Besoin d'un multi-effets pas cher, nomade et pouvant aussi bien se brancher dans un ampli que dans une sono, un ordinateur ou jouable au casque ? Ce test risque bien d'attirer votre attention.
Après avoir testé la pédale de simulation Plexi Crunch analogique, penchons-nous sur le MG 300, multieffet de Nux visant le même objectif : un rapport qualité prix sans concession et un esprit tout terrain assumé. Tout numérique, le petit pédalier se présente dans un boîtier plastique d’assez bonne qualité pour ne pas faire paniquer lors de la prise en main. L’ensemble paraît en tout cas assez lourd pour ne pas se balader au sol malgré le sollicitations de vos pieds, bien secondé par quatre patins empêchant la pédale de se déplacer.
Une pédale d’expression caoutchoutée d’une surface suffisante figure sur la droite de l’appareil avec le classique changement de volume à wah en cliquant au bout de la course. Ni trop mou ni trop dur, l’appui nécessaire à ce changement est parfait en jeu debout, beaucoup moins contraignant qu’une Dunlop Cry Baby par exemple. Le panneau de contrôle propose assez peu de boutons différents : quatre potentiomètres de gain, level, master et sélection permettent de modifier les réglages au sein du preset alors que les boutons à côté de l’écran LCD agissent sur les différents variables.
Deux footswitches frontaux font défiler les presets, activent le looper intégré ou affichent l’accordeur en fonction des pressions, longues ou simultanées. L’écran LCD permet de ne pas se perdre parmi des réglages qui, même s’ils restent assez simples et accessibles, seraient laborieux sans contrôle visuel imagé. De qualité moyenne, il fera juste le job pour comprendre ce que l’on fait.
La connectique est simple mais suffisante pour utiliser le MG 300 sans prise de tête, ce qui est le postulat de départ. Un input pour la guitare avec un jack, un output pour attaquer l’input de l’ampli (point de boucle, il se branche en façade) qui sert aussi de prise casque ou de sortie directe pour la carte son, une prise femelle mini jack pour y brancher un lecteur mp3, un téléphone ou tout autre système sonore et jouer sur des backing tracks, une prise USB pour charger les IR ou bien mettre à jour le firmware et un port 9 volts dédié au secteur fourni.
Num et Rick
Branchons une Ibanez pour voir ce que ce MG 300 a dans le ventre et parcourons les presets de base dans un premier temps. D’une façon générale, le son est assez typé « numérique » lorsqu’il s’agit des sons crunchs ou overdrive mais cela n’est pas étonnant si l’on considère que ce multi-effets est proposé au tarif de 139 euros !
Les sons saturés modernes s’en tirent beaucoup mieux avec une petite mention spéciale pour le sons metal, rythmiques ou solo. Il n’en est pas moins que dans cette tranche de tarif il va être difficile de proposer autre chose dans cette catégorie d’effets à modélisations. Le MG 300 est très clairement destiné aux guitaristes débutants souhaitant un son flatteur rapidement, en toute circonstance.
25 amplis sont simulés avec en vrac le Bogner Uberschall, le Mesa Boogie Triple Rectifier, les Marshall JCM800 et JCM2000, Hiwatt, Vox AC30 ou AC15, Fender Tweed, bref vous avez de quoi faire. Les sons sont convaincants mais pas transcendants. Les saturations garderont donc ce côté chimique et peu dynamique traditionnellement associé aux simulations numériques mais font clairement l’affaire dans un cadre de pratique, répétition ou maquettage de votre projet musical.
Observons au passage une trop grande différence de volume entre les presets qui peuvent surprendre dans le cadre d’une répétition ou d’un enregistrement… De toute manière il convient de réaliser des presets soi-même en égalisant les volumes comme il convient.
Les modulations et spatialisations s’en tirent mieux avec des effets un nombre de 39, les chorus sont superbes et les delays peuvent être pilotés par le tap tempo sur la façade. Dommage que les boutons en caoutchouc mou ne permettent pas une grande précision, nous aurions préféré un plastique plus dur pour être certains de valider l’input de commande.
