Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Pédago
26 réactions

Les pionnier·ère·s de la musique verte - Sélection d'acteurs innovants sur le plan écologique dans le secteur de la musique et de l'audio

Face aux problèmes environnementaux, il y a les élites qui parlent beaucoup mais ne font rien. Et puis il y a celles et ceux qui se remontent les manches pour inventer le futur d'une musique responsable à leur petite échelle, celles et ceux aussi qui ont depuis longtemps compris l'importance de la durabilité... Hommage soit rendu à ces gens de bonne volonté !

Sélection d'acteurs innovants sur le plan écologique dans le secteur de la musique et de l'audio : Les pionnier·ère·s de la musique verte
Accéder à un autre article de la série...

Ce mois Vert aura été l’oc­ca­sion de soule­ver nombre de problèmes envi­ron­ne­men­taux posés par la musique et l’au­dio ou les impac­tant direc­te­ment. Et si tous n’ont pas, loin de là, encore trouvé leur solu­tion, cela n’em­pêche pas des hommes et des femmes de se grat­ter la tête et de se remon­ter les manches pour agir dans le bon sens, plutôt que de bais­ser les bras, de rester stoïques, de s’en remettre aux élucu­bra­tions scien­ce­fic­tion­nesques des vendeurs de rêve, ou pire, d’être dans le déni…

Cet article a donc pour double objec­tif de rendre hommage à ces gens de bonne volonté qui ne manquent jamais de se dres­ser dans les temps diffi­ciles, comme de nour­rir vos réflexions sur la possi­bi­lité de faire de la musique ou de l’au­dio autre­ment. Parce que s’il est bien complexe de répa­rer les dégâts causés par Sapiens en quelque 300 000 ans, le terreau des idées demeure fertile pourvu qu’on y sème les bonnes graines avec tout l’es­poir et la bien­veillance qui conviennent.

Coup de chapeau bien bas à tous ceux qui sont présen­tés ci-dessous et qui, à leur petite échelle, dessinent le chemin des possibles. Loin du siècle des lumières, nous voici donc face au siècle des éclai­reurs…

Les pion­nier·è­re·s de la musique verte

bergJona­than Berg, Bruno Glandy et Pierre Worec­zek de Berg Guitares

Faire des guitares haut de gamme dans le style Vintage en travaillant à plus de 90% en local : c’est le pari fou et tenu par Jona­than Berg et ses acolytes à Pontoise, où un grand savoir-faire de luthe­rie s’ap­puie sur une éthique sans compro­mis dans le respect de l’en­vi­ron­ne­ment : quasi­ment zéro plas­tique, récu­pé­ra­tion de old stocks, usage de bioma­té­riaux et de bois locaux, recy­clage des cordes, pein­tures respec­tueuses de l’en­vi­ron­ne­ment, micros faci­le­ment chan­geables. Tout concourt à faire de ces guitares des petites merveilles et de l’en­tre­prise Berg Guitares un modèle du circuit court et local qui est clai­re­ment l’ave­nir de la guitare. Retrou­vez l’in­ter­view d’un des fonda­teurs de la marque juste ici.

laurentcabrillatLaurent Cabrillat de Hey! Studios

heyPlus connu sour le nom du Larron, Laurent Cabrillat est aussi le fonda­teur des studios Hey! à Bordeaux qui sont le parfait modèle d’une struc­ture qui, après mûre réflexion et analyse des enjeux qui sont ceux de notre époque, a fait l’objet d’une écocon­cep­tion qui sera vrai­sem­bla­ble­ment imitée par tous les studios de demain. Loca­li­sa­tion pensée pour un accès en vélo depuis une grande agglo­mé­ra­tion bien desser­vie en termes de trans­ports, opti­mi­sa­tion du chauf­fage et de la consom­ma­tion élec­trique, achat d’oc­ca­sion de la plupart des équi­pe­ments, Do It Your­self : tout concourt à faire de ce lieu un studio modèle et même plus que ça ; un lieu d’échange lais­sant une grande place à l’hu­main, au partage et à la rencontre, soit le terreau fertile d’une culture vivante et respon­sable.

le Pub sociétal : 1661942720311Léopold Foucault du CNM

Le Centre Natio­nal de Musique a pour mission de soute­nir les profes­sion­nels de la musique et des varié­tés dans leur déve­lop­pe­ment en France et à l’in­ter­na­tio­nal. Et en ces temps de ques­tion­ne­ments envi­ron­ne­men­taux, cela passe aussi par le fait d’ana­ly­ser les enjeux de la tran­si­tion écolo­gique comme de subven­tion­ner les initia­tives qui y concourent. Après avoir parti­cipé au rapport « Décar­bo­nons la Culture ! » du Shift Project, Léopold est devenu le monsieur « tran­si­tion écolo­gique & déve­lop­pe­ment durable » du CNM, motivé par le fait de comprendre les enjeux du secteur et d’ima­gi­ner avec ses acteurs le futur respon­sable de l’in­dus­trie musi­cale.

