Sociologie de la Loudness War: tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la guerre du volume!
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JolX
J'ai fait mon mémoire de sociologie sur la guerre du volume dans le monde de la production musicale, et j'aimerais le partager avec les membres de ce forum, que cela devrait intéresser. C'est un travail qui m'a pris énormément de temps, et dont je suis assez content ; je pense que c'est de la qualité.
C'est un mix entre des analyses statistiques sur l'augmentation du volume à partir d'un échantillon d'albums de musique, et une enquête "de terrain" (comme on dit) dans des studios, par l'interview d'artistes, de producteurs, de directeurs artistiques, de programmateurs radio, d'attachés de presse, etc.
La première partie est technique à certains endroits, mais j'espère que ça ne vous arrêtera pas si vous êtes intéressés, parce que la partie la plus intéressante pour les membres du monde musical est la deuxième partie, qui se donne la tâche de comprendre quel sens a le phénomène de loudness war pour ses acteurs ainsi que de montrer le réseau de contraintes qui la rend presque inévitable.
Je pense avoir découvert certains éléments intéressants dont on ne se doutait pas forcément a priori. Mais je ne dévoile pas tout maintenant...
Donc, si vous avez envie de lire sur le sujet, voici le résultat :
fichier pdf: Joël Girès - Des transformations convergentes sans chef d'orchestre..pdf
En espérant avoir des retours !
[ Dernière édition du message le 29/12/2011 à 03:18:02 ]
SampleHunter
Comme le vinyl, le numérique a ses limites technologiques
Ben, justement non. Pour ce qui est du son, le CD n'a pas de limite puisqu'il dépasse les caractéristiques auditives humaines (en fréquence et en dynamique).
Ce traitement censé permettre l'écoute de la radio dans une 2CV lancée à 120 km/h, n'a rien d'artistique
C'est bien le sujet, pourquoi impose-t-on ce traitement à toute la production, dès le studio de mastering ?
Le fait est que le niveau moyen des productions n'a cessé d'augmenter depuis l'apparition du numérique. Mais cela n'est pas toujours au détriment de la qualité audio
Dans la mesure où ça ne peut pas l'améliorer, c'est de toute façon inutile.
le problème actuellement totalement ingérable est celui des traitements d'antenne éffectués par les diffuseurs et particulièrement les FM commerciales
Il faut rappeler ici tout de même que ce fameux traitement d'antenne a comme principale objectif de masteriser à la volé, et donc assurer à l'auditeur une longue écoute sans toucher à la télécommande. Tâche complexe parce que les programmes radio sont variés (info, musique, reportage, débat, conversation téléphonique, publicité etc...). Ensuite et seulement ensuite, certaines radio ont commencé à compresser à outrance dans les limites techniques de la bande FM pour sonner plus fort que la voisine. Le traitement d'antenne est donc nécessaire, c'est le 2ème point ici que l'EBU R128 va régler.
Là ou je reste effectivement inquiet, c'est sur la diffusion Web. Car autant il va être simple de mettre en place la R128 sur tous les autres Média, autant cela va être compliqué sur le Web. D'autant que sur ce média, il n'y a pas que des productions professionnelles. nombre de mp3 sont compressés en amateur, quasiment toute la vidéo est amateur (youtube).
L'idéal serait probablement l'implantation d'un "normaliseur R128" dans les lecteurs de Flux audio/vidéo (QuickTime, iTune, VLC, Windows Media Center).
Trop de morceaux de musique finissent trop longtemps après la fin. [Igor Stravinsky]
SampleHunter
Les problèmes de variation de volume ne surgissent qu'à l'écoute d'un programme composé de sources diverses (web, radio, TV).
Le vrai problème est effectivement ici. Comment faire pour que des programmes variés donnent à l'auditeur la même impression de niveau ou pression sonore ?
- La solution actuelle: on compresse à mort tout les programmes. Une solution simple, qui marche parfaitement mais qui bousille le signal.
- La solution R128: on mesure le niveau physiologique des programmes et on baisse le gain des programmes survitaminés (compressés). On obtient donc un niveau d'écoute constant sans avoir trituré le signal (seul le gain est corrigé). Génial non ?....
Trop de morceaux de musique finissent trop longtemps après la fin. [Igor Stravinsky]
laurend
MaximalSound.com
Le mastering algorithmique en ligne depuis 2010
Démo SoundCloud
Sound On Sound Shootout
Crédits YouTube
SampleHunter
On peut aussi mettre un humain aux commandes pour assurer le mix antenne. Mais c'est plus cher qu'un serveur de diffusion.
La machine a également d'autres avantages: plus précise dans ses mesures que l'oreille, plus réactive (bien en dessous de la milliseconde), plus objective mais surtout... totalement hermétique aux pressions commerciales.
Finalement, la guerre des volumes, et donc la disparité de niveau entre les programmes a aussi une origine dans l'incapacité de notre oreille à mesurer avec précision une pression sonore. A telle point que personne ne contrôle le niveau à l'oreille: ce contrôle se fait toujours à vu.
