Dans la première partie, nous avons abordé les micros, la préamplification et certains effets. Nous allons aujourd'hui parler de la console, des liaisons et des enceintes. Je rappelle qu'il s'agit d'un survol des bases : la sonorisation est un métier à part entière et on ne saurait que l'effleurer dans de tels dossiers. Cependant, leur lecture devrait vous éviter de grosses erreurs.
Dans la première partie, nous avons abordé les micros, la préamplification et certains effets. Nous allons aujourd’hui parler de la console, des liaisons et des enceintes. Je rappelle qu’il s’agit d’un survol des bases : la sonorisation est un métier à part entière et on ne saurait que l’effleurer dans de tels dossiers. Cependant, leur lecture devrait vous éviter de grosses erreurs.
Console ou table de mixage
C’est le coeur de la sonorisation. On y fait aboutir toutes les sources et on y connecte les effets et traitements. Le rôle essentiel de la console est de mixer les différentes sources pour sortir un signal stéréo vers l’amplification. L’utilisation de la console fera l’objet d’un dossier complet. Disons en résumé qu’une console est organisée par « tranche » avec le principe une tranche = une source. On trouve deux types de tranches :
Les tranches micro qui comportent une entrée XLR avec réglage de gain (c’est la préamplification), un égaliseur, des envois d’auxiliaire, un panoramique (pour régler la répartition gauche/droite du son), un fader de volume et des boutons « mute » (pour couper le son de la tranche) et « solo » (pour entendre uniquement le son de la tranche). Ces tranches sont mono. Les tranches « ligne » qui sont généralement stéréo. Elles ne comportent pas de préamplification puisqu’elles sont destinées à des signaux n’en nécessitant pas comme des lecteurs de CD/MP3 ou encore des instruments électroniques récents.
Pour brancher un micro, il suffit de le relier par un câble XLR à une entrée de la console. Si c’est un micro statique, il faut enclencher le bouton « Alimentation fantôme » (ou +48 V). Sur la plupart des petites consoles, il n’y a pas un bouton séparé par tranche, mais un bouton général. Ainsi, toutes les tranches seront alimentées en 48 V. Cela ne pose pas de problème, mais il faut éviter de brancher ou débrancher des câbles XLR et micros lorsque l’alimentation fantôme est activée : au moindre court circuit (un faux contact dans un câble), on risque d’endommager micro et/ou console. Désactivez donc l’alimentation 48 V quand vous devez effectuer des branchements ou débranchements.
Tous les instruments électriques ou acoustiques électrifiés doivent être branchés dans une DI qui sera reliée à une entrée par un câble XLR. Les DI peuvent être actives ou passives. Les actives peuvent être alimentées par piles de 9 V ou par l’alimentation fantôme de la console.
Dans ces sources nécessitant une DI, citons notamment : les guitares et basses électriques (y compris avec ligne d’effets), les guitares électro-acoustiques, les cellules installées sur les violons, contrebasses et autres cordes, les instruments électroniques anciens. Par contre, les multieffets et simulateurs d’amplis (type POD) pour guitare et basse peuvent être branchés directement sur des entrées ligne stéréo à condition de ne pas avoir de grandes longueurs de câbles (en gros, pas plus de 6 ou 9 m).
Amplificateurs et enceintes
Les amplicateurs : ce sont eux qui vont transformer les signaux de faible niveau sortant de la console en signaux dont la puissance va permettre de faire bouger les haut-parleurs des enceintes, créant ainsi du son. Ils se placent donc dans la chaîne sonore juste avant les enceintes.
Les enceintes : ce sont des éléments, le plus souvent de forme cubique, qui comportent des haut-parleurs. Ceux-ci reçoivent le signal des amplificateurs, ce qui fait bouger leur membrane d’avant en arrière pour produire le son. Les enceintes peuvent être actives ou passives. Une enceinte passive nécessite un amplificateur tandis qu’une enceinte active comporte un ou des amplificateurs intégrés, ce qui permet de la brancher directement en sortie de console. Les enceintes sont dites à x voies en fonction du nombre de haut-parleurs qu’elles comportent. Une enceinte deux voies comporte généralement un « boomer » (ou haut-parleur de grave) et un « tweeter » destiné à restituer les aigus. Sur une « trois voies », on a un boomer pour les graves, un haut-parleur dédié aux médiums et un tweeter pour les aigus. La répartition des différentes bandes de fréquences aux différents haut-parleurs se fait par des filtres intégrés dans l’enceinte. Dans le cas de systèmes plus complexes avec différents types d’enceintes séparées (comme des caissons de basses), on pourra utiliser des filtres en rack, indépendants des enceintes. Vous ne devriez pas rencontrer ce cas en petite sonorisation.
Dans les différents genres d’enceintes, on trouve :
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des enceintes « full range » qui sont faites pour diffuser la totalité du spectre, des graves aux aigus
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des caissons de basses ou caissons de graves ou subwoofers qui sont dédiés, comme leur nom l’indique, à la diffusion des basses fréquences
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des satellites : ce sont des enceintes, généralement passives et de petite taille, faites pour être utilisées en conjonction avec un ou plusieurs caissons de basse. Elles sont conçues pour diffuser essentiellement médiums et aigus. Notez qu’on peut très bien utiliser une enceinte « full range » comme satellite avec des caissons de basse (voir plus bas).