fannycoralineFanny Reyre-Ménard et Cora­line Baroux-Desvignes du CSFI

Avec le concours du CNM, la Chambre Syndi­cale des Facteurs d’Ins­tru­ments a été le premier acteur à orga­ni­ser une table ronde sur le sujet de la tran­si­tion écolo­gique dans la facture instru­men­tale, sous la houlette de Fanny et Cora­line. Mais on doit aussi au CSFI des études sur l’éco­no­mie du secteur comme des combats pour défendre les inté­rêts des fabri­cants d’ins­tru­ments dans un monde de règle­men­ta­tions complexes tels que le CITES. Bref, un orga­nisme appelé à jouer un rôle majeur, aux côté du CNM, dans la tran­si­tion écolo­gique de la facture instru­men­ta­le…

romainviallatJérémy Caba­ret et Romain Viala de l’ITEMM

le Pub sociétal : itemm-photos-de-presse12-oav5j307vx0vbf4ndegofe8n6e1b0gfmky8zjj6qmwÀ l’Ins­ti­tut Tech­no­lo­gique Euro­péen des Métiers de la Musique, on ne se contente pas de former des accor­deurs ou des tech­ni­ciens, on conduit aussi des recherches scien­ti­fiques pous­sées sur les maté­riaux utili­sés en luthe­rie comme en facture d’ins­tru­ment, sous la houlette du passionné Romain Viala, pour comprendre ce qui fait leurs quali­tés acous­tiques et imagi­ner les maté­riaux de demain, qu’il s’agisse de bois locaux ou de compo­sites plus respec­tueux de l’en­vi­ron­ne­ment. Et le mieux, c’est que l’ITEMM propose de nombreuses forma­tions pour s’ini­tier à ces nouvelles approches, réen­vi­sa­ger les choses qui nous semblaient acquises sous un œil neuf et salu­taire. Bref, un lieu de forma­tion de la première impor­tance pour l’ave­nir des instru­ments, et donc de la musique…

le Pub sociétal : Dieter-Klotz swDieter Klotz de Klotz

Chez Klotz, on fabrique des câbles de toutes sortes, mais on ne les fabrique pas n’im­porte comment ni n’im­porte où. Dési­reuse de passer à une éner­gie décar­bon­née, la société Muni­choise s’est ainsi équi­pée de ses propres panneaux solaires qui produisent 54% de son élec­tri­cité. Et la démarche est d’au­tant plus effi­cace que l’usine dispose d’un système de pompe à chaleur opti­mi­sant le chauf­fage. Comme souvent, l’éco­lo­gie rejoint l’éco­no­mie en ces temps où la facture éner­gé­tique alle­mande s’alour­dit. Et c’est d’au­tant plus vrai que le fabri­cant, devant agran­dir ses locaux, s’est aperçu qu’en utili­sant un système d’éta­gères modu­laires pour ses stocks, il pouvait éviter la construc­tion d’un nouveau bâti­ment. Bref, la démarche est intel­li­gente, et elle se double en outre d’une commu­ni­ca­tion qui ne l’est pas moins : sur le Chanel Youtube de Klotz, on trouve ainsi des tutos pour souder soi-même ses cordons, alors même que le fabri­cant vend des cordons ! Rien que ce geste en faveur du DIY mérite un beau coup de chapeau…

lebrunJulien Lebrun et Jacques Carbon­neaux de l’APLG

L’As­so­cia­tion Profes­sion­nels des Luthiers arti­sans en Guitare et autres cordes pincées rassemble des hommes et des femmes qui ont l’amour du bois comme des forêts, et ce n’est pas un hasard du coup si des projets inté­res­sants ont vu jour en ce sens, comme celui qui, avec le concours de l’ONF, a permis à des luthiers de récu­pé­rer des bois précieux de Bour­gogne alors qu’ils étaient desti­nés à deve­nir du bois de chauf­fe…

frekopoFred Kopo de KoPo Guitar

Long­temps à la tête de l’APLG et soucieux de produire des guitares écores­pon­sables, Fred Kopo a été l’un des premiers à se réin­té­res­ser aux quali­tés acous­tiques des essences de bois locales pour faire des instru­ments de premier ordre, ainsi qu’à des compo­sites comme son fameux KLAS à base de lin (Kopo Linen Acous­tic Solu­tion) ou à des bioplas­tiques. Un pion­nier donc, qui montre s’il était besoin, que nous devons chan­ger pas mal d’a priori que nous avons sur les bois de la facture instru­men­tale et que bous­cu­ler les tradi­tions ne se fait pas au détri­ment de la quali­té… Consul­tez son site pour plus d’in­fos.

