réactions à la news Dodeka réinvente la notation musicale
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Banshee in Avalon
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fullbazar
Qui réfléchit peu se trompe beaucoup
Darkmoon
Citation de deb76 :
Et il y a même des groupes de métal qui s'inspirent du dodécaphonisme comme l'excellent Blut aus Nord, notamment dans l'album MoRT:
Ouais, c'est « particulier ». Je ne connaissais pas ce groupe. À la première écoute ça semble être du « n'importe quoi », mais après 2, 3 écoutes, un nouveau « point d'assemblage » se créer et j'arrive à apprécier certains passages. Moi, dans mon « jeune temps » j'aimais des groupes avant-gardistes comme Cynic, Mortiis ou Arcturus, mais en comparaison, Blut Aus Nord est encore moins « accessible ».
"Si t'enregistres à Poudlard, avec l'ingé son Dumbledore, les lois physiques tu peux t'en foutre. Mais dans l'monde réel, les lois physiques, les mesures, le dBFS, tout ça existe bel et bien." youtou
Will Zégal
J'ai envie d'y ajouter quelque chose.
Sans être bloquant, le logiciel facile est tres rarement le logiciel efficace.
On peut longtemps discuter cette question.
Je vois souvent sur les forums les gens conseiller aux débutants d'acheter (cher) des Cubase, Live, Protools en versions complètes, XXL, Pro, tout ce qu'on veut.
Sauf que je trouve que c'est n'imp, car ces logiciels ont une complexité très déroutante pour le débutant qui va donc passer beaucoup de temps à les apprendre avant de pouvoir vraiment faire quelque chose avec.
Inversement, les versions de base, avec leurs limites, sont souvent bien plus faciles à prendre en mains, ce qui permet au débutant d'arriver plus vite à un résultat.
Qu'est-ce qui est "efficace" ? Un gros logiciel qui permet de faire plein de trucs après un long temps d'apprentissage ou un logiciel plus limité qui se prend facilement en mains, permettant ainsi de réaliser des choses dans un délai court (la plupart des versions "de base" des STAN permettent de réaliser un album et offrent déjà plus de possibilités que n'en avaient les Beatles sur leurs derniers albums).
Par ailleurs, même s'il change par la suite de soft pour passer sur une grosse STAN, le débutant aura alors acquis énormément de concepts qui vont lui faciliter l'apprentissage. Je pense que même si le système Dodeka avait des limites dans ses capacités de notation (ce qu'on ignore encore), quelqu'un qui aurait fait quelques années de musique et de pratique de partitions Dodeka pourra beaucoup plus facilement appréhender le système classique s'il en ressent le besoin et l'envie. Car entre temps, au delà des questions de lecture, il aura acquis plein de notion musicale et une certaine pratique. Notamment, il aura une meilleure maîtrise de son instrument, ce qui lui permettra de se dégager l'esprit pour la lecture.
J'ai l'impression que certains ici ont oublié ce qu'est de débuter en musique. Quand il faut déchiffrer une note sur une portée, puis trouver la note correspondante sur son instrument, puis la jouer avec, sur certains instruments, un geste qui n'est pas naturel et demande l'acquisition d'une maîtrise neuro-physiologique, ça fait quand même beaucoup d'obstacles.
Rappelons-nous qu'on a appris à lire et écrire après avoir déjà pas mal maîtrisé le langage. La comparaison est un peu biaisée car le langage est beaucoup plus complexe que ne l'est la musique, mais imaginez ce qu'est d'apprendre à la fois à lire, écrire et parler. Ce serait d'ailleurs une des causes pour lesquels les français sont si mauvais en langues : l'enseignement nous fait apprendre la grammaire et la syntaxe avant même de pratiquer la langue. D'autres pays qui passent d'abord par la pratique, notamment orale, ont de bien meilleurs résultats.