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Les wedges ou « bains de pieds » : ce sont des enceintes dont la forme permet de les poser horizontalement au sol. Elles sont destinées aux retours des musiciens, c’est-à-dire à un mix personnel, différent de celui diffusé au public, qui leur permet de bien assurer leur interprétation en entendant bien ce qu’ils jouent et les instruments essentiels pour suivre tout le monde (comme les parties rythmiques). Les wedges sont des enceintes full range. Beaucoup d’enceintes ont une forme qui leur permet d’être utilisées au choix en façade (diffusion pour le public) ou en retour. C’est souvent le cas pour les enceintes moulées en plastique.
Les enceintes full-range peuvent être utilisées dans toutes les situations : comme retours (si leur forme le permet) ou pour assurer la diffusion façade, avec ou sans caissons de basses. Dans ce cas, on ne passera pas un filtre qui séparera le signal pour envoyer les fréquences graves au(x) caisson(s) et le reste aux enceintes. Notez que dans les kits caissons + satellites, les filtres et souvent les amplis sont intégrés dans le caisson sur lequel on branche directement les satellites. La fréquence de séparation entre les différentes bandes de fréquences envoyées aux différentes enceintes est appelée fréquence de coupure ou cross-over.
Résumé de la chaîne audio
Les sources sonores sont captées par les micros. Ils sont envoyés par des câbles à la préamplification. Ensuite, on applique des traitements (égalisation, compression, ajout d’effets comme des réverbes). Les volumes des différentes sources sont équilibrés et mélangés. Le résultat, qu’on appelle le mix, est envoyé à l’amplification en passant éventuellement dans des traitements généraux (égaliseur graphique, compresseur ou limiteur, enhancer). L’amplification alimente les enceintes qui diffusent le son.
Pour lier tout ceci, il faut des câbles. En analogique, vous rencontrerez principalement deux types de liaisons et cinq types de prises. Il faut en effet distinguer la nature de la liaison et la prise qui est utilisée : les deux sont relativement indépendants.
Liaisons symétriques et asymétriques
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On trouve ces deux types de liaisons. Une liaison asymétrique utilise deux câbles et deux connecteurs. Un bon exemple est le jack instrument utilisé pour relier une guitare à un ampli. On appelle souvent abusivement ces câbles « mono » car ils ne peuvent faire passer qu’un signal monophonique. Mais le terme est inadéquat. La notion de mono ou stéréo n’a rien à voir avec le type de liaison, comme nous allons le voir.
La liaison symétrique utilise trois câbles et trois connecteurs. Ceci permet d’annuler les interférences que le câble pourrait capter (comme une antenne) et permet donc des connexions de grande longueur. La liaison symétrique nécessite trois câbles comme pour la stéréo, ce qui amène à une confusion. Pourtant, un câble micro (XLR à trois broches) véhicule bel et bien un signal mono.
C’est la nécessité d’une liaison symétrique qui amène à utiliser des DI et des câbles XLR à la place de longs jacks lorsqu’on veut connecter un appareil avec une sortie de niveau ligne (comme un instrument électronique récent) à la console. Bien sûr, on peut toujours utiliser un simple jack, mais au-delà d’une certaine longueur, les parasites récupérés nuisent considérablement à la qualité sonore.
Les prises
Jack TS : cette prise, appelée abusivement jack mono, sert essentiellement à relier la sortie des instruments aux préamplis ou aux DI.
Jack TRS : on l’appelle abusivement jack stéréo. Elle permet de véhiculer soit deux canaux d’un signal stéréo (dans ce cas, on a une liaison asymétrique), soit un signal mono (dans ce cas, il s’agit d’une liaison symétrique à condition que la sortie et l’entrée des appareils reliés soient symétriques).
XLR ou « Canon » : le terme de canon est désormais moins employé. Il s’agit d’un nom de marque comme « Frigidaire » pour réfrigérateur. Associée à un câble à trois brins, cette prise sert pour le branchement des micros et les liaisons de niveau ligne en symétrique. Elle sert aussi parfois pour le branchement entre la console et les amplis et a longtemps servi entre les amplis et les enceintes, mais cette solution est désormais interdite. Il faut utiliser des prises Speakon ou des borniers. La XLR est aussi utilisée en liaison numérique (AES-EBU) et en éclairage, mais les spécifications des câbles ne sont pas forcément les mêmes.
Speakon : cette prise est dédiée au branchement entre amplis et enceintes. Elle a l’avantage d’offrir un très bon verrouillage (à tel point que sur les modèles de mauvaise qualité, elle peut être difficile à débrancher).
RCA : ce type de prise, plutôt dédié à la Hi-Fi domestique, devrait se raréfier en sono. Notamment parce que la conception et la forme des prises les rendent peu solides pour de nombreux branchements/débranchements. On trouve tout de même beaucoup de petites consoles qui comportent de telles entrées pour la connexion de lecteurs de CD ou MP3. Elles sont également très présentes dans le domaine du DJing où elles sont héritées des platines disques. Une prise RCA implique une liaison asymétrique. Vous en trouverez aussi sur certains instruments électroniques ciblant plutôt les DJs comme des sampleurs de phrase. Si vous utilisez un tel instrument sur scène, je vous conseille de vous équiper de câbles mixtes RCA d’un côté et jack de l’autre. Vous allez considérablement vous faciliter la vie (évitez les adaptateurs sujets à perte, dans tous les sens du terme). Notez que les prises RCA sont également utilisées en liaisons numériques (S-PDIF), mais nécessitent alors un câble différent de l’audio analogique.
Conclusion
J’espère que ce survol vous permet d’y voir un peu plus clair dans les bases de la sonorisation. C’est une connaissance que je vous encourage à approfondir. Ne vous inquiétez pas : vous n’aurez pas forcément besoin de tout ce que nous avons évoqué. Dans un prochain volet, nous verrons des exemples de configurations selon des types de groupes et des exemples de produits présents sur le marché.