Aux ingés-mastering:qui demande de pousser le volume pour être compétitif ds la Loudness War ?
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JolX
Salut tout le monde
Voilà, la question est dans le titre ! Je me demande d'où vient la demande de réduire la dynamique et de pousser de plus en plus le "loudness" des morceaux.
Dans beaucoup articles, je lis que ça vient des artistes eux-mêmes, qui veulent avoir un son "compétitifs". Ca se voit de manière très claire sur ce forum, où beaucoup d'amateurs veulent faire du "loud" pour paraître pros.
Dans d'autres, je lis que ça provient d'une pression du producteur/directeur artistique/de la maison de disque.
Je me doute que ce ne sont pas les ingés sons qui impulsent ce phénomène, quoi que, peut-être que c'est rentré dans les moeurs des techniciens du son. Un ingé son qui a masterisé l'album à -13dB RMS se dira peut-être qu'il a pas mal de dynamique, alors que c'est bien peu par rapport aux albums des années 70 dont il n'est pas rare qu'ils affichent -20 dB RMS.
Alors je me demande, dans le fond, comment ça se passe. Comment est négocié le volume moyen de l'album, quelles personnes prennent part à cette négociation, qui avance quels arguments.
Est ce que vous avez des trucs à dire là dessus, est ce que vous avez des anecdotes à raconter ? Ca m'intéresse énormément.
Merci !
Anonyme
Oui, la musique n'est plus qu'un bruit de fond nécessaire au décérébrage généralisé, pour empêcher la communication entre les êtres humains dans les lieux publics, pour éviter au porteur de casque audio de rue de percevoir son environnement trop moche.
Certains musiciens et producteurs (au sens anglo-saxon du terme) ont tellement peu confiance dans la qualité de ce qu'ils produisent qu'ils se sentent obligés de les imposer par le niveau sonore, annihilant par la même occasion une partie de ce qui crée l'émotion dans la musique.
Si on en est là, ce n'est pas pour des raisons musicales mais bien pour des raisons mercantiles et je trouve suspect que des musiciens défendent cette manière de voir les choses.
L'argument des conditions d'écoute ne tient pas. Les casques actuels sont assez isolants pour profiter correctement d'un peu de dynamique. Et si une production vise directement un public urbain écoutant sur des ipods, je peux comprendre cet argument. Mais pourquoi celles qui ne s'adressent pas à ce public imposent cette punition ?
Pour paraphraser un vieux slogan qui disait, "Police partout, sécurité nulle part", ou "Télé partout, info nulle part", maintenant on a "Musique partout, mais émotion nulle part".
JM
Warmy
Une des plus belle note de musique est parfois le silence...
anton.
Jan> Mais moi je suis d'accord avec ça mais il faut bien comprendre que la minorité qui veut préserver son espace émotionnel ne fait pas vivre les musiciens qui doivent coordonner deux choses: l'art dans ce qu'il a de plus sensible et le mercantilisme que tu dénonces. Theodor Adorno a théorisé ce processus dès les années 30 avec l'invention du phonographe. Le processus marchand domine celui de l'art puisqu'il lui permet de se diffuser et de se vendre et donc d'exister. Un CD avant d'être perçu artistiquement est d'abord un objet soumis à la dictature de la consommation. Les musiciens ont bien conscience qu'ils n'ont pas vraiment le choix et le MP3 n'y changera pas grand chose.
Pour les conditions d'écoute je pense que c'est assez clair. La majorité des gens se satisfont largement d'écouteurs lambda et même d'une enceinte de téléphone portable. Tuer le mastering c'est donc tuer les méthodes de consommation qui prédominent et conditionnent les sociétés modernes.
Plateau of mirrors Mon blog musique et création.
[ Dernière édition du message le 16/03/2011 à 19:06:39 ]
Dr Pouet
Mébon, juste pour la rhétorique...
L'argument des conditions d'écoute ne tient pas. Les casques actuels sont assez isolants pour profiter correctement d'un peu de dynamique. Et si une production vise directement un public urbain écoutant sur des ipods, je peux comprendre cet argument. Mais pourquoi celles qui ne s'adressent pas à ce public imposent cette punition ?
Ok pour l'ipod et la voiture (encore que). Mais quid de l'écoute sur une mini-chaîne faiblarde ?
Je me souviens avoir apporté chez des potes un morceau que je trouvais génial pour le faire écouter, et constater que ça ne donnait plus rien. Sans le constater personnellement, je n'y aurais pas cru. Et ce d'autant plus que:
- c'était une mini-chaîne "milieu voire haut de gamme carrefour"
- j'avais de mon côté des enceintes hifi certes, mais de bibliothèque, donc 2 voies, pas tellement plus grosses que celles de la mini-chaine
- le morceau n'était pas "ébouriffant". Ça devait être du jazz, l'un des morceaux de Spoonerism de Laurent de Wilde. Donc pas du classique avec une dynamique de 40dB.
Par contre la contrebasse jouait un rôle important dans la mélodie. Comme ça ne faisait plus qu'une note...
Et ce genre de problème, je pense qu'il existera toujours (à moins d'un progrès brusque et énorme dans l'acoustique...)
[ Dernière édition du message le 16/03/2011 à 19:19:25 ]
Anonyme
Citation :
Dire ça et le répéter c'est ne pas prendre en compte ce que j'ai évoqué plus haut.