L'enseignement français donnerait apparemment d'excellents linguistes, traducteurs, etc pour les gens qui poursuivent très loin leur étude des langues, mais la majorité des bacheliers qui ont étudié leur première langue pendant 8 ans (quand même) sont à peine capable de tenir une conversation dans cette langue.
Elle est où l'efficacité ?
chapolin
Elle est où l'efficacité ?
+ 1 000 000
J'arrive en cours de discussion mais j'ai lu beaucoup de ce fil ...
Je suis complètement intrigué par ce Dodeka !!
Est-ce mieux ? est-ce moins bien ? Je pense qu'il va falloir des testeurs pragmatiques et objectifs pour répondre sérieusement à ces questions.
Cela dit nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne et différentes personnalités et psychologies forment le paysage humain. En psychologie Bouddhiste, par exemple, selon Jack Kornfield (et si mon souvenir est bon) il y a seulement 3 grands types de personnalités avec entre elles des nuances. On peut les distinguer par leur côté négatif. Ainsi il y a les personnalités d'aversion, les personnalités de confusion et les personnalités boulimiques. La première aura tendance à l’anxiété, à la critique amère mais ses défauts pourront se transformer en méticulosité qui en feront une personne en qui on peut avoir confiance sur les détails importants, qui ne se trompe pas et sur qui on peut se reposer. De son côté une personnalité confuse aura tendance aux erreurs et s'adaptera difficilement à des choses rigoureuses mais l'envers de ces "défauts" sera un grand cœur, une chaleur réconfortante, une intelligence affective précieuse là où la personnalité d'aversion sera pauvre, voir inapte. Il est facile d'imaginer les mauvais penchants d'une personnalité boulimique mais au contraire tout le monde pourra jouir de sa générosité précieuse et son enthousiasme sera un bienfait inestimable pour les autres.
Selon mon expérience de l'enseignement du piano et du violon il se pourrait que Dodeka, pour des raisons similaires, convienne mieux à certaines personnes alors que le clavier traditionnel conviendra mieux à d'autres. Suivant leur histoire, leur personnalité, leur appréhension du monde.
En ce qui me concerne les asymétries du piano, les différences de positions, par exemple entre do et do# participent grandement à la mémorisation et à la personnalisation des gammes dans ma vision intérieure. Ce sont comme des endroits différents et originaux, caractéristiques, des lieux différentiables de l'univers.
Voyager en do n'est pas la même chose qu'en sol et au niveau des positions cela participe grandement à mon goût pour des horizons différents. Ainsi, là où d'autres y trouvent leur bonheur, je n'ai jamais pu supporter d'utiliser la fonction de transposition qu'offrent les claviers ... Et du coup lorsque je joue du violon je n'ai plus du tout la même vision des choses et le plaisir change avec la pratique. Justement sur le violon tout semble s'égaliser, il n'y a plus ces asymétries que j'affectionne sur le piano. C'est une pratique complètement différente que j'aime tout autant. Le violon offre une sensualité inexistante sur le piano, mais aussi une dimension qui du point de vue pianistique me semble plus monotone. Il me faut les deux.
Certaines personnes sont complètement bloquées par la lecture alors que pour d'autres c'est juste complètement le contraire. Je pense que Dodeka fera l'affaire de beaucoup de monde alors que pour d'autres sont côté complètement égalitaire, une certaine monotonie ne procurera pas autant d'émotions qu'un clavier "coloré" asymétrique.
Après je n'ai pas tout lu ni bien apprécié et ne sais si cela fût débattu dans les pages précédentes, mais je me pose la question des intervalles types que sont les octaves et les quintes qui sont un fondement des claviers traditionnels et tout autant de points d'appuis, de repères dans la pratique du clavier. Ces repères, ces particularismes se retrouvent ensuite dans le langage musical, par exemple les octaves chez Beethoven. Qu'en est-il avec Dodeka ?
