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Culture / Société
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Écologie, musique & digital - La musique sur le green à l'heure du numérique…

« Rien ne se perd, rien ne se gagne, tout se numérise ! » aurait pu dire Lavoisier à propos de la Révolution industrielle de l’informatique et des télécommunications apparue en fin de XXe siècle. La musique, comme tant d’autres secteurs, n’a évidemment pas échappé pas à cette transformation qui n’a rien d’anodin du point de vue de l’environnement.

Écologie, musique & digital : La musique sur le green à l'heure du numérique…
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le Pub sociétal : cddetruitsHisto­rique­ment, on pour­rait situer la grande entrée de la musique dans l’ère numé­rique à l’ap­pa­ri­tion du CD. Pour la première fois, il ne s’agit plus de graver les varia­tions analo­giques d’un signal sur un support comme on le fait depuis Edison, mais bel et bien de l’en­co­der en 0 et en 1 sur un support a priori plus solide et clonable : un bon point pour la dura­bi­li­té…

Sauf qu’en étant liée à l’in­for­ma­tique qui n’en finit plus de se réin­ven­ter, les supports et tech­no­lo­gies se démul­ti­plient. En vis-à-vis du CD audio de base appa­raissent vite le DAT, le Mini­Disc, le CD-R inscrip­tible, le CD-RW réins­crip­tible puis le Super Audio CD, le DVD Audio, chaque support géné­rant chaque fois la construc­tion d’une multi­tude de lecteurs, qu’il s’agisse de platines de salon, de racks plus pro ou encore de lecteurs nomades, pour le plus grand bonheur de l’in­dus­trie Hi-Fi qui n’en finit plus, grâce à cette obso­les­cence effré­née, de vendre, revendre et re-revendre la promesse d’un meilleur son… Dès lors, on se ques­tionne déjà sur l’im­pact envi­ron­ne­men­tal du numé­rique, notam­ment sur son apti­tude à produire des déchets, mais on est loin d’avoir conscience de ce qui se prépa­re…

1000-chansons-dans-votre-pocheRévo­lu­tion dans la révo­lu­tion, le format MP3 va boule­ver­ser la donne : en permet­tant de compres­ser les données audio pour obte­nir des fichiers dont la taille est dix à vingt fois infé­rieure à leur taille initiale, ce dernier permet à la musique de rentrer dans l’ère de la déma­té­ria­li­sa­tion et des réseaux. La chose notable, c’est que pour la première fois depuis l’in­ven­tion de l’en­re­gis­tre­ment, le nouveau support de masse propose un moins bon son que le précé­dent.

L’ar­gu­ment n’est alors plus quali­ta­tif, il est quan­ti­ta­tif : « 1000 chan­sons dans votre poche » nous dit Apple à propos de son iPod, souli­gnant que l’im­por­tant n’est plus forcé­ment d’écou­ter la musique dans les meilleures condi­tions possibles, mais de pouvoir l’écou­ter partout. La musique devient alors un chiffre et presque un concours de celui qui a la plus longue (play­list) : on est là pour possé­der et pour se gaver…

À la mangeoire, l’in­dus­trie du disque produit toujours plus en explo­rant le concept de longue traîne, tandis qu’avec le back cata­log, elle fait du repa­cka­ging à l’en­vie pour vendre deux, trois, quatre, cinq fois le même album au public : en vinyle, puis en cassette, puis en CD, puis en CD remas­te­risé, puis en MP3 et en sonne­rie de télé­phone (et puis bien­tôt de nouveau en vinyle ou en cassette, au nom de la nostal­gie, en loss­less, 24/96 ou Dolby Atmos au nom de la redé­cou­verte du concept de qualité)… À cette époque émergent aussi les premiers pure players permet­tant aux artistes de se distri­buer eux-mêmes : MP3.com vite supplanté par MySpace qui préfi­gure Face­book, puis Sound­cloud, Band­camp, etc.

la géné­ra­tion Z ne valo­rise plus désor­mais l’ac­qui­si­tion d’un produit imma­té­riel

le Pub sociétal : StreamingServicesLe busi­ness s’en porte­rait bien si ce n’est qu’en conjonc­tion avec Inter­net, le MP3 expose vite l’in­dus­trie à un fâcheux retour de mani­velle au début des années 2000 : via des sites ou des plate­formes décen­tra­li­sées comme Naps­ter ou eMule, les gens préfèrent télé­char­ger de la musique plutôt que de l’ache­ter.  En dépit d’ef­forts répres­sifs pour endi­guer ce phéno­mène de masse, il faut toute­fois se rendre à l’évi­dence : le vieux busi­ness model a vécu et, sans doute parce qu’on la pousse à ache­ter des couteux smart­phones et des casques tout aussi coûteux, sans doute parce qu’on lui a vendu de l’art comme on vend des yaourts, la géné­ra­tion Z ne valo­rise plus désor­mais l’ac­qui­si­tion d’un produit imma­té­riel. Pour conci­lier loi, busi­ness et clien­tèle, Il faut donc passer d’une écono­mie de bien à une écono­mie de service en explo­rant la piste de l’abon­ne­ment aux plate­formes de strea­ming… C’est à ce moment-là que se déve­loppent les Spotify, Deezer, Tidal tandis qu’Ama­zon, Google et Apple trans­forment peu à peu leur offre de vente en offre d’abon­ne­ments.

