Troisième déclinaison de l’échantillonneur logiciel de la célèbre société californienne, l’EX3 s’émancipe définitivement de toute contrainte matérielle. Doté d’une section synthèse exceptionnelle et d’une librairie sonore qui ne cesse de s’agrandir, voici un sérieux concurrent à tout ce qui sample ou synthétise dans le monde PC.
Une version Proteus X est alors développée (un Emulator X sans échantillonnage), avec conservation de l’accès à la partie synthèse. C’est cette synthèse qui fait la toute-puissance de la machine et qui la place bien au-dessus de la concurrence, avec ses filtres Z-Plane uniques et ses possibilités de modulation matricielle. Mais pour utiliser un EX, il faut une carte E-mu munie de l’E-DSP, qui prend en charge les effets et une partie du calcul. En 2006, l’Emulator X2 vient libérer l’utilisateur de cette contrainte, mais il faut toutefois un dongle E-mu pour faire tourner le soft (soit la carte précédente, soit une interface USB – Midi maison). Mais c’est avec l’EX3 que la libération devient totale, la seule contrainte étant d’avoir un PC, ce qui est somme toute assez surmontable…
Installation
L’installation de l’X3 est on ne peut plus simple. Nous avons fait tourner l’EX3 sous XP avec un processeur Athlon 64 5200+X2 dual-core, 2 Go de Ram, un disque système IDE 350 Go et un disque données SATA2 500 Go. À la fin du processus d’installation très rapide, l’autorisation finale se fait par enregistrement en ligne du numéro de série. Fini le recours systématique à la clé de protection via le CD-Rom, on est enfin tranquille pour de nombreuses sessions. L’EX3 est capable de tourner en stand alone ou en VSTi (nous avons utilisé Cubase SX2). Dans le premier cas, il est multitimbral 64 canaux alors que dans le second, il gère 16 canaux Midi par occurrence. De quoi voir venir…
L’EX3 est équipé d’un nouveau moteur Xstream 24 bits / 192 kHz compatible avec les applications natives 32 et 64 bits (XP / Vista), optimisé pour fonctionner avec les processeurs multithread et multicœurs. Les meilleurs résultats sont obtenus avec ces derniers (2 ou 4 cœurs). Nous avons tourné en multipistes avec 4 ms de latence sans aucun problème. L’ergonomie est assez peu différente des précédentes moutures et on est toujours dans cette ambiance acier et bleu assez froide. Heureusement, le son ne l’est pas, ce qui est l’essentiel.
Bibliothèque fournie
Prise en main
Bien évidemment, l’EX3 permet tout ce qu’un sampler logiciel dernier cri permet, voire mieux : streaming des samples, préchargement des attaques paramétrables pour une meilleure efficacité de lecture, time stretch et pitch shift en temps réel… le côté moins sympathique de la chose, c’est que l’application est assez gourmande en ressources. Le CPU et le disque dur sont sollicités et l’utilisation de filtres complexes consomme la polyphonie. Il est donc indispensable de bien optimiser son PC : Ram conséquente, disque dur SATA séparé du disque système, oreille attentive sur la latence… afin d’éviter le vol de voix ou d’immondes craquements. Sur notre config moyenne gamme, pas de problème.
Sampling et import
Mieux, la fonction SynthSwipe, préalablement mise au point sur l’EX2, permet de capturer automatiquement différentes notes et vélocités d’un appareil Midi externe ou interne. Les samples peuvent ensuite être ajoutés à la banque en cours ou sauvegardés au format Wave ou Aiff. Côté son, on ne peut évidemment pas parler de grain typique des samplers hardware E-mu, tout dépend de la carte audio utilisée. Plus tard, on verra que les effets internes permettent de modéliser en partie ce grain. Avec notre carte E-mu, on est sur quelque chose de très clean et très transparent, rien à dire de plus. On apprécie notamment de retrouver l’une des grandes qualités développées par les samplers 16 bits E-mu depuis 20 ans (Emax II), capables de transposer un échantillon sur plusieurs octaves sans artefact numérique. Mais cette faculté se paie en ressources CPU, E-mu a donc judicieusement prévu un paramètre d’activation, si l’on projette d’étirer des samples transposés sur tout le clavier plutôt que d’utiliser des multiéchantillons généreux.