L'évolution des instruments de mesure des niveaux est la principale cause de l'augmentation du niveau des productions à l'arrivé du numérique. Avant la mesure s'effectuait visuellement sur un Vu-Mètre (mesure RMS), avec le numérique notre regard s'est porté sur le crête mètre (le fameux OdbFS) seule limite désormais à ne pas dépasser. Ce changement radical et finalement cette liberté qu'apportait initialement le numérique à engendré un monstre, le monstre du Loudness...
Avec une oreille incompétente et un oeil inadapté à la mesure du son, la normalisation (R128) et donc l’asservissement ou l'automatisation du contrôle du niveau sonore est un mal nécessaire.
Trop de morceaux de musique finissent trop longtemps après la fin. [Igor Stravinsky]
[ Dernière édition du message le 30/12/2011 à 14:37:09 ]
Lv mastering
Avant la mesure s'effectuait visuellement sur un Vu-Mètre (mesure RMS), avec le numérique notre regard s'est porté sur le crête mètre (le fameux OdbFS) seule limite désormais à ne pas dépasser
Le vu-mètre est encore utilisé massivement.(ou au moins le peak-mètre configuré comme un vu-mètre)
Si vous analysez la quasi totalité des productions "sérieuses" vous constaterez que même avec des niveaux RMS monstrueux, il y a encore un mouvement dans les aiguilles du vu-mètre.
Je le répète pour la nénième fois sur ce forum car je vois régulièrement des Afiens
poster des mix "masterisés" dont le vu-mètre "colle" au maximum du début à la fin (ou presque)
Evidemment, en utilisant un peak-mètre configuré en valeur instantanée, on passe à côté de ce paramètre fondamental....et on révèle son amateurisme... A bon entendeur...
Studio de Mastering en ligne http://www.lvmastering.com/
[ Dernière édition du message le 30/12/2011 à 18:14:53 ]
Will Zégal
Je suis en total désaccord avec le propos sur la dégradation des conditions d'écoute, tout comme Jan. Nous avons d'ailleurs eu cette discussion l'autre soir lors d'un repas partagé avec Phil29 et Phil443.
Peut-être est-ce parce que nous sommes déjà des anciens (eux plus que moi ), mais je peux vous dire pour avoir été ado dans les années 80 que la qualité des systèmes d'écoute (fussent-ils nomades) dont dispose aujourd'hui l'écrasante majorité des auditeurs (et notamment les ados et les jeunes) est sans commune mesure avec ce qui existait à l'époque.
C'est pas parce qu'il était de bon ton de faire fièrement trôner une grosse chaîne à éléments séparés dans le salon que la qualité sonore de la dite chaîne était supérieure aux systèmes d'aujourd'hui. Les progrès de l'électronique (et l'effondrement de ses coûts) et ceux réalisés dans les enceintes et les processeurs (sans compter les casques) donnent des résultats probablement meilleurs sur les systèmes même de moyenne gamme aujourd'hui.
Et grosse chaîne ne veut pas dire chaîne haut de gamme. Ce qui a changé, c'est que :
- la miniaturisation a permis la disparition des grosses chaînes
- la démocratisation du son a rendu inutile l'étalage d'une grosse chaîne (qui n'offre plus d'image sociale) au profit de produits compacts plus pratiques, surtout avec le déplacement de la population vers les villes où les logements sont plus petits (rappelez-vous l'espace pris par une chaîne complète à élément séparés et mettez ça dans un appartement parisien moyen)
- l'entrée de gamme est plus accessible (fallait voir le prix d'un walkman K7 !) et d'une qualité incomparablement supérieure
- le moyen de gamme d'aujourd'hui est devenu accessible au plus grand nombre là où les plus modestes devaient se contenter d'électrophones mono quand c'était pas un simple mange-disques !
Bref, faut pas avoir connu les marques Tandy et Realistic pour tenir ce discours "c'était mieux avant"
[ Dernière édition du message le 04/01/2012 à 08:16:05 ]
emmanuel.d
Enfin un document sérieux sur le sujet!
Emmanuel
blackbollocks
Flag
pour rester sur l'histoire de la dégradation ou non des moyens de reproduction/diffusion, certes, en comparant l'existant d'avant avec ce que c'est devenu maintenant, on a tendance a dire que tout s'est amélioré pour un cout plus bas (comme en acquisition audio d'ailleurs)
mais bon, reste que la majorité des gens écoutent de la zik sur des enceintes d'ordi portable ou pire, de téléphones portables. Alors bon, c'est une question pour les vieux hein, mais a t'on déja fait pire comme moyen de diffusion que les enceintes de téléphones portables? (j'exclue gramophones a cylindres en cire, hein)
#ALAPLAJ L'été n'est pas fini partout!
Traumax
Citation :
reste que la majorité des gens écoutent de la zik sur des enceintes d'ordi portable ou pire, de téléphones portables
Ca reste à prouver. Les gens autour de moi écoutent leurs mp3 a la maison sur une chaine hifi. Y'a bien que les étudiants fauchés pour avoir que leur portable sous la main.
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