réactions au dossier Comprendre la mécanique de frustration / récompense dans un mix
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Los Teignos

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

coldwave

Citation :Bof bof, mais c'est intéressant le romantisme justement pour mesurer le différentiel entre le process et la posture. L'histoire de l'inspiration mystique, dans le romantisme, c'est surtout un rapport à l'écriture de soi, une construction du récit personnel qui confère ce statut de rock star avant l'heure. Parce qu'en réalité, y'a quand même pas mal de tâcherons dans la team.
En fait, je pensais à ça parce que ma culture de base, c'est la littérature et que c'est avec l'arrivée de Flaubert et Baudelaire qui sont en rupture avec Hugo, le grand théoricien du romantisme français, et qu'on commence à penser très différemment la littérature.
Citation :à la nuance prêt que je n'invalide pas complétement le concept d'inspiration
Note que je ne l'invalide pas non plus, qu'il n'y a pas d'étincelle au départ qui apporte une impulsion, je dis juste qu'il est un détail du truc et vraiment pas le plus important : je connais quantité de gens qui ont eu l'idée d'aller sur la Lune en la regardant, l'important étant de construire la fusée et de s'y rendre réellement...
Suivant les sources, le peintre Degas ou un vieux militaire à la retraite fondu de poésie aurait questionné un jour Mallarmé sur l'inspiration, confiant qu'il aurait voulu écrire lui aussi des poèmes mais qu'il "n'avait pas d'idées". Ce à quoi Mallarmé a répondu simplement : "ce n'est point avec des idées que l'on fait des vers... c'est avec des mots".
Nous ramenant au travail du poète.
De son côté, Michaux explore les vertus des psychotropes dans Connaissance par les gouffres : ce qu'il écrit sous l'emprise des stupéfiants n'avait rien de très poétique d'après l'auteur. Ce qui en a fait de la poésie, c'est les quelques milliers d'heures passée par le poète pour transformer cette base brute en poésie...
Citation :la prochaine fois que j'apprécierai un morceau, je dirai: "ah oui, ce track est vachement illuminé du lobe temporal droit",j'ai l'impression que ça serait insultant si je disais que le morceau est "inspiré" ou "bien senti", alors que pour moi, ces termes sont des compliments. pas pour vous ?
enfin je ne sais pas, rien de nouveau ou extraordinaire la dedans. ce sont des notions connues. je vois pas trop ou est le problème.
Il y a vraiment un gros malentendu ; le fait de remettre à sa petite place l'inspiration qui, dans bien des cas, se résume à "tiens, je vais peindre cette coupe de fruit" ou tiens "je vais écrire un blues parce qu'elle m'a quittée", ne signifie pas pour autant une vision froidement mécanique et scientifique de l'art, où aucune humanité n'a plus sa place. C'est juste reconnaître que quand Zidane fait un passement de jambes, c'est parce qu'il a répété ce geste des milliers de fois seul avec son ballon et qu'il identifie le moment opportun de le refaire en match, et pas parce que ça lui sort comme ça soufflé par Dieu. Juste reconnaître que quand Madame de Lafayette utilise du discours indirect libre dans la Princesse de Clèves, elle sait ce qu'elle fait et a conscience de l'effet que ça produit. Quand un compositeur choisit de ne pas rétablir la tension harmonique à la fin d'un morceau, ou de préférer suivre la tierce sur sa ligne de basse, il sait ce qu'il fait.
Prends Radiohead : qu'on n'aime ou qu'on n'aime pas, ces mecs ont une solide connaissance de la théorie musicale, et ça se retrouve tant dans leur approche de l'harmonie que du rythme (et même dans les titres des chansons d'ailleurs). Penser que des morceaux comme Pyramid Song ou Paranoid Android sont nés spontanément sans réflexion derrière, sans intention de se dire je vais jouer sur la métrique et le tempo, c'est vraiment les prendre pour des gros cons...
Pour revenir à ce 2 minutes, ce qui est à l'oeuvre là, c'est un truc que se doit de connaître tout musicien ou tout mixeur (et que tous connaissent d'ailleurs) qui ne remet pas en cause l'art, la magie, la beauté, pas plus que le marteau ne remet en question le charpentier : c'est un outil. Et je peux t'assurer que cet outil, il est à la base de l'apprentissage artistique : comprendre qu'une oeuvre se structure en questions-réponses, en contrastes, en attente-récompense, c'est le B.A.BA, au point que je n'en reviens pas de devoir défendre ce lieu commun ici. Un conseil du coup : ne va jamais lire les traités d'harmonie ou d'orchestration, car ça va te démystifier méchamment cette idée que les génies travaillent au doigt mouillé, guidés par la seule inspiration !
Je peux aussi parler de magie au sens premier du terme : quand tu regardes un mec faire du close up, tu es face à un magicien. Quand tu entreprends de devenir magicien toi-même, tu te rends compte qu'il y a plain de procédés à l'oeuvre. Et ce que cela retire de la beauté au tour ? Non. Mais tu te rends compte qu'un bon magicien, c'est un mec qui au-delà de son 'inspiration", de son "imagination" a mobilisé une quantité phénoménale de travail et d'intelligence pour amener le spectateur là où il voulait l'amener...
Un ingé son : c'est quelqu'un qui va prendre le matériau brut d'une maquette et qui, dans ses prises comme dans son mixage et sa prod d'ensemble, va chercher à renforcer les émotions, pensées et sentiments que procurent la chanson. Ouvrir telle réverbe sur tel mot, placer un petit delay au fond ici, mettre un micro pour capter les grincement de chaise du guitariste, mettre en avant la rugosité d'un violoncelle ou choisir de laisser ou ne pas laisser les respirations au moment de l'editing. Tout cela sont des choix qui se font en référence à la maquette, à ce qu'en veut l'artiste, et reposent sur des techniques utilisées depuis des lustres pour rendre un morceau plus excitant, plus émouvant, etc. Et l'inspiration a peu à voir avec la choucroute...
Citation :https://www.amesauvage.com/blog/qu-est-ce-que-l-inspiration-definition-n509
On y est. Une pleine vision mystique de l'inspiration. Ça se défend, tant qu'on n'oublie pas que ce qui définit l'artiste, ce n'est pas l'inspiration, mais la réalisation d'une oeuvre et que, comme par hasard, tous les génies de la peinture ont eu à travailler la technique picturale et à en maîtriser les effets avant de proposer quelque chose d'intéressant. Un Guernica, ça ne sort pas comme ça d'une simple "inspiration" (tiens, si je faisais un tableau sur la guerre) mais d'une maturation tant intellectuelle que technique du peintre : comprendre la théorie des couleurs, les axes de force d'une composition, la circulation du regard du spectateur : quand un détail d'un tableau te frappe, sois sûr que le peintre a fait ce qu'il fallait pour que ça arrive...
Citation :https://nospensees.fr/comment-cultiver-linspiration/
De mon côté, sans parler de pleins de trucs sur la littérature, je pourrais te conseiller la lecture de bouquins sur les Beatles par exemple, leur usage de la théorie musicale, histoire de voir que l'accord de 6e qu'on trouve à la fin du She Loves You, il n'est pas soufflé par Dieu mais par George Martin qui n'a cessé d'instruire le groupe sur la théorie musicale et qui savait que ce final apporterait un petit supplément d'âme à cette chanson naïve. Pour produire un effet, et ça marche, et c'est cool : reconnaître qu'il y a un trick là-dedans, que ce n'est pas une intention spontanée, ne retire rien à cette fin glorieuse...
> plouginz: https://spacef-devices.com
> misuk YouTube mdti_music
> Badassinée https://mdtimedia.com
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[ Dernière édition du message le 29/06/2022 à 14:58:58 ]

