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Roland JUNO-2
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Roland JUNO-2

Clavier synthétiseur analogique de la marque Roland appartenant à la série Juno

laurent BERGMAN laurent BERGMAN

« Bon petit analogique polyphonique ! »

Publié le 31/03/24 à 18:15
Rapport qualité/prix : Correct
Cible : Tout public
INTRODUCTION:
Avis en tant que possesseur du Juno-106 et du Juno-2 (et ancien possesseur d'un Juno-60).
Synthétiseur analogique polyphonique 6 voix, 64 presets d’usine (ROM), 64 presets utilisateur (RAM) et 64 presets externes (sur cartouche MC-64).
J’ai survolé les avis précédents et dans certains il y a quelques lacunes, je vais donc préciser quelques points pour les rectifier, d’une part, il ne possède qu’un DCO et seul le contrôle de cet oscillateur est numérique, le reste est purement et simplement analogique et d’autre part, il ne dispose que d’un seul et unique générateur d’enveloppe, commun pour le filtre, l’amplitude et le DCO… C’est un véritable polyphonique avec ses 6 circuits VCF/VCA (1 par voix), contrairement au Poly-800 qui lui est paraphonique.
Esthétiquement le Juno-2 semble vraiment chétif à côté du Juno-106 et c’est surprenant d’avoir un synthé analogique polyphonique dans un format aussi compact, d’autant plus qu’il en a sous le capot, et ce, même s’il n’embarque qu’un seul et unique DCO.
Il y a des différences majeures entre le Juno-1 et le Juno-2, le Juno-1 ne dispose que d’un clavier 4 octaves ne répondant ni à la vélocité ni à l’aftertouch (mais répond à ces messages en MIDI depuis un clavier maître ou un séquenceur), il n’offre pas la possibilité du stockage de presets sur cartouche externe, les dumps peuvent se faire soit à l’ancienne sur K7 (ou sur DAW) via l’entrée/sortie LOAD/SAVE soit en SysEx alors que pour le Juno-2 le transfert des presets ne se fait qu’en données SysEx (exit les sauvegardes sur K7) et la fonction de la pédale d’expression diffère entre les deux modèles (voir la partie qui concerne les connexions). Autrement ils partagent exactement le même moteur sonore.

UTLILISATION:

La programmation via des menus et les changements de valeurs via les curseurs/encodeurs fait partie de nos habitudes aujourd’hui, je vais donc mettre les choses dans le contexte de son achat en 1986 pour rédiger cet avis.
Le grand changement était du domaine de la prise en main avec cette ergonomie… Dans un passé pas si lointain, on sortait du schéma classique "1 bouton/1 fonction" qui offrait un contrôle direct et extrêmement intuitif pour entrer dans l’ère des interfaces de type calculette très en vogue en 84/85 (Project-100, Poly-61/800, AX-80, DK-80,…) avec l’arrivée massive des contrôles numériques dans nos instruments et le souci de la rationalisation des coûts pour les fabricants (fini les PCB’s coûteux remplis de switches, curseurs et potentiomètres ainsi que leurs boutons respectifs…).
C’était une révolution et les Juno-1 et Juno-2 n’ont pas échappé à la règle, on sélectionne un paramètre et on le modifie avec la molette. Soit on perdait du temps à naviguer entre les différents menus et on s’y habituait un peu à la fois, soit on prenait le PG-300 et là on retrouvait un très grand confort d’utilisation !
En ce qui concerne le clavier, je le trouve un peu mou mais globalement son toucher reste agréable, son aftertouch est assez dur et il faut appuyer fort sur les touches pour le déclencher, sur ce point on a heureusement fait des progrès considérables.
Si l’écran LCD a des dimensions modestes, les caractères sont de grande taille et bien lisibles (si tant est que le rétro-éclairage soit fonctionnel), c’est suffisant pour éditer les sons et on se fait très vite aux noms des paramètres abrégés.
Dommage qu’une seule banque de 64 presets soit à disposition pour sauvegarder ses propres presets (sauf utilisation d’une cartouche externe), ceci-dit avec le dump on peut facilement se constituer une belle bibliothèque sonore.
Le mode d’emploi est clair, chaque section y étant extrêmement bien détaillée avec des graphismes. On regrettera toutefois la faiblesse de la traduction, avec l’utilisation de termes inadéquats ou approximatifs ainsi que quelques erreurs et fautes, un comble pour une société comme Roland et leurs importateurs !

