Originellement développé sous le nom de Valkyrie, le Kyra est un module de synthèse multitimbral à prix premium désormais signé Waldorf. Voyons comment ses données techniques impressionnantes se traduisent à l’usage…
À la Musikmesse 2018, la microentreprise Exodus Digital, dirigée par Manuel Caballero, avait présenté le Valkyrie, un synthé numérique polyphonique et multitimbral. Il était alors comparé au Virus Ti2, sans doute davantage par son look que par son moteur sonore, basé sur un FPGA. Le projet avait alors flotté pendant plusieurs mois, jusqu’à ce que le synthé réapparaisse au NAMM 2019 dans une nouvelle robe, avec un nouveau nom et sous une nouvelle marque : le Kyra de la maison Waldorf. La phase de développement est difficile à retracer avec précision, compte tenu de l’organisation waldorfienne plutôt protéiforme. Peu importe, c’est le son, l’originalité, l’ergonomie, la puissance et la qualité de construction qui comptent, d’autant que le module est proposé à un tarif premium. Sans parler de sa rareté en France, qui nous a conduits à demander à Thomann de nous prêter un modèle de test ; qu’ils en soient remerciés ! À l’heure où les initiatives de nouvelles sociétés et de nouveaux produits se multiplient dans le monde de la synthèse, à des conditions toujours plus abordables, en quoi les armes du Kyra feront-elles la différence ?
Classe austère
Le Kyra est un module à la fois classe et austère. Classe par le choix des matériaux : coque métallique épaisse pliée avec façade aimantée, flancs en bois cérusé, potentiomètres à capot alu fretté parfaitement ancrés, écran OLED super contrasté, connectique vissée, poids de 5,7 kg pour 440 × 305 × 85 mm. Austère sur le plan du graphisme, pourtant l’œuvre d’Axel Hartmann : sérigraphie noire avec un peu de bleu sur aplats gris et fond blanc, boutons sombres, potentiomètres mats. Austère aussi au regard de l’ergonomie d’un autre temps : bouger l’un des 34 potentiomètres ou 60 boutons-poussoirs appelle une page-écran sur laquelle on peut éditer 4 paramètres en colonne. Il faut faire défiler les pages pour atteindre les paramètres supplémentaires avec deux flèches, et ça défile, et ça défile… Ensuite, il faut utiliser deux autres flèches pour atteindre l’un des quatre paramètres éditables ; enfin, il faut utiliser deux autres touches pour entrer les valeurs, faute d’encodeur : bonjour pour aller chercher l’une des 4 096 formes d’ondes disponibles, même si elles sont groupées par type ! Pour sélectionner un programme, on a encore droit à deux touches de banques et deux touches de son, heureusement que la touche SHIFT permet de sauter de dix en dix. Et pour changer de partie en mode multitimbral, encore deux touches ! Waldorf a oublié ses classiques, à savoir des encodeurs à capteur d’accélération et des touches contextuelles, dont il avait pourtant fait sa spécialité par le passé !