On peut prendre en compte, mais ne pas adopter et refuser la démarche (en tant que musicien, technicien ou auditeur).
C'est ce qu'on appelle "la part du colibri".
Refuser, ne serait-ce qu'un peu, c'est toujours ça.
"Et dire qu'il suffirait de ne plus en acheter pour que ça ne se vende plus"
anton.
Bien sur seulement on ne peut pas lutter et la question initiale de ce sujet initié par Jolx était qui décidait de cette loudness war? Le cas de figure présenté par notre ami était c'est la faute des musiciens ou des ingé sons (grossièrement parlant)? Et là chacun tape sur l'autre en considérant l'un et l'autre responsable. Je dis juste que ce n'est pas une manière de voir les choses et que les musiciens et les ingés sons ne sont pas décideurs dans l'industrie musicale.
Jolx prépare un travail universitaire, il serait bon d'apporter quelques réponses un peu plus approfondies que sa théorie de départ qui affirme qu'il s'agit "d'un concours de bite" entre musiciens.
Plateau of mirrors Mon blog musique et création.
[ Dernière édition du message le 16/03/2011 à 20:55:43 ]
Anonyme
Non, je ne grossis pas le trait, ce n'est pas mon style voyons...
Pour une contrebasse, mastering façon Caterpillar ou pas, sur des enceintes de mini-chaîne Carrouf cela ne passera pas.
Par contre, la dernière fois que j'ai écouté un truc sur une mini-chaîne c'était un CD de Jack Johnson sur une chaine Thomson à 100€, et ça passait très bien alors que le mastering (contrôlé chez moi plus tard) n'est pas très compressé.
Le problème est un peu plus compliqué et ne peut pas être réduit à un problème de compression du master. C'est à comparer à une garde-robe que tu dois faire entrer dans une valise. Si la valise est trop petite, tu auras beau monter sur le couvercle, si tu en met trop et que tu tasses trop, le linge en ressortira froissé.
Pour moi cela a plutôt à voir avec deux critères, l'un est évident, c'est le contenu musical. Plus facile de faire correctement entendre une guitare acoustique et une voix qu'un orchestre symphonique avec une mini-chaîne. L'autre c'est la densité du mix, qui a quelque chose à voir avec la compression du master, mais pas seulement. Ca a aussi beaucoup à voir avec la prise de son et le mixage, avec la qualité des instrumentistes et des instruments.
Bref, pour moi, vouloir faire entendre n'importe quoi sur n'importe quel système c'est faire croire aux auditeurs-consommateurs que leur chaîne à 100€ peut faire ce que fait une chaîne à 5000€, et c'est un mensonge. Faire croire qu'un master sur-compressé peut être un remède à l'indigence des moyens d'écoute est un leurre. Ce n'est pas un discours élitiste, c'est juste un constat. C'est un discours réaliste a mettre en face d'un discours mercantile.
D'ailleurs, l'évolution des modes et des techniques a fait évolué les choses. Il y a quarante ans, la dynamique était respectée car il n'y avait de mastering que le nécessaire pour que la musique soit gravée sur disque noir, et en fait le graveur gérait la dynamique de manière manuelle, pas avec un compresseur. Par contre, pour le vulgum pecus, la bande passante était écourtée aux deux bouts. Mais les HP étaient assez sensibles et donnaient un rendu assez dynamique.
De nos jours, nous sommes arrivés au bout du bout d'une tendance très différente. Le besoin d'enceintes de petites dimensions et le progrès des tweeters a fait que la bande passante est étendue au delà de 20kHz pour les enceintes les moins chères, mais comme avant l'extrême grave est en général absent (ou pire restitué par un caisson Band-Pass, ces trucs qui ne savent jouer qu'une note). Par contre la sensibilité est en chute libre et se situe facilement dix à quinze dB en dessous de leurs ainées. Cela entraîne une perte de définition et de dynamique par compression thermique. La compression thermique étant en plus accentuée par un message musical compressé dont le niveau instantané est proche du niveau crête.
Moralité, on peut penser que je force le trait, mais ce n'est pas le cas, c'est avec sincérité que j'affirme que seul l'aspect marchand du problème pousse les prods à sur-compresser leurs productions. Et je suis persuadé que si on faisait des comparaison à l'aveugle quelque soient les conditions d'écoute entre un master sur-compressé et un master raisonnablement compressé, à niveau moyen constant, il n'y aurait pas grand monde à préférer le premier. Le seul cas dans lequel le premier sera choisi, c'est lorsque le système sera tellement indigent qu'il n'arrivera pas à passer les crêtes.
Mais faut-il absolument produire des enregistrements qui passent aussi sur ces systèmes ? A ce compte-là, il faut monter des pneus de tracteur sur toutes les voitures, certains automobilistes habitant des endroits ou les chemins ne sont pas bitumés.
JM
Anonyme
J'ai fait un peu long, non ? Faut me dire, hein ?
JM
scare
Voilà la démonstration de l'on peut faire un très long post lisible !!
Citation :
c'est avec sincérité que j'affirme que seul l'aspect marchand du problème pousse les prods à sur-compresser leurs productions.
Fa fé bein vrai
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Dossier : Conversion analogique-numérique (pour les courageux)
Anonyme
Citation :
J'ai fait un peu long, non ? Faut me dire, hein ?
oui, mais ça se lit bien...
ou pire restitué par un caisson Band-Pass, ces trucs qui ne savent jouer qu'une note
je l'aime bien celle là !
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