SONORITÉS:
C’était plutôt bon pour l’époque, avec en premier lieu la possibilité de changer la largeur d’impulsion de l’onde en dent-de-scie en plus de l’onde carrée et celle du sub-oscillateur (chose impossible sur les anciens Juno), certaines formes d’onde ont des valeurs prédéfinies et d’autres (comme Saw 03 et Pulse 03) disposent d’une largeur d’impulsion variable qu’on peut contrôler manuellement ou via le LFO, ce qui ouvre pas mal de perspectives et offre une palette sonore plus élargie !
Les six voix sont générées par un unique DCO (MB87123PG), donc différent des 3 circuits (MC5534A) qui équipent le Juno-106.
Le filtre (LPF) est plus proche de celui du JX-8P (IR3R05 - VCF/VCA) que de celui du Juno-106 (80017A - VCF/VCA), ce n’est pas mauvais en soi, c’est juste différent et le seul point commun entre ces modules VCF/VCA et DCO est que ce sont des circuits propriétaires Roland…
On trouve aussi un filtre Passe-Haut (HPF), dommage que celui-ci ne propose que des réglages prédéfinis (00 = boost des basses fréquences et les valeurs 02 ou 03 qui sont deux points fixes de coupure des basses fréquences). Par contre la plage de réglages du filtre passe-bas (LPF) allant de 0 à 127 évite l’effet d’escalier que l’on rencontre avec d’autres modèles sortis à cette période lorsqu’on balaie la fréquence de coupure, ici c’est fluide…
L’unique générateur d’enveloppe dispose de paramètres de volumes pour les étapes Attack et Decay ainsi qu’un paramètre de temps pour le Sustain en plus des paramètres habituels, il s’agît d’une enveloppe nouvelle génération dite "Multi-Segments" (T1/L1/T2/L2/T3/L3/T4) qu’on a ensuite retrouvée sur le JD-800 ou le D-50 (pour ne citer que les plus connus). La cerise sur le gâteau par rapport aux anciens Juno, c’est que cette enveloppe peut avoir le DCO comme destination en plus du VCF et du VCA et ça, ben ça fait vraiment "TOUTE" la différence, bénéficier de ce type d’enveloppe permet d’avoir des sons beaucoup plus évolutifs et vivants, que ce soit au niveau du filtre, de l’amplitude ou pour la dérive de la hauteur du DCO.
En fin de chaîne on trouve un chorus, plutôt agréable et vraiment "très typé" Roland (à base de MN3009 et MN3101 comme sur le 106) avec en plus un paramètre de contrôle manuel de la vitesse de l’effet en lieu et place des switches classiques "OFF", "I" et "II".

CONNEXIONS:
On trouve le classique trio MIDI In/Out/Thru, les entrées PEDAL HOLD et PEDAL SW respectivement pour le Sustain et le changement de preset (pédales switch) et une entrée EXP PEDAL pour une pédale d’expression (attention il y a une petite particularité pour cette dernière, car avec le Juno-2 elle ne contrôle que le volume, alors qu’avec le Juno-1 elle peut contrôler un paramètre que l’on peut définir), pour finir les jacks pour la sortie Mono/Stereo et la sortie casque.