Deux choses se produisent alors. On se rend compte en premier lieu que la musique enre­gis­trée n’est plus du tout rentable pour les artistes, pous­sant ces derniers vers le live pour gagner leur vie, avec les consé­quences envi­ron­ne­men­tales que l’on sait sur la suren­chère qui en a suivi… L’autre chose, c’est que la musique devient plus imma­té­rielle encore : elle n’a même plus besoin d’un bala­deur numé­rique équipé d’un disque dur, tout passe désor­mais par l’in­con­tour­nable smart­phone qui, via une connexion 3G ou 4G, télé­charge en perma­nence ce que l’au­di­teur veut entendre depuis des serveurs où sont stockés les morceaux.

Pour décrire ce dispo­si­tif d’ac­cès perma­nent à des fichiers distants, on parle alors poétique­ment de stockage dans le Cloud. Un nuage qui n’a pour­tant rien, mais alors rien, d’une gentille boule de vapeur blanche dans un ciel azuré…

L’in­sou­te­nable légè­reté du Cloud

Bien plus que les services de stockage de fichiers en ligne avec lesquels il est né (le Cloud Storage), le Cloud (Compu­ting), c’est cette abstrac­tion tech­nique sur laquelle tout l’In­ter­net moderne et ses services reposent : votre Gmail, votre Spotify, votre Drop­box, votre Insta­gram, etc. L’idée, c’est de soli­da­ri­ser des millions d’or­di­na­teurs qu’on appelle des serveurs pour mutua­li­ser la puis­sance de calcul et stocker des données acces­sibles à tous moments en tous points du réseau mondial. En théo­rie, l’es­pace comme la puis­sance sont infi­nis, car dès qu’on se sent limité, il s’agit de rajou­ter de nouveaux serveurs et de nouveaux disques durs, chose complè­te­ment trans­pa­rente pour l’uti­li­sa­teur qui lui, ne paye qu’un abon­ne­ment à un service (voire ne payer rien du tout) sans s’oc­cu­per de la tech­no­lo­gie qu’il y a derrière.

le Pub sociétal : cloud-shémaDès lors, on permet aux gens de créer et archi­ver toujours plus de données, sans vrai­ment d’autres limites que le prix déri­soire de l’abon­ne­ment, quand il est payant et pas financé par la pub ou la vente de données person­nel­les… Et nos smart­phones comme les applis sont conçus pour cela : faire toujours plus de photos, de vidéos, d’en­re­gis­tre­ment dans des réso­lu­tions toujours plus hautes pour des fichiers toujours plus volu­mi­neux, sans se soucier de trier les 17 photos floues qu’on a prises avant la 18e correcte, sans se soucier de savoir si notre story machin ou notre selfie bidule inté­resse quiconque en dehors de nous, sans se soucier de ce qui se passe derrière.

Que se passe-t-il d’ailleurs derrière ? Quand un service de mise en ligne vous propose par exemple de mettre votre titre sur plus de 150 plate­formes de strea­ming et de télé­char­ge­ment, cela implique que votre fichier sera dupliqué 150 fois… au mini­mum ! Suivant les services, ce dernier pourra être stocké dans diffé­rentes quali­tés d’en­co­dage en plus de l’ori­gi­nal conservé, et plus encore si l’on consi­dère que chaque plate­forme dispose d’un système de backup pour pouvoir restau­rer les données en cas de problème tech­nique. ou qu’on va faire des serveurs miroirs pour que les données soient plus rapi­de­ment acces­sibles en tout point du globe. Résul­tat : un seul fichier va en géné­rer des centaines, voire des milliers, avec tout ce que cela implique en besoin de stockage, en besoin de serveurs donc…

La nature voudrait qu’on ralen­tisse le rythme ? En guise de réponse, nous sautons à pieds joints sur l’ac­cé­lé­ra­teur !

le Pub sociétal : cloudserverOr, même si ces derniers sont déro­bés au regard du grand public, ils n’en sont pas moins des ordi­na­teurs bien réels avec une empreinte envi­ron­ne­men­tale colos­sale que ce soit sur le plan de la consom­ma­tion d’éner­gie, des ressources maté­rielle et de l’eau potable, ou sur le plan de la dégra­da­tion de l’en­vi­ron­ne­ment…

Car des serveurs à l’heure du « digi­tal », on en fabrique toujours plus, sur un rythme de crois­sance expo­nen­tiel : en France, on esti­mait que, pour un million d’ha­bi­tants, leur nombre était de 278 en 2010, pour passer à 1897 en 2015, soit presque sept fois plus en 5 ans, et 20 415 en 2018, soit près de 11 fois plus en trois ans ! Et dites-vous bien que la France ne tient que le 23e rang mondial dans le domaine si l’on en croit le clas­se­ment réalisé par Atla­so­cio.com d’après des données issues de Netcraft et de la Banque mondiale. Sans parler des para­dis fiscaux comme les Îles Vierges britan­niques ou les Seychelles qui cara­colent en tête du clas­se­ment parce que la vertu de la finance mondiale s’ac­com­mode de la souplesse de leur loi, songez que le Dane­mark est passé de 1588 serveurs par millions d’ha­bi­tants en 2010 à 6005 en 2015 (trois fois plus en cinq ans donc) à… 264 257 en 2018 ! Soit quarante-quatre fois plus en trois ans ! Plus d’un serveur pour 4 danois !