Music4planetBenja­min Énault, Fanny Four­nier et Bertrand Habart de Music for planet

#Music4­Pla­net est un mouve­ment dédié à la ques­tion de l’en­vi­ron­ne­ment dans la pratique musi­cale, dési­reux de réunir tous les acteurs conscients de ces enjeux. Mais c’est aussi un podcast qui s’est spécia­lisé sur ces sujets et qui va à la rencontre de nombreux acteurs qui inventent la musique de demain en bougeant leurs petites fesses vertes. Si vous avez soif d’in­fos sur le sujet, c’est donc le parfait moyen de pour­suivre ce Mois vert de votre côté, et de venir en parler sur Audio­fan­zine !

pikipteamJulien Feuillet et Maatea Stabile de Pikip

Chez les Marseillais de Pikip, on propose des systèmes de diffu­sion capable de sono­ri­ser des festi­vals et des concerts avec la seule éner­gie du soleil ! Pour arri­ver à ce petit miracle, la R&D du fabri­cant est repar­tie d’an­ciennes solu­tions en y appliquant quan­tité d’in­ven­tions plus récentes en plus de tech­nos proprié­taires, qu’elles soient acous­tiques ou élec­triques. Seule limite : la capa­cité de sono­ri­ser des événe­ments de 1500 à 3000 personnes max ? Ça tombe bien ! C’est vrai­ment le genre de public qu’il faudrait désor­mais accueillir au maxi­mum si l’on veut en finir avec les festi­vals et concerts désas­treux sur le plan écolo­gique à cause du trans­port qu’ils génèrent. Retrou­vez l’in­ter­view de Pikip juste ici.

Stock matérielLa ressour­ce­rie du spec­tacle

Une ressour­ce­rie, c’est un espace de collecte, de réem­ploi et de revente d’objets usagés, soit le B.A.BA de l’ac­tion sociale et soli­daire, et le modèle à promou­voir lorsqu’on parle d’éco­no­mie circu­laire. Bref, vous compren­drez fort bien comme le fait d’avoir une ressour­ce­rie du spec­tacle à Vitry est précieux, sachant qu’on y trouve du matos audio, des éclai­rages, mais aussi divers équi­pe­ments et acces­soires du spec­tacle, en vente ou en loca­tion. Mais c’est encore un lieu d’échange, de trans­fert de connais­sance et de projets : bref, un véri­table poumon asso­cia­tif pour le secteur cultu­rel respon­sa­ble…

tedsanglestedThierry Le Guenne de Ted Guitars

Chez Ted, on mise tout sur l’alu­mi­nium, un métal que l’on sait parfai­te­ment recy­cler, et dont pas un seul copeau ne finit pas par être fondu pour faire la guitare, ses potards ou ses sélec­teurs. Même la plaque décou­pée finit par faire un Flight case origi­nal. Seul problème : l’alu demeure un peu rigide pour faire une sangle, d’où l’idée de réuti­li­ser des pneus de vélo tout terrain. C’est malin, ça marche super bien et niveau look Mad Max, il n’y a pas grand-chose à redire sur cette très bonne idée !

DK-199Hubert Buys­sens de Vaudoo Audio

Le problème avec les instru­ments actifs, c’est non seule­ment qu’il ne faut pas oublier de les lais­ser bran­cher sous peine de vider les piles qu’ils utilisent, mais c’est aussi qu’avant un concert, on n’est jamais bien sûr que les piles en place vont tenir. Alors on les change par sécu­rité, ce qui mène à une surcon­som­ma­tion de piles d’au­tant moins écolo­giques que ces dernières sont des produits très polluants et complexes à recy­cler. Pour éviter cela, Hubert Buys­sens a imaginé le boîtier Power Block qui rempla­cera faci­le­ment votre compar­ti­ment à pile et qui fonc­tionne sur une batte­rie longue durée, rechar­geable en USB et dispo­sant d’un témoin de char­ge… Cerise sur le gâteau : le petit boîtier évite la chute de tension qui s’opère à mesure que les piles s’épuisent. Bref, une solu­tion nette­ment plus durable qui devrait, on le souhaite, inté­grer tous les instru­ments actifs du marché (d’au­tant plus qu’une version « luthier » est dispo­nible avec des specs et des possi­bi­li­tés d’in­té­gra­tions plus pous­sées, notam­ment pour s’adap­ter aux instru­ments élec­troa­cous­tiques)… Plus d’in­fos sur le site du fabri­cant.

