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Test du M-Audio Trigger Finger Pro - Finger on the trigger

8/10

Il y a quelques mois, nous vous proposions le test de la Maschine Studio, la plus récente et imposante itération du système proposé depuis quelques années par Native Instruments, reposant sur l'interaction entre un contrôleur hardware et – entre autres - son logiciel dédié.

Aujour­d’hui, c’est M-Audio qui nous offre son inter­pré­ta­tion person­nelle de cette parti­tion, avec le contrô­leur Trig­ger Finger Pro (TFP) accom­pa­gné entre autres de son cama­rade logi­ciel, Arse­nal. En quoi cette nouvelle décli­nai­son du duo hard/soft se démarque-t-elle des autres solu­tions de ce type, telles que Maschine déjà citée mais égale­ment Able­ton Push + Live ou encore Akai MPC Renais­sance ? Son tarif infé­rieur à 380 €, soit envi­ron 200 € de moins que son concur­rent le moins cher (Able­ton Push à 499 € + Able­ton Live 9 Intro à 99 €, soit un tarif total de 588 €), est-il syno­nyme de perfor­mances au rabais, ou au contraire d’une évalua­tion ration­nelle des besoins réels des utili­sa­teurs ?  

Revue des troupes

Pour ne pas déro­ger aux bonnes vieilles habi­tudes, c’est donc par l’ex­plo­ra­tion exté­rieure de la bête que je vais débu­ter ce test.

M-Audio Trigger Finger Pro

M-Audio nous grati­fie avec le TFP d’une surface de contrôle de 33,5 cm de large, 30,5 cm de profon­deur et envi­ron 3 cm d’épais­seur, pouvant être rehaus­sée d’en­vi­ron 3 autres cm grâce à un support métal­lique livré d’ori­gine. Ledit support peut être utilisé pour rele­ver, au choix, la partie arrière de l’ap­pa­reil – clas­sique et évident ! – ou bien la partie avant… En toute honnê­teté, l’in­té­rêt ne m’ap­pa­raît pas clai­re­ment, mais pourquoi pas.

À part ce support, le seul acces­soire livré avec le TFP est le câble USB, qui four­nit l’ap­pa­reil en élec­tri­cité lorsque celui-ci est utilisé avec un ordi­na­teur. Par contre, une alimen­ta­tion externe (option­nelle) sera bien entendu néces­saire si vous souhai­tez connec­ter votre TFP à un module ou synthé MIDI externe. USB et MIDI OUT stan­dards ainsi que DC IN sont d’ailleurs les seules connec­tiques dispo­nibles, situées sur la tranche arrière de l’ap­pa­reil à côté du bouton d’al­lu­mage. On aurait pu souhai­ter éven­tuel­le­ment une prise supplé­men­taire pour une pédale qu’on aurait pu para­mé­trer à des fins diverses telles que l’en­voi de sustain ou encore le déclen­che­ment au pied d’une lecture ou d’un enre­gis­tre­ment de séquence. Mais nous devrons nous en passer, tant pis.

La surface de travail du TFP se divise en quatre parties bien distinctes. Nous avons tout d’abord l’écran LCD de 4 fois 68 carac­tères qui occupe le haut de l’ap­pa­reil, accom­pa­gné d’un bouton rota­tif sans fin, cranté et cliquable. Ce dernier permet de sélec­tion­ner faci­le­ment les presets de confi­gu­ra­tion, les séquences, et certains des prin­ci­paux para­mètres du TFP. Cet écran est globa­le­ment bien lisible, sa lumi­no­sité et son contraste pouvant bien entendu être ajus­tés selon les besoins de chacun.  Ceci — entre bien d’autres choses — se fait grâce à deux des quatre enco­deurs situés dans la seconde partie de la surface de travail. Ils surplombent quatre faders, en dessous desquels nous trou­vons quatre boutons-pous­soirs. 

La troi­sième partie est bien entendu consti­tuée de 16 pads de jeu sensibles à la vélo­cité ainsi qu’à l’af­ter­touch mono ou poly­pho­nique. Nous détaille­rons plus bas leurs quali­tés et utili­sa­tions.  Et enfin, tout en bas de la surface de travail, nous avons un step-séquen­ceur de 16 pas maté­ria­li­sés par autant de boutons-pous­soirs surmon­tés d’au­tant de petites LEDs.