Will Zégal
deb76
Effectivement, les dernières contributions de darkroom et de chapolin800 sur DODEKA sont très intéressantes. Tout comme le regard porté par Will Zegall sur l'efficacité des outils d'aujourd'hui (notamment les Stations Audio Numériques) dans leurs distributions complètes, avec toutes les fonctions et ce par rapport leurs versions plus allégées pour le débutant en MAO ou par le changement de système. Et c'est vrai que si je me replonge dans le passé, alors que je travaillais sur ce que je considère pour ma part comme étant un des meilleurs séquenceurs que je n'ai jamais eu - en tout cas dans les années 90 et début des années 2000 : Studio Vision Pro d'Opcode - je me souviens de ma perplexité face aux premières moutures de Ableton Live. Habitué à la lecture temporelle, je n'arrivais pas à comprendre l'intérêt du mode session, de ce sytème de "clips" audio ou midi. Jusqu'à ce que je me rende compte qu'in fin de compte je disposais là d'un outil qui me permettait de lancer au moment où je le souhaitais différentes scènes audio ou midi et de les mélanger, et que je pouvais me créer ainsi d'étonnants/détonnants alliages sonores comme si j'avais un gigantesque magnétophone muitipistes et que je pouvais segmenter mes pistes et les lancer au gré de mon inspiration.
Citation de chapolin800
En ce qui me concerne les asymétries du piano, les différences de positions, par exemple entre do et do# participent grandement à la mémorisation et à la personnalisation des gammes dans ma vision intérieure. Ce sont comme des endroits différents et originaux, caractéristiques, des lieux différentiables de l'univers.
Voyager en do n'est pas la même chose qu'en sol et au niveau des positions cela participe grandement à mon goût pour des horizons différents. Ainsi, là où d'autres y trouvent leur bonheur, je n'ai jamais pu supporter d'utiliser la fonction de transposition qu'offrent les claviers ... Et du coup lorsque je joue du violon je n'ai plus du tout la même vision des choses et le plaisir change avec la pratique. Justement sur le violon tout semble s'égaliser, il n'y a plus ces asymétries que j'affectionne sur le piano. C'est une pratique complètement différente que j'aime tout autant. Le violon offre une sensualité inexistante sur le piano, mais aussi une dimension qui du point de vue pianistique me semble plus monotone. Il me faut les deux.
Je me retrouve totalement dans cette appréhension du clavier. D'autant que si je ne suis pas violoniste, je suis guitariste. Avec toutefois une petite différence, j'utilise une guitare midi (une Strato Fender midifiée d'origine) avec un Roland VG99 ce qui me permet de créer deux modélisations de guitare avec deux accordages différents, des accordages à vide atonaux voire même de jouer sur des micros intervalles en jouant sur les ajustements en cents.
Pour le clavier, j'apprécie aussi les "asymétries du piano" qui font que je visualise immédiatement mes intervalles (notamment le do-fa# - quinte diminuée - on ne se refait pas - et comme le souligne chapolin800 participe à la mémorisation des gammes que je joue tous les matins pour assouplir les doigts. Et pout tout dire j'apprécie les touches noires. Quand j'improvise, je le fais souvent sur la base de l'accord de mi et de ses variantes, je mélange notamment le Amazing Grace et thème de Third Stone from of the Sun d'Hendrix avant de passer au Voodoo Chile (Hendrix, Winwood et Casidy) qui permet pas mal de choses sympa engtre l'accord et le motif à la main gauche et à l'impro à la main droite avant de passer à Spoonful puis le thème de In Silent Way, toujours en Mi et les accords All About that Time pour finaliser sur des aggrégats que je pique à Webern, Schoenberg ou Boulez. Mais une chose est sure, sans cette assymétrie du clavier je serais bien incapable de me repérer.
Will Zégal
Je ne suis pas sur que les musiciens en général prennent suffisamment le temps de penser leur pratique et les outils qu'ils utilisent. C'est une occasion de le faire.