Or, toutes les tech­no­lo­gies numé­riques suivent cette crois­sance effré­née, que l’on se tourne vers le volume des données, la fabri­ca­tion de termi­naux (smart­phones, ordi­na­teurs, tablettes) ou encore l’in­fra­struc­ture des réseaux (déploie­ment de la 5G, etc.). La nature voudrait qu’on ralen­tisse le rythme ? En guise de réponse, nous sautons à pieds joints sur l’ac­cé­lé­ra­teur !

L’éco­lo­gie face aux saute­relles du numé­rique

Rame­nons tout cela à des préoc­cu­pa­tion écolo­giques en nous inté­res­sant en premier lieu aux émis­sions de gaz à effet de serre… En 2018, le Shift Project estime que le numé­rique émet 4 % des gaz à effet de serre du monde, soit déjà deux fois plus que le secteur du trans­port aérien, mais qu’avec sa rapide crois­sance, il pour­rait atteindre 8% en 2025 si aucune poli­tique de sobriété n’est mise en place… Or, c’est effec­ti­ve­ment le cas : rien n’est fait pour frei­ner la chose, au contrai­re… Le déploie­ment massif de la 5G qui, en dépit d’usage très parti­cu­liers, n’ap­porte rien aux popu­la­tions entrai­ne­rait par exemple une augmen­ta­tion de 18 à 45% de l’em­preinte carbone du secteur numé­rique en France d’ici 2030, selon le Haut Conseil pour le climat

L’Ademe et l’Arcep viennent en outre de remettre un rapport acca­blant et qui précise que les émis­sions pour­raient tripler d’ici 2050 si nous conti­nuons sur les « efforts » consen­tis pour l’heure pour réduire les émis­sions du secteur numé­rique.

typeEMGSComment s’or­ga­nisent ces émis­sions ? La répar­ti­tion en consom­ma­tion éner­gé­tique est éclai­rante là-dessus : 45% vient de la produc­tion du maté­riel numé­rique, quand les 55% qui restent sont attri­bués à l’usage qui en est fait, les réseaux étant au coeur du problème, à commen­cer par Inter­net…

Et puisqu’on parle d’In­ter­net, regar­dons juste­ment quels sont les usages qui génèrent le plus de trafic :

le Pub sociétal : la-rem-trafic-internet

Notez que la faible consom­ma­tion du Cloud s’ex­plique par le fait qu’on ne consi­dère ici que les services de stockage dans le Cloud (Drop­box, Box.net, etc.) tandis que l’ar­chi­tec­ture Cloud se cache bien derrière la plupart de toutes les cases. Notez aussi la faible place que tient la messa­ge­rie et compre­nez que lorsqu’on vous dit de vider votre boîte mail pour réduire votre empreinte carbone, ce n’est certes pas inutile, mais certai­ne­ment moins impac­tant que de chan­ger la réso­lu­tion dans laquelle vous regar­dez vos vidéos sur Youtube ou Netflix ou de réduire votre consom­ma­tion de ces dernières au profit de la lecture ou de la radio…

Quand la musique se regar­de…

le Pub sociétal : spotify-wausOn peut être étonné du peu de trafic généré par le strea­ming audio sur ces chiffres de 2019, même si cela n’est pas très indi­ca­tif du traf­fic réel généré par la musique. En effet, son impact sur le partage de fichiers, sa promo­tion sur les réseaux sociaux sont aussi à prendre en comp­te… tout comme sa part dans le strea­ming video. Car si Spotify demeure à l’heure actuelle le leader des plate­formes spécia­li­sée dans le pur strea­ming musi­cal, devant Youtube Music, c’est bien le Youtube géné­ra­liste qui est le plus utilisé pour écou­ter de la musique, que ce soit en regar­dant ou non la vidéo, pour une empreinte carbone nette­ment plus élevée… Les vidéos les plus vues sur Youtube, ce sont bien en effet des vidéos de musique, qu’ils s’agisse de clips origi­naux, de covers ou encore d’al­bums mis là à dispo­si­tion avec une image fixe…

La vidéo devient alors ce robi­net qui coule sans discon­ti­nuer, sans souci de ce que cela coûte en éner­gie et en ressources derriè­re…

