Dans cet épisode, nous allons voir dans quels cas il peut être utile de reprendre votre ampli guitare avec plusieurs micros et comment procéder.
Pourquoi ?
Comme je vous l’ai déjà dit plusieurs fois, je suis un grand adepte du fameux adage « less is more » et je fais donc toujours de mon mieux pour ne pas multiplier les pistes pour un seul et même instrument. Cependant, et pour le cas qui nous intéresse dans ce chapitre, il arrive parfois qu’un seul micro face à l’ampli ne suffise pas à retranscrire exactement la « réalité » du son de la guitare électrique tel que nous l’avons si patiemment conçu à la source. Par exemple, il est possible de trouver que tel micro positionné de telle façon délivre la « couleur tonale » voulue mais que, d’un point de vue dynamique, le compte n’y soit pas ; ou bien encore que le haut du spectre corresponde à vos attentes mais que cela soit au détriment du « corps » de l’instrument.
Dans de tels cas, le premier réflexe doit toujours être de partir à la chasse d’un nouvel emplacement plus adapté, voire d’essayer un autre micro. En effet, il ne faut jamais oublier que lorsque vous mélangez deux sources (ou plus) captant un même instrument, vous allez certes ajouter de « l’information sonore », mais vous allez également obligatoirement en retrancher à cause de ces satanées histoires de phase. Si toutefois, malgré tous vos efforts, vous ne parvenez toujours pas à trouver le couple micro / placement idéal en regard du rendu souhaité, il ne faut alors surtout pas hésiter à dégainer un second micro pour venir compléter le premier. Notez que la notion la plus importante dans la phrase précédente se résume au verbe « compléter »…
Comment ?
Pour parvenir à vos fins, la méthode que je vous invite à suivre est somme toute assez simple. Elle se décompose comme suit :
- Placez votre premier micro de façon à ce qu’il corresponde le plus possible à la caractéristique principale du son que vous recherchez via la technique décrite dans l’épisode précédent ;
- Analysez alors ce qu’il manque au rendu sonore actuel en fonction de vos attentes ;
- Choisissez un second micro dans votre arsenal en fonction de cette analyse ;
- Partez à la chasse du second emplacement, toujours grâce à la technique de la semaine dernière, en vous concentrant uniquement sur ce qu’il manque à votre son, et non plus sur la caractéristique principale puisque celle-ci sera capturée par le premier micro ;
- Vérifiez qu’en sous-mixant le deuxième micro au signal capté par le premier vous parvenez bien à l’objectif souhaité sans « noyer » la caractéristique principale.
Pour être plus clair, étudions deux exemples concrets. Voici notre piste provenant du premier micro, à savoir un sm57 placé plein fer devant la gamelle d’un ampli Vox AC4TV :
Imaginons que le haut du spectre de la prise me convienne mais que je souhaite rajouter une certaine « assise » à la pâte sonore. Armé d’un AKG C414, micro électrostatique à même de retranscrire cette fameuse « assise », je suis parti à la chasse d’un placement approprié et j’ai obtenu ceci :
Une fois les deux signaux mélangés, j’obtiens ceci :
Ma rythmique a bien regagné du corps sans pour autant flouter le haut du spectre que me convenait à la base. Notez tout de même un détail gênant : le second micro a mis en évidence des sons parasites provenant d’une erreur de jeu sur le deuxième accord de cette rythmique. En effet, il semble que votre serviteur ait mal géré le « strumming » en grattant par inadvertance la corde de mi pourtant étouffée sur ledit accord… Cette erreur passait quasiment inaperçue sur l’enregistrement provenant du sm57 mais là, il faut bien avouer que c’est assez désagréable. Heureusement, cette deuxième piste étant sous-mixée, il devrait être relativement facile de rattraper le coup au mixage, même si dans le meilleur des mondes il serait plus judicieux de refaire la prise. Mais passons…
Autre cas de figure, toujours en partant de notre prise réalisée avec le sm57, mais cette fois-ci je souhaite renforcer la dynamique un poil morne de cette rythmique. Toujours armé d’un C414 qui est un micro très précis en regard de cet aspect, j’ai trouvé un emplacement correspondant à mes attentes. Le mélange des deux micros donne alors une prise relativement plus « vivante » à défaut d’autre terme :
Bref, comme vous pouvez le constater, tout cela n’a vraiment rien de sorcier. Il s’agit juste d’un jeu façon puzzle sonore, exactement comme celui que je décrivais dans la série consacrée au mixage, ni plus, ni moins.
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour la suite de nos aventures !
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