Traitements de faveur
On passe ensuite aux traitements « destructifs » (qui fort heureusement disposent de la fonction Undo avec de nombreux niveaux d’annulation) : copiage / coupage / collage / remplacement, avec ou sans crossfade. Toute portion d’échantillon peut être, entre 2 points à définir, tronquée, normalisée, fadée, recentrée, échangée (canaux gauche / droit), retournée, réduite en résolution (nombre de bits), compressée dans le temps (pourcentage ou tempo), pitchée, convertie en mono / stéréo et rééchantillonnée à une autre fréquence. Apparue sur l’EX2, Transform Multiply permet de renforcer les fréquences présentes dans 2 samples tout en atténuant les autres. Il s’agit bien là d’une convolution (voir chapitre sur les nouveautés EX2). Véritable nouveauté cette fois, Xtractor permet d’extraire certaines fréquences audio d’un signal stéréo pour les retraiter (voir chapitre sur les nouveautés EX3). Et si tout cela ne suffit pas, l’EX3 permet de faire un aller-retour avec un éditeur externe dédié installé au préalable. Absent de marque depuis qu’E-mu ne fait plus de samplers hardware, l’Aural Exciter de chez Aphex, célèbre effet psycho acoustique né il y a plus de 30 ans. Une fois les samples satisfaisants, il ne reste plus qu’à les regrouper en multisamples, ce que l’EX3 permet de faire très rapidement, avec assistance graphique et fonctions « intelligentes » telles que détection fréquence automatique, recherche d’une chaîne de caractère exprimant la note racine, le tout avec placement automatique… de quoi faire gagner un temps précieux.
Outils de synthèse
Mieux, on trouve désormais 5 filtres à morphing programmables : double EQ, double EQ + passe-bas, double EQ + passe-bas contrôlé, peak / shelf et Morph Designer. Dans les 4 premiers cas, on programme 3 paramètres pour le profil d’entrée et 3 pour le profil de sortie (fréquences et gains). Dans le 5e cas (Morph Designer), on dispose de 6 sections (bandes) offrant chacune et en toute indépendance les modes passe-bas, passe-haut ou EQ. Pour chaque section, on règle les 2 fréquences de coupure et les 2 Q/gains extrêmes pour les profils d’entrée et de sortie. On choisit alors une source de modulation permettant de passer entre les 2 profils en temps réel. Heureusement que l’éditeur permet un contrôle visuel précis des profils et de leur évolution dans le temps ! Reste alors au signal à passer par la section d’amplification, qui permet entre autres de régler le volume, le panoramique, les envois vers les 2 effets Presets et les 3 bus d’effets Multisetups (nous y reviendrons).
Modulations maison
Enfin, une matrice de modulations à 36 cordons permet de raccorder plus de 60 sources à plus de 60 destinations. Parmi les sources, on trouve les enveloppes, les LFO, le numéro de note, la vélocité, la pression, les contrôleurs physiques traditionnels, des générateurs de bruit, les générateurs de Lag, les générateurs de rampe et des fonctions booléennes. Parmi les destinations, citons la sélection de la boucle de l’échantillon, la hauteur, le volume, le panoramique, la coupure du filtre, la résonance, les segments des enveloppes, les LFO, les crossfades et les envois vers les bus de sorties. C’est sûr que comparé à la concurrence, ça fait très mal !
Multisetups
Un Presets (programme) peut contenir 128 voix ainsi formées, avec 128 zones clavier et 128 zones de vélocité. Chaque zone possède ses propres fenêtres de tessiture et de vélocité, ainsi que des crossfades modulables en temps réel par un contrôleur physique ou Midi. Au niveau Preset, on peut mémoriser le tempo global, l’enclenchement de l’effet TwistaLoop, la table d’intonation, la valeur de départ des 16 CC Midi assignables, 2 générateurs de Lag, un générateur de rampe, un compteur de polyphonie et une matrice globale de modulation à 16 cordons.
Pour passer au multitimbral multicanal, le mode Multisetup permet de jouer plusieurs canaux de Presets, suivant que l’on est en mode VSTi (16 canaux par occurrence) ou stand alone (64 canaux au global). Pour chaque canal, on choisi le canal Midi, le volume, le panoramique, la sortie (physique ou ASIO), 16 entrées de modulations assignables à des CC Midi et un override de filtre. Sur le plan global, on trouve également un réglage de tempo, l’assignation des 3 bus d’effets parallèles et un limiteur fort utile lorsqu’on commence à empiler beaucoup de Presets.
Effets internes
Depuis l’EX2, les effets sont gérés directement par le logiciel. Chaque Preset dispose de 2 multieffets en série, avec 23 algorithmes variés et plus de 100 programmes d’usine. On trouve des réverbes, chorus / flanger / phaser, EQ, ring mod, growl, compresseur, limiteur, tube (simple et twin), SP12-ulator (réducteur de bit simulant le son de la boîte à samples vintage SP12), Tremulator BPM et flanger BPM. Certains paramètres sont modulables en temps réel (jusqu’à 4 par effet suivant l’algorithme). La qualité est au rendez-vous, les réverbes sont très clean, pas du tout métalliques et ne souffrent d’aucun effet de bouclage comme c’est souvent le cas sur les effets intégrés aux softs. D’ailleurs, tous les exemples audio de ce test sont faits uniquement avec les effets internes. L’ordre des 2 processeurs est inversable, mais il est impossible de les placer en parallèle, dommage.