Dès lors, il faut bien comprendre que lorsqu’on encou­rage le recours à la vidéo 4K voire 8K, on incite à multi­plier par 4 ou 8 les besoins de bande passante, de stockage, et donc de serveurs et d’éner­gie, avec tout ce que cela implique pour l’en­vi­ron­ne­ment. Et on comprend encore moins le sens de ce progrès quand on sait que la 4K n’est perti­nente qu’à partir d’un écran d’1,20 m de diago­nale, et que selon une enquête menée en juillet 2022 par Hoot­suite et We Are Social, 59,7 % du trafic Inter­net mondial se fait depuis un mobile dont l’écran ne mesure que quelques centi­mètres. Idio­cracy? Yes it is!

le Pub sociétal : 2021 socialmedia carbonfootprint greenspectorMais il y a pire absur­dité encore lorsqu’on consi­dère que jusqu’alors Youtube deman­dait à son utili­sa­teur de pres­ser le bouton Play d’une vidéo pour en strea­mer le contenu, ce qui n’est pas le cas des nouvelles plate­formes de vidéo. Le prin­cipe de Tik Tok, réseau social qui enchaîne les vidéos auto­ma­tique­ment, singé en réac­tion par les Youtube Shorts et les Insta­gram Reels tour­nant en boucle, est une réelle aber­ra­tion écolo­gique, sans parler des problèmes poli­tiques, sani­taires et sociaux qui font débat actuel­le­ment. La vidéo devient alors ce robi­net qui coule sans discon­ti­nuer, sans souci de ce que cela coûte en éner­gie et en ressources derriè­re…

Tik Tok est d’au­tant plus néfaste qu’il n’uti­lise que des serveurs tour­nant à l’éner­gie fossile, ce qui en fait le service ayant la pire empreinte en termes d’émis­sions de gaz à effet de serre. Pour­tant, ça n’em­pêche pas l’in­dus­trie de disque de le consi­dé­rer comme la plate­forme d’ave­nir sur laquelle il faut miser, obli­geant les artistes à produire des conte­nus pour cette derniè­re…

C’était mieux avant ?

le Pub sociétal : streamingvscdvsvinyleVous l’au­rez compris : le bilan du numé­rique déma­té­ria­lisé n’est pas rose. Mais est-il pour autant pire que celui des bons vieux CD en plas­tique ou du vinyle, composé à 43% de PVC, soit l’une des substances les plus toxiques pour notre planète selon Green­peace ? Hé bien, tout dépend de l’usa­ge… A priori, un CD comme un vinyle ont un bilan carbone bien pire que celui du strea­ming audio (audio non vidéo, je précise), mais tout dépend du nombre de fois que vous allez écou­ter le titre ou le disque, comme on le comprend sur ce graphique. Passé cinq heures, le strea­ming devient pire comme on le voit sur le graphique ci-dessous…

on voit mal ce que la 5G appor­tera aux utili­sa­teurs : Face­time en 8K en pleine forêt sur un écran de 5 pouces ? Allez savoir !

D’au­tant qu’il y a strea­ming et strea­ming. Strea­mer en 4G émet­trait trois fois plus de gaz à effets de serre qu’en passant par du réseau filaire (ou du wi-fi connecté au filaire) selon l’APCC (Asso­cia­tion des Profes­sion­nels en Conseil Carbone).

Et la 5G deman­de­rez-vous ? Le déploie­ment de cette dernière étant en cours, il est encore dur de se pronon­cer avec exac­ti­tude. Elle consom­me­rait a priori, au terme de son déploie­ment, moins d’éner­gie que la 4G, mais entre l’ef­fet rebond (voir enca­dré ci-contre) et le fait de devoir renou­ve­ler les infra­struc­tures comme le parc de télé­phones, il y a tout à craindre de cette nouveauté dont on voit mal par ailleurs ce qu’elle appor­tera aux utili­sa­teurs : Face­time en 8K en pleine forêt sur un écran de 5 pouces Super Retina HD Plus plus ? Allez savoir ! On appré­ciera en tout cas qu’au­cune étude envi­ron­ne­men­tale sérieuse n’ait été réali­sée avant même que son adop­tion soit déci­dée par l’État, comme s’en est étonné le Haut Conseil pour le climat, saisi après coup par le Sénat pour se rensei­gner sur cette vague histoire d’émis­sions carbo­ne…

Notez à ce propos que, comme souvent en ce moment, tout semble tour­ner autour des émis­sions de gaz à effet de serre, un fléau contre lequel les géants du numé­rique se font un devoir de coura­geu­se­ment lutter, tout en annonçant les uns après les autres un plan zéro carbo­ne… Vous le sentez venir le green­wa­shing ? Le voilà !

G comme GAFAM et Green­wa­shing

Pour atteindre le zéro carbone évoqué par les uns comme les autres, l’idée est de ne plus utili­ser que des éner­gies bas carbone (éolien, solaire, nucléaire) et d’ache­ter des crédits carbone à des entre­prises spécia­li­sées dans ce nouvel or vert. Crédit carbone ? C’est un concept qui a émergé à l’époque du proto­cole de Kyoto : comme les arbres peuvent stocker du carbone, il suffit de plan­ter autant d’arbres qu’on estime avoir d’émis­sions à stocker et on se retrouve avec un beau permis de polluer.

