Cette semaine, retour à l'enregistrement de la guitare électrique avec le fameux épisode que vous attendez tous : celui consacré à la captation à proprement parler !
Le soldat rose
Comme vous vous en doutez, l’enregistrement d’une six cordes survoltée passe par la reprise de son ampli. Étant donné que nous avons déjà traité ce genre de captation à l’occasion du chapitre consacré à la basse, je ne vais pas m’étendre sur le concept de base. À la place, je préfère vous présenter une petite astuce que j’ai apprise à mes débuts lors d’un stage en studio et qui, depuis, me permet de placer plus facilement le ou les micros devant la gamelle de n’importe quel ampli. Voici comment procéder…
Avant toute chose, je vous invite à imaginer le son que vous souhaitez obtenir pour la partie de guitare que vous êtes sur le point d’enregistrer. Représentez-vous sa texture sonore (rugueuse, abrasive, brute, lisse, patinée, épaisse, fine, etc.), sa couleur tonale (brillante, sombre, équilibrée, contrastée, etc.) et son caractère dynamique (ferme, précis, incisif, moelleux, dansant, etc.). Tous ces termes n’ont bien entendu absolument rien de scientifique mais avoir ces détails en tête lors de la phase de recherche du placement idéal d’un micro vous sera diablement utile, croyez-moi. Aussi subjectifs soient-ils, ce sont eux qui vous aideront à faire un choix plutôt qu’un autre en définitive, alors autant y réfléchir en amont.
Bien, une fois cela fait, et en partant du principe que vous avez déjà travaillé votre son à la source comme je vous le martèle gentiment mais fermement depuis le début de cette série, il convient à présent de choisir parmi vos micros celui qui sera le plus à même de retranscrire « l’image sonore mentale » que vous vous êtes fabriqué au paragraphe précédent. Je sais bien que cette phrase est pour le moins tordue mais je ne voyais pas comment le dire autrement… Enfin bref. Choisir ce fameux micro ne devrait pas s’avérer trop ardu, surtout si vous avez pris la peine de faire connaissance avec votre matériel. Si malgré tout vous n’arrivez pas à faire votre choix ou si vous êtes face à du matériel que vous n’avez pas eu le temps de découvrir, un brin de logique devrait tout de même vous permettre de vous en sortir. Par exemple, pour un son « rugueux » et « ferme », un micro dynamique type Shure SM57 devrait faire la blague. Pour quelque chose de moins agressif mais tout aussi « ferme », un dynamique comme le Senheiser e609 sera plus indiqué et pour plus de « rondeur », un Electro-Voice RE20 devrait convenir à merveille. Dans le même ordre d’idée, un son « précis » et « dansant » s’obtiendra plus facilement au travers d’un micro électrostatique alors qu’un son « moelleux » et relativement « sombre » sera logiquement plus l’affaire d’un micro à ruban. Bien entendu, rien ne vaut l’expérience mais connaître ces grandes lignes est toujours utile.
Maintenant que vous êtes armé de votre micro, il est temps de placer ce dernier devant le haut-parleur. Pour ce faire, nous allons utiliser la petite astuce évoquée plus haut… Tout d’abord, munissez-vous d’un générateur de bruit rose, comme par exemple le plug-in gratuit MNoiseGenerator de MeldaProduction. Envoyez alors une petite dose de bruit rose au travers de l’ampli guitare. Prenez garde à travailler avec un volume relativement faible car il va maintenant vous falloir partir à la chasse du placement idéal à l’aide de votre micro et d’un casque dans lequel vous écouterez en direct le son capté par ce dernier. Moralité, si le son émis par l’ampli est trop fort, cela vous empêchera de bien entendre le son réellement capté par le micro. En vous baladant avec le micro autour du HP de l’ampli diffusant le bruit rose, vous devriez entendre dans votre casque quelque chose comme ça :
Ce n’est certes pas bien agréable mais cela vous permettra de vite repérer certains placements qui correspondent à la texture sonore et la couleur tonale que vous recherchez. En effet, même si le bruit rose n’a rien de commun en soi avec le son d’une guitare électrique, il a pour avantage de mettre très facilement en évidence ces caractéristiques de texture et de couleur au travers de cette méthode. Repérez donc deux ou trois emplacements qui pourraient correspondre à vos attentes en la matière et passez à présent au véritable test avec la partie de guitare à enregistrer. L’un des placements repérés devrait à coup sûr faire votre bonheur !
Pour essayer d’illustrer mon propos, voici deux exemples concrets. Pour information, il s’agit d’une même rythmique basique jouée sur une Telecaster Road Worn '50s et « réampée » au travers d’un ampli Vox AC4TV de façon à ce qu’aucune différence dans le jeu ne vienne perturber l’écoute. La captation a été faite avec un SM57. Avant chaque extrait, j’ai fourni le rendu du bruit rose passant par l’ampli et capté par le SM57 :
- 02 Pink Rythm 1 00:08
- 03 Rythm 1 00:26
- 04 Pink Rythm 2 00:08
- 05 Rythm 2 00:26
Vous constaterez que les caractéristiques sonores mises en évidence par le bruit rose sont bel et bien retranscrites dans l’enregistrement de la guitare électrique. Essayez par vous-même, vous m’en direz des nouvelles !
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