Au niveau global, on trouve 3 multieffets auxiliaires placés en parallèle. Dans un Multisetup, ces effets sont partagés avec tous les Presets, chacun ayant des départs séparés vers les 3 bus. Ils utilisent les mêmes algorithmes que les effets Preset. Les utilisateurs d’anciennes cartes E-mu peuvent continuer à utiliser l’E-DSP. Le hardware prend alors la main sur les 3 effets auxiliaires de l’EX3, ce qui permet de soulager le processeur et de travailler sans aucune latence. Pour info, l’E-DSP est une puce déclinée du RFX32 de la série E4 Ultra qui travaille en 32 bits. Elle offre des algorithmes plus variés que l’EX3, tels que Leslie, simulateur d’ampli, générateur de phonèmes, wah-wah… On ne peut pas tout avoir, mais on peut s’attendre à ce qu’E-mu développe la section effets, purement logicielle, de l’EX3.
Toujours au top
Au final, l’EX3 est au top des samplers virtuels du moment. Stable, intuitif, bien conçu, il porte la technologie E-mu au plus haut. Les fonctionnalités apportées sur l’EX2 ont encore été enrichies. Le sampler est aussi à l’aise pour les sessions intuitives de multisampling que pour le traitement sans ménagement des boucles, pour la capture automatisée de machines Midi que pour l’extraction de pistes audio. On peut lui reprocher une certaine gourmandise en ressources, mais ce sont surtout les aficionados du Mac qui peuvent se mordre le bouton de la souris… Pour tous les autres, musiciens, designers, ingés son, fondus de sampling, de synthèse ou consommateurs invétérés de banques sons, ça va être difficile de ne pas mettre un EX3 en haut de sa liste.
Nouveautés EX3
Outre son nouveau moteur audio et son indépendance matérielle, l’EX3 apporte un certain nombre de nouveautés par rapport à l’EX2, certaines vitales. En voici une description rapide :
Region Xplode
Cette fonction permet de transformer les boucles audio type patterns rythmiques en séquence d’événements. Une boucle audio est ainsi découpée en tranches (régions), les samples qui en sont issus sont assignés à différentes notes Midi et une séquence est alors créée, rejouant ces samples à l’identique de la boucle d’origine. Si cette boucle contient elle-même différentes boucles internes, celles-ci sont conservées tant qu’on n’édite pas les régions. Ce genre de traitement non destructif creuse l’écart avec les samplers hardware et pas mal de concurrents software qui se contentent souvent de transformer une boucle principale en samples one shot associés à un pattern Midi.
Tempo Map Export
L’outil TwistaLoop développé sur l’EX2 offre désormais la possibilité d’analyser un morceau de musique (en audio) et d’en reconstituer la carte de tempo (en Midi). Ceci permet de le synchroniser par la suite à une séquence Midi quel que soit le tempo auquel il a été joué au départ. Particulièrement utile sur les morceaux qui n’ont pas été interprétés avec une rigueur stricte dans le rythme, ou qui présentent des accélérations / ralentis complexes.
Xtractor
L’Xtractor est une fonction qui analyse la position stéréo et la fréquence des éléments constitutifs d’un passage audio. Il permet ensuite d’amplifier, atténuer ou réaccorder des instruments spécifiques. Idéal pour isoler ou supprimer des voix ou d’autres instruments, puis les traiter avant de les réinjecter dans le mix. La position stéréo de chaque instrument est affichée par l’EX3, ce qui rend le résultat encore plus bluffant. La fonction offre un paquet de paramètres dans lesquels nous ne rentrerons pas ici, pas toujours faciles à comprendre et à paramétrer. L’expérimentation est le meilleur remède, d’autant que la traduction en français du mode d’emploi sur ce chapitre et à mourir de rire…
Translator Converter
Nouveautés EX2
L’EX2 représentait déjà un gros progrès par rapport à l’EX. Il permettait déjà le passage à 64 canaux Midi en stand alone et 16 canaux Midi par instance VSTi. Il travaillait déjà avec un moteur audio 24 bits/ 192 kHz exceptionnel. Il apportait également un certain nombre de nouvelles fonctions pour améliorer l’ergonomie ou les traitements :
SynthSwipe
SynthSwipe est un outil qui permet de créer automatiquement des multisamples de tout instrument Midi, matériel ou logiciel. On commence par définir quelques paramètres pour l’échantillonnage : tessiture à capturer, nombre de notes, nombre de couches de vélocité par note, étendue de la vélocité, durée, tracking sur la durée. Le logiciel s’occupe alors de faire le reste, c’est-à-dire de déclencher le synthé via Midi, de capturer les samples, de les monter en multisamples et de créer le programme correspondant, pendant que l’heureux propriétaire va prendre une bière… enfin, juste le temps de sampler un programme. À quand le SynthSwipe de tout le synthé avec changement de programme automatique, laissant au propriétaire encore lucide d’aller se vider un fût de bière complet ? De même, l’analyse des niveaux audio et la compensation automatique de niveau seraient les bienvenus…
TwistaLoop
Voici un outil dédié à ceux qui manipulent les boucles dans tous les sens. Cette fonction analyse les éléments rythmiques remarquables qui constituent le signal audio, puis le découpe en plusieurs régions et points de bouclage. Il est alors possible de compresser ou étendre temporellement le signal en temps réel, avec une qualité audio top niveau. Les boucles peuvent être appelées comme autant de samples indépendants via un contrôleur Midi, jouées au tempo global de l’application ou de l’hôte en temps réel, c’est très souple.