Cet aspect de la programmation peut être assuré via USB avec le logiciel Nux Quick Tone, qui vous donnera la possibilité de modifier facilement votre chaînage d’effets un peu à la manière d’un Bias FX selon une conception linéaire du routage d’effets. Signalons au passage que le MG 300 peut servir d’interface audio directe dans votre ordinateur pour enregistrer avec votre DAW sans besoin de carte son supplémentaire, vraiment pratique !
La course de la pédale d’expression est correcte, mais aurait gagné à être un peu plus étendue, gageons que cette amplitude est imposée par le format réduit du produit. Assez progressive, elle constitue un réel plus pour le MG 300 alors que d’autres pour le même prix voire plus en sont totalement dénué. Il conviendra toutefois d’apprécier dans la durée la résistance matérielle de cette pédale d’expression, les choses pouvant éventuellement se dégrader sur le long terme. Ne soyons pas pessimistes et réjouissons-nous de cet ajout bienvenu.
Le looper intégré de 60 secondes maximum offre un son convaincant, sans avoir le charme ou même la patte d’un Ditto bien sûr, mais très efficace. La fonction « drum » affiche des sonorités à peine meilleures qu’un métronome évolué et le son de « poum tchac » aura très vite fait de vous casser le cerveau. Belle initiative toutefois, vous pourrez travailler vos exercices en rythme. Il est possible de caler sur le même tempo les delays, le looper et la piste drums pour un rendu synchronisé.
Sans ampli ça donne quoi ?
Proposer des fonctions de modélisations d’enceintes variées et célèbres via des Impulse Responses, c’est à la mode il faut bien l’avouer. En basculant avec le bouton mode d’un chaînage avec ampli au chaînage en direct (fonction très pratique pour passer d’un système à l’autre), le MG 300 propose 25 simulations embarquées, mais vous pouvez importer des IRs tierces via le port USB. Les sonorités des IRs de base sont… Potables. Valables pour réaliser des maquettes, mais pas plus, on reconnaît bien les différences entre les simulations de 4×12, 2×12 ou 1×12. L’écran LCD affiche des designs qui ne trompent personne : Orange, Mesa, Bogner slant en 4×12, etc. Vous gagnerez tout de même à importer vos propres IRs, plus réalistes que celles par défaut. Ne perdons pas de vue le tarif de 139 euros, miraculeux pour les fonctions offertes… Mais ne perdons pas non plus nos oreilles et notre jugement.
L’édition, qu’elle soit depuis la pédale et son écran LCD ou via Quick Tone, est simple. Les différentes sections amplis, cabs, effets, micros sont claires et graphiquement amusantes à regarder sur l’écran LCD, avec une petite saveur 8 bits rigolote qui rend le processus assez fun il faut le dire. Il est aisé d’assigner un effet différent à la pédale, wha ou whammy par exemple. L’ajout d’un effet est simplissime, on peut même le déplacer à l’envi et tester virtuellement les interactions qu’ont certaines pédales suivant l’ordre dans lequel elles apparaissent dans la chaîne, un petit côté pédagogique bienvenu pour les publics les plus débutants.
Un multieffet convaincant dans sa catégorie
Le créneau des pédaliers à modélisation est déjà fortement occupé avec des références variées et des tarifs qui le sont tout autant, pas aisé de se démarquer dans toute cette jungle de propositions ! Il faut donc considérer le Nux MG 300 pour ce qu’il est, à savoir un pédalier multieffet de petite taille qui se veut un couteau suisse de la guitare électrique, à petit prix. Il n’excelle en rien, mais est un parfait compagnon nomade, ami de votre ordinateur et qui n’a pas peur des situations multiples qu’impose parfois la vie de musicien. Il peut constituer un joli cadeau pour un débutant ou un guitariste ayant une place réduite dans sa housse et devant se déplacer souvent dans un cadre de masterclasse par exemple. Tiens, ça me rappelle quelqu’un ça…
Un grand merci au magasin Hendrick Music de Blois pour le prêt de la pédale.