Après avoir présenté les Dream ’65, Ruby et Woordrow, Universal Audio s’attaque aux sons Marshall avec la Lion. Fidèle à sa réputation, la marque propose une pédale très complète qui reprend 3 saveurs différentes de Marshall Plexi.
3 Plexi dans 1 boîte
La Lion ’68 Super Lead Amp est une pédale de type Amp in a Box (comprenez « ampli dans une boîte) qui reprend les sonorités de 3 déclinaisons du célèbre Plexi de Marshall. Universal Audio possède déjà 3 pédales du genre à son catalogue, les Dream ’65, Ruby et Woodrow qui reprennent respectivement les sonorités des Fender Deluxe Reverb, Vox AC30 et Fender Deluxe Tweed. Sans surprise, le format de la Lion est identique à celui des autres pédales de la série avec des entrées et sorties stéréo, 6 potentiomètres et 3 petits switches. On retrouve les potentiomètres qui figurent sur l’ampli original : Volume I, Volume II, Bass, Treble, Middle et Presence. Universal Audio en a ajouté de nouveaux :
- Output : ajuste le niveau de sortie général de la pédale
- Room : permet d’ajouter une touche d’ambiance au son, à la manière du Strymon Iridium
- Boost : enclenche un Boost placé devant l’ampli
La Lion ’68 intègre 3 saveurs différentes du Marshall Plexi : Super Bass, Super Lead et Brown. Universal Audio a donc utilisé un Super Bass de 1968 et un Super Lead de 1969 pour la réalisation des modélisations. L’ampli Brown correspond au Super Lead équipé d’un Variac réglé sur 90 Volts et rebiasé pour générer davantage de gain. Les 3 petits switches permettent respectivement de basculer entre les différentes réponses impulsionnelles intégrées à la pédale, de choisir entre les 3 modèles d’ampli et de passer d’une page de réglages à l’autre. En effet, les réglages Bass, Middle et Treble endossent également les fonctions alternatives de Room, Presence et Boost. Pour y accéder, on utilise le switch du milieu qui permet de passer de la page Amp à la page Alt. Ce switch permet aussi de sauvegarder un preset.
Les 3 réponses impulsionnelles intégrées à la pédale sont les suivantes :
- GB25 : enceinte de la fin des années 60 équipée de haut-parleurs Celestion Greenback
- GB30 : enceinte Marshall « 100 » en bouleau, équipée de haut-parleurs Celestion Vintage 30
- JB|GB : enceinte 4X12 équipée de 2 Celestion Greenback et 2 JBL D-120 Fs
En enregistrant la pédale sur le site d’Universal Audio, on obtient 3 enceintes virtuelles supplémentaires :
- 1×12 : haut-parleur Electro Voice EVM12
- 2×12 : enceinte Two Rock avec haut-parleurs Celestion G12M65 Creamback
- 4×12 : enceinte Marshall 1960 TV avec haut-parleurs Celestion Vintage 30
On peut donc accéder à 6 enceintes virtuelles acquises grâce à la technologie Dynamic Speaker Modeling présente dans l’OX Amp Top Box de la marque. Ces IRs sont confectionnées par Universal Audio et n’offrent pas de choix de micro ni de placement de micro.