Morph Filter Designer
L’EX2 permet l’édition détaillée des filtres à morphing pour créer ses propres profils Z-Plane à partir de 6 blocs de filtres (passe-haut, passe-bas ou EQ), chaque bloc ayant 2 fréquences de coupure et 2 Q (ou gains) indépendants. A nous les passages entre 2 profils de filtrage en temps réel, concoctés avec amour et précision.
Multi-Function Generator
L’EX2 dispose de 3 générateurs Multi-Function combinant LFO / enveloppes / arpégiateurs, pour créer 64 pas de modulations (discrètes ou continues), à la lumière d’un séquenceur à pas, pour commander la plupart des paramètres de synthèse de la machine. Il existe plusieurs modes de synchro et de direction permettant des modulations dans tous les sens.
Transform Multiply
Collection sonore, partie 1
La banque son dédiée à l’EX (compatible avec tous les EX) est impressionnante, puis qu’elle compte environ 20 volumes pour un total de près de 30 Go. On y retrouve tous les modules E-mu (des premiers Proteus aux dernières stations de commande), mais aussi des banques plus généreuses spécialement développées pour l’EX. Nous les avons toutes testées, depuis 2004. En voici un résumé, des plus récentes aux plus anciennes.
La banque Planet Earth (voir ci-après Planet Earth X) brille par sa musicalité, son exotisme, mais également par le manque d’articulations d’instruments, limite mémoire oblige. Dernière banque sortie des studios d’Emu Sound Central et développée pour tirer parti du streaming audio de l’Emulator X, Old World Instruments est une collection d’instruments du monde échantillonnés sans compromis, représentant 1,6 Go de samples et 768 programmes. On y trouve une quantité impressionnante d’instruments à cordes et à vent, ainsi que des percussions : harpe celtique, balalaïka, balafon, bouzouki, djembé, guimbarde, kalimba, mandoline, gongs, oud, steeldrum, banjo, flutes Venu… Les programmes sont déclinés avec ou sans effets. Cerise sur le gâteau, la banque de reprend une compilation des sons du Proteus 3, pour les nostalgiques. C’était quand même pas mal…
Modern Symphonic Orchestra
Modern Symphonic Orchestra représente le morceau de bravoure de cette collection. C’est une évolution bien plus marquée que ne l’était déjà le module Virtuoso 2000 (voir paragraphe Virtuoso X ci-après) par rapport au Proteus 2 de 1990. En 10 ans, on était passé de 8 Mo à 64 Mo. À peine 10 ans plus tard, on passe de 64 Mo à plus de 10 Go ! Les 5 DVD renferment pas moins de 2300 programmes des cordes, cuivres, vents et percussions capturées en stéréo. L’orchestre a été enregistré suivant la disposition d’une formation live, époque baroque. La banque met à profit la technologie Flex, permettant d’améliorer l’expressivité des sons (coups d’archets, attaques d’anche…). L’utilisation combinée de touches du clavier permet d’alterner entre les versions tenues et staccato des sons. On dispose aussi de modulations en temps réel (bend up, down, répétitions, contrôle des couches) pour améliorer l’expressivité du jeu. Certains Multisetups utilisent pas moins de 32 canaux Midi, impressionnant. Il faut un certain temps pour apprendre à utiliser au mieux cette banque, pour tirer la quintessence de ses possibilités d’expression. Voici un ensemble de cordes, d’autres cordes, des bois et des cuivres. Enfin, signalons que cette collection est livrée avec Overture 4 SE, version allégée du célèbre logiciel de notation.
