Sujet Les conneries on stage

Ça m'est arrivé dans une situation complétement différente. Pour la faire courte, gros accident en mer avec un voilier sur lequel j'avais été invité pour une nav de nuit. Importante voie d'eau et retour au port en liaison permanente avec le CROSS prêt à nous envoyer les secours si le bateau sombrait.
Il se trouve que j'ai la chance (jusqu'à présent) dans la plupart des situations de crise, de ne pas paniquer, mais plutôt d'organiser les choses. Là , on se retrouve à deux à prendre les choses en mains, distribuer les rôles, calmer celles et ceux qui paniquent (leur donner une responsabilité et les focaliser sur une tâche est un bon moyen) et maintenir tout le monde en alerte jusqu'au port.
Une fois au ponton, le bateau amarré, je descends sur le ponton... Et je m'effondre. Plus de jambes. Je suis resté je ne sais pas combien de temps assis sans pouvoir bouger et hébété pendant que les copains qui avaient loue le bateau passaient un sale quart d'heure avec le propriétaire et réglaient les papiers d'assurance.

Citation :

pendant que les copains qui avaient loue le bateau passaient un sale quart d'heure avec le propriétaire et réglaient les papiers d'assurance

et toutes ces procédures à la mords-moi le nœud

Will > Mais tu ne t'étais pas blessé? Qu'est-ce qui t'a coupé les jambes? Une peur rétrospective qui avait été mise sous le boisseau tant qu'il fallait agir? Oui, c'est ça aussi l'adrénaline..

Non, pas blessé. Mais un talonnage sur des récifs en pleine mer assez loin de la côte et en pleine nuit, avec une importante voie d'eau qu'on n'a contenu qu'en écoppant + pompant en permanence, plus quelques personnes qui paniquent à bord (on était une petite dizaine dont des gens pas du tout habitués à la mer), il y a de quoi stresser un peu.
La mer était heureusement pas trop forte, mais la perspective de se retrouver en pleine nuit sur un radeau de survie, c'est pas le truc le plus rassurant.

Oui, je comprends bien: Tant qu'il faut agir, on n'a pas le temps d'avoir peur et on gère son stress, mais quand l'urgence est terminée, tout remonte à la surface et on s'effondre.. Et je veux bien croire que la situation était flippante!

Oui. Et deux bonus flip :
1- j'étais invité par des gens qui étaient en formation de patron de plaisance. C'est a dire le diplôme qui te permet d'être skipper professionnel, de faire payer des gens pour les trimballer en mer. C'est eux qui ont fait la connerie de navigation (une balise qu'ils croyaient systématiquement allumée et qui ne l'était pas, donc on a foncé droit dessus). Pas très rassurant.

De deux, le CROSS qui te spécifie après rapport d'avarie de les rappeler tous les quarts d'heure et qui, quand à un moment on prend quelques minutes de retard, te rappelle pour savoir si t'es encore à flots.
Ah et aussi l'appel du CROSS à tous les bateaux dans la zone pour signaler le navire en avarie et de se préparer à se dérouter pour secours au signal du CROSS.
C'est à la fois rassurant (tu sens l'efficacité et que t'es pas tout seul) et à la fois ça rend bien réel le fait que la situation soit sérieuse, même si à aucun moment je n'ai vraiment craint pour ma vie. Mais tu prends juste pas le temps de penser à ça en fait. Juste se concentrer sur ce qu'il faut faire pour ramener le bateau avec tout le monde dessus en bon état.
Et gérer la panique, parce que ça, c'est un truc hyper contagieux : il suffit parfois que quelqu'un panique pour entraîner d'autres gens dans la panique. Or les gens qui paniquent font n'importe quoi dans un moment où il faut au contraire être très rationnel et réfléchi.
Par exemple, un des passagers qui avait déjà fait un peu de bateau voulait tout de suite mettre le BIB à l'eau.
Au milieu des rochers, pas l'idée du siècle. Mais alors qu'il s'agit prioritairement de manœuvrer le bateau pour le sortir de la zone dangereuse, c'est chaud de convaincre quelqu'un en panique de se tenir tranquille et de ne pas contrarier les manœuvres d'urgence.
Et de ne pas prendre le risque de se retrouver à la baille sur un empannage en allant traficoter le bib sur l'avant du pont.

Eh bien j'espère que cette effrayante aventure aura au moins appris des choses à ceux qui étaient en formation..