Hélas, cette logique rela­ti­ve­ment aber­rante se heurte à la réalité : non seule­ment les arbres ne poussent pas forcé­ment comme on le voudrait car les mystères de la vie sont impé­né­trables, non seule­ment il leur faut atteindre l’âge adulte pour pouvoir stocker le carbone prévu, non seule­ment il faut être sûr que le pays dans lequel on plante ne les abattent pas (pays auxquels nous deman­dons par ailleurs de nous four­nir en bois de chauffe ou de construc­tion), mais il se trouve en outre que ces projets sont souvent faits sans trop de contrôles ni trop de sérieux comme le révèlent plusieurs enquêtes sur le terrain. Cette solu­tion simpliste, encou­ra­gée naïve­ment aux plus hauts sommets de l’État, est en outre complè­te­ment aber­rante aux yeux des spécia­listes de la forêt : une plan­ta­tion d’arbres n’a jamais fait une forêt…

le Pub sociétal : bezosEn vis-à-vis de cela, on appré­ciera en outre l’am­bi­va­lence d’un Jeff Bezos. D’un côté, Amazon s’en­gage dans le Zéro Carbone pour 2040 et crée un fond de 10 milliards de dollars pour préser­ver l’en­vi­ron­ne­ment… De l’autre, le 20 juillet 2021, le PDG s’élève dans l’es­pace avec trois invi­tés. Ce faisant, ils ont émis chacun, en 10 minutes, 75 tonnes de CO2, soit plus que n’en émettent en toute une vie le milliard d’hu­mains les plus pauvres de la planète. Amazon a par ailleurs augmenté de 30% son recours à l’avion en un an aux USA, et détruit des milliers d’ar­ticles inven­dus chaque semai­ne… Voilà, voilà…

À l’image d’Ama­zon, il y a toute­fois plus embê­tant lorsqu’on se rappelle que le bilan carbone n’est certai­ne­ment qu’un des aspects de l’em­preinte envi­ron­ne­men­ta­le… 

Le bilan au-delà du carbo­ne…

Il convien­drait en effet de ne pas l’ou­blier : le réchauf­fe­ment clima­tique n’est pas le seul problème écolo­gique auquel nous ayons à faire face. Pollu­tion des sols, des mers et de l’air, défo­res­ta­tion, épui­se­ment des ressources et des réserves en eau potable : les tech­no­lo­gies numé­riques pèsent égale­ment lourd dans ce domaine qui n’est curieu­se­ment jamais évoqué par le green­wa­shing zélé des géants du secteur. 

Chez Google, Amazon, Apple, Meta ou Micro­soft pour ne citer qu’eux, on nous vend de l’éner­gie verte par ci, de la neutra­lité carbone par là, en montrant tous les efforts déployés pour faire de notre monde un monde meilleur, mais on ne s’em­bar­rasse pas trop du reste de l’em­preinte envi­ron­ne­men­ta­le… C’est ainsi qu’en août dernier, on décou­vrait dans une Hollande en pleine pénu­rie d’eau que Micro­soft consom­mait quatre fois plus d’eau potable que prévu pour refroi­dir ses data­cen­ters, comme l’avaient craint les fermiers oppo­sés à son instal­la­tion…

la notion de Green Server est parfai­te­ment illu­soire, car il n’existe pas de moyen de fabriquer un objet élec­tro­nique sans grand dommage pour la nature

En outre, derrière le mot serveur, ce sont des tril­lions de compo­sants qui se cachent, lesquels sont construits à partir de terres rares et précieuses dont la quan­tité est non seule­ment limi­tée sur la Terre, mais dont l’ex­trac­tion est un désastre envi­ron­ne­men­tal qui réclame énor­mé­ment d’éner­gie et d’eau potable, une éner­gie qui, dans l’écra­sante majo­rité des cas, n’est abso­lu­ment pas propre du point de vue des émis­sions de gaz à effet de serre… Vous le compren­drez : si elle reflète un effort réalisé sur la consom­ma­tion éner­gé­tique finale, la notion de Green Server est parfai­te­ment illu­soire, car il n’existe pas de moyen de fabriquer un objet élec­tro­nique sans grand dommage pour la nature. Voyez à ce titre les prévi­sions de l’Ademe et l’Arcep pour le numé­rique français, qui n’in­cluent pas la consom­ma­tion d’eau potable :

ademeacerp

Mais qui ne font pas état non plus des déchets, de la pollu­tion de l’air, de l’eau ou des sols, de l’im­pact que cela aura sur la biodi­ver­sité et la défo­res­ta­tion… On estime en effet la durée de vie d’un serveur entre 7 et 10 ans, sachant que les plus zélées des entre­prises high tech auront à cœur de renou­ve­ler leur parc plus fréquem­ment pour béné­fi­cier de perfor­mances toujours meilleures. Que fait-on des anciens serveurs ? On les recycle, nous dit-on… Sauf qu’on arrive là à un autre grand tour de passe-passe du numé­rique : le fameux recy­cla­ge…

Recy­cler, c’est gagner ?