Platinum 88 Grand Piano
La banque Platinum 88 est dédiée à un piano acoustique de concert Steinway L. Trois versions sont disponibles, utilisant plus ou moins de mémoire, donc de ressources processeur. Le grosse version totalise 7 Go de sons capturés en 24 bits/ 48 kHz. Elle est constituée de 12 couches stéréo de 88 échantillons : 5 couches avec la pédale de maintien levée, 6 avec la pédale engagée et 1 dédiée aux relâchements. Streaming oblige, les notes sont capturées intégralement jusqu’à l’extinction, il n’y a donc aucune boucle. D’autres tailles sont également fournies : 1 Go (2 × 3 couches stéréo bouclées en 16 bits/ 44 kHz) et 200 Mo (2 couches stéréo bouclées en 16 bits/ 44 kHz). Un paramètre Spread permet d’ajuster la profondeur de l’image stéréo. Les contrôleurs Midi sont paramétrés comme les 3 pédales d’un piano de concert (maintien, sostenuto, soft). La soixantaine de programmes offre différentes versions du piano. Il s’agit surtout de différentes ambiances simulées par la section effets et quelques versions synthétisées, par exemple des pianos bastringue. Voici le Steinway L concert et une déclinaison Jazz.
Collection sonore, partie 2
Vintage X Pro 1
Les 3 collections Vintage X Pro représentent le gros morceau des banques Emulator X / Proteus X. Rien à voir avec la Rom 32 Mo Vintage Pro, puisque chacune offre plusieurs Go de sons issus de machines mythiques, capturés en 16 et 24 bits. Les multiéchantillons sont généreux, chaque note ayant été samplée individuellement. Il faut beaucoup de Ram et un disque dur puissant sous peine de clics et autres buzz désagréables.
Le premier opus s’attache à 10 instruments : Arp (2600 & Axxe), Roland (JD-800, Jupiter-8 & JX8-P), Moog (Memorymoog, Minimoog & Taurus), Sequential (Prophet 10 & Prophet 600). Que du beau monde… qui représente tout de même 2,8 Go et 3800 échantillons. La banque Arp 2600 contient essentiellement des réglages bruts des formes d’ondes originelles. Quelques balayages de filtre sont présents, mais sans plus. On aurait aimé une programmation plus approfondie, compte tenu des possibilités de synthèse du logiciel. La banque Axxe n’est pas beaucoup plus poussée : après quelques programmes évocateurs, on tombe dans les samples de formes d’ondes élémentaires. Là encore, il faudra jouer des potards pour créer ses propres sons, ce qui n’est pas pareil qu’un filtrage, une PWM ou des enveloppes analogiques. Pour le JD-800, la programmation est plus élaborée : on a affaire à 14 sons originaux variés (basses, pads, chœurs), mais pas un de plus. Le Jupiter-8 est excellent, tant dans la programmation initiale que dans la capture : le premier son est un empilage monstrueux d’oscillateurs. Vient ensuite un ensemble de cuivres gras et épais, tout à fait caractéristiques du Roland. On apprécie également les rugueux PWM avec ou sans balayage de filtre, les nappes douces et les monstrueuses synchronisations. Du très beau travail ! La banque JX8-P ne nous a pas emballés : on part d’une texture aérienne que l’on filtre çà et là ou que l’on passe dans un LFO, sans plus… Le Memorymoog est assez insipide : quelques synchros, nappes et balayages, mais rien de suffisamment typé, tirant partie des 3 VCO, des filtres discrets ou des possibilités de modulation de l’original. Le Minimoog est assez inégal : d’énormes leads à 3 VCO, quelques basses intéressantes, des formes d’onde, mais pas de balayage de filtre et un manque de punch. La basse Taurus est bien plus soignée. On retrouve les classiques du genre : sons gras avec filtre ouvert, basses à ouverture de filtre plus ou moins progressive. Le Prophet-10 n’est pas trop mal, avec quelques programmes bien typés en fin de banque, parmi les ondes simples samplées sans programmation additionnelle. La banque consacrée au Prophet-600 est en revanche très bonne, dans la lignée du Jupiter-8 : on trouve des cuivres épais, des nappes filtrées, des balayages de spectre, des PWM, des synchro… bref, de la programmation bien réalisée et un échantillonnage très propre.