vass-m

Connaissance par les gouffres, ce bouquin est prodigieusement bien écrit et décrit avec une justesse des phénomènes psychiques de manière inédite !
Le premier lien en dehors, malgré un langage new age et des tableaux d'action painting à la sam francis, le concept reste un peu flou mais mais s'approche du concept de conscience étendue que je trouve intéressant à appréhender dans le cadre d'une définition de l'inspiration, mais qui selon moi à plus avoir avec l'immanence que la transcendance.
Et oui WildHomeNetwork, je comptais bien placer les sex pistols comme figure de proue d' artistes inspirés, vecteur d'une énergie salvatrice

Quand au deuxième lien, je trouve qu'il y a confusion entre sensibilité individuelle et inspiration.

Los Teignos

De l'expérience que j'en ai également, les artistes "talentueux" sont souvent devenus artistes par nécessité, ou par incapacité de communiquer normalement avec le monde et d'y trouver leur place. Un poète paradoxalement, c'est souvent quelqu'un qui n'arrive pas à s'exprimer vraiment autrement que comme cela, ce qu'il fait qu'il développe des aptitudes car cette expression n'a rien d'un loisir, elle est vitale. Le film Truman Capote montre super bien ça : le monstre artistique...
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

WildHomeNetwork

Prends Radiohead
Ouais enfin, eux, ils auraient été plus inspiré de bosser un peu plus la technique vocal (et l'accordage aussi)



vass-m


WildHomeNetwork

Pour ma part, je pense que le talent, c'est le truc qu'ont trouvé les gens qui travaillent beaucoup, mais mal, pour se rassurer de ne pas faire aussi bien que ceux qui sont qualifié de talentueux.