Quand on les place face aux limites des ressources terrestres et aux problèmes de pollu­tion, la plupart des indus­triels ont une réponse simple : il suffit de recy­cler ! On nous fait alors de jolies présen­ta­tions idéa­li­sant le prin­cipe d’éco­no­mie circu­laire : regar­dez cette bouteille d’eau, nous dit-on, on va la trans­for­mer en pull polaire qui vous tient bien chaud ! Sauf qu’on oublie de préci­ser là-dedans :

  • Que la collecte comme la trans­for­ma­tion des 27 bouteilles néces­saires pour faire un pull est coûteuse en éner­gie et trans­ports comme en ressources minières, en eau potable et s’avère polluante
  • Que la fabri­ca­tion du pull est coûteuse en éner­gie et trans­ports comme en ressources minières et s’avère polluante
  • Que les micro­fibres de la veste polaire vont intro­duire du plas­tique dans l’eau potable à chaque lavage en machine : « Plus d’un tiers des parti­cules de micro­plas­tique présentes dans les mers proviennent de textiles synthé­tiques. » Source: Boucher, J. and Friot D. (2017)
  • Qu’à plus forte raison dans un contexte de réchauf­fe­ment clima­tique, nous n’avons pas besoin de vestes polaires, fussent-elles jolies et pas chères !
seuls 9 des 40 métaux qui composent un smart­phone peuvent être recy­clés à plus de 50%

Si j’ajoute qu’à la base, l’eau en bouteille aurait un impact envi­ron­ne­men­tal 3500 fois supé­rieur à l’eau du robi­net selon une étude du Barce­lona Insti­tute for Global Health, si je vous dis qu’un litre d’eau miné­rale consomme trois litres d’eau potable,
vous compren­drez que nous sommes loin de pouvoir parler d’éco­no­mie circu­lai­re…

le Pub sociétal : GP01QL2-780x520Reve­nons toute­fois aux hautes tech­no­lo­gies qui nous concernent comme à leurs fabri­cants qui se reposent sur le recy­clage pour fabriquer toujours plus et préci­sons qu’il y a quan­tité de choses qu’on ne sait pas recy­cler : seuls 9 des 40 métaux qui composent un smart­phone peuvent par exemple être recy­clés à plus de 50%… Sachant que ce recy­clage, vous l’au­rez compris, se fait au prix d’une débauche d’éner­gie et de consom­ma­tion de ressources natu­relles, mais aussi de pollu­tion… Et que fait-on de ce qu’on ne peut pas recy­cler ? On l’en­voie dans des décharges à ciel ouvert dans le Tiers Monde, plus ou moins léga­le­ment… La photo ci-contre, c’est un peu la porte qu’on n’ouvre pas et qui se trouve au bout du couloir, dans chaque entre­prise de la Sili­con Valley…

Vous l’au­rez compris : le seul objet qui n’ait pas de mauvais impact sur l’en­vi­ron­ne­ment, c’est l’objet qui n’existe pas. Et lorsqu’il existe, c’est l’objet qui aura la plus longue durée de vie et sera réuti­li­sable. L’objet fabriqué à partir de maté­riau recy­clé, quant à lui, ne sera jamais qu’un pis-aller face aux déchets. Ce n’est même pas mieux, c’est juste un tout petit peu « moins pire ».

La logique est la même pour un serveur, un smart­phone, une voiture, une inter­face audio ou une guita­re… Il n’y a pas moyen de faire un objet écolo­gique, tout comme il n’y a pas moyen de répa­rer la nature. La seule chose à faire, c’est bien de ne pas fabriquer le premier pour lais­ser la seconde cica­tri­ser en paix, comme elle avait commen­cer de le faire pendant le premier confi­ne­ment, et comme nous pour­rions bien être obligé de faire, bon gré mal gré, à l’heure où s’épuisent nos ressources et notre capa­cité à produire de l’éner­gie… Et lorsque je dis nous, il s’agit bien de comprendre que cela concerne chacun d’entre nous, car nos usages et notre dépen­dance à la tech­no­lo­gie occupent une grande part de respon­sa­bi­lité dans le problème à l’heure où aucune poli­tique n’a encore régle­menté quoi que ce soit…

Digi­tal after all

En virtua­li­sant la réalité du monde numé­rique, nous avons mis sous le tapis tout ce qui pouvait se cacher derrière de destruc­teur et morti­fère pour n’en consi­dé­rer que les super­fi­ciels béné­fices. Et comme le jeu des plus grands indus­triels comme des États est de ne surtout pas provoquer la moindre conscience ou inquié­tude qui géné­re­rait une baisse de la consom­ma­tion et du PIB, on tâche au maxi­mum de nous déres­pon­sa­bi­li­ser dans nos usages. Le concept de neutra­lité carbone, de ce point de vue, c’est un peu comme si on vous disait que vous pouviez uriner et défé­quer à même le sol de votre maison parce qu’on l’a équi­pée d’une moquette absor­bante qui masque les odeurs… Sauf qu’on s’aperçoit aujour­d’hui que la moquette dégorge et que la plante des pieds nous grat­te… 

Être éco-respon­sable implique de se poser la ques­tion, face au concept de la liberté d’ex­pres­sion, de la néces­sité de ce qu’on exprime.

