Premier instrument autonome tout intégré de la jeune société autrichienne Mayer EMI, le MD900 est un puissant module de synthèse numérique polyphonique et multitimbral positionné premium. Voyons si la qualité sonore est au niveau de la qualité de construction…

La société Mayer EMI a été fondée en 2020 par Horst Mayer, ingénieur électronicien autrichien chevronné, fort de 35 années passées dans la conception de systèmes de contrôle industriels. Mais sa première création remonte bien avant cela puisqu’à 17 ans, il avait déjà construit son premier synthé analogique. Poussé par sa passion et ses enfants, il décide d’opérer un retour en arrière pour se consacrer à nouveau à sa passion, mais cette fois avec la technologie d’aujourd’hui. Après avoir développé le MD800-R2, un module au format Eurorack, le constructeur a décidé de passer à la vitesse supérieure. Au Superbooth 2021, il présente le prototype du MD900, un synthé numérique polyphonique multitimbral sophistiqué couvert de commandes directes. Disponible en OS primitif l’année suivante, c’est plus récemment que le MD900 est passé en V2, avec une bonne maturité et une distribution internationale élargie. Nous avons pu en récupérer un exemplaire équipé du tout dernier OS V2.20 et échanger avec le concepteur…
Premium-Konstruktion
La navigation via l’écran TFT tactile capacitif couleur 24 bits de 800×480 points est organisée par onglets placés en partie supérieure (modes, parties, sections), parfois sur deux niveaux. Dans les pages de menu, on trouve des cases de sélection directe, des listes déroulantes et 4 ensembles de paramètres contextuels (1 à 5 en hauteur) éditables avec les 4 encodeurs poussoirs situés sous l’écran. Les graphismes sont détaillés et précis : couleurs variées, synoptique du signal, tables d’ondes 3D, routages du mixeur, réponse des filtres, schéma des effets, lanceur de séquences, piano-roll, grilles de percussions, navigateur de fichiers, vumètres stéréo en sortie Master, monitoring de signaux Midi… La limite de l’exercice est fixée par le nombre somme toute important de réglages disponibles, finissant par ralentir la fluidité, même si tout a été scrupuleusement réfléchi et s’améliore dans les mises à jour. Un recours au manuel (perfectible car incomplet) est souvent nécessaire, mais on finit par s’y faire…
Largeur stéréo
Programmes

- MD900_1audio 012 TB Bass00:35
- MD900_1audio 013 Bouncing Bass00:33
- MD900_1audio 014 Pad 101:07
- MD900_1audio 015 Pad 201:11
- MD900_1audio 016 Pad 300:42
- MD900_1audio 017 Pad 401:20
- MD900_1audio 018 Piano Pad01:00
- MD900_1audio 019 Parallel Filters00:45
Arrangements