Le châssis de la Lion est en métal, il inspire solidité et robustesse. Il est recouvert d’une finition couleur prune foncée. Les potentiomètres ont l’air très solides également, tout comme les switches et foot switches. La pédale dispose de 2 foot switches qu’on peut configurer grâce à l’application mobile UAFX Control. D’usine, le foot switch de gauche permet d’activer/désactiver la pédale et celui de droite bascule entre le preset stocké dans la pédale et le mode Live. Sur l’application, on peut changer le rôle de ces foot switches de façon que celui de gauche active/désactive le Boost et que celui de droite permette de basculer entre le preset et le son Live. L’application UAFX Control donne également accès aux réglages du Noise Gate qu’on peut activer et désactiver, toujours via l’application. Enfin, elle permet d’activer/désactiver les fonctions Ghost Notes et Bright Cap. Ces 2 ajouts montrent bien qu’Universal Audio a effectué une modélisation très détaillée. La fonction Ghost Notes ajoute des harmoniques très musicales qui ouvrent un peu le son. Cela correspond à jouer un Marshall Super Lead qui est posé sur son enceinte. En jouant fort, l’enceinte vibre beaucoup et fera donc vibrer l’ampli qui est posé dessus, le forçant à fonctionner différemment et donc à sonner différemment. La Lion est l’unique pédale Marshall in a Box qui donne accès à une telle fonction. Le mode Bright Cap permet d’obtenir une modification très prisée des utilisateurs de Plexi, un simple remplacement de condensateur qui ouvre légèrement le son en lui ajoutant un peu d’aigus. Pour choisir entre les entrées Hi et Low du Marshall Plexi, l’application donne le choix entre les modes Hi, Low et Jumped. En mode Hi, on joue les 2 canaux en mode Hi, en mode Low on joue les 2 canaux en mode Low, et en mode Jumped, on joue le canal 2 avec un peu moins de niveau que le canal 1, comme sur un vrai Plexi. Enfin, l’application permet d’enclencher le mode 4 Cable Method qui à son tour permet d’utiliser la pédale avec un ampli de guitare traditionnel, en la connectant dans le retour de la boucle d’effets. L’application communique avec la pédale via Bluetooth. Un bouton « Pair » est présent à l’arrière de la Lion pour la jumeler avec votre Smartphone. Après avoir installé la pédale en fin de chaîne sur mon Pedalboard, je commence le test.
On fait rugir la bête
Je commence le test avec ma fidèle Gibson SG Original en utilisant le Super Bass dans un premier temps. Je monte légèrement les réglages Volume I et Volume II pour obtenir un son clair. Dans ce registre, la Lion s’en sort à merveille. Le son est riche et plein, on a vraiment le sentiment de jouer sur un vrai ampli qui serait dans la pièce d’à côté. Je triture un peu l’égalisation 3 bandes qui, comme sur les Marshall Plexi d’époque, ne change pas grand-chose au son. Le réglage de présence est bien plus réactif et permet d’éclaircir ou d’assombrir le son à loisir. Je monte un peu les 2 volumes pour obtenir un très léger son crunch, idéal pour accueillir une Fuzz Face et d’autres effets. Là encore, la Lion ne déçoit pas. Le son est hyper réaliste, Vintage à souhait, c’est un bonheur. Les sensations de jeu sont également excellentes et la pédale répond très bien aux variations d’intensité de la main droite (ou gauche pour nos amis gauchers) et du potentiomètre de volume de la guitare. J’écoute chaque canal indépendamment avant d’enclencher le Boost. Chaque canal possède sa personnalité propre mais ils se mélangent très volontiers. Le Boost est très bien pensé et permet de profiter de 2 boosts légendaires : un circuit de préampli d’écho à bande type EchoPlex EP-III et une Boss GE-10 (la célèbre pédale d’égalisation à 10 bandes de Boss, très souvent utilisée comme Boost). Sur la première moitié de la course du réglage Boost, on profite de l’EP-III et sur la seconde moitié, de la GE-10. Ce Boost est très musical et épaissit le son en ajoutant plus de gain. Il est très bien conçu et génère une couleur sonore vintage très réussie.