M-Audio Trigger Finger Pro

Au milieu de ces 4 secteurs bien défi­nis se trouvent une ving­taine de boutons permet­tant d’ac­cé­der entre autres au para­mé­trage des pads ou des contrô­leurs, à la program­ma­tion, l’en­re­gis­tre­ment et le lance­ment de séquences, à la défi­ni­tion du tempo ou encore à la sauve­garde de presets.  Nous avons égale­ment un ensemble de 4 flèches direc­tion­nelles entou­rant un bouton central, destiné à faci­li­ter la navi­ga­tion au sein des diffé­rentes pistes de votre DAW. Bien vu et pratique. Notons qu’à part cet ensemble précis de boutons et quelques autres, tous les boutons de contrôle ou de pas de séquence ainsi que les pads de jeu sont rétro-éclai­rés. Il est à regret­ter toute­fois que les séri­gra­phies desdits boutons n’aient pas été direc­te­ment impri­mées sur eux. De nuit, le rétro-éclai­rage impor­tant – et non réglable – de l’ap­pa­reil rend illi­sibles les séri­gra­phies impri­mées au-dessus des boutons. Il s’agit donc de bien connaître l’em­pla­ce­ment physique de chaque fonc­tion avant de vous lancer dans une utili­sa­tion nocturne de votre TFP. 

Mais à part ce petit incon­vé­nient, deux choses sont prin­ci­pa­le­ment à rete­nir de ce premier tour d’ho­ri­zon. D’abord, l’en­semble inspire confiance, une impres­sion géné­rale de soli­dité s’en dégage. Ensuite, l’er­go­no­mie de l’ap­pa­reil est – à quelques détails près que nous allons évoquer – plutôt bien pensée et, avec un peu d’en­traî­ne­ment, l’on acquiert assez vite une bonne maîtrise de l’en­gin. Le large écran LCD affi­chant toutes les infor­ma­tions néces­saires n’y est d’ailleurs pas étran­ger.

Confi­gu­ra­tions d’at­taque

Lors de l’al­lu­mage de l’ap­pa­reil — instan­ta­né­ment opéra­tion­nel, souli­gnons-le —  cet écran affiche le numéro des banques de contrô­leurs et de pads, ainsi que le nom du preset et de la séquence actifs. Ceux-ci sont toujours les mêmes, à savoir le preset et la séquence numéro 1. On aurait pu préfé­rer que l’ap­pa­reil conserve plutôt en mémoire les derniers presets et séquences actifs, mais tant pis.

Le choix à l’in­té­rieur de ces deux caté­go­ries se fait via l’uti­li­sa­tion combi­née du potard à droite de l’écran et de l’un des boutons de fonc­tion situés en dessous. Enfan­tin et intui­tif !  Atten­tion toute­fois, certains para­mètres ne sont pas sauve­gar­dables dans les presets : entre autres, le canal MIDI prin­ci­pal, le choix de la desti­na­tion des messages MIDI (USB, prise MIDI ou les deux à la fois), la valeur attri­buée à la vélo­cité fixe ou à celle des séquences ne peuvent diffé­rer d’un preset à l’autre. Dommage, on aurait par exemple aimé pouvoir béné­fi­cier, par une simple pres­sion de bouton, de l’al­ter­nance entre un preset adapté au pilo­tage de logi­ciels via USB et un autre au pilo­tage de hard­ware. Dans la situa­tion actuelle, la procé­dure est rallon­gée de 2 ou 3 manips. C’est d’au­tant plus regret­table que l’af­fec­ta­tion aux diffé­rentes banques de pads de canaux MIDI distincts n’est pas des plus intui­tives, comme nous le verrons dans le para­graphe dédiés aux pads. Mais ne brûlons pas les étapes. 

Les préfé­rences géné­rales du TFP permettent égale­ment de choi­sir si l’ap­pa­reil doit être synchro­nisé à une horloge MIDI externe, ou si les boutons de trans­port de séquence doivent ou non servir à pilo­ter le trans­port de la DAW éven­tuel­le­ment connec­tée.