Plus sérieusement, il faut pour que l'on qualifie quelqu'un de talentueux que son art coïncide avec son temps.
Picasso, on l'aurait qualifié d'énergumène un siècle plus tôt,
Rien à voir avec quelque chose d'inné que certain ont et d'autre pas.
EDIT : On peut également concéder que le talent, c'est d'imposer son art à son temps. Mais ça pouvait exister avant quand les médias étaient en retard par rapport au monde. (3 radios, deux télés, si t'arrivait là, tu imposais forcément à tout le monde ton art) Aujourd'hui... je pense que c'est celui dont l'art coïncide pile avec le temps (c'est l'art dont la société entière avait "besoin", "voulait" inconsciemment.) C'est donc la rencontre entre un art et une conjecture sociétale
[ Dernière édition du message le 29/06/2022 à 15:42:56 ]

vass-m

Par contre le degré au dessus ( à mon sens ) c'est le génie, l'artiste qui au delà de son talent va sortir du cadre et ramener un plus indéniable à l'art, aux autres, à l'époque.

Will Zégal

Pareilà la nuance prêt que je n'invalide pas complétement le concept d'inspiration. Le problème c'est que ceux qui pensaient le défendre l'on flingué...
Comme Los, tout pareil.
Sachant que, je ne sais pas pour vous, mais l'inspiration chez moi, elle est le plus souvent le fruit de stimuli extérieurs. Des fois, c'est en voyant un film, en écoutant une musique, en sortant d'un concert (plus rarement avec un livre, parfois une discussion, ou un article de presse) que j'ai le plus envie de me mettre à mes instruments parce que j'ai une idée et une envie urgente de la concrétiser.
Cela ne veut d'ailleurs pas dire que ce que je vais faire est une déclinaison musicale de ce qui l'a inspiré. En gros, c'est pas parce qu'une comédie romantique me donne une idée de morceau que ça sera une musique romantique ou marrante ou même sentimentale.
Mais ce qui m'inspire le plus, c'est les musiques. Une musique entendue peut me donner une idée de musique qui sera très différente, mais sera souvent basée sur un détail ou une pulse de la musique entendue.
Sinon, Laurent DeWilde qui n'est pas le dernier des derniers disait que pour se renouveler, il s'imposait des exercices à base de contraintes. Que cela puisse l'inspirer, aucun doute. Que ça soit plus de l'ordre de l'immanent que du fruit de longues années de formation musicale tant sur le plan technique que sur le plan artistique...
D'ailleurs, ça me fait penser à un bon exemple de cette fameuse "inspiration" qui n'accouche de rien à elle seule : j'ai longtemps eu des bandes d'amis qui étudiaient aux Beaux-Arts. Dans les premières années, on ne leur donne pas tellement (ni ne leur demande) de maîtrise technique, mais on les fait travailler sur des concepts.
Du coup, les expos des premières années sont pleins de truc souvent remplis de bonnes idées, mais pas grand chose qui ressemble à une œuvre aboutie.
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* * * * =========== Le Festival Interceltique de Lorient
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vass-m


Silicon Machine Extended

n Guernica, ça ne sort pas comme ça d'une simple "inspiration" (tiens, si je faisais un tableau sur la guerre) mais d'une maturation tant intellectuelle que technique du peintre : comprendre la théorie des couleurs, les axes de force d'une composition, la circulation du regard du spectateur : quand un détail d'un tableau te frappe, sois sûr que le peintre a fait ce qu'il fallait pour que ça arrive...
sur ces sujets là, les deux bouquins de Kandinsky sont hyper interessants
En fait, je pensais à ça parce que ma culture de base, c'est la littérature et que c'est avec l'arrivée de Flaubert et Baudelaire qui sont en rupture avec Hugo, le grand théoricien du romantisme français, et qu'on commence à penser très différemment la littérature.
La dessus, on est d'accord, mais c'est surtout une évolution de la posture de l'artiste, plutôt qu'une révolution des méthodes de travail (au passage quand tu parlais de romantisme j'y mettais aussi Baudelaire et la clique, d'où ma réponse un peu large).
Sachant que, je ne sais pas pour vous, mais l'inspiration chez moi, elle est le plus souvent le fruit de stimuli extérieurs.
Qui peuvent être inconscients d'ailleurs. C'est un des principes de l'intuition. Le hasard, ça arrive parfois aussi (mais ça n'a rien de transcendant), et ça se cultive même.
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