Dernier point, quand on voit ce bel écran OLED 256 × 64 points, on regrette de ne pas avoir un peu plus de graphiques pour illustrer les pages (tables d’ondes, filtres, enveloppes, routages…) ; seules les formes d’ondes des oscillateurs et des LFO sont affichées. Il existe une touche UNDO pour annuler la dernière opération (utile dans la mesure où l’écran n’affiche pas les valeurs stockées en parallèle de celles modifiées) et une fonction FOLLOW pour ouvrir automatiquement la page d’un paramètre en cours d’édition, mais pas de touches COMPARE/PANEL. Bref, c’est chiche, surtout à ce tarif, comparé à l’Hydrasynth qui partage le studio à quelques centimètres de là. La connectique vient un peu nous consoler, occupant les trois quarts du panneau arrière. Au programme, une prise casque jack 6,35 stéréo, quatre paires de sorties stéréo jack 6,35 TRS (DAC 32 bits/96 kHz, merci !), un trio MIDI DIN et une prise USB 2.0. Les sorties séparées étant devenues une denrée rare sur les synthés, nous saluons Waldorf d’avoir traité ce point sans compromis, qui plus est avec une qualité irréprochable, bravo ! L’USB véhicule des signaux MIDI (émission/réception de Sysex pour les paramètres et les mémoires de programmes, réception de CC via la matrice de modulation) et audio (ASIO), avec 8 canaux stéréo 24 bits/48–96 kHz et un mode carte son, permettant de récupérer un retour stéréo 24 bits de la STAN pour envoyer à la paire principale de sorties analogiques. Par contre, il n’y a pas d’entrée audio ; c’est bien dommage, ça aurait fait du Kyra une interface audio autonome. Il n’y a pas non plus d’interrupteur secteur, l’allumage et l’extinction sont logiciels, en pressant simultanément les deux touches de transposition sur le panneau avant, comme sur beaucoup de synthés de la marque. Ah, et l’alim au fait ? C’est un bloc externe 12V/2A central qui s’embroche à l’arrière via une prise mini-DIN, on a vu beaucoup mieux dans cette gamme de prix…
Espaces stéréo
Propulsé par un FPGA capable de délivrer 128 voix de polyphonie sur 8 canaux multitimbraux, le Kyra est un puissant synthé numérique à synthèse soustractive. En mode double-voix stéréo, la polyphonie est ramenée à 64 voix, ce qui est bien normal. Un petit bémol toutefois à cette générosité : chaque partie multitimbrale est limitée à 32 voix simples ou doubles. Le niveau de sortie audio n’est pas des plus élevés, une réserve de dynamique liée à la polyphonie massive. Il est donc nécessaire de pousser les niveaux en entrée de table ou de carte son, heureusement que le Kyra génère un bruit de fond négligeable. La mémoire interne totalise 3 328 programmes simples (26 banques de 128, avec défilement par catégorie) et 128 mémoires multitimbrales, toutes réinscriptibles. Une grande partie comprend des programmes d’usine, d’une qualité assez inégale. Pire, il n’y a aucun Multi proposé, difficile à admettre à ce niveau de prix ! Toutefois, les commandes directes sont suffisamment nombreuses pour modifier rapidement le son (en mode saut uniquement), mais quand il faut entrer dans les menus, on a envie de se ruer sur un logiciel d’édition. Pas la peine, ce n’est pas prévu, il n’y qu’un gestionnaire de mise à jour de l’OS (nous en avons profité pour passer notre Kyra de test en V1.72).
Au plan sonore, le Kyra se montre très à l’aise dans les grands espaces stéréo, les empilages de textures hybrides, les orgues tournants, les chœurs synthétiques et les pêches de Supersaw. La profondeur et la largeur sonores sont là, il n’y a aucun aliasing dans les aigus (merci au moteur 32 bits/96 kHz à virgule flottante), le son est impeccable et d’une précision… quasi chirurgicale. D’aucuns diront que cela manque de chaleur. Le Kyra peine un peu sur les grosses basses résonantes, le filtre modélisé en échelle de transistors ayant la fâcheuse tendance à écraser le signal. C’est aussi le cas sur les synthés analogiques de conception de filtre identique, mais ici, on est en numérique pur, donc on aurait aimé avoir des modèles avec compensation. Ce devrait d’ailleurs être un minimum sur les synthés numériques contemporains. L’Hydrasynth, par exemple, fait cela très bien (sans la grosse polyphonie ni la multitimbralité). Point notoire, nous avons trouvé de la vélocité assignée au volume sur tous les sons, même initialisés, impossible de l’enlever ! De même, nous avons eu à déplorer quelques freezes ou légers délais de notes. Il faudrait que Waldorf revoie sa copie, car l’OS actuel n’est pas le premier sorti.
- 01 Dual Hypersynth00:55
- 02 Panaromia00:47
- 03 Fantasia00:46
- 04 Belissima01:02
- 05 Arped Saws00:44
- 06 Moment of Pad00:51
- 07 PPGesque00:50
- 08 Arped Chords00:59
- 09 Stack House00:35
- 10 Shower Sync00:18
- 11 Arped Bass01:09
- 12 Love Spy00:54
Table de marbre
Le Kyra est un synthé numérique soustractif basé sur 2 oscillateurs, 2 sous-oscillateurs, 2 filtres, un ampli stéréo, 3 LFO, 3 enveloppes et une matrice de modulation par voix, ainsi que 9 effets et un arpégiateur par partie. Commençons par les oscillateurs. Ils peuvent fonctionner en mode WAVE ou HYPERSAW. En mode WAVE, chacun utilise trois formes d’onde simultanées dosables séparément : dent de scie, table d’onde et impulsion variable. La table d’onde est à choisir dans une banque de 4096 ondes 18 bits statiques sur un cycle. Statiques ? Statiques ! Hein, des tables d’ondes statiques ? Ben oui, le terme est donc impropre, pour ne pas dire plus, surtout de la part de Waldorf dont la marque trône en bonne place sur les prestigieuses séries Microwave/Wave. Certains lecteurs qui seraient courageusement arrivés jusque-là pourraient en rester là, on les comprendrait… Le LFO1 peut directement agir sur le pitch et le LFO2 sur la PWM. On peut aussi moduler la fréquence de l’OSC1 par l’onde « table » de l’OSC2 ou synchroniser les deux oscillateurs. Les sous-oscillateurs offrent différentes formes d’ondes (dent de scie, carré, rectangle, triangle), un niveau, un désaccordage fin et un réglage d’octave (-1 ou fondamentale), ce qui permet d’épaissir le son de l’oscillateur maître, bien vu. On peut ajouter à ce mélange déjà épais un oscillateur auxiliaire, à choisir entre la modulation en anneau des deux oscillateurs ou un générateur de bruit blanc, mais pas les deux en même temps.
Le mode HYPERSAW utilise quant à lui l’ensemble des ressources des deux oscillateurs pour créer une onde composée de 6 oscillateurs empilés ; on peut en régler l’intensité et la largeur. On perd fort logiquement les intermodulations, mais on gagne des sonorités bien épaisses et bien grasses, comme on aime en EDM. Et si cela ne suffit pas, le Kyra peut aussi fonctionner en mode double-voix, que ce soit en mode WAVE ou HYPERSAW. Cela permet le désaccordage et l’élargissement stéréo de deux ondes identiques. Ce mode utilise alors les filtres en stéréo, pour conserver la largeur de l’image sonore. Les oscillateurs peuvent suivre l’accordage standard (tempérament standard) ou être assignés à une table microtonale (entièrement programmable, compatible MTS).
On filtre !
Une fois toutes les sources dosées (cf. schémas), on attaque la partie filtrage. On a deux filtres résonants modélisés en échelle de transistors, pouvant fonctionner en parallèle, suivant le mode (cf. ci-après). Les filtres offrent des paramètres identiques, à commencer par le mode (passe-bas, passe-bande ou passe-haut) et la pente (2 ou 4 pôles), soit six possibilités directement sélectionnables en façade. Le potentiomètre de réglage de la fréquence de coupure a une résolution insuffisante : 128 valeurs d’après nos analyses, comprises entre 40 Hz et 20,5 kHz. Le lissage fonctionne bien sur les déplacements à vitesses moyenne et rapide, mais pas sur les mouvements lents, où on entend les pas. La fréquence de coupure est directement modulable par l’ENV1, l’ENV2, le LFO2, le LFO3 et le suivi de clavier (paramètre uniquement accessible par le menu, dommage). La résonance agit sans compensation des graves, écrasés sans pitié, nous l’avons déjà dit et regretté. Pousser la résonance fait presque entrer le filtre en auto-oscillation (presque, car il faut un peu de signal en entrée), ce qui peut fortement faire saturer le niveau de sortie.
En mode simple-filtre, les signaux des deux groupes d’oscillateurs sont dirigés vers le premier filtre. En mode double-filtre, le premier filtre reçoit le signal du premier groupe d’oscillateurs et le second filtre celui du second groupe. On peut alors régler séparément les fréquences, résonances et autres modulations. La balance entre les filtres est également ajustable et modulable. Cela permet d’avoir des couleurs sonores complexes, utiles sur certaines nappes. Activer le mode double-filtre active aussi le mode double-voix et fait basculer les oscillateurs en mode WAVE. Lorsque les oscillateurs sont à contrario mis en mode DUAL HYPERWAVE (mode double-voix + mode HYPERWAVE), le mode double-filtre est désactivé : les deux filtres sont utilisés en stéréo, mais réglés simultanément avec les paramètres du premier filtre. Au fond, c’est quand même dommage d’avoir deux filtres et de ne pas pouvoir les placer en série, ni régler la balance des différentes sources. La sortie du ou des filtres est ensuite envoyée dans un ampli stéréo avec limiteur intégré (trois niveaux de compression plus ou moins marqués), panoramique, LFO1 sur volume et LFO2 sur panoramique.