- MD900_1audio 002 DTB03:21
- MD900_1audio 004 BB02:07
- MD900_1audio 005 MAI202:09
- MD900_1audio 006 VAR01:32
- MD900_1audio 007 VAR101:33
- MD900_1audio 008 LUTTRELL01:32
- MD900_1audio 011 YOTTO01:47
Arrangements multitimbraux
Le MD900 est un synthé numérique polyphonique 16 voix, stéréo de part en part (oscillateurs, filtres, amplis) et multitimbral sur 4 canaux, avec allocation dynamique des voix. Suivant la complexité des programmes, la polyphonie peut être réduite de 2 ou 4 voix, ce n’est pas trop cher payé par rapport à ce qu’on trouve comme possibilités et ce qui se passe chez certains constructeurs concurrents où la polyphonie fond rapidement. Aux 4 canaux de synthèse s’ajoute un kit de 14 percussions utilisant des samples, qui ne réduit pas la polyphonie de la partie synthèse, chouette ! C’est donc un module puissant et complet qui commence à se dessiner sous nos doigts.
Tables/oscillateurs/samples
Le générateur de bruit est lui aussi stéréo. Malgré son nom, il utilise en réalité des samples/multisamples mono ou stéréo divers, avec réglages des points de lecture (début/fin), de l’accordage, du mode de lecture (bouclage complet, bouclage entre deux points, coup unique), du suivi de clavier (variable ou fixe) et du panoramique. Un bon complément aux tables et oscillateurs VA. Il est possible d’importer des tables d’ondes (compatibles Serum — 2048 échantillons mono par onde x 256 ondes) et des samples (WAV 16–32 bits, le MD900 se chargeant d’interpoler et convertir tout cela au besoin. Il y a environ 600 Mo de mémoire vive pour charger les tables et les samples présents dans un arrangement. En sortie d’oscillateurs, on peut faire agir un Shaper qui modifie leur contenu spectral suivant une courbe de réponse dont on peut changer la forme, apportant des modifications aussi drastiques qu’inattendues. Ça commence bien à la source.
Deux filtres en parallèle
Modulations matricielles
On continue avec les 4 enveloppes, de type ADSR, la première préassignée aux deux filtres (commune), les deux suivantes à chaque ampli (A et B séparées) et la quatrième libre. Toutes sont réassignables via la matrice de modulation. Les temps varient de 0,5 ms à 32 s, ce qui fait une belle plage, allant des sons les plus punchy aux plus lentes modulations. L’écran affiche la courbe d’enveloppe et le parcours des voix dans le temps. Les courbes des temps sont paramétrables, ce qui permet d’ajuster les modulations avec précision. Outre l’ADSR, on peut aussi placer les enveloppes en mode AD, AR ou AD bouclé. La vélocité peut directement moduler le niveau de sortie des enveloppes.
Effets multitimbraux
Arpèges et séquences
Chaque piste synthé possède son propre arpégiateur, assez original mais très complet. On définit d’abord l’ordre des notes jouées : ordre joué, ordre inverse, pitch ascendant, pitch descendant. Puis le moment de bascule d’un nouvel accord (note ou battement suivant). Enfin, la division temporelle. On dispose évidemment de réglages de maintien et de Gate global. Il n’y a pas de motifs internes, il faut les créer à la main via différents onglets de l’écran tactile, par ensembles de 8 pas (jusqu’à 64). L’onglet Assign définit quelle note d’un accord de 5 notes doit être assignée au pas en cours. Si on joue moins de 5 notes, une note de substitution peut entrer en lice (la première à –1/0/+1 octave ou la dernière à –1/0/+1 octave) ; pas facile à expliquer mais original. L’onglet Mode définit le statut du pas : joué, muet, tenu, legato. Les onglets Semi et Octave permettent de décaler la hauteur de chaque pas. Puis vient l’onglet Vélocité dont on devine le rôle par pas. Enfin, 3 pages permettent de programmer 3 contrôleurs (CV) à utiliser comme source dans la matrice de modulation. C’est très puissant, très original, simple à programmer via l’écran tactile, mais difficile à comprendre et contraignant dans la logique. De même, il manque des choses sympathiques comme l’ordre de lecture aléatoire, le swing et les ratchets. C’est un arpégiateur très orienté musiques EDM.
Auf Wiedersehen
D’un point de vue sonore, nous avons vraiment apprécié les larges ambiances stéréo, grâce à un signal stéréo de part en part, l’instrument faisant jeu égal avec les meilleurs synthés VA du moment pour les sons plus classiques. La prise en main est facilitée par des graphismes ultras soignés et didactiques, des raccourcis de navigation bien pensés, mais le nombre de paramètres disponibles et les fonctionnalités intégrées nécessitent d’y passer un peu de temps pour en tirer toute la quintessence. Avec un tarif premium, il s’adresse aux producteurs exigeants ou aux musiciens de scène fortunés qui recherchent une machine très complète et quasi autosuffisante pour produire et se produire. Une belle découverte pleine de potentiel qui ne demande qu’à murir encore un peu pour tutoyer les sommets.