- Super Bass – SG Clean – ROOM00:46
- Super Bass – SG Crunch – ROOM01:20
- Super Bass – SG Lead – ROOM01:28
- Super Bass – Telecaster Lead Boost OFF:ON – ROOM01:41
Je passe sur le Super Lead en actionnant le petit switch à 3 positions et en basculant entre SG et Telecaster. Le son gagne en aigus et en saturation mais reste très vintage. En plaçant tous les réglages à midi, on obtient un son très proche de celui d’AC/DC, c’est un bonheur. Comme pour le Super Bass, l’égalisation n’est pas très réactive. Je la place donc à fond, sauf le réglage de basses que je laisse à midi. En augmentant la valeur des potentiomètres d’égalisation, le gain augmente légèrement, comme sur l’ampli original. Le Super Lead offre aussi des sons clairs tout à fait corrects, mais un peu moins beaux que ceux du Super Bass selon moi. Le son saturé en revanche est tout simplement énorme. À l’aveugle, on ne sait pas si on joue une pédale ou un Marshall Plexi. Le son est authentique et très agréable. Comme pour le Super Bass, je teste chaque canal l’un après l’autre. Le canal I possède beaucoup plus d’aigus que le canal II. Ces 2 canaux se mélangent très bien l’un avec l’autre et les plus beaux sons que j’ai obtenus étaient avec le Volume I sur 8/10 et le Volume II sur 5/10. On retrouve la couleur typique du Plexi, ce son iconique qui a défini le son de guitare Rock depuis les années 60. J’ajoute une touche d’ambiance en triturant le réglage Room. Elle permet d’obtenir un son moins sec et plus profond, ce qui est particulièrement appréciable quand on joue au casque. Seul problème, la Lion ’68 ne dispose d’aucune sortie casque. Pour cela, il vous faudra utiliser un adaptateur (2 fiches Jack TS mâles vers une fiche Mini-Jack TRS femelle). Pour finir avec le Super Lead, j’enclenche le Boost intégré puis ma Xotic EP Boost pour comparer les 2. Avec le Boost intégré, on obtient moins de saturation mais la même couleur un peu sombre qu’avec l’EP Boost de Xotic. Ce boost intégré est très malin et permet de décupler les possibilités de la pédale.
- Super Lead – Crunch SG01:26
- Super Lead – Lead SG01:46
- Super Lead – Lead SG – Boost OFF:ON01:10
- Super Lead – Lead Tele – All CABS02:14
Je termine en passant sur le mode Brown qui reproduit les sonorités du Marshall Super Lead d’Eddie Van Halen. Ce dernier utilisait l’ampli avec un Variac, un appareil qui réduit la tension d’alimentation de façon à l’affamer. Il génère ainsi moins de volume mais plus de gain et de compression. En plus de ce Variac, Universal Audio a biasé l’ampli utilisé pour la modélisation un peu plus chaud que la normale, opération qui augmente aussi le taux de saturation de l’ampli. Ce réglage est idéal si vous cherchez un son de Marshall « moddé ». On retrouve la couleur originale de l’ampli augmentée de plus de gain et d’aigus. Le mode Brown génère aussi de très beaux sons Crunch et à peine saturés avec énormément de dynamique. Sur un son bien saturé, en activant le Boost et en le réglant un peu en dessous de midi, sur le réglage EP-III donc, on obtient un son quasi identique à celui d’Eddie Van Halen sur le morceau Ain’t Talkin’ 'Bout Love, c’est très chouette. Avec l’enceinte virtuelle GB|JB, c’est un vrai régal.
- Brown – Crunch SG – CleanUp01:17
- Brown – Lead SG01:14
- Brown – Lead SG – VanHalen01:07
- Brown – Lead Tele02:02
La simulation d’enceintes
Les 3 simulations d’enceintes intégrées à la Lion sonnent toutes très bien dans des styles assez différents. Elles profitent d’un réalisme saisissant au niveau du son et des sensations de jeu et surtout d’un côté plug and play très agréable. On ne passe pas 30 minutes à la recherche du bon micro et de sa position idéale. Universal Audio nous fournit des réponses impulsionnelles qui sonnent toutes bien sur lesquelles on ne peut pas intervenir. Les 3 enceintes virtuelles supplémentaires sonnent elles aussi très bien et offrent des variations sonores assez sympas.
Le roi de la savane ?
Ayant pu essayer de très nombreux Marshall in a Box dans ma carrière et ayant eu la chance de posséder un Plexi, je peux affirmer que la Lion est le meilleur de sa catégorie. Le réalisme sonore est saisissant, les sensations de jeu le sont tout autant. Les ajouts comme l’ambiance de pièce et le Boost sont très bienvenus et font de la pédale un véritable outil tout-en-un. Le son possède un côté 3D qui accentue son réalisme, ce qui est précisément ce qui manque selon moi aux autres simulations du même type comme le TC Electronic Jims 45 récemment testé dans nos colonnes. Seule l’absence de sortie casque constitue une vraie ombre au tableau. Proposée au tarif de 432 €, la Lion ’68 Super Lead Amp possède un rapport qualité-prix correct. Si vous cherchez une excellente simulation d’amplis Marshall, n’hésitez pas et ruez-vous sur la Lion !