Après avoir étudié les bases de la sono, nous allons voir comment préparer un concert. Une bonne préparation technique aide à aborder le concert avec plus de sérénité. Quel matériel faut-il ? Faut-il acheter ou louer ? Comment bien préparer ses instruments et son matériel personnel ? Commençons pas les solutions de diffusion…
La disco-mobile de Christian Frances |
Avec ou sans sonorisateur ?
Beaucoup d’éléments déterminent la question : la taille du lieu (et plus encore, la foule à « couvrir »), le budget du concert, etc. Soyons assez clairs : ou vous faites un « petit concert » (bar, coin de rue) et vous devez assurer votre sonorisation vous même, ou il s’agit d’un concert plus conséquent et il doit y avoir un sonorisateur. Si le budget ne le permet pas, c’est que le contrat n’est pas bon. Laissez tomber. Il peut arriver que tout le budget qu’on vous propose pour un concert passe dans la sonorisation. Puisque vous débutez, c’est tout de même une belle opportunité de jouer bien sonorisé. Attention au choix du sonorisateur. Quitte à payer quelqu’un, prenez-en un compétent. Ce n’est pas parce qu’un prestataire est de longue date sur le marché qu’il est bon. Certains « sonorisateurs » font surtout de la disco-mobile et du karaoké. Sonoriser un groupe, ce n’est pas du tout du même tonneau !
Sonorisation par l’organisateur
Cette situation devrait être la règle, mais ce n’est pratiquement jamais le cas pour les petits concerts. Si vous êtes dans le cas d’un concert où la sono et le sonorisateur sont prévus par l’organisateur, vous pouvez vous dire que tout va bien. Pas forcément ! Vérifiez précisément de quoi il en retourne. Si vous avez affaire à une salle de spectacle ou un festival un peu installé, pas de soucis à priori. Mais essayez tout de même d’avoir les coordonnées du sonorisateur et contactez-le. D’ailleurs, si on ne vous demande pas de fiche technique (chose que nous aborderons dans un prochain dossier), méfiance. Un sonorisateur digne de ce nom en demande toujours une. Ou au grand minimum une liste des sources à sonoriser.
Mon propos peut vous étonner, mais j’ai vu des cas complètement hallucinants ! Comme ce concert dans une énorme fête campagnarde où le « sonorisateur » prévu par l’organisateur était le disc-jockey qui animait la fin de soirée. Évidemment, il n’avait ni les compétences pour sonoriser un groupe, ni le matériel nécessaire, à commencer par la console et les micros, sans parler du reste ! Heureusement que nous avions comme d’habitude notre propre matériel dans le camion !
Autre cas inverse sur un tremplin où je sonorisais un groupe de potes : « Avez-vous votre sono et votre sonorisateur », avait demandé l’organisateur. Oui ? Alors, amenez-les « par sécurité ». Sécurité, mon œil. Rien n’était prévu ! Mais le pire, c’est qu’on s’est vite rendu compte que l’organisation avait annoncé à tous les groupes passant sur cette scène qu’il y avait une sono et un sonorisateur. Moi, en fait. Sans avoir rien demandé, ils devaient trouver naturel que je reste sonoriser gratuitement une quinzaine de groupes puisque j’étais là pour un ! Je n’ai jamais su exactement s’il s’agissait d’une arnaque (bien que plein d’autres choses dans ce fameux « tremplin » le laissaient penser) ou du total amateurisme.
J’ai vécu d’autres anecdotes similaires et vous en trouverez plein dans le sujet « les conneries on stage ». On apprend avec le temps à blinder ses contrats pour éviter ce genre de gags, mais on ne peut pas toujours grand chose contre des bénévoles de bonne volonté, mais incompétents. Donc, ne vous contentez pas de belles paroles rassurantes et renseignez-vous.
Si on vous demande pour un concert un peu conséquent de vous occuper de votre sonorisation, acceptez sans problème si le budget permet de payer un sonorisateur compétent (et son matériel). Renseignez-vous sur le coût et la disponibilité d’un sonorisateur avant d’accepter. Si le budget est insuffisant, réfléchissez-y à deux fois. Il peut être tentant de faire ce « gros concert » à l’arrache, mais c’est vous (et pas l’organisateur) qui allez être en première ligne, face au public. Et un concert raté, ça fait mal au moral. Sans compter que ce n’est pas fameux pour votre image, d’autant que vous aurez évidemment encouragé tous vos amis, frères, cousins, parents, mamie (et la petite blonde sur laquelle vous fantasmez depuis le début de l’année) à venir vous applaudir ! Attendez d’avoir acquis un peu d’expérience pour tenter des opérations casse-gueule…
Le copain de bonne volonté
Il n’est pas rare d’avoir un copain ou quelqu’un de l’entourage qui est prêt à se mettre derrière la console. Prudence ! Essayez de savoir s’il a un minimum de compétences et d’expérience. Sinon, ça risque de ne pas bien se passer. On l’a dit : la sonorisation ne s’improvise pas. Mais il y a de fortes chances pour que, vous qui connaissez vos instruments et le son de votre groupe, vous arriviez vous-même à un meilleur résultat qu’un sonorisateur incompétent, à plus forte raison un total débutant.
Cependant, il faut bien permettre aux débutants de… débuter. Et de se faire la main. Ainsi, si vous avez quelqu’un de sérieux qui veut s’y mettre, il sera sans doute une excellente idée de l’intégrer au travail du groupe. Faites-le venir pour sonoriser les répétitions et s’imprégner du son du groupe. Ne le laissez pas travailler dans son coin : n’hésitez pas à lui dire ce qui va et ne va pas, quitte à chercher avec lui un meilleur son. Vous allez investir du temps, mais vous aurez l’avantage d’avoir à terme votre sonorisateur. Un bel atout et un confort certain. Pensez tout de même qu’un sonorisateur complique souvent les choses par rapport au fait de faire soi-même le son sur scène. Pour une raison toute bête : comme il faut qu’il soit en face de la scène et un peu reculé, vos câbles habituels ne suffiront pas à atteindre la console. Il faudra probablement prévoir une stage-box. Sans compter que votre sonorisateur va prendre de la place. Au moins une table, ce qui n’enthousiasme pas les patrons de bars.
Une sono est-elle nécessaire ?
Rappelons le principe d’une sono : on capte les sources qu’on envoie à la console de mixage, laquelle permet de les mélanger pour les envoyer à la diffusion (façade et retours).Est-ce toujours nécessaire de procéder ainsi ? Non. Et il y a même de nombreux cas où c’est nuisible. En effet, bien installer, brancher et surtout régler une sono, même modeste, demande un minimum de connaissances et d’expérience. Il faut souvent mieux se souvenir de l’adage comme quoi le mieux est l’ennemi du bien et en rester à une diffusion minimaliste, mais maîtrisée.
Il y a plein de cas où on pourra se passer d’une sono classique. Le lieu détermine beaucoup de choses. Le groupe aussi. Il est plus facile de sonoriser correctement un ou deux musiciens sur une grosse sono qu’un groupe comportant quatre ou cinq membres sur une petite.
Le format du groupe détermine donc les compétences nécessaires à le sonoriser. Son format, mais aussi ses composants. Toutes les sources électriques et électroniques sont relativement faciles à mixer. Dès qu’on a une captation du son dans l’air par micros (voix, instruments acoustiques, amplis), les choses se compliquent drôlement. Ne serait-ce qu’à cause des risques de larsen.
Le lieu va également déterminer, en fonction de la puissance nécessaire, quelle formule est la meilleure. Dans la mesure du possible, évitez la sono et utilisez des amplis.
Les amplis « acoustiques » : la panacée ou presque
Ces amplis sont des combos : tout est intégré dans une unique boîte : préamplification, ampli et haut(s)-parleur(s). Un des énormes avantages est la portabilité. Ils sont en général excellents pour diffuser tous les instruments acoustiques et électro-acoustiques et donnent des résultats très satisfaisants sur les voix. Généralement munis de deux entrées au moins dont une entrée micro, ils permettent de diffuser à la fois son instrument et sa voix. Guitariste-chanteur ? Vous pouvez assurer des concerts dans bien des lieux grâce à ces amplis. Dans des situations acoustiques et pour jouer dans les bars ou la rue, un modèle de 50 Watts (transistors) est généralement suffisant.
J’ai longtemps tourné en duo avec une version légère deux guitares + deux voix. Nous avions chacun un ampli de ce type : un Marshall Soloist et un Sherwood Junior (meilleur) une guitare, un micro avec son pied, un stand en X (de clavier) pour poser l’ampli et quelques câbles (dont rallonges et multiprises). Avec ce simple matériel, nous pouvions jouer n’importe où et nous installer en ¼ d’heure, le plus long étant souvent de trouver une prise de courant ! Ces amplis pourront aussi servir pour le chanteur d’un combo rock, à condition de disposer d’une puissance suffisante pour couvrir la batterie et les instruments électriques. Prévoyez 100 watts pour un modèle à transistors.
Avec ce genre de solution, pas besoin de sono. Le son naturel de la batterie suffit dans bien des cas. Chaque instrument électrique à son ampli et la voix passe par un de ces amplis acoustiques, ce qui permet aussi de brancher une guitare folk si vous en avez une.
Attention à ne pas confondre avec ces amplis avec ceux pour guitares électriques. Ces derniers sont conçus pour sonner de façon particulière et sont exécrables pour diffuser de la voix. À moins que vous ne recherchiez vraiment cette couleur sonore particulière, n’utilisez pas d’ampli guitare électrique pour la voix.
Les amplis claviers
C’est une situation similaire. Ces amplis offrent une large réponse en fréquences qui leur permet de remplacer des enceintes amplifiées, par rapport auxquelles ils comportent en outre quelques avantages : plusieurs entrées, réverbe intégrée. Mais ils ont un défaut : il sont souvent lourds et encombrants. Notez aussi qu’ils ne disposent pas forcément d’entrée micro. Il faudra donc prévoir un petit pré-ampli.
Un exemple est la série KB de Peavey. Munis d’un grand boomer et d’un tweeter, ces amplis sont capables de belles performances dans les basses tout en offrant des aigus satisfaisants. Ils disposent de 3 entrées (dont une micro sur certains modèles comme le KB300), d’une égalisation assez complète et d’une réverbe. Surtout, ils coûtent peu cher en occasion (ils ne sont plus fabriqués). On trouve des KB100 autour de 150 € et des KB300 dans les 200–250 € (enfin, quand on en trouve). Ces amplis sont increvables et peuvent diffuser à peu près n’importe quoi. Leur son n’est pas extraordinaire, mais largement satisfaisant pour une petite prestation. Encore plus si vous leur adjoignez un égaliseur graphique pour peaufiner notamment le médium. Leur gros défaut est qu’ils sont très encombrants et très lourds, mais restent un bon plan pour une sono à pas cher !
L’inconvénient des combos, c’est qu’ils ne sont pas prévus pour être placés sur pieds. Prévoyez de quoi les rehausser (stand de clavier ou une simple table que vous pourrez demander à l’organisateur).
Les enceintes amplifiées
Pratiques, généralement pas trop lourdes, faciles à louer et de nombreux modèles à tous les prix disponibles sur le marché… Voilà qui serait idéal si elles étaient munies d’une section préamplification (nécessaire pour le micro) et d’effets. C’est le cas pour certaines qui sont généralement qualifiées de « sono portable ». Si ce n’est pas le cas, il faudra prévoir soit une petite console, soit un préampli ou mieux encore, une tranche de console à brancher entre le micro et l’enceinte. Rappelons qu’une tranche de console est un module (généralement en rack 19 pouces) comportant préamplification, égalisation, souvent compression et parfois un enhancer (une sorte d’embellisseur sonore). Et il manque encore la réverbe.Avantages
- Investissement minime
- Encombrement réduit
- Sonorisation simplifiée
Inconvénients
- Pas de retour de la voix pour les autres musiciens
- Pas ou peu de retour guitare
- Largeur de l’angle de diffusion réduit
Compte tenu de ces considérations, on pourra préférer s’équiper d’une console de mixage et d’une diffusion, qu’elle soit constituée d’enceintes amplifiées ou d’enceintes passives + amplificateurs. Nous étudierons cette question au prochain épisode.