QUALITÉ DE FABRICATION:

Niveau construction ça fait un peu cheap par rapport à ses prédécesseurs: Plastique moulé pour les flancs, de la tôle pour une partie de la façade et le fond de caisse, un plastique épais en guise de membrane pour les switches (du genre Prophet-600, ATC-1,…). Il fait jouet et est assez fragile comparativement aux Juno-6, 60 et 106 qui sont plus "Mastoc" à côté !
Je termine cet avis en faisant le point sur les quelques problèmes récurrents (et qu’il vous faut vérifier avant achat): Le film de rétro-éclairage du LCD qui finit par tomber en rade, des sifflements qui peuvent provenir du transfo du rétro-éclairage, l’aftertouch qui fonctionne mal (voire plus du tout) à cause d’un problème de liaison entre le ruban d’aftertouch et son petit connecteur, des contact rubbers moins durables que ceux du Juno-106… Ceci-dit, la plupart des composants et des pièces détachées sont encore disponibles et il est relativement aisé de le (faire) restaurer (excepté pour le DCO MB87123PG ainsi que les 2 Gate Array qui sont des circuits Roland, introuvables sauf cannibalisation d’un autre exemplaire).

EN RÉSUMÉ:
C’est un synthé qui, même s’il est très basique, a tout d’un grand et on arrive à le faire sonner rapidement. Malgré la différence de DCO, de VCF/VCA et de son architecture, on retrouve bien cette finesse "caractéristique" et même si les basses sont (un peu) moins profondes et grasses, ça sonne incontestablement Juno. Le Juno-2 n’a pas à rougir face à ses aînés car il possède des atouts qui lui permettent d’aller beaucoup plus loin en terme de son en utilisant les différentes combinaisons de formes d’onde, en jouant sur la largeur d’impulsion de certaines de ces ondes manuellement et sur le routing du générateur d’enveloppe, il y a de quoi faire… Le fameux son "Hoover" en est l’un des exemples les plus parlants !
Pour répondre à ceux qui s’en posent la question, le Juno-2 ne fait pas "doublon" avec un Juno-106 (ou un modèle précédent), je dirais qu’ils sont complémentaires…
Ce n’est pas une bête de course en terme de sound-design (un seul DCO, matrice de modulation limitée, pas de section d’effets hormis le chorus,…). Pour qui désire s’équiper d’un analogique polyphonique facile à programmer, passe partout et abordable c’est un excellent choix. À l’heure actuelle on le trouve encore assez facilement à un prix très correct et chose étrange, sa côte est moindre par rapport à sa version expandeur le MKS-50.

Les +:
+: Le son "Typique" de la série Juno.
+: La largeur d’impulsion variable (Saw 03 et Pulse 03).
+: Le générateur d’enveloppe Multi-Segments.
+: Le contrôle du VCO par le générateur d’enveloppe.
+: La qualité des filtres (LPF et HPF).
+: La fluidité du réglage de la fréquence de coupure du LPF (pas d’effet d’escalier).
+: La profondeur et la couleur du chorus.
+: Le réglage manuel de la vitesse de l’effet chorus.
+: La réponse aux messages de Vélocité et d’Aftertouch.
+: La simplicité d’utilisation.
+: Le stockage sur cartouches externes.
+: Le faible encombrement.
+: Le poids relativement léger.

Les -:
-: Absence de réglages fins dans la section de filtre HPF (réglages prédéfinis).
-: Matrice de modulation très simpliste.
-: Une seule banque utilisateur, les presets d’usine ne sont pas ré-inscriptibles.
-: L’ergonomie (manque de contrôles directs en façade).
-: La qualité de construction un peu légère, surtout les flancs qui sont fragiles.
-: L’aftertouch est un peu dur, il faut appuyer assez fort (quand il fonctionne).
-: La localisation en Français du mode d’emploi laisse à désirer, à la lecture ça pique les yeux !!!

La note que je lui attribue tient compte de ses possibilités au regard de son année de fabrication. Évidemment, aujourd'hui on fait beaucoup mieux question ergonomie, performances, matrices de modulation excessivement plus poussées, etc....

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