lechatcharlek001-oewmtfgac8hn7o0w5bihro2yy86418tgeas0p6c7sg« Le Chat » de La Char­lek

La Char­tek, c’est une régie son et lumière éco-respon­sable et auto­nome en élec­tri­cité grâce à l’usage de panneaux solai­res… et de vélos géné­ra­teurs sur lesquels le public se relaie pour produire l’éner­gie néces­saire ! Le but, c’est évidem­ment de sensi­bi­li­ser à l’au­to­no­mie élec­trique, mais aussi et surtout de se produire dans des lieux inso­lites où il n’y a pas d’élec­tri­cité, sachant que trois formules existent pour géné­rer 600, 2000 ou 2600 watts de puis­sance, avec plus ou moins de vélos ou de panneaux capables d’ali­men­ter plus ou moins d’équi­pe­ment… Une idée géniale dans ce qu’elle permet de se rendre conscience de la diffi­culté de produire de l’éner­gie tout en soli­da­ri­sant artistes et public !

Et beau­coup d’au­tres…

À cette liste, on pour­rait encore ajou­ter bien d’autres acteurs qui ont parfois fait de l’éco-respon­sable sans forcé­ment l’en­vi­sa­ger comme telle, juste en conce­vant des produits durables dont ils assu­raient un suivi exem­plaire : RME a toujours fait fort sur ce point, de sorte que leurs inter­faces battent des records de longé­vité parce qu’elles sont solides et que le construc­teur ne cesse de mettre à jour ses drivers pour suivre l’évo­lu­tion des OS… On aura une mention spéciale aussi pour ces construc­teurs qui four­nissent des pièces déta­chées pour leurs produits. L’in­cre­vable HD-25 de Senn­hei­ser est exem­plaire sur ce point, car tout ou presque y est démon­table et remplaçable. Et l’on se demande bien pourquoi tous les casques ne sont pas pensés de la même manière, chez cette marque comme chez les concur­rents, car cela devrait être la base de toute concep­tion…

2022 Genelec RAW 8331 8341 1600x900On pour­rait parler encore des nombreux fabri­cants de guitares qui, au-delà de leur enga­ge­ment dans des projets de préser­va­tion de forêt, ont sorti des instru­ments faits avec des bois locaux (Martin, Taylor, etc.), ou encore de Gene­lec qui, avec la série RAW, a eu la bonne idée de propo­ser ses moni­teurs en fini­tion brute, sans aucune pein­ture ni vernis alour­dis­sant le bilan écolo­gique de l’en­cein­te… Seul bémol à cela : pourquoi ne pas défi­ni­ti­ve­ment adop­ter ces partis-pris d’ave­nir sur l’en­semble de la marque et ne les canton­ner qu’à une série spéciale ou à quelques modèles ? Sans qu’on puisse parler de green­wa­shing, cela donne l’im­pres­sion que les produits « eco-friendly » sont parfois plus là pour cibler un marché de niche que par réel enga­ge­ment de la marque, un peu comme les rayons bio qu’on trouve dans les super­mar­chés. Il ne s’agit pas bien sûr de décou­ra­ger ces évolu­tions qui vont dans le bon sens mais de bien souli­gner que l’éco­con­cep­tion ne doit pas être pensée en premier lieu comme une oppor­tu­nité marke­ting.

ClimaxEcomobParmi les acteurs impor­tants de la musique verte, on n’ou­bliera pas de mention­ner le formi­dable travail accom­pli par de nombreux Festi­val écores­pon­sables qui, au-delà de leur program­ma­tion musi­cale, informent sur les sujets de l’éco­lo­gie et se creusent la tête pour avoir l’em­preinte la plus faible possible : Delta, Caba­ret vert, Soli­days, We love green, Terre du son, Climax.

Ce faisant, on se rend compte toute­fois des limites de la crois­sance en matière d’évé­ne­men­tiel : un festi­val qui devient trop gros d’an­née en année finit par géné­rer tant de trans­ports que les émis­sions et la pollu­tion de ces derniers ne sauraient être compen­sées par quelque geste que ce soit…

Et beau­coup d’autres enco­re…

Cet article n’a certai­ne­ment rien d’un annuaire et il passe très proba­ble­ment à côté de quan­ti­tés d’ini­tia­tives et de gens qui se mobi­lisent pour faire avan­cer les choses dans le bon sens. N’hé­si­tez donc pas à vous mani­fes­ter ou à dénon­cer ces derniers dans les réac­tions à cet article, car ils ne l’ont certai­ne­ment pas volé ! ;)

← Article précédent dans la série :
Matériel en voie d'extinction ?

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre