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Test de l'Ableton Push - Push-toi de là que je m’y mette

9/10

Jusqu’à présent, nous avions d’un côté des appareils dédiés à Ableton Live : Akaï APC 20, Akaï APC 40, Novation LaunchPad, mais dont les fonctions de jeu n’étaient pas extrêmement développées. Et de l’autre côté, des instruments tels que Maschine, de chez Native Instruments, avec notamment des pads sensibles à la vélocité et l’aftertouch, mais non prévus pour s’interfacer directement avec le logiciel d’Ableton. Le comble pour un séquenceur dédié au live de ne pas avoir de contrôleur, non ? Cette situation risque bien de changer avec l’apparition de Push…

Me voici donc devant la boîte carton­née, dont la face avant ne porte que sobre­ment les mentions suivantes : « Push », « Able­ton » et « Engi­nee­red by Akai Profes­sio­nal ». En la retour­nant, je découvre l’af­fir­ma­tion suivante : « Push is a new instru­ment that solves an old problem : how to make a song from scratch. » Compre­nez : « Push est un nouvel instru­ment qui résout un vieux problème : comment créer un morceau à partir de zéro. »

Ableton Push

Ma curio­sité est piquée – vive le marke­ting ! – et je m’em­presse d’ou­vrir la boîte en ques­tion pour décou­vrir le bestiau. Celui-ci est bien câlé entre deux joues de poly­sty­rène – clas­sique. Il est accom­pa­gné d’un câble USB, d’un trans­for­ma­teur avec des adap­ta­teurs pour les diffé­rents formats de prises, d’un guide de démar­rage rapide et d’un rappel des condi­tions d’uti­li­sa­tion et de garan­tie – clas­sique égale­ment. Pas de mode d’em­ploi papier, ce qui n’est pas plus mal pour nos petits arbres (bon, le coût écolo­gique d’une recherche Google n’est appa­rem­ment pas anodin non plus, mais c’est un autre sujet). La ques­tion tout de même se pose : va-t-il falloir farfouiller dans la rubrique « Push » du mode d’em­ploi en PDF de Live 9 pour maîtri­ser l’en­gin, ou bien… ?

La ques­tion est d’au­tant plus prégnante qu’au premier abord, les boutons de Push semblent dépour­vus de toute séri­gra­phie. Ce n’est qu’en y regar­dant de près que l’on distingue des mentions à peine visibles sur les boutons eux-mêmes. Étrange, étran­ge… Mais nous verrons plus tard ce qu’il en est.

Ce qui frappe d’em­blée, c’est la sensa­tion de qualité qui se dégage de l’en­semble: base métal­lique sur laquelle s’ajuste parfai­te­ment la carcasse en plas­tique épais, boutons rota­tifs à la course fluide, « droits dans leurs bottes » et sans aucun jeu dans leur axe, pads qui inspirent confiance – nous véri­fie­rons en jeu leurs quali­tés réelles – et boutons-pous­soirs à la réponse franche. Le contrô­leur, pourvu de cinq petits plots anti­dé­ra­pants, tient bien à plat sur le bureau et ne présente aucun déséqui­libre.

Niveau connec­tique, c’est simple : une prise pour le trans­for­ma­teur, une prise USB et deux prises au format jack 6,35mm pour des pédales de sustain et d’ex­pres­sion. À noter que l’ap­pa­reil dispose d’un bouton on/off, toujours utile. Si cela pouvait signi­fier que les fabri­cants aban­donnent petit à petit la mode stupide qui consis­tait à dépour­voir les péri­phé­riques USB de tout moyen de les éteindre sans les débran­cher, ce serait bien.

En tout cas, la première impres­sion est posi­tive. Je dirais qu’il ne reste donc plus qu’à la mettre en situa­tion !

Allu­mage

Mon ordi­na­teur est allumé, Live 9 lancé, je peux donc allu­mer le Push. Ah oui, je vois déjà les habi­tués de Live 8 lever un sour­cil inter­ro­ga­teur. Allu­mer un péri­phé­rique USB après avoir ouvert le séquen­ceur ? Eh oui, comme je le disais dans le test concer­nant la version 9 du logi­ciel d’Able­ton, il est désor­mais possible de bran­cher – et débran­cher – à chaud tout contrô­leur USB après le lance­ment de Live.