Les banques de potards, de faders ou de boutons peuvent quant à elles avoir chacune 4 types de fonc­tion­ne­ment : le mode « Arse­nal », qui affecte les contrô­leurs auto­ma­tique­ment à certains para­mètres des plug-ins char­gés dans le soft du même nom (voir le para­graphe « Prêt à dégai­ner »), le mode « Mackie », qui reprend le proto­cole de la surface de contrôle du même nom, et qui permet de pilo­ter les fonc­tions de base de la plupart des DAWs, son petit cousin le mode « HUI », bien connu des utili­sa­teurs de Pro Tools et enfin le mode « MIDI » tradi­tion­nel. Sachant qu’un preset couvre les para­mé­trages de toutes les banques et que chacune peut suivre un proto­cole diffé­rent, on peut se consti­tuer assez vite une collec­tion impor­tante de presets complexes, rappe­lables d’une simple pres­sion de bouton. À condi­tion toute­fois d’avoir impé­ra­ti­ve­ment sauve­gardé vos modi­fi­ca­tions de presets, car le TFP ne les conserve pas en mémoire si vous chan­gez de preset !

Et il en va de même pour… les séquences !

Séquence d’ar­me­ment

M-Audio Trigger Finger Pro

Eh oui, le TFP intègre, tout comme ses concur­rents Maschine et Push, un step-séquen­ceur hard­ware. Les séquences peuvent être para­mé­trées globa­le­ment au niveau du tempo, du swing, du « gate », du nombre de pas et de mesures, et de la vélo­cité de chaque pas. À ce propos, et comme je le mention­nais plus haut, le step-séquen­ceur du TFP est clas­sique­ment consti­tué de 16 pas maxi­mum, pour une program­ma­tion sur 4 mesures au plus, avec des subdi­vi­sions tempo­relles allant de la noire au trio­let de triples croches (pas mal !). 

Les boutons repré­sen­tant les pas actifs sont bien entendu rétro-éclai­rés. Au-dessus, les petites LEDs s’al­lument en bleu au passage du « curseur » de la séquence. De plus, la mesure actuel­le­ment lue est égale­ment signa­lée, cette fois par une petite LED verte. C’est très simple, très clair, bref, bien vu.

N’im­porte quelle mesure de la séquence peut être copiée, collée ou dupliquée. On aurait souhaité qu’elle puisse être tout aussi instan­ta­né­ment effa­cée, mais non, il faut désac­ti­ver manuel­le­ment chaque pas. La séquence reprend là où on l’a stop­pée, sauf si l’on a appuyé deux fois sur le bouton d’ar­rêt, auquel cas elle reprend du début. Pendant le jeu de la séquence, on peut modi­fier en temps réel le nombre de pas et de mesures pris en compte, ou bien encore déci­der de mettre une mesure en boucle.

Dans le cadre de l’uti­li­sa­tion avec une DAW, il est possible de choi­sir de synchro­ni­ser sa séquence avec le tempo de la DAW, ou non. Il est égale­ment possible de créer une séquence avec des instru­ments sur plusieurs canaux MIDI diffé­rents, et de récu­pé­rer ainsi les portions de séquence corres­pon­dant à chaque instru­ment sépa­ré­ment sous forme de clip MIDI dans la DAW. 

Enfin, il est tout à fait possible, en utili­sant la fonc­tion REC, d’en­re­gis­trer direc­te­ment dans le step-séquen­ceur une perfor­mance réali­sée sur les pads. Ces derniers peuvent d’ailleurs servir à repré­sen­ter les 16 séquences sauve­gar­dables dans l’ap­pa­reil lui-même (il est possible d’en expor­ter autant que l’on veut dans le logi­ciel Arse­nal, comme nous le verrons plus bas). Ainsi, il est possible de déclen­cher instan­ta­né­ment la séquence que l’on souhaite via les pads. Dans ce mode, le déclen­che­ment peut se faire soit immé­dia­te­ment, soit à la fin de la mesure en cours. Toute­fois, la séquence suivante commence toujours sur son premier pas, même si la séquence précé­dente a été arrê­tée sur le 3e temps d’une mesure, par exemple.

Bien entendu, chaque type de son consti­tuant la séquence peut égale­ment, toujours via les pads, être immé­dia­te­ment mis en solo ou muté. 

Pad histoires !

