de réforme. Je crois, pour ma part, que le pari européen est un pari gagnant. C'est un pari audacieux ? J’en conviens. Il faudra sans cesse veiller à ce que l'Europe soit telle que nous la souhaitons. Ne pas faire l'Europe serait une défaite, mais la construire est un combat. Oui, j’appelle les Français à l’audace, car elle seule nous ouvre le chemin de l’avenir.

Ce qui me fait mal parfois, c’est le procès en suspicion instruit contre le patriotisme des défenseurs de l’Union européenne. Comme beaucoup d’autres ici, j’ai été élevé dans l’amour de la France et j’ai vécu, adolescent, les affres de la débâcle de 1940. Je respecte les convictions des adversaires de l’Union. Je leur demande d’éviter le classement qu’ils nous suggèrent : d’un côté, les défenseurs de la patrie qui refusent Maastricht, de l’autre les fossoyeurs de la Nation qui plaident pour le traité. En vérité, comme toujours dans notre histoire, il y a deux formes de patriotisme.

Le premier a le regard tourné vers le passé. Oui, il fut un temps où le monde se résumait à l’Europe, et l’Europe à un champ de bataille dans lequel les États-nations jouaient leur survie : il était naturel alors de voir en tout voisin un rival, et en tout rival un ennemi. Oui, il fut un temps où les États-nations étaient traversés de conflits intérieurs : il était légitime alors qu’ils s’attachent à cimenter une langue, une culture, une identité encore incertaines. Mais ce temps-là n’est plus.

Le monde a changé de dimension : la solitude des nations n’est que le vertige de l’impuissance ; c’est dans la solidarité des ensembles que s’exprime l’autorité sur la scène internationale. L’histoire nous l’enseigne, la France, ce n’est pas seulement un sol. C’est aussi, c’est surtout, pour ceux qui y sont nés et pour ceux qui l’ont choisie, un esprit, capable de persister dans un espace plus vaste.

Notre patriotisme ne se réfugie pas dans le passé. Il voit plus loin. Ce n'est pas un patriotisme de position, mais un patriotisme de mouvement, non pas un patriotisme de repli, mais un patriotisme d'ouverture. J'allais dire : non pas un patriotisme nostalgique mais un patriotisme prophétique. Que devons-nous faire ? Susciter, nous aussi, un espace à la dimension du monde nouveau. Cet espace, c’est l’Union européenne. Le président de la République l'a dit : la France est notre patrie, l'Europe est son avenir. En ratifiant le traité de l'Union européenne nous ne serons pas seulement fidèles à notre passé, nous construirons le futur. Notre patriotisme n'est pas moins exigeant que d’autres ; je crois simplement qu’il est plus clairvoyant.

« Un jour viendra, disait Victor Hugo, où l’on verra ces deux groupes immenses, les États-Unis d’Amérique et les États-Unis d’Europe, placés en face l’un de l’autre, se tendant les mains par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies […].. Et ce jour-là, il ne faudra pas quatre cents ans pour l’amener [ …]. A l’époque où nous sommes, une année fait parfois l’ouvrage d’un siècle.[7]

Je suis persuadé qu’en 1992, la France ne manquera pas son rendez-vous avec l’Europe, son rendez-vous avec l’histoire[8].

[1] Le 22 avril 1992 , en réponse à une question du député communiste André Lajoinie, Pierre Bérégovoy avait déjà assuré, à l’Assemblée nationale, que « le gouvernement retiendrait » les suggestions utiles qui seraient faites par les parlementaires », tout en marquant que les accords de Maastricht étaient déjà le résultat de « concessions réciproques » et qu’il n’étaient pas renégociables.

[2] En juin 1985, la France, la RFA et les pays du Benelux avaient signé à Schengen un accord visant à supprimer tous les contrôles au frontières communes et, en parallèle, à renforcer leur coopération en matière de police. Une convention complémentaire de 142 articles, définissant les conditions d’application et les garanties de la libre circulation, avaient été signée par les cinq mêmes Etats en juin 1990. L’Italie, en 1990, et l’Espagne, le Portugal et la Grèce en 1991 adoptèrent à leur tour la Convention. Au même moment où Pierre Bérégovoy s’exprimait l’entrée en vigueur de ce texte était fixée au 1er janvier 1993. En fait, jusqu’au 26 mars 1995, elle fut plusieurs fois différée en raison de problèmes techniques – difficultés de mise en place du système informatique prévu – et de réticences politiques. Elle reste incomplètement appliquée par la France qui maintient ses contrôles aux frontières terrestres avec les pays du Benelux.

[3] La politique de l’environnement n’avait été incluse dans le traité de Rome qu’en 1986, par l’Acte unique européen. Le traité de Maastricht élargit les compétences du Parlement européen dans le domaine de l’environnement par le biais de la procédure de codécision qui permet au Parlement de rejeter ou d’amender une position commune du Conseil.