Voici donc Push allumé, et avec lui les mentions qui figu­raient sur les boutons. Certaines restent invi­sibles toute­fois. Nous décou­vri­rons par la suite que ne s’al­lument que les boutons utili­sables dans une situa­tion donnée. Cela s’avère extrê­me­ment pratique dans les faits et permet une prise en main rapide. Pour répondre à la ques­tion du mode d’em­ploi posée plus haut, il s’avère donc globa­le­ment super­flu, pour peu que l’on ait un peu l’ha­bi­tude des fonc­tions de Live, les commandes de Push étant suffi­sam­ment évoca­trices.

Mais voyons ces fameuses commandes de plus près.

Au centre

Ableton Push

Nous avons tout d’abord une matrice de 8×8 pads, soit 64 au total, tous sensibles à la vélo­cité et à l’af­ter­touch. Ce dernier est mono­pho­nique, Live pouvant pas trai­ter de message poly­pho­nique d’af­ter­touch. Les 4 pads du centre sont biseau­tés pour faci­li­ter le repé­rage au sein de l’en­semble. Une inspi­ra­tion due au Nova­tion Launch­pad, qui présente la même parti­cu­la­rité ? Quoi qu’il en soit, c’est bien utile.

Cette matrice est elle-même surmon­tée de deux séries de pads plus réduits, qui servi­ront, selon les modes de fonc­tion­ne­ment, à agir sur les pistes (arme­ment, mute, solo, etc.) ou à sélec­tion­ner et/ou acti­ver les plug-ins, instru­ments ou effets. Oui, vous avez bien lu, on peut choi­sir et acti­ver direc­te­ment les plug-ins à partir de Push et les affec­ter de la même manière à n’im­porte quelle piste. Il y a toute­fois quelques restric­tions que nous verrons plus tard. Conti­nuons l’ex­plo­ra­tion.

Lesdits plugs, leurs para­mètres, ainsi que toutes les infor­ma­tions de piste appa­raissent sur le large écran LCD de 4×64 carac­tères, situé au-dessus des pads de sélec­tion. À noter que cet écran néces­site d’être à la fois bien en face pour le lire sans moirage, et avec le bon angle de lecture verti­cal pour éviter que la dernière ligne ne soit cachée par le bord infé­rieur. Une série de neuf enco­deurs rota­tifs sans fin, non cran­tés et sensibles au toucher surplombe le tout.

À gauche

Ableton Push

Deux autres enco­deurs, l’un cranté et l’autre non, se situent à gauche de la matrice de pads et commandent respec­ti­ve­ment le tempo et le niveau de swing. Au-dessus de ces boutons rota­tifs se trouvent le bouton de tap tempo et celui acti­vant et désac­ti­vant le métro­nome. En-dessous des deux enco­deurs on trouve les boutons « Undo » qui, comme son nom l’in­dique, active la fonc­tion d’an­nu­la­tion de Live, « Delete » qui permet d’ef­fa­cer tout ce que l’on souhaite (scène, clip, plug…), « Double » qui… double le clip sélec­tionné, « Quan­tize » qui permet à la fois de défi­nir/acti­ver la quan­ti­fi­ca­tion d’en­re­gis­tre­ment, et de quan­ti­fier un clip déjà enre­gis­tré, « Fixed Length » grâce auquel on peut prédé­fi­nir la taille des prochains clips, « Auto­ma­tion », qui active l’en­re­gis­tre­ment d’au­to­ma­tion en mode session, « Dupli­cate » qui duplique sur la prochaine scène vide – quitte à en créer une – les clips actuel­le­ment en lecture. « New » permet quant à lui de prépa­rer un nouveau clip à l’en­re­gis­tre­ment.

Les deux derniers boutons de la colonne de gauche sont ceux d’en­re­gis­tre­ment et de lecture, ce dernier faisant aussi office de bouton stop. Enfin, entre la matrice et la colonne des boutons du côté gauche se trouve un ruban tactile, qui fait office de pitch bend en mode instru­men­tal et d’as­cen­seur de navi­ga­tion entre les diffé­rents groupes de pads d’un Drum Rack.

À droite

À la droite de l’écran LCD, nous avons la section qui contrôle l’af­fi­chage et les caté­go­ries de contrôle de Push. « Volume » permet de pilo­ter le volume de toutes les pistes, « Pan & Send » le pano­ra­mique et les envois d’ef­fets. « Track » permet de sélec­tion­ner et gérer les para­mètres des pistes une par une. Grâce au bouton « Clip », on accède aux para­mètres de chaque clip. « Device » et « Browse » permettent quant à eux de navi­guer parmi les instru­ments et effets de Live, et d’ac­cé­der à leurs para­mètres.

Ableton Push

« Master » nous fait visua­li­ser et modi­fier les para­mètres du bus prin­ci­pal. Les deux flèches situées à côté auto­risent la navi­ga­tion entre les para­mètres d’un plug quand ceux-ci sont trop nombreux pour être affi­chés en une seule fois à l’écran. Les touches « Stop », « Mute » et « Solo » gèrent l’état des diffé­rentes pistes. « Scales » permet de choi­sir la gamme dans laquelle un instru­ment parti­cu­lier sera joué. On a le choix entre 25 gammes diffé­rentes, et diffé­rents modes de repré­sen­ta­tion sur la matrice de pads. Nous y revien­drons.

La touche « User » nous fait passer en mode utili­sa­teur. Chaque potard/pad/bouton devient alors libre­ment assi­gnable à n’im­porte quel para­mètre MIDI, via le menu d’af­fec­ta­tions MIDI de live. On peut alors se miton­ner des confi­gu­ra­tions inté­res­santes, par exemple affec­ter une partie des pads au contrôle des fonc­tions de Live pendant qu’on déclenche des notes ou des clips avec les autres. Par contre, il n’y a pas de sauve­garde des presets utili­sa­teurs en tant que tel. Les affec­ta­tions MIDI sont conser­vées par Live au sein de chaque set lors de son enre­gis­tre­ment. Une pres­sion longue sur cette touche permet d’ac­cé­der à certains réglages de Push lui-même, tel que le profil de réac­tion des pads à la vélo­cité.

« Repeat » et « Accent » agissent tous deux sur le mode de repro­duc­tion des sons. Le premier active la répé­ti­tion du son, selon une fréquence défi­nie par les boutons marqués de ¼ (noire) à 1/32 T (trio­let de triple croche) situés le long du côté droit de la matrice de clips, boutons égale­ment affec­tés au lance­ment de scènes. « Accent » supprime la recon­nais­sance de vélo­cité des pads de sorte que le volume sonore soit constant, quelle que soit la force avec laquelle les pads sont frap­pés. « Octave Down » et « Octave Up » permettent, comme l’on s’en doute, la navi­ga­tion dans les octaves. « Add effect » et « Add track » sont eux aussi très expli­cites, et auto­risent respec­ti­ve­ment l’ajout d’ef­fets ou de pistes. À noter que dans ce dernier cas, le choix nous est offert entre piste MIDI, piste audio et piste de retour.

« Note » et « Session » font bascu­ler la confi­gu­ra­tion de la matrice de pads d’un mode qui permet le jeu instru­men­tal à un autre qui auto­rise la gestion de la session avec entre autres lance­ment, dupli­ca­tion, suppres­sion de clips et de scènes. « Select » permet de sélec­tion­ner un clip en parti­cu­lier pour accé­der à ses para­mètres. La touche « Shift » auto­rise le dépla­ce­ment rapide entre plusieurs groupes de clips, quand ceux-ci dépassent le nombre maxi­mal de pads de la matrice. Mais elle active égale­ment des commandes alter­na­tives des autres touches. Par exemple, en conjonc­tion avec le bouton « Stop », elle éteint tous les clips actuel­le­ment en lecture.

Enfin, tout en bas à droite, nous avons 4 touches direc­tion­nelles, dont l’éclai­rage ou le non-éclai­rage nous informent sur les direc­tions dans lesquelles nous pouvons faire défi­ler les pistes ou bien la matrice de clips, selon que l’on soit en mode « Note » ou « Session ». Exemple : en mode « Note », ces flèches permettent de circu­ler du contrôle d’un instru­ment à l’autre. Si nous contrô­lons actuel­le­ment l’ins­tru­ment de la piste la plus à gauche de l’écran de Live, la flèche gauche sera éteinte, nous signa­lant que nous avons atteint la limite gauche. Il en va de même en mode « Session ».

À noter, en mode « Note », que si les flèches hori­zon­tales permettent de se dépla­cer d’un instru­ment à l’autre, les flèches verti­cales auto­risent le dépla­ce­ment d’une scène à l’autre, en acti­vant auto­ma­tique­ment le mode « legato » des clips. C’est-à-dire que le clip suivant est déclen­ché à l’en­droit précis où le clip précé­dent est stoppé. Cette parti­cu­la­rité auto­rise des alter­nances très rapides entre deux clips et des remixes extrê­me­ment rapides et riches.

