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Pédago
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L'enregistrement des cordes - Le guide de l’enregistrement - 158e partie

Aujourd'hui, je vous propose un article consacré à la captation des instruments à cordes, exercice ô combien difficile en situation Home Studio…

L'enregistrement des cordes : Le guide de l’enregistrement - 158e partie
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Alto et violon

Comme le laisse suggé­rer le titre de cette section, nous ne trai­te­rons pas ici de la contre­basse et du violon­celle. En effet, si vous me faites l’hon­neur de suivre cette série depuis le début, vous savez perti­nem­ment que la ques­tion de la contre­basse a déjà été réglée lors d’épi­sodes publiés il y a bien­tôt quatre ans de cela… Or, afin d’es­sayer de faire au plus court pour une fois, je vous invite à relire atten­ti­ve­ment ces articles puisqu’ils consti­tuent une bonne base de travail pour l’en­re­gis­tre­ment du violon­celle. De fait, le gaba­rit, le registre et la posi­tion de jeu de ces deux instru­ments sont suffi­sam­ment proches pour que vous puis­siez extra­po­ler les tech­niques de prise de son de l’un à partir de celles spéci­fiques à l’autre.

Ainsi, nous allons plutôt nous concen­trer sur le cas de l’alto et du violon. Ces derniers partagent égale­ment beau­coup de carac­té­ris­tiques qui influencent gran­de­ment la façon de les enre­gis­trer. Tout d’abord au niveau du registre. L’alto évolue grosso modo entre 130 Hz et 2 kHz, avec des harmo­niques montant au-dessus de 5 kHz, alors que le violon navigue entre 196 Hz et 3 kHz, avec des harmo­niques dépas­sant les 15 kHz. Par consé­quent, si le bas médium ne pose aucun problème, car peu direc­tif, il faudra bien faire atten­tion dans le haut du spectre puisque ces fréquences se propagent de façon direc­tion­nelle.

Ensuite au niveau du gaba­rit. Le petit format de ces instru­ments les rend faci­le­ment mobiles. Du coup, les altistes et les violo­nistes ont une plus grande tendance à la bougeotte que leurs collègues violon­cel­listes et contre­bas­sistes, ce qui ne manquera pas de compliquer la vie de l’ap­prenti tech­ni­cien du son.

Forts de ces constats, certains choix s’im­posent quant à la capta­tion sonore. Premiè­re­ment, afin de limi­ter l’in­fluence des éven­tuels mouve­ments du musi­cien sur le son enre­gis­tré, il convient de placer le micro utilisé suffi­sam­ment loin de la source. Un bon point de départ se résume à dispo­ser ledit micro à un bon mètre de l’ins­tru­ment en diri­geant sa capsule vers la table d’har­mo­nie. En jouant sur cette distance à l’ins­tru­ment, vous dose­rez le ratio entre le son d’at­taque du frot­te­ment de l’ar­chet sur les cordes et le sustain des notes. Notez d’ailleurs au passage qu’un place­ment trop proche est le prin­ci­pal fautif lorsque le rendu sonne de façon cari­ca­tu­rale avec une tendance au « crin-crin » qui n’a vrai­ment rien d’es­thé­tique.

Enregistrement 158Deuxième point d’im­por­tance, la qualité de la réponse en fréquences hors axe du micro choisi sera primor­diale de façon à éviter les problèmes de chan­ge­ment de timbre tout au long de la prise. Vous n’êtes pas sans savoir que plus un micro est direc­tion­nel, moins sa réponse en fréquences hors axe est fidèle, avec notam­ment un défi­cit plus marqué dans le haut du spectre. De surcroit, les micros à petit diaphragme sont bien souvent plus stables à cet égard que les modèles à large membrane, surtout en entrée / milieu de gamme. Mora­lité, mieux vaut privi­lé­gier au sein de votre parc micro un modèle omni­di­rec­tion­nel ou bidi­rec­tion­nel à petit diaphragme afin d’ob­te­nir une capta­tion la plus constante possible à l’égard du timbre. Croyez-moi sur parole et soyez extrê­me­ment vigi­lant sur cette ques­tion du timbre, cela vous évitera des heures et des heures d’ar­ra­chage de cheveux à essayer de rattra­per l’ir­rat­tra­pable à l’oc­ca­sion du mixage.

Corol­laire de ces deux premiers points, la distance de place­ment ainsi que la direc­ti­vité du micro employé impliquent une présence rela­ti­ve­ment marquée de l’em­preinte sonore du lieu d’en­re­gis­tre­ment au sein du résul­tat global… Comme d’ha­bi­tude, l’acous­tique de votre Home Studio sera donc le nerf de la guerre lors de l’en­re­gis­tre­ment d’un alto ou d’un violon. Il est bien entendu possible de limi­ter la casse en utili­sant quelques astuces que nous allons abor­der sur le champ, mais ne vous atten­dez tout de même pas à des miracles si votre Home Studio résonne comme une salle de bain…

Pour commen­cer, un micro bidi­rec­tion­nel judi­cieu­se­ment placé de façon à ce que sa réjec­tion sur les côtés pointe vers les surfaces murales les plus réflé­chis­santes peut gran­de­ment amélio­rer l’or­di­naire. L’usage d’un micro à ruban peut égale­ment s’avé­rer salva­teur puisqu’ils sont pour la plupart bidi­rec­tion­nels et surtout moins agres­sifs dans le haut du spectre. Le rendu sonore sera donc moins pollué par les réflexions aiguës et, cerise sur le gâteau, votre alto ou votre violon aura un son plus doux, ce qui est souvent un atout en la matière, mais cela dépend bien entendu de l’orien­ta­tion artis­tique que vous souhai­tez donner à vos cordes au sein du morceau en cours de produc­tion.

