Le nom ne laisse guère de suspense : pour la version Custom Shop de la célèbre OCD, Fulltone tente un assaisonnement au Germanium...
Dès sa sortie, l’OCD est rapidement devenue un véritable classique du genre, se retrouvant sur de nombreux pedalboards de guitaristes pros. Comme à son habitude, Michael Fuller, le designer en chef et patron de Fulltone, a pondu un circuit particulièrement bien pensé et redoutablement efficace.
Si les toutes premières OCD sorties des ateliers de la marque étaient équipées d’une diode au Germanium, l’idée fut abandonnée à cause notamment de l’explosion du coût de ce composant et également de sa rareté. Début 2019, Michael Fuller a réussi à acquérir un stock assez conséquent de diodes au Germanium et a donc décidé de réaliser l’OCD ultime : la fameuse OCD Ge sur laquelle j’ai l’immense plaisir de me pencher aujourd’hui, issue du Custom Shop de la marque californienne.
Un circuit drôlement bien fichu
L’OCD de Fulltone est bien connue pour ses qualités très musicales, sa dynamique de folie et son côté très ouvert qu’on ne trouve pas sur les autres pédales du marché. La pédale doit aussi son succès à la quantité d’harmoniques complexes qu’elle ajoute au signal, sans le dénaturer pour autant et en conservant le caractère du couple guitare-ampli utilisé. Le circuit original conçu par Michael Fuller est rudement bien pensé et s’articule autour d’un ampli-OP JFET et de deux transistors MOSFET qui ne sont pas reliés à la masse mais à la tension de référence (VRef). Ces transistors sont en configuration « hard-clipping » et génèrent donc une quantité de gain assez importante. Sur notre version Ge tout droit sortie du Custom Shop de la marque, on trouve deux diodes au Germanium appairées qui fonctionnent en conjonction des transistors à effet de champ. On a donc un seuil de saturation élargi et une courbe de saturation beaucoup plus douce qui se traduisent par une sonorité et une réponse encore plus proches de celles d’un ampli à lampes et davantage d’harmoniques à l’octave supérieure.
Le côté plus doux induit par l’utilisation des diodes au Germanium a permis à notre électronicien californien de changer certaines valeurs de composants afin de laisser passer davantage d’aigus, ce qui donne un son plus défini, avec davantage de clarté. De plus, on peut monter le potard de tonalité dans ses réglages les plus extrêmes sans jamais obtenir un son agressif ; on conserve de la clarté et de la définition sans s’arracher les oreilles. Michael Fuller est retourné à un potentiomètre Audio logarithmique pour le volume, comme sur les toutes premières OCD, cette version Ge développant un peu plus de volume que la version « standard ». Cela permet de manipuler le potard avec davantage de précision, surtout dans le premier tiers de sa course. Les contrôles présents sur la pédale sont identiques à la version « standard », on n’est pas déboussolé.
On retrouve les réglages Volume, Drive et Tone auxquels vient s’ajouter le fameux switch « HP/LP ». Ce dernier permet de basculer entre les réglages High Peak et Low Peak. Le réglage High Peak génère plus de gain et de volume et développe une légère bosse dans les médiums, entre 1kHz et 2kHz. Ce réglage confère à la pédale une sonorité à l’anglaise, typée Marshall/Vox. Le réglage Low Peak est conçu pour être transparent et pour fonctionner très bien en clean boost. Le réglage de volume développant jusqu’à 20dB (et même plus en mode HP), la pédale s’avère particulièrement efficace utilisée comme un clean boost. Enfin, un switch interner permet de changer de méthode de bypass : True Bypass ou Enhanced Bypass. Les potentiomètres exercent une bonne résistance ce qui permet un réglage précis. On accède à l’intérieur de la pédale en dévissant quatre petites « Thumb Screws » chères à la marque.
L’overdrive obsédante et compulsive
Le sigle OCD signifie « Obsessive Compulsive Drive », et en jouant cette version Ge, on comprend très bien pourquoi. La pédale développe une dynamique remarquable et réagit parfaitement aux variations d’attaque, ce qui lui donne un ressenti très naturel et organique. Même chose quand on triture le réglage de volume de sa guitare, la pédale est très réactive. En mode Low Peak, la promesse du fabricant est tenue, l’OCD Ge est totalement transparente et ne colore que très peu le son, on a juste l’impression d’avoir mis son ampli (beaucoup) plus fort. La course du réglage Drive est assez longue et on peut trouver rapidement le son recherché et le taux de saturation idéal. Avec ce réglage sur sa position minimale, la pédale produit un léger overdrive avec un grain très agréable et chaleureux. En augmentant le taux de saturation, le son s’épaissit mais conserve un côté doux et jamais agressif. La saturation est riche en harmoniques et la pédale développe beaucoup de sustain malgré une compression très légère et un ressenti de jeu très ouvert. Les diodes au Germanium aident à donner ce ressenti très proche de ce que peut offrir un (très bon) ampli à lampes et à développer davantage d’harmoniques à l’octave supérieure.
En passant en mode High Peak, on gagne effectivement en volume et en saturation, sur toute la course du potard Drive. La légère bosse dans les médiums est également perceptible et ajoute, comme la marque l’affirme, un côté très British au son. Ce réglage colore un peu plus le son mais on reconnaît quand même l’ampli et la guitare sur lesquels on est en train de jouer, c’est très chouette. Le réglage de Tone a été particulièrement bien conçu. Si on souhaite bien sortir du mix en ayant un son le plus ouvert et donc le moins compressé possible, on peut très bien le placer sur sa valeur maximale. Ce réglage ouvre le son davantage sans qu’il devienne perçant ni douloureux, comme cela peut souvent être le cas sur quelques pédales d’overdrive. Que ce soit avec des micros doubles ou des micros simples, l’OCD Ge est très agréable à jouer.
En mode clean boost, les 20dB de boost procurés par le réglage de volume permettent d’attaquer l’étage d’entrée d’un ampli et de le faire saturer légèrement sans problème, de manière très musicale. Le caractère doux et ouvert de la pédale est bien retranscrit dans cette utilisation en boost. Pour davantage de dynamique et de clarté dans le son (comme si c’était nécessaire), Fulltone offre la possibilité, comme sur l’OCD standard, d’alimenter la pédale en 18 volts.
- Crunchy Amp – Max Volume Minimum Gain Low Peak (boost) (Gibson SG Special)01:06
- Gain 12o’clock Low Peak – Tone Messing (Gibson SG Special)01:31
- Gain 12o’clock Low Peak:High Peak (Gibson SG Special)02:31
- Max Gain High Peak – Clean Up (Gibson SG Special)02:48
- Max Gain Low Peak – Clean Up (Gibson SG Special)03:16
Overdrive/Distorsion qui déchire
L’OCD mérite très bien son nom, on devient vite obsédé par cette petite boîte bleue. On l’utilise effectivement de façon compulsive et elle sait se rendre indispensable. Michael Fuller signe encore une pédale bourrée de charme, très attachante et redoutable. Elle est efficace dans tous les cas de figure, se marie très bien avec d’autres pédales et de plus, elle est superbe recouverte de sa finition bleue pailletée. Tous les réglages sonnent bien et l’OCD Ge comblera de bonheur tout guitariste qui posera le bout de la botte dessus. Proposée au tarif de 249 €, cette version Custom Shop avec ses diodes au Germanium a un bon rapport qualité/prix.