Modulations matricielles
Le Kyra possède un portamento polyphonique, avec réglage de temps uniquement. En mode mono, seules les notes liées sont modulées. Passons aux enveloppes ADSR, au nombre de trois, bien claquantes. Les deux premières sont préassignées au filtre et au volume. Les plages de temps varient de 0 ms à 8 secondes (segment A) et 0 ms à 16 secondes (segments D et R). Le segment S possède un réglage de pente positive ou négative, qui peut aller jusqu’à 60 secondes. Par contre, on ne peut pas changer la forme des courbes de temps ou visualiser l’enveloppe sous forme graphique. Rien de bien extraordinaire dans cette section.
Viennent ensuite les trois LFO, quasi identiques, avec 128 formes d’ondes (toutes les classiques, y compris la S&H), vitesse variable de 0,1 à 12,8 Hz (ce qui reste trop lent), synchro au tempo, mode d’oscillation (mono libre, polyphonique redéclenché, phase aléatoire, en opposition de phase pour le mode double-voix, en quadrature de phase pour le mode double-voix), délai et division temporelle. Le LFO3 n’a pas de réglage de délai et de modes double-voix. Voilà, à part le nombre élevé de formes d’onde, rien d’extraordinaire là non plus.
En plus des assez nombreuses modulations prédéfinies, le Kyra dispose d’une matrice de modulation à six cordons, chacun constitué d’une source et trois destinations. Les modulations sont bipolaires et séparées pour chaque destination d’un cordon. Les sources et destinations sont mono ou polyphoniques ; par exemple, la molette de modulation est une source mono, alors que la vélocité est une source polyphonique. La balance d’un effet est une destination mono, alors que la coupure d’un filtre est une destination polyphonique. Le Kyra permet tout type de routages, sauf une source polyphonique vers une destination mono. Bien qu’assez logique, c’est bien la première fois que l’on voit ce type de restriction. Parmi les 34 sources, citons les contrôleurs physiques, le numéro de note, un générateur aléatoire et plusieurs CC MIDI. Parmi les 82 destinations, on compte à peu près tous les paramètres de synthèse et d’effets de la machine, y compris ceux des modes double-voix, permettant d’épaissir ou élargir de son en temps réel. Seule (énorme) ombre au tableau, comme déjà évoqué, l’index de lecture des tables d’ondes qui ne fait pas partie de la liste des destinations. Ce ne sont vraiment pas des tables d’ondes, on l’aura compris.
Huit parties
Pour tirer pleinement parti de la puissance de feu disponible, rien de tel que le multimode. En fait, le Kyra fonctionne en permanence dans ce mode, étant donné que chaque partie est indépendante, que ce soit sur le plan des paramètres de synthèse, des effets et des arpèges (nous en reparlerons bientôt). Comme nous l’avons dit, deux touches permettent d’alterner entre les parties pour les éditer une par une. En plus des paramètres de synthèse précédemment décrits, on peut faire quelques réglages propres à chaque partie dans l’éditeur Multi : paire de sortie audio (A-B-C-D), canal MIDI de réception (off, 1–16), volume, panoramique, banque de programme, numéro de programme, transposition par demi-ton, accordage fin, note haute, note basse, réception du volume MIDI (CC07), réception des numéros de programme et activation des effets de partie (délai, chorus, EQ & Formant, réverbe). Il manque à notre sens des filtres MIDI plus puissants (contrôleurs physiques, CC) et un réglage de fenêtre de vélocité, pour faire des empilages plus dynamiques. À noter que seul les indexes du programme sont sauvegardés, pas les programmes eux-mêmes, qui sont à puiser et sauvegarder parmi les 3 328 mémoires.