Vintage X Pro 2
Avec 2,5 Go et plus de 2000 échantillons, le deuxième volume est consacré à d’autres claviers vintages : Elka Rhapsodie, E-mu modulaire, Roland Juno-60 & TB-303, Mellotron, Korg MS20, Solina String et Oberheim OB-Xa. Le Rhapsodie est un clavier capable de générer des strings et des cellos synthétiques, grâce à des oscillateurs couplés à un chorus pour épaissir le son. Sur l’original, 2 potentiomètres et 2 boutons permettent de mélanger les 2 sons. La banque E-mu reprend le même principe grâce aux contrôleurs temps réel, en ajoutant des sons filtrés ou phasés. Le rendu est conforme à l’original, avec autant de douceur et de subtiles vibrations, bien qu’un peu plus froid à l’écoute. Les programmes de la banque du modulaire E-mu sont peu nombreux mais d’excellente facture : empilages puissants de VCO, désaccordages, longs balayages de filtre, filtres multiples, formants de voix, synchronisation : l’esprit est bien là et le timbre très intéressant. Mais on aurait aimé en avoir plus ! Le gros morceau de cet opus est sans conteste la banque de Juno-60, avec 1,5 Go et 700 échantillons. Inutile de dire qu’avec peu de Ram et un disque dur peu véloce, point de salut, car il faut alors réduire le pré-roll du streaming, ce qui a pour effet de surcharger le disque ! Les 60 programmes livrés sont assez classiques, dans le plus pur style du Juno : nappes, cuivres, chœurs synthétiques (très biens), basses et effets de filtrage. Du travail propre, mais très gourmand en mémoire ! Mais notre banque préférée est celle du Mellotron, une très belle recréation : incontestablement, la machine utilisée (un Mark II à 2 claviers de 35 notes) et ses bandes étaient en parfait état. Chaque note a été capturée sur toute sa longueur, ce qui évite le rendu désastreux des samples bouclés de Mellotron. Le Mark II disposait de 6 ensembles sonores de 3 pistes par note, soit 1260 échantillons analogiques. Ici, on retrouve avec bonheur les flûtes, les cuivres, les strings, les chœurs masculins (fabuleux !), les chœurs féminins et les chœurs d’enfants. Les programmes offrent les versions originales ainsi que différents mélanges avec ou sans réponse dynamique. Une autre banque très réussie est celle du MS-20, dédiée aux effets spéciaux et percussions analogiques. Le designer sonore s’en est donné à cœur joie avec ses cordons de patches pour recréer des kits électroniques, mais aussi klaxons, clapotis, couinements, cris et autres râles lugubres. La banque OB-Xa comporte les grands classiques de la maison Oberheim : dents-de-scie puissantes, impulsions riches pour d’épaisses nappes. La couleur est là, mais le manque de punch évident vient ternir le tableau et on ne peut rien y faire. La banque Solina Strings reprend tout l’esprit de l’original, avec des cordes chaudes et douces. Quelques balayages de filtre donnent des effets agréables (le phaser notamment) ; du bon potentiel pour aller plus loin… La plus petite banque est dédiée à la TB-303. L’esprit est bien là, avec ce fameux filtre 3 pôles. Toutes les configurations de formes d’ondes sont déclinées, avec ou sans filtrage d’origine. Les filtres de l’E-mu permettent de travailler le son pour le salir ou l’acidifier. Des sons très musicaux et immédiatement utilisables. Enfin, une ultime banque Millenium offre une bonne centaine de programmes très travaillés : basses, nappes, sons de cloche, textures hybrides, effets spéciaux… beaucoup de talent dans le design sonore, ce qu’apprécieront les amateurs de bruitage et de son à l’image.
Vintage X Pro 3
Dernière mouture de la collection Vintage X Pro, le troisième volume est dédié aux 5 monstres sacrés parmi les claviers électriques : Hammond B3, Hohner Clavinet, Yamaha CP-70, piano Rhodes et piano Wurlitzer. Tout ce beau monde entre dans 2,9 Go, soit 2200 samples. A tout seigneur tout honneur, commençons par le B3 : pour un meilleur rendu, il a été samplé avec 2 cabines Leslie simultanées (une à transistors et une à lampes) et 6 microphones, le tout étant ensuite réduit en stéréo. La reproduction est très fidèle. Les programmes utilisent la molette de modulation et un switch Midi pour alterner entre Leslie lent et rapide. Avec des processeurs de Lag et de rampe mis au point sur le module B3 de la génération Proteus 2000, les transitions sont assez réalistes. Les programmes reprennent différentes configurations de tirettes harmoniques, de percussions (trigger mono comme sur le vrai) et de vibrato. Mieux, les programmes « Full Drawbar » permettent un contrôle individuel sur chaque élément sonore (tirettes, vibrato…) grâce aux contrôleurs Midi pré affectés. Il n’y a plus qu’à pousser le potard de disto pour se prendre pour Emerson et déchirer la scène. Passons au Clavinet, guttural à souhait. Les designers n’ont oublié ni le rappel de corde, ni la vélocité sur le volume et le vibrato. Il manque à notre sens une couche de vélocité fff, avec le son incisif caractéristique qui en découle. Le CP70 est une réussite. Le son est plein, chaleureux et détaillé de l’attaque à l’extinction, avec une belle résonance de corde et une certaine largeur stéréo. On sent que la capture a été particulièrement soignée. La banque n’offre certes que 3 couches de dynamique, mais les transitions sont très douces. Cela donne envie de jouer. Le piano Rhodes a été échantillonné en 24 bits sur 3 niveaux de dynamique. L’instrument utilisé disposait de la modification Dyno permettant un son plus claquant et plus dynamique. La définition du son est impressionnante, avec un tine omniprésent dans les vélocités faibles, s’éteignant ensuite dans les médiums pour résonner de plus belle dans les fortes. Là en revanche, on manque de couches de dynamique, tant le Rhodes est expressif. Enfin, le Wurlitzer vient clore cette magnifique collection. Là encore, le son est somptueux et réaliste. Mais là aussi, on manque de couches pour les mêmes raisons d’expressivité de la machine. C’est toutefois un peu moins ennuyeux que précédemment, car les timbres sont assez proches entre les différents styles de frappe. Au global, une magnifique collection totalisant 8 Go de machines vintage, indispensable.