Dr Pouet
Wiski7
Suite à quelques demandes, nous allons vous transmettre le lien vers quelques comparatifs de partitions classiques. Elles ont été faites à la main. CoLa partition Moonligth de Bethoven est en Do dièse mineur (4 dièses à la clé).
Comme il sera facile de le voir, le système Dodeka ne détruit en rien la musique tonale. Au contraire, il valorise la structure des gammes et va même plus loin. En effet, dans le système traditionnel, la différence entre un dièse et un bémol est liée à la gamme en do majeur. Avec Dodeka, il est possible de jouer un tempérament spécifique à une structure dans toutes les tonalités . Le mode expert permet notamment d'aller encore plus loin en modifiant les commas d'une note. Ainsi, avec Dodeka le musicien commence par apprendre à créer des structures "gammiques" (il n'a pas des morceaux précuits dans une tonalité). Pour cela, il va devoir découvrir les intervalles qui forment des majeures, les renversements, etc. Il peut aussi assimiler les valeurs des tempéraments. Avec cette perception, il pourra jouer avec ces différentes structures sans être enfermé dans une tonalité. Ainsi, lorsque l'on observe la structure de beaucoup de morceaux de musiques (classiques, jazz, etc.) on peut facilement entendre que le compositeur s'affranchit de la structure définie à la clé. Il transgresse la base tonale pour durant un temps établir une autre structure (d'où la profusion de dièses ou de bémols dans certaines mesures).
Dans la réalité, cette partie n'est pas plus complexe, il a seulement s'est seulement décalé ou à passé à une autre structure. Ce jeu des intervalles apparaît de manière limpide dans la notation et sur le clavier Dodeka. Ces enchaînements de différentes structures tonales sont toutefois très difficiles (impossible?) à percevoir dans langage traditionnel. Ceux qui lisent et jouent la musique en fonction de la gamme majeure (habituellement en Ut) ne perçoivent pas que ce mode d'écriture est un grand handicap.
Toutefois, après avoir passé des années à se formater dans un système il est évidemment très difficile de reconsidérer les choses dans leur globalité.
Wiski7
À l'opposé, ceux qui tentent de créer des nouveaux systèmes de notation (comme Dodeka) sont un peu comme ceux qui ont imaginé l'espéranto... ...désirant créer un langage plus facile d'approche et nécessitant un plus court apprentissage pour être utilisable. Et je ne vois rien de « mal » à ça. Il est évident que cela ne renversera pas le système actuel et que ceux qui se débrouillent et/ou maitrisent déjà le système actuel ne changeront pas, mais si cela peut convenir à d'autres (tout comme l'espéranto à ses adeptes) et leur rendre l'apprentissage plus aisé ou « fun », pourquoi pas?
Encore un mot sur la question du langage. Le langage DODEKA peut effectivement se comparer au désir d'aider le plus grand nombre à communiquer. Toutefois, il y a une grande différence, car les langages parlés ne s'appuient pas sur des structures solides. Ils sont fluctuants, chaque son et vocable pouvant traduire une réalité différente et se modifier au fil du temps (sans doute par le fait que l'on ne reproduit pas bien les mots que l'on entend). Au sein de ces dérives, les grammaires forment aussi des règles mouvantes. De par ces aspects arbitraires et volatiles, les fondations entre les langues sont très différentes, notamment entre le japonais et le français.
Avec la musique il s'agit de transcrire une réalité physique. Un morceau de Bach, par exemple, est un fabuleux édifice, une architecture construite avec des sons.
La question est donc de savoir comment on peut décrire cette construction de manière optimale. Dans ce sens, Dodeka est un moyen efficace d’enlever les complexités inutiles et les distorsions qui cache la réalité et rendent la musique si peu accessible. Le fait que le "dessin" soit épuré permet d'y voir plus clair, mais cela n’entame en rien le fait qu’il faut encore être capable de reproduire une oeuvre ou d’en construire de nouvelles.
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