Effets pléthoriques
Nous avons vu que le Kyra remettait au goût du jour les synthés à polyphonie généreuse, multitimbralité confortable et sorties séparées. Il en est de même pour les effets. À l’instar de la série Supernova de Novation en son temps, les effets du Kyra sont disponibles séparément pour chaque partie. On a donc 8 ensembles d’effets totalement indépendants, qui de ce fait font partie intégrante des programmes avec lesquels ils sont sauvegardés. Tous les synthés multitimbraux à effets devraient en faire de même ; c’est hélas loin d’être le cas, même sur certaines stations de travail réputées.
Chaque partie offre 9 modules d’effets stéréo placés en série. L’ordre et les routages sont hélas immuables, cela semble le prix à payer pour l’abondance de biens : EQ (3 bandes paramétriques), filtre à formants (différentes couleurs), distorsion (5 types plus ou moins colorés et durs), limiteur d’entrée (modélisation de compression à lampe), délai (stéréo ou pingpong, jusqu’à 2,7 secondes, avec synchro au tempo MIDI), phaser (6 étages stéréo avec LFO en quadrature), chorus/flanger (modes filtre en peigne, flanger, chorus, doubleur), réverbe (jusqu’à 20 secondes, avec prédélai, atténuateur de HF et réglage de couleur) et limiteur de sortie.
Les élèves les plus assidus du cours de maths de terminale scientifique pourront en déduire, grâce à leur calculatrice, que cela représente 72 modules simultanés, à quelques dizaines près… tout cela sans manger de polyphonie, puissant ! Ces 9 effets représentent 35 paramètres directement éditables en façade, grâce à un système matriciel assez bien pensé, organisé en 7 lignes de 5 paramètres. Les autres paramètres sont accessibles via les menus. On peut activer/désactiver certains effets dans certaines parties ; cela permet par exemple de remplacer systématiquement certains effets internes par des effets externes (ou de la STAN via USB), en conservant toujours les mêmes effets coupés/activés lorsqu’on change de programme, bien vu ! La qualité des effets internes est très correcte, mais le nombre de paramètres éditables est assez restreint.
Arpèges basiques
Pour faire bouger le son, le Kyra propose un arpégiateur indépendant pour chacune de ses huit parties, mémorisable dans chaque programme. Les notes arpégées peuvent être transmises via MIDI. Les possibilités sont assez basiques : les commandes directes concernent le mode de lecture (haut, bas, alterné simple, aléatoire, accord), le motif (128 types avec rythmiques et vélocités variées, hélas non éditables), l’étendue (1 à 3 octaves) et le tempo. Il n’y a pas de mode Latch, mais la machine répond à la commande de maintien MIDI. Via le menu, on peut régler le temps de porte, la source de synchro et la division temporelle, utile pour synchroniser tous les arpèges activés d’un Multi. L’arpégiateur répond aux messages MIDI Start/Stop/Continue lorsqu’il est placé en synchro MIDI. En revanche, il ne répond pas à la vélocité, n’a pas de réglages supplémentaires type swing, Ratchets, probabilité ou autres exotismes présents à la concurrence. Un module surtout intéressant pour sa multitimbralité.
Résultat contrasté
Au final, le Kyra nous laisse un sentiment mitigé. C’est sans doute parce que le bon et le moins bon se côtoient dans un module en définitive assez cher. Le bon, c’est l’énorme polyphonie, la multitimbralité, les sorties séparées, les effets indépendants par partie, la matrice de modulation, l’arpégiateur multitimbral, l’audio USB multicanal et la qualité de construction. Le moins bon, c’est l’ergonomie austère, l’absence d’encodeur, les tables d’ondes qui n’en sont pas vraiment, la faible résolution de la coupure du filtre, la vélocité assignée en permanence au volume et la stabilité de l’OS encore perfectible. Droit au but pour l’édition directe des sons, le Kyra manque aussi d’originalité, de gènes waldorfiens dans l’ADN. À ce tarif, la concurrence est rude, y compris les stations de travail ou les solutions à deux synthés (analogique + numérique). Nous pensons qu’il aura la vie dure, malgré une grande qualité sonore. Il fera le bonheur de ceux qui veulent créer rapidement différentes couleurs de nappes épaisses, profondes et larges, ou encore de monstrueux empilages, sans craindre de venir à bout de polyphonie.