Autre possi­bi­lité : genti­ment domp­ter les mouve­ments du musi­cien afin de pouvoir utili­ser un cardioïde placé un peu plus proche de la source. Pour ce faire, vous pouvez déjà commen­cer par deman­der à l’ins­tru­men­tiste de jouer assis, ça ne mange pas tant de pain que ça et la plupart se plie­ront à l’exer­cice sans rechi­gner. Ensuite, vous pouvez employer la « demi-ruse » suivante : dispo­sez un micro fantoche légè­re­ment au-dessus du plan de l’ins­tru­ment à envi­ron quinze centi­mètres de la jonc­tion entre le corps et le manche, non loin du bras gauche du musi­cien. Ainsi placé, ce micro devrait être à la péri­phé­rie de son regard, ce qui devrait l’in­ci­ter à main­te­nir sa posi­tion autant que faire se peut. De plus, il ne s’agit là que d’une « demi-ruse », puisque même si le son capté par ce micro ne sera pas d’une perti­nence incroyable la plupart du temps, il pourra s’avé­rer inté­res­sant lors du jeu en pizzi­cato, si d’aven­ture le morceau enre­gis­tré en conte­nait. Pour illus­trer mon propos, voici une tenta­tive de schéma avec le micro prin­ci­pal en vert et le micro fantoche en bleu. Merci d’être indul­gent avec moi, mes talents d’illus­tra­teur sont loin d’être satis­fai­sants, j’en suis bien conscient.

Violon

Dernière solu­tion à envi­sa­ger lorsque les condi­tions d’en­re­gis­tre­ment sont loin d’être idéales sur le plan de l’acous­tique : l’uti­li­sa­tion de cellules. Pour être parfai­te­ment clair, il s’agit là d’un pis-aller. Le rendu ne sera abso­lu­ment pas satis­fai­sant pour des produc­tions tendance clas­sique ou jazz et vous pouvez égale­ment oublier les cellules pour toutes musiques où l’ins­tru­ment aurait un rôle central. Cepen­dant, pour l’ha­billage de produc­tions « pop » où les cordes ne sont pas à l’avant-scène, cela peut dépan­ner faute de mieux.

Voilà, avec ces quelques bases, vous devriez pouvoir vous lancer dans la capta­tion des instru­ments à cordes dans votre Home Studio. Voyons à présent une sélec­tion de micros capables de retrans­crire la complexité sonore de ces instru­ments.

Sélec­tion de micros pour l’en­re­gis­tre­ment des cordes

Comme d’ha­bi­tude, cette sélec­tion n’est d’une part abso­lu­ment pas exhaus­tive, car je ne connais bien évidem­ment pas la tota­lité des micros exis­tants ; et d’autre part, elle est forcé­ment subjec­tive puisque reflé­tant mes goûts en matière de capta­tion d’ins­tru­ments à cordes. Cela étant, elle pourra toujours servir de point de départ aussi valable qu’un autre pour qui débute. Notez égale­ment que les lignes qui suivent ne contiennent aucune réfé­rence en matière de cellules. Je dois bien avouer que je ne maîtrise abso­lu­ment pas ce sujet et je serais donc bien en mal de vous de vous aiguiller sur la ques­tion. Les rares fois où j’ai eu à me rési­gner à en utili­ser, il s’agis­sait de cellules appar­te­nant au musi­cien à enre­gis­trer et je ne suis jamais allé cher­cher plus loin. Bref, si l’un d’entre vous en sait plus sur le sujet, qu’il n’hé­site pas à faire un retour d’ex­pé­rience dans la section des commen­taires de cet article, cela devrait inté­res­ser du monde, à commen­cer par votre servi­teur.

AKG C451 B : AKG C451 B (38735)Attaquons donc avec deux statiques omni­di­rec­tion­nels à petite membrane. Il y a bien entendu l’un de mes chou­chous, l’Oktava MK-012, dont le rapport qualité/prix est toujours aussi surpre­nant. Pour un rendu plus « précis », j’ai eu plusieurs fois l’oc­ca­sion d’uti­li­ser des KSM141/SL avec bonheur.

Dans la famille des micros bidi­rec­tion­nels à ruban, le Royer Labs R-121 est pour moi un « must have » lorsqu’il s’agit de captu­rer des instru­ments à cordes. N’ayant pas la chance d’en possé­der un moi-même, il m’est arrivé d’uti­li­ser mon SIGMA de Sontro­nics par défaut sans jamais avoir à en rougir.

Pour finir, voici quelques micros dont l’uti­li­sa­tion sera plus problé­ma­tique si votre inter­prète a la bougeotte, mais dont le rendu sonore sur les cordes peut valoir la peine, surtout lorsque l’acous­tique du local est pour le moins douteuse. Il y a tout d’abord le fabu­leux micro à ruban M160 de Beyer­dy­na­mic dont la direc­ti­vité hyper­car­dioïde et la douceur dans le haut du spectre peuvent vrai­ment faire des miracles. Pour une pâte sonore plus brillante, l’AKG C451 B est un candi­dat de choix. En statique à large diaphragme, j’ai obtenu à mes débuts des résul­tats plus qu’ho­no­rables armé d’un Shure KSM32. Enfin, seul micro dyna­mique de cette sélec­tion, le Senn­hei­ser MD 441 dont l’em­preinte vintage peut donner une belle patine « roots » à vos prises tout en restant « clas­sieux », ce qui est tout de même un sacré tour de force !

Bien, c’est tout pour aujour­d’hui. Dans le prochain épisode de ce guide de l’en­re­gis­tre­ment en Home Studio, nous abor­de­rons la capta­tion des instru­ments percus­sifs…

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