Être éco-respon­sable aujour­d’hui, du coup, qu’est ce que cela veut dire en matière de consom­ma­tion numé­rique ? Ça implique d’abord de ne pas suivre la course à la dernière nouveauté juste parce que le télé­phone est plus fin, que la console est plus puis­sante, que le rapport signal/bruit de l’in­ter­face audio est meilleur ou qu’on se dit que c’est trop rigolo d’avoir un frigo qui compte auto­ma­tique­ment les bières qu’il nous reste et l’af­fiche sur un écran tactile : parce que nous ne savons plus ouvrir une porte et comp­ter ? 

Cela veut dire exploi­ter au mieux ce que nous avons déjà, ce qui existe déjà, plutôt que de fantas­mer le poten­tiel de ce que nous n’avons pas ou qu’on nous promets… Votre vieux synthé : vous en avez vrai­ment fait le tour complet où vous trou­vez juste qu’il n’a plus assez de DCO et de VCF pour vous faire autant rêver que sa nouvelle version ?

Être éco-respon­sable, cela veut encore dire ne pas sous­crire à des services sans conscience, si gratuits soient-ils parce que c’est l’en­vi­ron­ne­ment qui paye l’ad­di­tion lorsque nous ouvrons une énième boîte Gmail, ou que nous uploa­dons nos dizaines de milliers de photos dont seule une centaine vaut le coup…

Cela implique enfin et surtout de se poser la ques­tion, face au concept de la liberté d’ex­pres­sion, de la néces­sité de ce qu’on exprime, chose bien dure dans la mesure où ce droit semble la base des nouvelles démo­cra­ties numé­riques. Même si Insta­gram voudrait vous pous­ser à prendre votre burger en photo en légen­dant « Miam », même s’ils vous semble urgen­tis­sime que vos « follo­wers » admirent votre dernière paire de baskets, même s’il vous semble que votre vidéo trem­blante et cramée d’un coucher de soleil mérite consi­dé­ra­tion (et elle ne sera pas plus belle avec le dernier smart­phone car le problème dans la qualité de la vidéo vient bien de vous), ayez l’hu­mi­lité de vous dire que vous valez mieux que ça !

Et repen­sez à ce joli proverbe arabe : « si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, alors tais-toi… »

Le numé­rique à l’échelle du studio

Histoire de ne pas avoir un discours bête­ment diabo­li­sant, on finira ce tour d’ho­ri­zon du numé­rique en souli­gnant tout ce qu’il permet depuis qu’il a révo­lu­tionné la produc­tion audio : la capa­cité, pour un budget déri­soire par rapport à ce que cela coûtait aupa­ra­vant, de produire de la musique, de la diffu­ser même. Un simple logi­ciel, un ordi et un casque peuvent ainsi suffire à faire un chef d’oeuvre et il ne s’agit pas de remettre cette oppor­tu­nité en ques­tion, car elle est le vecteur d’une formi­dable démo­cra­ti­sa­tion des moyens d’ex­pres­sion, même si le para­doxe de Jevons s’ap­plique là enco­re… Le match hard contre soft prend en tout cas un inté­res­sant tour­nant lorsqu’on consi­dère le côté écolo­gique…

le Pub sociétal : SSL9000J opposite sideDans la mesure où le logi­ciel ne fait pas appel à des ressources serveur lors de son usage, arbi­­trer ce dernier se résume à ques­­tion­­ner la durée de vie de l’or­­di­­na­­teur face à celle du maté­­riel, comme de savoir combien de maté­­riels va exac­­te­­ment virtua­­li­­ser l’or­­di­­na­­teur, car quan­­tité de matos audio contiennent ces mêmes terres rares ou précieuses qu’on trouve dans les ordis, voire des proces­­seurs… Utili­­ser un PC ou un Mac pour émuler juste une réverbe Lexi­con n’est sans doute pas un bon calcul, mais à l’échelle d’un studio complet, de ce que ce dernier repré­­sente en consom­­mables (bandes, câbles), de consom­­ma­­tion élec­­trique (c’est que ça bouffe une Neve ou une SSL avec trois racks d’out­­boards ), d’ins­­tru­­ments (piano à queue, cuivres, synthés), même en imagi­­nant que l’or­­di­­na­­teur soit remplacé tous les cinq à sept ans, il ne fait toute­­fois aucun doute que le bilan est large­­ment en faveur de l’in­­for­­ma­­tique quand on sait que l’ex­­trac­­tion de mine­­rai est l’une des acti­­vi­­tés humaines les plus destruc­­trices qui soient…

Et cet avan­­tage de la solu­­tion infor­­ma­­tique est d’au­­tant plus mani­­feste que l’or­­di­­na­­teur sera utilisé pour d’autres tâches multi­­mé­­dias et bureau­­tiques où il peut se substi­­tuer à quan­­tité d’autres appa­­reils qu’il ne serait plus, a priori, néces­saire de construire : télé, radio, chaine hi-fi, machine à écrire, calcu­­la­­trice, etc. En termes d’em­­preinte envi­­ron­­ne­­men­­tale, il y a d’ailleurs un calcul simple à faire, au-delà de la consom­­ma­­tion éner­gé­tique finale : mettre sur une balance la masse physique des ordi­­na­­teurs, face à celle de tous les matos qu’ils vont rempla­­cer, ce qui dans le cas d’un studio pro, va nous conduire à confron­­ter quelques kilos face à plusieurs tonnes. Plusieurs tonnes de poten­tiels déchets, bien sûr, mais aussi plusieurs tonnes de maté­riaux qu’on a dû extraire, au prix de quelle pollu­tion au début comme en fin de cycle de vie du produit.