Pour finir ce tour d’ho­ri­zon des pads, potards et boutons de Push, j’ajou­te­rai deux choses. La première est que les poten­tio­mètres rota­tifs sont tous sensibles au toucher, et affichent donc des infor­ma­tions sur leur état dès qu’on les effleure, sans néces­si­ter de modi­fier un para­mètre pour connaître ses réglages. Et en ce qui concerne les boutons-pous­soirs, non seule­ment ne sont dispo­nibles que les fonc­tions éclai­rées, comme précisé plus haut, mais leur éclai­rage s’in­ten­si­fie quand elles sont sélec­tion­nées. On sait ainsi toujours exac­te­ment ce que l’on est en train de faire, et sur quels autres para­mètres on est en mesure d’agir dans une situa­tion donnée.

Voyons main­te­nant comment ça se passe concrè­te­ment.

Pad’quar­tiers !

Alors voilà, sur Live 9, j’ai un set vierge, soit 2 pistes MIDI, 2 pistes audio, 2 pistes retour. Première étape, me concoc­ter une petite ryth­mique des familles.

J’ap­puie sur le bouton « Browse ». Sur l’écran de Push s’af­fichent, dans une première colonne, les diffé­rents types d’ins­tru­ments que je peux char­ger, dans la seconde, la biblio­thèque à laquelle ils appar­tiennent (Core Library pour les sons d’ori­gine), et enfin les presets eux-mêmes dans une troi­sième colonne, chacune de ces colonnes pouvant être explo­rée grâce aux potards au-dessus de l’écran ou bien grâce aux « demi-pads » présents en-dessous, un autre demi-pad servant à vali­der le choix. 

Ableton Push

Je sélec­tionne l’un des kits de batte­rie – drum racks – natifs de Live. Aussi­tôt le kit chargé, Push passe en mode « Note », donc jeu instru­men­tal, et comme l’ins­tru­ment chargé est un drum rack, la matrice de pads se met en mode « drum-pad plus step-séquen­ceur ».

La matrice se divise alors de la manière suivante. Les 16 pads du coin infé­rieur gauche sont affec­tés au jeu propre­ment dit, façon MPC, les 32 pads supé­rieurs affichent le step-séquen­ceur, et les 16 pads du coin infé­rieur droit permettent la créa­tion et la sélec­tion de 16 patterns diffé­rents pour le step-séquen­ceur.

Le ruban tactile, sur la gauche permet la navi­ga­tion entre les diffé­rents groupes de 16 pads d’un drum rack, quand celui-ci, bien sûr, comprend plus de 16 sons, ça tombe sous le sens. Un groupe de trois petits points sur le ruban s’illu­mine à l’en­droit où l’on trou­vera un set de 16 pads chargé avec des sons. Si un drum racks est composé de plusieurs de ces sets, le nombre de points lumi­neux sur le ruban tactile augmen­tera propor­tion­nel­le­ment. À noter que l’on a vite fait de lais­ser trai­ner son petit doigt sur le ruban joux­tant les 16 pads « de jeu » et de se dépla­cer ainsi acci­den­tel­le­ment dans une zone de pads non char­gés avec des sons. Il convient donc de veiller à ne pas toucher le ruban par mégarde.

Il existe deux méthodes pour créer un rythme. La première consiste simple­ment à enre­gis­trer en direct, via le bouton d’en­re­gis­tre­ment, ce que l’on joue sur les pads du coin infé­rieur gauche. Aupa­ra­vant, en main­te­nant la touche « Quan­tize » enfon­cée, on aura pu défi­nir et enclen­cher la quan­ti­fi­ca­tion d’en­re­gis­tre­ment. Si on ne l’a pas fait avant de jouer, et que l’on juge après coup une petite remise en place néces­saire, pas de souci, une pres­sion courte sur cette même touche quan­ti­fie a poste­riori ce qui a été enre­gis­tré.

La deuxième méthode de créa­tion de ryth­mique consiste à utili­ser le step-séquen­ceur. Pour cela, nous ne sommes pas obli­gés de lancer d’en­re­gis­tre­ment ni de lecture. Il suffit de sélec­tion­ner, dans le groupe infé­rieur gauche, le son que l’on souhaite faire jouer, simple­ment en tapant dessus, puis de sélec­tion­ner dans le step-séquen­ceur les endroits où l’on souhaite faire jouer ce son. On peut répé­ter l’opé­ra­tion autant de fois que l’on veut avec la possi­bi­lité de faire se chevau­cher un nombre illi­mité de sons, le tout à l’in­té­rieur d’un seul pattern. Sachant que l’on a le choix entre 16 patterns diffé­rents, que l’on peut choi­sir de ne lire qu’un seul pattern, un groupe ou bien les 16 d’af­fi­lée, et que ces 16 patterns ne corres­pondent au final qu’à un seul clip, je vous laisse imagi­ner le nombre infini de combi­nai­sons ryth­miques possibles et créables de manière très simple. À noter que le nombre de subdi­vi­sions du step-séquen­ceur est para­mé­trable de la noire (1/4) au trio­let de triple-croche (1/32 T) via les touches situées à la droite de la matrice.

Quelle que soit la méthode employée, un clip est auto­ma­tique­ment créé, et la durée et la vélo­cité de chaque note peuvent être réglées simple­ment en main­te­nant le pad corres­pon­dant enfoncé, et en modu­lant le para­mètre souhaité via les potards rota­tifs. Main­te­nant que j’ai programmé ma petite ryth­mique, j’ai­me­rais lui appliquer un compres­seur. Rien de plus facile : une petite pres­sion sur la touche « Add effect », puis je sélec­tionne « Compres­sor » dans la liste qui s’af­fiche. Une pres­sion sur la touche « Device » fait appa­raître les para­mètres du plug. Je règle mon « Thre­shold » et mon « Makeup Gain » grâce aux potards rota­tifs, et ça roule ! On ne peut vrai­ment pas faire plus simple.

Deuxième étape, la petite basse qui va bien.

Haut de gamme

Après une pres­sion sur la touche « Tracks » pour affi­cher les pistes dispo­nibles, je sélec­tionne la seconde piste MIDI, je « browse » dans les instru­ments de Live (on verra plus loin ce qu’il en est des VSTs tiers) pour trou­ver la basse de mes rêves, et je valide.

Ableton Push

Comme il ne s’agit cette fois-ci plus d’un drum-rack, la confi­gu­ra­tion de la matrice change complè­te­ment et affiche une orga­ni­sa­tion des pads assez inha­bi­tuelle au premier abord, mais qui s’avè­rera extrê­me­ment pratique à l’usage. En effet, ils sont orga­ni­sés par octaves, la fonda­men­tale de la gamme appa­rais­sant en bleu et les autres notes en blanc. Les para­mètres de gamme (type, fonda­men­tale, etc.) sont gérables via le menu « Scales ». Le mode par défaut n’af­fiche que les notes internes à la gamme, si l’on veut se lais­ser plus de liberté, il faut choi­sir le mode chro­ma­tique. Dans ce mode, on conserve toute­fois une diffé­ren­cia­tion dans l’af­fi­chage des notes : la fonda­men­tale reste bleue et les notes de la gamme blanches, les notes exté­rieures à la gamme sont en noir (ou plutôt non éclai­rées, mais jouables ). Mais ce qui surprend le plus au début, c’est qu’une même octave est repré­sen­tée plusieurs fois sur la même matrice, et quand on presse un pad, 2 ou 3 autres s’illu­minent (mais sans être joués…) en vert sur le tableau, indiquant les autres empla­ce­ments où l’on aurait pu jouer la même note. C’est dérou­tant au début, mais on s’y fait très vite, et l’on se rend compte que cela permet de choi­sir entre diffé­rents modes de jeu. On peut notam­ment jouer toute une gamme avec unique­ment 3 doigts, ce qui s’avè­rera très appré­ciable pour ceux qui ne maîtrisent pas le clavier.

Person­nel­le­ment je choi­sis une petite penta­to­nique mineure sur base de sol en affi­chage diato­nique. La note sol dans les diffé­rentes octaves est donc symbo­li­sée par des pads bleus, sépa­rés entre eux par 4 pads blancs.

J’en­re­gistre ma petite partie de basse, et je me rends compte que la première note de la boucle est un poil trop forte par rapport aux autres. Malheu­reu­se­ment, je ne peux pas régler la vélo­cité comme pour les drums pads direc­te­ment via Push. En mode instru­men­tal, les para­mètres de notes (vélo­cité, durée, etc.) se règlent à la souris sur l’écran de Live. Pas drama­tique, mais un peu dommage. Mais, me direz-vous, pourquoi ne pas passer en mode « step-séquen­ceur », dans ce cas-là ? Eh bien, parce que ce mode n’est réservé qu’au pilo­tage des drum racks. Et ça, c’est un peu plus embê­tant, car on aime­rait pouvoir séquen­cer de manière aussi facile une basse que des percus­sions.

D’au­tant qu’en Live, le mode step-séquen­ceur vous permet de prépa­rer un clip avant de le déclen­cher, et ce pendant que tourne un autre clip. Cela n’est donc réali­sable qu’avec des drum racks, mais pas avec d’autres types d’ins­tru­ments. Dommage qu’on ne puisse pas choi­sir libre­ment, entre step-séquen­ceur ou mode instru­men­tal, la manière dont on souhaite faire jouer nos plugs.

Mais il est temps main­te­nant de faire un petit tour dans le mode « Session » de Push, afin de visua­li­ser notre matrice de clips.

Les clips, on les crée, on les duplique, que c’est pratique !

Ableton Push

Une pres­sion sur la touche « Session » affiche mes deux clips présents (la ryth­mique et la basse). Je constate au passage que Push repro­duit assez fidè­le­ment sur ses pads la couleur d’ori­gine des clips. Très bon point. 

J’ai­me­rais main­te­nant avoir deux scènes succes­sives, avec la première ne compor­tant que le clip de batte­rie. Simple : une pres­sion sur la touche « dupli­cate » reco­pie ma scène actuelle sur la ligne du dessous, et un main­tien de la touche « delete » suivi de la dési­gna­tion du clip de basse dans la première scène efface celui-ci. On peut aussi effa­cer d’un seul coup une scène entière ou bien une piste, la touche « Undo » vous permet­tant de reve­nir sur votre déci­sion, et « Shift » + « Undo » d’an­nu­ler l’an­nu­la­tion… vous suivez toujours ? Il est à noter qu’une pres­sion courte sur la touche duplique la scène active en entier, alors qu’une pres­sion main­te­nue permet de sélec­tion­ner les clips à dupliquer indi­vi­duel­le­ment.

Bien. À ce stade du test, je re-précise qu’ab­so­lu­ment toutes les opéra­tions décrites jusqu’ici sont été effec­tuées SANS LE MOINDRE RECOURS A LA SOURIS ! Pour finir, j’ai­me­rais ajou­ter sur une troi­sième piste un Lead issu d’un VST tiers, par exemple du synthé Massive de Native Instru­ments.

VST, souris deman­dée

Comme le set de base de Live ne comporte que deux pistes MIDI (en plus des audio et return), il me faut donc en ajou­ter une. Rien de plus simple encore une fois, une pres­sion sur la touche « Add track » et Push me propose de choi­sir le type de piste que je souhaite ajou­ter. Je choi­sis donc « MIDI », et aussi­tôt appa­raît la nouvelle piste. Plein de confiance, je parcours le navi­ga­teur de Push à la recherche de mon Massi­ve… et là, décep­tion, l’ap­pa­reil ne prend pas en compte le réper­toire « Plug-Ins » de Live, dédié aux VST tiers. Il n’af­fiche que les plugs internes de Live, ou faisant partie des packs supplé­men­taires télé­char­geables sur le site d’Able­ton.

Ableton Push

Pour affi­cher et pilo­ter un VST via Push, il faudra soit le faire glis­ser tradi­tion­nel­le­ment sur la piste avec la souris, et défi­nir manuel­le­ment les para­mètres pilo­tables grâce au bouton « confi­gure », soit inclure votre VST dans un « Instru­ment Rack », que vous range­rez ensuite dans votre biblio­thèque utili­sa­teur de Live. Push accé­dant à cette biblio­thèque, vous aurez la possi­bi­lité de char­ger votre instru­ment rack person­nel direc­te­ment à partir de l’ap­pa­reil, comme s’il s’agis­sait d’un plug-in natif de Live.

On le voit, la gestion des VSTs tiers n’est pas impos­sible, mais néces­site une petite mani­pu­la­tion supplé­men­taire dont on aurait aimé se passer. Il semble­rait qu’une future mise à jour soit prévue pour amélio­rer ça, mais au 05/04/2013, ce n’est pas encore le cas.

Push et ses amis

Ableton Push

Mais reve­nons à notre morceau. Après avoir créé enfin chargé mon Massive, et créé les clips que je souhai­tais, j’ai­me­rais enre­gis­trer un premier séquençage à l’ar­rache de l’en­semble dans le mode arran­ge­ment de Live, toujours en ne me servant que du Push.

Eh, bien ce n’est pas possible, le bouton d’en­re­gis­tre­ment de l’ap­pa­reil ne permet­tant que la créa­tion de clips, mais pas l’en­re­gis­tre­ment géné­ral dans le mode arran­ge­ment, du moins à partir du Push !

Pour cette fonc­tion, il vous faudra soit ressai­sir la souris pour acti­ver le bouton adéquat dans Live, soit l’ac­ti­ver via un autre contrô­leur. On peut aussi regret­ter l’ab­sence d’un cross­fa­der, ou d’une fonc­tion simu­lant celui-ci via l’un des potards rota­tifs.

Comme par hasard, les APC 20 et 40 de chez Akaï sont équi­pées de ces fonc­tions manquantes sur le Push. Bien que le celui-ci ait été conçu pour être globa­le­ment auto­nome, on peut se deman­der si Able­ton et Akaï n’ont pas voulu conser­ver à leurs produits précé­dents certains petits avan­tages. La gestion des mutes et solos est égale­ment un poil plus directe sur les précé­dents contrô­leurs du duo Able­ton/Akaï, et certains utili­sa­teurs peuvent préfé­rer des faders à la gestion du volume via potard. À noter que Push coha­bite très bien avec les APC 20 et 40 au sein de Live, chacun pouvant même gérer un groupe de clips diffé­rents.

Conclu­sion

À l’is­sue des quelques jours que j’ai passés en compa­gnie du Push, je peux dire une chose : je vais avoir du mal à le rendre ! Au-delà de la simpli­cité de prise en main, on est forcé­ment épaté par le nombre de mani­pu­la­tions sur Live pour lesquelles on peut désor­mais se passer de la souris, et ce de manière très élégante. Cela ne rend que plus prégnants les petits défauts que l’on peut consta­ter, telle l’ab­sence de bouton d’en­re­gis­tre­ment d’ar­ran­ge­ment ou de cross­fa­der. On peut égale­ment regret­ter le côté un peu rigide des modes de jeu (step-séquen­ceur réservé aux drum-racks, par exemple), ainsi que la gestion incom­plète des VSTs tiers qui néces­site de réuti­li­ser la souris.

Mais au final, ce sont des incon­vé­nients que l’on oublie vite, tant son utili­sa­tion est agréable. Comme je le souli­gnais dans le test sur Live 9, Able­ton a visi­ble­ment plan­ché ces 4 dernières années sur l’er­go­no­mie de leur séquen­ceur au point de défi­nir et conce­voir eux-mêmes le contrô­leur hard­ware qui serait le plus suscep­tible de corres­pondre à cette ergo­no­mie. L’objec­tif est atteint ! Able­ton a défi­ni­ti­ve­ment lancé une grosse boule dans le jeu de quilles des solu­tions hybrides hard­ware/soft­wa­re…

Notre avis : 9/10

  • Facilité de prise en main
  • Qualité de fabrication
  • Pads sensibles à la vélocité et l’aftertouch
  • Nombre de fonctions de Live prises en charge par Push
  • Les couleurs des pads qui reprennent quasi à l’identique les couleurs des clips en mode « Session »
  • Ne s’allument que les boutons qu’on peut utiliser
  • Step-séquenceur
  • La représentation des gammes sur la matrice de pads
  • Ruban tactile comme molette de pitch ou ascenseur
  • Reconnaissance automatique des paramètres des plugs de Live
  • Possibilité de remixer les clips en mode « Legato » tout en jouant les notes d’un plug en particulier
  • Les flèches directionnelles qui s’illuminent en fonction de l’endroit de la matrice où l’on se trouve
  • Intégration des VSTs tiers qui pourrait être un peu plus… intégrée !
  • Absence de bouton d’enregistrement d’arrangement
  • Pas de crossfader ou de fonction le remplaçant via un potard rotatif
  • Pas de possibilité d’affecter le step-séquenceur à autre chose que des drum-racks
  • Ruban tactile un peu proche des pads
  • Écran LCD qui ne laisse pas de grande marge dans l’angle de lecture
  • Aftertouch monophonique (mais bon, c’est lié à l’architecture de Live)

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