Collection sonore, partie 3
Le module Orbit-3 disposait de 2 Roms de 32 Mo. Ces 2 banques en reprennent l’intégralité, à savoir les multiéchantillons et le millier de programmes développés par le designer hollandais Rob Papen. La première comprend des échantillons orientés techno / dance, principalement tirés de synthés et BAR vintage, retravaillés ensuite avec les fonctions de synthèse internes. Plus orientée électro / dance (pour les puristes), la seconde banque fait la part belle aux basses, aux synthés et aux percussions acoustiques / électroniques.
Protean Drum X
Banque tirée de la Rom 32 Mo du module PX-7, reprenant l’intégralité des multiéchantillons et des 513 programmes. Cette collection est dédiée aux kits de batterie : acoustiques (rock, jazz, pop), électroniques, percussions… même si les modules originaux ne travaillaient qu’en 16 bits / 44 kHz, les samples avaient été capturés en 24 bits/ 48 kHz. L’accent a incontestablement été mis sur l’expressivité, certains instruments de percussion totalisant 8 couches empilées. Ceci peut paraître commun de nos jours, mais le résultat est là.
Xtreme Lead X
Banque tirée de la Rom 32 Mo du module XL-1, reprenant l’intégralité des 1400 échantillons / multiéchantillons et des 512 programmes. Destinée à la musique Dance, cette collection comporte une foultitude de Pads, de bruits extrêmes, de kits de batterie et de percussions. 12 des 16 contrôleurs Midi sont assignés aux paramètres de synthèse vitaux : FC, Q, chorus, enveloppes, LFO, réverbe et délai.
Street Kits
Ces 2 CD, tout à fait complémentaires (l’un électronique déjanté, l’autre acoustique pur), nous transportent dans le monde de la dance et du hip-hop, puis du jazz et du funk. Cette fois, nous sommes en présence de grosses banques de son, développées pour tirer pleinement partie de la plateforme Emulator X / Proteus X. Street Kits contient pas moins de 5600 échantillons répartis en 200 kits prêts à l’emploi, dans les styles Urban Dance et hip-hop. Les kits sont samplés sur plusieurs couches, pour une expressivité plus grande. Les banques sont scindées en programmes de 2 et 5 kits, permettant rapidement de trouver son bonheur et de faire différents tests sonores par simple transposition d’octave. Globalement, on trouve des sons très punchy, hautement compressés, certains salis, avec une production intelligente qui privilégie la musicalité à la démonstration. Un usage judicieux est fait des possibilités de filtrage, de modulation et d’effets en temps réel.
Beat Shop Two contient 9 banques acoustiques dans les styles jazz et funk. On commence par 3 kits acoustiques stéréo Pearl somptueusement samplés en 24 bits, comprenant en moyenne 250 échantillons représentant 240 à 350 Mo (streaming indispensable). Pratiquement tous les instruments sont capturés sur plusieurs niveaux de vélocité (jusqu’à 5), y compris les cymbales. Ces dernières sont extrêmement longues. On apprécie l’uniformité et la cohérence des kits, la musicalité et la qualité sonore. Celle-ci est assurée par une prise de son irréprochable et du matériel de qualité. Chaque échantillon a été capturé avec 8 micros et un mixage méticuleux a été effectué entre les prises à proximité et les prises d’ambiance. On obtient ainsi des kits purs sans traitement, utilisant la réverbération naturelle du studio. Les 6 autres banques contiennent des grooves plutôt lents, entre 75 et 125 bpm. Outre leur qualité sonore, leur originalité tient au fait qu’en plus des motifs complets et des fill, les pistes instrumentales individuelles sont disponibles, ce qui permet d’assembler très facilement de nouveaux motifs, en live ou en enregistrement. De plus, les instruments individuels sont aussi échantillonnés et organisés en kits élémentaires. Seul reproche, les boucles tournent sur 4 temps, on aurait préféré davantage.