En dehors de ce mode-là, les pads envoient bien évidem­ment des notes MIDI, répar­ties de C-2 à G+8 sur l’en­semble des 4 banques dispo­nibles. Ils sont sensibles à la vélo­cité et à l’af­ter­touch. Celui-ci peut être coupé, réglé en mode « Chan­nel Pres­sure » (mono­pho­nique), en mode poly­pho­nique ou bien encore para­mé­tré pour envoyer un CC lorsqu’il est activé, et ce indi­vi­duel­le­ment pour chaque pad, ce qui multi­plie encore les possi­bi­li­tés de contrôle MIDI offertes par l’ap­pa­reil. 

M-Audio Trigger Finger Pro

En plus de l’af­ter­touch, les pads peuvent être para­mé­trés, toujours indi­vi­duel­le­ment, au niveau des éléments suivants : la note envoyée, les valeurs mini­males et maxi­males ou encore une valeur fixe de vélo­cité, la couleur, le canal et la sortie physique MIDI (USB, MIDI clas­sique ou les deux).  Si l’on est bien sûr ravi de pouvoir affec­ter éven­tuel­le­ment un réglage diffé­ren­cié à chacun des pads, on aurait aimé pouvoir béné­fi­cier égale­ment d’une affec­ta­tion par banque, ce qui n’est pas le cas, malheu­reu­se­ment.

Pour faire simple : si vous souhai­tez affec­ter telle banque de pads à tel canal MIDI, par exemple, il vous faudra régler chacun des 16 pads indi­vi­duels de cette banque sur le canal en ques­tion. Espé­rons qu’une future mise à jour du firm­ware rende les choses plus commodes. Par défaut, le canal MIDI est celui choisi dans les préfé­rences géné­rales du TFP.

Pour termi­ner, notons que deux fonc­tions clas­siques de ce genre d’ap­pa­reils sont égale­ment dispo­nibles sur le TFP et viennent enri­chir le jeu. Tout d’abord la fonc­tion « roll », qui permet de répé­ter la note jouée selon un délai para­mé­trable tant que l’on main­tient le pad enfoncé. Ensuite la fonc­tion « fixed », qui permet de jouer tous les pads selon une seule valeur de vélo­cité prééta­blie. Toute­fois, si l’on souhaite à l’in­verse béné­fi­cier, comme sur Maschine, d’un mode où chaque pad envoie la même note, mais à une valeur diffé­rente de vélo­cité, il faudra se bidouiller un preset appro­prié après avoir para­mé­tré soi-même chacun des pads.

Pour conclure ce para­graphe, je tiens à dire que les pads du TFP s’avèrent très agréables à jouer, avec une bonne réponse aux vélo­ci­tés aussi bien faibles que plus élevées. L’af­ter­touch, sans être excep­tion­nel, reste toute­fois parfai­te­ment maîtri­sable à la main.

Sous contrôle

Les contrô­leurs se répar­tissent, comme nous l’avons vu plus haut, en un groupe physique de 4 poten­tio­mètres sans fin, 4 faders et 4 boutons pous­soirs, groupe qui peut se multi­plier virtuel­le­ment en 4 banques, elles-mêmes indé­pen­dantes des 4 banques de pads dont nous avons parlé à l’ins­tant. Person­nel­le­ment, je trouve que des ensembles d’unique­ment 4 contrô­leurs de même type sont un peu restreints à mon goût. Peut-être est-ce dû au fait que la concur­rence nous a habi­tués à aligner au moins huit potards acces­sibles simul­ta­né­ment ? Mais quoi qu’il en soit, je ne suis pas fan de devoir chan­ger constam­ment de banque dès que je souhaite mani­pu­ler un para­mètre diffé­rent, surtout en live. Mais passons sur cet aspect des choses pour nous concen­trer plutôt sur les possi­bi­li­tés offertes.

M-Audio Trigger Finger Pro

Les potards réagissent parfai­te­ment à la solli­ci­ta­tion : rota­tion rapide pour atteindre aisé­ment les valeurs extrêmes, et rota­tion lente pour une édition fine, réel­le­ment à l’unité près.  Les faders pour­raient avoir une course un poil plus fluide, mais rien de bien gênant.

Tous les contrô­leurs peuvent envoyer des messages MIDI de control ou program change, des messages NRPN, ou adop­ter comme nous l’avons vu les proto­coles Mackie, HUI, ou Arse­nal pour le dialogue spéci­fique avec des DAWs ou avec le logi­ciel maison. Les plages de valeurs peuvent égale­ment être défi­nies pour chacun des contrô­leurs. Pour les boutons-pous­soirs, on retrouve en plus des autres para­mètres les tradi­tion­nels modes « Toggle » et « Single » pour respec­ti­ve­ment bascu­ler d’un état à l’autre ou n’en­voyer qu’un message unique à chaque pres­sion, ainsi que « Momen­tary » pour émettre un message en continu tant que le bouton est enfoncé. Enfin, on peut défi­nir, tout comme pour les pads, le canal et la sortie physique MIDI que l’on souhaite pour chaque contrô­leur.

Comme nous l’avons dit plus haut, les boutons de trans­port du step-séquen­ceur peuvent égale­ment être confi­gu­rés pour pilo­ter la DAW. Tout comme pour les pads, le para­mé­trage des contrô­leurs ne peut se faire majo­ri­tai­re­ment que de manière indi­vi­duelle, et non par banque, ce qui est un peu fasti­dieux.  Signa­lons qu’en mode Mackie ou HUI, on ne peut pas contrô­ler plus de huit pistes en tout, dommage. Mais d’une certaine manière, cela affirme l’iden­tité de l’ap­pa­reil comme une station de beat­ma­king, faite pour travailler avec un nombre restreint de pistes. Et puis, rien n’em­pêche de repas­ser en MIDI et de se fabriquer un preset mieux adapté. 

L’ex­plo­ra­tion des capa­ci­tés de para­mé­trage du TFP montre clai­re­ment que la philo­so­phie de l’ap­pa­reil est à l’op­posé de celle de ses concur­rents directs Maschine et Push. Là où ces derniers proposent un maxi­mum de fonc­tion­na­li­tés « clés en main », mais un unique mode « User », le TFP offre moins de fonc­tion­na­li­tés prédé­fi­nies, mais un nombre quasi illi­mité de possi­bi­li­tés de confi­gu­ra­tions person­nelles. À condi­tion bien sûr de régu­liè­re­ment trans­fé­rer ses presets (et séquen­ces…) sur l’or­di­na­teur afin de libé­rer les slots-mémoire de l’ap­pa­reil, l’une des nombreuses raisons d’être du logi­ciel livré avec le TFP, j’ai nommé Arse­nal. 

Prêt à dégai­ner

Pour que les choses soient claires immé­dia­te­ment : Arse­nal n’est pas, comme dans le cas de la MPC Renais­sance, de Maschine avec le logi­ciel du même nom, ou bien de Push avec Able­ton Live, un séquen­ceur. M-Audio a du consi­dé­rer, à raison, que le marché était déjà bien occupé dans le domaine, et ce majo­ri­tai­re­ment par des softs qui ont fait leurs preuves depuis long­temps. De plus, les coûts de déve­lop­pe­ment auraient certai­ne­ment été bien supé­rieurs et n’au­raient pas permis de main­te­nir le tarif du TFP à un niveau aussi bas. Sans comp­ter enfin que les MAOïstes sont bien souvent déjà équi­pés dans le domaine. M-Audio a donc plutôt décidé de propo­ser un outil complé­men­taire.

M-Audio Trigger Finger Pro

Arse­nal est avant tout deux choses, un « brow­ser » et un « wrap­per ». En tant que « brow­ser », il permet de réper­to­rier tous les instru­ments virtuels (atten­tion, unique­ment les instru­ments, pas les effets !) de votre système, qu’ils soient en VST, RTAS ou Audio Unit. Arse­nal est égale­ment prévu pour lister et tagger les presets des instru­ments virtuels. Toute­fois, le logi­ciel n’est pour l’ins­tant pas en mesure de recon­naître les presets de manière tota­le­ment auto­ma­tique. M-Audio offre sur son site de nombreux templates repre­nant la tota­lité des presets de certains des prin­ci­paux instru­ments virtuels du marché. Pour les autres, Arse­nal permet de récu­pé­rer un par un dans sa base de données chaque preset que vous êtes en train d’uti­li­ser. Et en ce qui concerne les tags, vous pouvez en créer autant que vous voulez – à condi­tion de ne pas oublier de passer du mode « brow­ser » au mode « tag » ! – ou bien renom­mer ceux déjà exis­tants.Même les noms des plugins peuvent être modi­fiés. On peut égale­ment créer des setlists qui permettent de dépas­ser le clas­se­ment par tag pour réunir diffé­rents presets selon des critères plus person­nels..

En tant que « wrap­per », il est capable de char­ger n’im­porte lequel des plug-ins préa­la­ble­ment recon­nus (un plug-in par instance du logi­ciel), et de recon­naître auto­ma­tique­ment – sans aucun template cette fois-ci -  tous les éléments MIDI­fiables dudit plug-in, qu’il affecte auto­ma­tique­ment aux contrô­leurs physiques du TFP, à la manière de l’Au­to­map de Nova­tion. Les affec­ta­tions en ques­tion sont bien entendu tota­le­ment modi­fiables ulté­rieu­re­ment par l’uti­li­sa­teur. Le logi­ciel permet égale­ment de modi­fier le pitch de chaque plug-in. Ceci est parti­cu­liè­re­ment pratique quand chaque banque de pads pilote un plug-in diffé­rent, en permet­tant de contour­ner la pré-program­ma­tion des hauteurs de notes des pads. Arse­nal fonc­tionne aussi bien en stand-alone qu’en plug-in au sein d’une DAW, où l’on peut en char­ger autant d’ins­tances que l’on souhaite. 

Enfin, comme je le préci­sais dans le para­graphe précé­dent, Arse­nal permet de sauve­gar­der sur l’or­di­na­teur les presets et les séquences du TFP, ou de les rechar­ger dans l’ap­pa­reil. Mais Arse­nal n’est pas le seul logi­ciel livré en bundle avec Trig­ger Finger Pro. M-Audio nous propose égale­ment Air Drums et Hybrid 3, deux instru­ments virtuels déve­lop­pés par Air Music Tech­no­logy, une autre marque du groupe InMu­sic dont fait partie M-Audio. 

Roule­ment de tonnerre

M-Audio Trigger Finger Pro

Air Drums est un petit module virtuel de lecture de samples, basé sur une archi­tec­ture à pads et utili­sable exclu­si­ve­ment au sein d’Ar­se­nal. Tout comme pour ce dernier, on sent la volonté des déve­lop­peurs de propo­ser un produit dont l’ADN est inti­me­ment lié à celui du TFP, même si, toujours comme Arse­nal, il peut très bien être utilisé sans le contrô­leur maté­riel.

Tout natu­rel­le­ment, Air Drums repro­duit donc les 4 banques de 16 pads virtuels d’Ar­se­nal et du TFP, adop­tant les mêmes codes couleur pour iden­ti­fier chaque banque. À noter pour l’ins­tant un petit bug, pas très grave, mais tout de même : dans Air Drums (et exclu­si­ve­ment dans Air Drums, Arse­nal ne présente pas ce défaut), lorsque le TFP est bran­ché et que l’on choi­sit les banques à la souris, il est très fréquent que le logi­ciel présente des diffi­cul­tés à passer d’une banque à l’autre. Le problème est inexis­tant lorsqu’on utilise le contrô­leur physique, ou alors à l’in­verse quand on utilise Air Drums sans le contrô­leur. Comme je le disais, rien de bien grave, mais cela méri­te­rait une petite atten­tion de la part des gens de AIR Music Tech­no­logy. Je l’ai signalé, mais pas encore eu de réponse à ce jour (23 juillet 2014). 

Pour en reve­nir aux fonc­tion­na­li­tés du soft, des presets entiers peuvent bien entendu être sauve­gar­dés ou bien rappe­lés. L’en­semble d’un preset peut béné­fi­cier des effets suivants : « Pitch », « Cutoff », « Decay » et « Swing ». Sur chaque pad peuvent être char­gés deux samples distincts. Toute­fois, il ne faut pas s’at­tendre à pouvoir régler une quel­conque inter­ac­tion entre eux : ils sont joués simul­ta­né­ment, point. Pas de déclen­che­ment diffé­ren­cié selon le niveau de vélo­cité par exemple. Nous ne sommes clai­re­ment pas dans le « multi-laye­ring ».

Sinon, chacun des samples béné­fi­cie bien sûr d’un affi­chage de la forme d’onde, mais égale­ment d’un réglage du pitch, de la fréquence de coupure du filtre et de la réso­nance, d’un bouton de hold et d’un de release, d’un potard de pan, et d’un de gain, ainsi que d’un bouton de quan­ti­za­tion lors de la lecture de fichiers *.rex. En plus de cela, on accède à trois éditeurs d’en­ve­loppes diffé­rents concer­nant le pitch, le filtre et l’am­pli­fi­ca­tion. À noter que dans chacun de ces éditeurs d’en­ve­loppe, un potard permet de régler l’in­ten­sité avec laquelle la vélo­cité va influer sur le para­mètre sélec­tionné : une manière inté­res­sante d’en­ri­chir sensi­ble­ment le jeu. À noter que les fichiers *.wav béné­fi­cient de quelques options supplé­men­taires par rapport aux fichiers *.rex, tels que la défi­ni­tion du point de départ et de fin du sample ou la possi­bi­lité d’être lus à l’en­vers. 

Il ne faut pas non plus recher­cher une trop grande préci­sion dans le para­mé­trage. En effet, si dans les fenêtres d’af­fi­chage de sample, les valeurs tempo­relles sont bien indiquées en abscisse, il manque en ordon­née une échelle des valeurs du para­mètre en cours de modi­fi­ca­tion. De plus, si une petite fenêtre affiche bien la valeur des points d’en­ve­loppe pendant qu’on les dessine, il est impos­sible de connaître celle des points déjà dessi­nés. On réser­vera donc les fonc­tions d’édi­tion d’Air Drums à des modi­fi­ca­tions rapides, un travail plus précis sur les samples avec un véri­table contrôle des valeurs de para­mètres se fera plutôt sur un logi­ciel dédié (un Wavo­saur gratuit fait déjà très bien le job dans le domaine).  

Comme nous le voyons, Air Drums ne propose rien de trans­cen­dant, mais la biblio­thèque de samples – réunis­sant des banques program­mées par Prime Loops et Tool­room Records – est très bonne, et le soft fait correc­te­ment ce qu’on lui demande. Un bon petit outil de base qui permet surtout à M-Audio de four­nir au TFP quelques très bonnes banques sonores. 

Super-soldat

Quelles que soient les quali­tés d’AIR Drums, le second instru­ment virtuel livré avec le TFP est à mon sens plus inté­res­sant. 

M-Audio Trigger Finger Pro

Hybrid 3 est un synthé virtuel poly­pho­nique, basé sur une combi­nai­son de synthèse sous­trac­tive et de synthèse à tables d’ondes. Il est composé de deux parties iden­tiques, compre­nant chacune 3 oscil­la­teurs, 2 enve­loppes de modu­la­tion, 2 filtres avec enve­loppes, 3 LFOs clas­siques ainsi qu’un LFO « pump » (sic) censé simu­ler l’ef­fet de pompe d’un compres­seur. Chaque partie est en outre équi­pée d’un step séquen­ceur très complet auto­ri­sant même l’im­port de phrases MIDI, le tout abou­tis­sant bien sûr dans l’étage d’am­pli­fi­ca­tion. Ce dernier se trouve équipé de deux réglages un peu ésoté­riques, « hype low » et « hype high », censés régler les fréquences basses et hautes « with an opti­mal range and curve deter­mi­ned by Hybri­d’s Hype algo­rithm », dixit le manuel en anglais… Mouais, pas hyper convaincu pour le coup, contrai­re­ment au reste de ce synthé qui sonne plutôt très bien.

Outre les para­mètres « hype » sus-cités, l’étage d’am­pli­fi­ca­tion de chacune des deux parties d’Hy­brid 3 propose chorus, delay et reverb, ainsi que deux inserts, dans chacun desquels on peut peut glis­ser un effet parmi… 43, sans comp­ter à nouveau un chorus, un delay et une reverb, mais cette fois sur le master réunis­sant les deux parties d’Hy­brid. Ouf, si avec tout ça, vous n’ob­te­nez pas un son qui dépote !

M-Audio Trigger Finger Pro

Pour finir, les deux parties peuvent être mixées ensemble, ou bien être répar­ties de part et d’autre d’un key split… mais c’est tout. Tout comme pour AIR Drums, inutile d’es­pé­rer lier les deux parties par d’autres types d’in­ter­ac­tions. Pas de vrai « multi-laye­ring » ici non plus, donc. Mais après tout, il s’agit ici d’un synthé et non d’un sampleur, ne l’ou­blions pas. Et d’un synthé qui, en plus d’un gros son (on joue ici dans la cour d’un Massive de Native Instru­ments en termes de richesse et de présence sonores), offre de grandes possi­bi­li­tés de para­mé­trage, tout en béné­fi­ciant d’une ergo­no­mie parfai­te­ment pensée. Celle-ci en fait d’ailleurs égale­ment un excellent outil péda­go­gique pour qui souhaite s’ini­tier à la synthèse, tant il est aisé de se repré­sen­ter le chemi­ne­ment du flux audio sur ce synthé.  Une très bonne surprise, donc, dans la hotte du TFP ! 

On remarquera simple­ment que, tout comme Air Drums, Hybrid 3 ne dispose pas de brow­ser propre. Il semble ici évident que la volonté de M-Audio a été d’im­po­ser Arse­nal comme prin­ci­pal outil de gestion des plug-ins et des presets.

Conclu­sion

M-Audio a réussi, avec le Trig­ger Finger Pro, à se démarquer de la concur­rence de manière plutôt maligne, en évitant d’op­po­ser fron­ta­le­ment son produit aux ténors du genre que sont Maschine, MPC Renais­sance et le duo Push/Live. M-Audio a ainsi choisi de ne pas propo­ser un énième séquen­ceur logi­ciel de plus, partant du prin­cipe que la majeure partie des MAOïstes en étaient déjà pour­vus, ce qui lui a permis de réduire les coûts… et par consé­quent le prix. Au lieu de ça, le compa­gnon logi­ciel que propose la marque améri­caine à son nouveau contrô­leur hard­ware est Arse­nal, un astu­cieux « brow­ser/wrap­per » aux très inté­res­santes fonc­tions d’af­fec­ta­tions de contrôles MIDI et de gestions de presets, et dont on aime­rait juste qu’outre les instru­ments virtuels, il puisse égale­ment contrô­ler les effets. Le contrô­leur lui-même est pourvu d’une ergo­no­mie simple et effi­cace, qui lui permet d’être opéra­tion­nel aussi bien pour des instru­ments virtuels que pour du hard­ware grâce, entre autres, à ses deux connec­tiques USB et MIDI OUT 5 broches. Il ne manque aucune fonc­tion­na­lité de base, et pour le reste, chacun peut très faci­le­ment créer autant de confi­gu­ra­tions adap­tées à ses besoins qu’il le souhaite, à condi­tion de mettre un peu les mains dans le cambouis.

Si on ajoute à cela des pads très agréables à jouer, sensibles à la vélo­cité et à l’af­ter­touch, un step-séquen­ceur maté­riel assez complet, une offre logi­cielle de qualité (superbe Hybrid 3, et très bonnes banques de samples pour AIR Drums), il n’y a vrai­ment pas grand-chose à repro­cher à ce produit, sauf peut-être quelques détails mineurs d’er­go­no­mie.

 

Notre avis : 8/10

  • Bonne qualité de fabrication
  • Prix plancher
  • Possibilité de piloter aussi bien des synthés virtuels que hardware
  • Confort de jeu des pads
  • Step-séquenceur hardware plutôt complet
  • Très nombreuses possibilités de paramétrages
  • Presets de configuration du TFP et séquences instantanément sauvegardables et rechargeables...
  • … et en nombre illimité si on les transfère sur l’ordinateur
  • Logiciel Arsenal plutôt bien pensé
  • Très bonnes banques de samples
  • Hybrid 3 globalement excellent...
  • … sauf la fonction « hype » dont l’intérêt ne m’a pas sauté aux oreilles
  • Impossible d’effectuer une édition réellement détaillée des samples dans AIR Drums
  • Fonctionnalités « clés en main » moins nombreuses sur le TFP que chez la concurrence
  • Pour de nombreux paramètres, pas de réglage global par banques, mais la nécessité de paramétrer chaque contrôleur ou pad individuellement
  • Pas de prise en charge des effets virtuels sous Arsenal
  • Certains paramètres MIDI qu’on aurait aimé pouvoir sauvegarder de manière différenciée dans les presets du TFP
  • Sérigraphies illisibles en conditions nocturnes
  • Pas de prise de pédale

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