Bref, l’or­di­na­teur dans ce qu’il permet de déma­té­ria­li­sa­tion peut être une chance du point de vue de l’en­vi­ron­ne­ment à condi­tion qu’on le pense dans un usage durable, sans forcé­ment céder à l’up­grade au moindre sursaut tech­no­lo­gique. Il faut le dernier ordi­na­teur sorti pour faire tour­ner la dernière version de tel ou tel logi­ciel ? Mais a-t-on forcé­ment besoin des fonc­tions de cette dernière version ? Vont-elles trans­fi­gu­rer la musique que nous produi­sons ? Surtout lorsqu’on sait que la contrainte tech­nique est souvent propice à la créa­ti­vité ?

le progrès tech­no­lo­gique n’est pas forcé­ment un progrès à l’aune de ses dommages colla­té­raux et du peu de confort qu’il apporte dans bien des cas

Dès lors, si la pollu­tion du numé­rique est incon­tes­table, si elle est inquié­tante car elle semble suivre une évolu­tion expo­nen­tielle, c’est avant tout parce que les légis­la­teurs commencent à peine à impo­ser une conscience systé­mique aux fabri­cants (Apple est par exemple obligé de vendre des kits de répa­ra­tion DIY aux USA, comme il est désor­mais contraint d’uti­li­ser les mêmes connec­teurs USB-C que tout le monde pour ses smart­phones, et des lois progressent concer­nant l’ob­so­les­cence program­mée, la recy­cla­bi­lité ou la garan­tie des produits), et que ses aspects néfastes reposent sur nos usages comme dans la percep­tion parfois tronquée que nous avons de nos réels besoins ainsi que de la notion de progrès lorsque nous nous équi­pons.

Repen­ser la notion de progrès

Car non, le progrès tech­no­lo­gique n’est pas forcé­ment un progrès à l’aune de ses dommages colla­té­raux et du peu de confort qu’il apporte dans bien des cas. Car non, le fait de pouvoir faire toujours plus de choses ne nous rend pas néces­sai­re­ment meilleurs ou plus heureux, voire plus produc­tifs ou puis­sants : à ce titre, il est inté­res­sant de voir comme les réseaux sociaux sont, du point de vue des socio­logues comme des psycho­logues, le plus souvent asso­ciés aux problé­ma­tiques de dépen­dance, de toxi­co­ma­nie, d’as­ser­vis­se­ment, de dépres­sion, quand on ne leur attri­bue pas une forme de respon­sa­bi­lité dans des patho­lo­gies plus lourdes ou des scan­dales poli­tiques.

Or, la bonne nouvelle dans tout cela, c’est qu’il est rela­ti­ve­ment simple d’amé­lio­rer les choses. De ne pas consom­mer tel ou tel service en tant qu’uti­li­sa­teur bien sûr, mais aussi de s’en­ga­ger en tant que profes­sion­nel. Un site web pensé pour être économe sur le plan éner­gé­tique peut par exemple consom­mer dix fois moins de serveurs qu’un site dont la confec­tion s’est faite sans souci envi­ron­ne­men­tal : or, un site, ça peut être bien plus simple à opti­mi­ser que de devoir recy­cler un serveur ou résor­ber une émis­sion de gaz à effet de serre. Pour peu qu’on ait été sensi­bi­lisé à cela ou qu’on se soit formé en s’in­té­res­sant à la démarche, il suffit de mesu­rer, de s’y mettre, de penser mieux les choses, et de se rendre compte que des chan­ge­ments aussi “simples” que de réduire de 10% la taille de toutes les images, c’est réduire de 10% leur empreinte envi­ron­ne­men­tale sans que l’uti­li­sa­teur s’en rende même compte. Quand on sait que l’écra­sante majo­rité des sites sur le web, à commen­cer par les grands acteurs de l’au­dio et de la musique, n’ont pas encore eu cette démarche, il ne fait aucun doute que la réserve de progres­sion est énor­me…

Les bonnes pratiques se répandent donc et si, en l’ab­sence de contraintes légis­la­tives, leur adop­tion demeure trop lente par rapport à l’ur­gence de la situa­tion, si elles reposent trop encore sur les hommes et femmes de bonne volonté qui ont pris la peine de s’in­for­mer et d’agir, elles gagnent chaque jour du terrain. De ce terrain dont la nature a besoin pour se recons­truire et perdu­rer, si nous avons la sagesse de repen­ser le monde pour notre bonheur réel plus que pour notre jouis­sance virtuel­le…

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