Collection sonore, partie 4
Virtuoso X
Banque tirée de la Rom 2 × 32 Mo du module Virtuoso 2000, reprenant l’intégralité des multiéchantillons et des programmes. Les cordes occupent la moitié de la mémoire. Les différentes techniques de jeu ou d’expression sont recréées : legato, marcato, tremolo, spiccato (coup d’archet unique) ou pizzicato. On trouve également, suivant les registres, différentes tailles de section, allant de la totale au solo : on peut citer des configurations à 5 et 16 violons, 5 et 15 altos, 5 et 10 violoncelles, 3 à 6 contrebasses… Les programmes sont soignés, utilisant au mieux les possibilités de synthèse du Proteus X. Les grosses sections sont très propres, avec beaucoup de dynamique, des points de boucles bien traités et des montages difficiles à prendre en défaut. Grande musicalité, attaques franches, réponse dynamique bien recréée grâce à la matrice de modulation. Les violons solos sont assez réussis, avec une belle attaque d’archet et une tenue musicale. Les violoncelles et les contrebasses sont en revanche moins convaincants. La collection d’instruments à vent est fournie. Les différents types de flûtes sont bien rendus, mais les flûtes alto et picolo ont trop de souffle dans la portion d’attaque. Côté cuivres solo, on retrouve les classiques du genre, déclinés en plusieurs articulations (premier et second pupitre) et dynamiques (soft, hard). Les programmes « Dynamic » permettent une très bonne expressivité compte tenu de la mémoire réduite. On note ainsi des trompettes moelleuses ou pétaradantes, des cors français doux ou cuivrés. Les trombones sont un peu plus neutres mais tout à fait jouables. D’une façon générale, les bois solos sont de la même trempe, que ce soient les hautbois ou les bassons / contrebassons. La clarinette est musicale, mais manque parfois de constance dans les transitions (volumes, niveau d’attaque). Elle est largement déclinée en différents timbres. On trouve également une belle clarinette basse. Enfin, les percussions sont magnifiques : timbales amples et longues, cymbales claires, gongs impressionnants, grosses caisses qui déménagent… en tout plus de 20 ensembles complets de percussions. Il manque à notre sens quelques instruments tels que les guitares classiques ; les orgues liturgiques sont anecdotiques.
Banque tirée de la Rom 32 Mo du module Planet Earth, reprenant l’intégralité des multiéchantillons et des 512 programmes. Il y a 15 ans, le Proteus 3/World était le premier module dédié aux instruments ethniques. Puis E-mu était reparti pour un nouveau tour du monde avec le Carnaval, puis le Planet Earth. Au programme : djembe, gankokwe (ouvert, fermé), shekere, talking drum, balafon. Bien évidemment, la part belle est faite aux différentes techniques de jeu, reprises dans chaque kit sur plusieurs touches. Les percussions brésiliennes n’ont pas été oubliées : surdo (avec vélocité), sifflets, agogo, tambourin, cuica, pandero… tout pour le carnaval. On ne compte pas le nombre de percussions individuelles ou les kits prêts à jouer, issus des quatre coins de la planète (pour peu qu’elle en ait !). Côté multisamples, commençons par les quelques instruments à cordes exotiques. Le Su Gzheng est un instrument d’extrême orient à cordes pincées : capture propre, rendu musical, mais transitions audibles. Idem pour le banjo, le bouzouki, la mandoline. Les instruments à vent sont nombreux : shakuhachi, flûte de pan, ocarina, cornemuse ; on trouve aussi des raretés : bansuri, mizmar, suona… leur musicalité est en général très bonne, dommage encore une fois que le multisampling soit limité, Rom oblige. D’une manière générale, ce type de remarque s’applique à la plupart des autres multisamples (steeldrum, accordéons…), ce qui est normal vu la conception d’origine. Rare exception, la harpe celtique est très soignée, avec suffisamment d’échantillons pour un rendu fluide. Pour terminer, signalons la présence d’excellents programmes de synthèse bâtis à partir des échantillons ethniques. Non seulement ils démontrent la puissance la section synthèse, mais ils sont originaux et utilisables. Coup de chapeau aux textures hybrides et aux nappes planantes, agrémentées de subtiles percussions ou de doux frémissements, d’ici et d’ailleurs.
Mo’Phatt X
Conclusion
Au final, l’EX3 est au top des samplers virtuels du moment. Stable, intuitif, bien conçu, il porte la technologie E-mu au plus haut. Les fonctionnalités apportées sur l’EX2 ont encore été enrichies. Le sampler est aussi à l’aise pour les sessions intuitives de multisampling que pour le traitement sans ménagement des boucles, pour la capture automatisée de machines Midi que pour l’extraction de pistes audio. On peut lui reprocher une certaine gourmandise en ressources, mais ce sont surtout les aficionados du Mac qui peuvent se mordre le bouton de la souris… Pour tous les autres, musiciens, designers, ingés son, fondus de sampling, de synthèse ou consommateurs invétérés de banques sons, ça va être difficile de ne pas mettre un EX3 en haut de sa liste.