[4] Le mot « adversaire » fut peu apprécié par le député RPR Robert-André Vivien qui s’exclama « Pourquoi pas les ennemis pendant que vous y êtes ! ». Tout au long du discours, ce furent surtout les députés néo-gaullistes qui manifestèrent le plus leur énervement et leur désaccord : Pierre Mazeaud, Jean-Louis Debré, Jacques Toubon, Françoise de Panafieu, Franck Borotra, Bernard Pons cherchèrent souvent – dans la tradition du débat parlementaire, il est vrai – à perturber le Premier ministre dans sa progression. Les représentants de l’UDF et de l’Union du centre, dans leur ensemble beaucoup plus favorables à la construction européenne, se montèrent plus discrets.

[5] Pierre Bérégovoy fait ici allusion au principe de subsidiarité selon lequel, quand les objectifs d’une action envisagée « ne peuvent être réalisés de manière suffisante » par les États membres, ils peuvent, en raison même des effets ou des dimensions de ladite action, « être mieux réalisés au niveau communautaire ». L’orateur aborde explicitement ce thème un peu plus loin dans son discours, mais de façon très rapide : les adversaires du traité avaient fait du mot « subsidiarité » le symbole de la lointaine et technocratique administration de Bruxelles. Sur les différentes interprétations du principe de subsidiarité, soit en faveur des compétences communautaires, soit, au contraire, en faveur des Etats membres, voir Doutriaux Yves, op. cit. p. 1904-111.

[6] En évoquant la construction européenne, placer W. Churchill – grande figure de la seconde guerre mondiale et donc, bien sûr, à ce titre, l’un des sauveurs du Vieux Continent – au même rang que R. Schuman, K. Adenauer ou A. de Gasperi paraît légèrement simplificateur et exagéré. Certes, le dirigeant conservateur tint à la fin des années 40 et, de retour au pouvoir au début des années 50, un langage assez enthousiaste à l’égard de l’unité européenne. Mais son discours, souvent ambigu, était surtout destiné à gêner et contredire les travaillistes, à l’époque peu tournés vers l’Europe, et à s’attirer les faveurs des démocrates chrétiens continentaux au pouvoir. W. Churchill était, en fait, hostile à toute idée de fédération ou d’abandon de souveraineté nationale. Pierre Bérégovoy, en citant son nom, a sans doute voulu suggérer que l’Angleterre avait aussi eu son grand bâtisseur d’Europe…. Le député RPR R-A. Vivien sentit peut-être la faille – à moins qu’il ne voulut simplement railler le raccourci historique – en s’écriant « Et Charlemagne il n’a rien fait ? ». Sur Churchill et l’Europe, voir Gerbet Pierre, op. cit. p. 63.

[7] Victor Hugo a été l’un des premiers, au XIXè siècle, à imaginer les États-Unis d’Europe. Cette appellation lui servit de titre pour une revue qu’il patronna avec G. Garibaldi. Voir Rougemont Denis (de), Vingt huit siècles d’Europe. La conscience européenne à travers les textes, d’Hésiode à nos jours, Paris, Payot, 1961.

[8] Papiers de l’Association des anciens membres de cabinet de Pierre Bérégovoy.

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Faites des recherches sur les débats lors de masstricht, vous allez vous marrer

Citation : Pour le premier ministre, Alain Juppé, cible des balladuriens qui demandent à infléchir la politique économique, " stabilité monétaire égale stabilité économique, égale croissance et création d'emplois ". Pour Nicolas Sarkozy, " la monnaie unique est un moyen au service de l'emploi et non une fin au service d'une orthodoxie ".




Citation : Ces débats - quelle parité, euro des financiers ou euro des industriels - sont largement piégés. Ils traduisent une inquiétude devant l'hostilité croissante de l'opinion, qu'ils tentent de désamorcer en laissant entendre qu'il s'agit de discussions entre spécialistes dont les peuples auraient tort de se mêler.



Citation : Il redoute la surévaluation de l'euro par rapport au dollar et un pacte de stabilité qui serait un pacte de récession et appelle " un euro de croissance et non euro récessif ". Ne limitent-ils pas ainsi objectivement les possibilités de rassembler sur un projet de gauche ?



Citation : Pour Jacques Delors: " Il est possible d'allier la monnaie unique et l'emploi: cela implique une philosophie économique différente de celle qui consiste à se focaliser uniquement sur le budget et la monnaie alors qu'il y a aussi la politique fiscale, la politique des revenus, la politique active du marché du travail." Dans le débat interne, Henri Emmanuelli, la gauche socialiste (Dray, Melenchon, Lienemann) ont exprimé des critiques sur les critères de convergence. C'est après la mise en oeuvre de la monnaie unique qu'il faudra " réorienter les objectifs de l'Union européenne", dit Lionel Jospin, notamment pour l'application du vote à la majorité qualifiée et en matière de politique étrangère et de défense.




Citation : Après Dublin, les contradictions monétaires, économiques, non seulement restent entières, mais vont s'aiguiser. Dans le modèle ultralibéral, monnaie unique signifie aussi taux d'intérêts uniques, pacte de stabilité, liquidation des services publics, ainsi que d'autres choix stratégiques. Du 1er janvier 1999 au 1er juillet 2002, la coexistence de l'euro et des monnaies nationales aggravera une contradiction entre les exigences des marchés monétaires et les politiques nationales pour l'emploi. L'analyse des pays qui satisfont ou non aux critères aura lieu de janvier à avril 1998. C'est peu dire que le gouvernement issu des urnes aura une énorme responsabilité.

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