Après une production pléthorique de petits claviers électroniques en tous genres, Casio créa la surprise en 1985 en produisant son premier véritable synthétiseur digne de ce nom. Sous son aspect "mini-clavier-plasctoc-pas cher", le CZ 101 renferme en fait dans ses circuits une synthèse sonore unique, innovante, made in CASIO : la distorsion de phase. Cette synthèse, à mi-chemin entre la FM ( glorieuse à l'époque ) et l'analogique, permet d'obtenir une variété impressionnante de sons ainsi qu'un grain très particulier.
L’engin en question
Présenté dans une version compacte et portable ( il y a des fixations pour le porter en bandoulière ) à piles, ce petit synthé impressionne par ses possibilités de synthèse pour une machine de ce prix ( environ 5000 F en 85 ). De plus, la programmation ( 2 fois 8 mémoires + cartouche en option ) de l’appareil est un jeu d’enfant et procure un réel plaisir. Il est très aisé de tirer rapidement de nouvelles sonorités efficaces et exploitables, par opposition à certains de ses concurrents de l’époque ; suivez mon regard…
Le clavier de 49 mini touches est peu pratique mais on contourne facilement le problème en le connectant par le biais de son interface MIDI assez complète. Regrettons cependant l’absence d’une prise THRU. Il fait d’ailleurs partie des premiers synthétiseurs multitimbraux puisqu’il autorise quatre canaux mono dans ce mode. Toutes les opérations sont facilitées par un afficheur à cristaux liquides ( non rétro éclairé) souligné par les touches de navigations de programmation. Une alimentation extérieure permet de palier à la médiocre autonomie des piles qui permettent de garder en mémoire vos précieux programmes. Heureusement, un mode économie d’énergie coupe l’alimentation au bout d’un certain laps de temps d’inactivité. La sortie ligne est mono et côtoie une prise casque 6.35. A l’arrière de l’objet, on trouve le slot pour recevoir une cartouche permettant de stocker 16 sons supplémentaires.
Sous le capot
Pour triturer ou bien créer vos sons, on retrouve donc des commandes simples qui rappellent les synthés analogiques. La synthèse du bord nous offre deux « lignes » identiques, qui au final pourront être détunées, l’une sur l’autre, ou bien avec la seconde pour créer des sonorités plus épaisses ou complexes. Dans ce cas cependant, la polyphonie passe de 8 à 4 voies !
En tout premier lieu, on retrouve un DCO offrant huit formes d’ondes dont trois dites de résonances ( très efficaces ). Ces formes d’ondes sont mixables entre elles, deux par deux ( sauf les résonances ), ce qui permet une solide matière sonore de départ. Ensuite, c’est au DCF (non, ce n’est pas un filtre ! ) de donner le contenu harmonique du son grâce à une enveloppe à huit segments très flexible puisque l’on peut utiliser le nombre de segments que l’on veut et y placer le sustain à l’endroit que l’on désire. Ces enveloppes se retrouvent sur le DCA, qui n’est autre qu’un VCA à la sauce numérique, et sur le DCO, ce qui autorise notamment sur ce dernier des petits délires du genre du son « pinball » lorsque l’on fait intervenir en plus le « vibrato » ( un LFO en fait, avec quatre formes d’ondes classiques).
Chose rare à l’époque sur ce genre de synthé très… moyen de gamme, on trouve un générateur de bruit ansi qu’un modulateur en anneaux, habituellement réservé à des machines plus professionnelles. Pour clore la liste des caractéristiques, notons la présence d’un portamento programmable; encore un module peu courant sur ce genre de petites machines. Signalons également une molette de modulation, uniquement dédiée au pitc-bend.
Avis personnel
En fait, le CZ101 a une véritable personnalité. On y trouve de bonnes nappes, malheureusement bridés par la polyphonie, de bonnes basses bien sèches mais surtout tout un tas de petits sons sautillants ainsi que des sons plus « sales » très à la mode. Si vous recherchez des sons originaux sortant de l’ordinaire pour vous changer des traditionnels PCM, jetez donc un œil sur cette petite machine très intéressante que l’on trouve, en cherchant bien, pour à peine plus de 1500 FF sur le marché de l’occasion.
Plus tard est sorti le CZ1000, un CZ101 avec des touches standards et des commandes à touches sensitives. C’est le même en plus grand, mais le 101 est vraiment très compact et vous pouvez programmer dans votre lit sans trop déranger Madame ! ;)
Fiche technique et bilan
Clavier : | 49 « mini touches » |
Type de synthèse : | Distortion de phase |
Formes d’ondes : | Impulsion, dent de scie descendante, carré, sinusoïde double, impulsion en dent de scie + 3 types de résonances |
Polyphonie / Nombre de générateurs : | 8 voix (4 en mode Double) / 2 DCO |
Multitimbralité : | 4 voies mono |
LFO : | 1 (Triangle, dents de scie ascendante et descendante, carré) |
Enveloppe : | 3 (pour hauteur, amplitude et distorsion de phases), 8 segments (1 pente et 1 niveau par segment; 116 paramètres différents) |
Filtre(s) : | DCW (un DCW est un DCF contrôlant uniquement la distortion appliquée à la forme d’onde provenant du LFO) |
Sons: | 16 presets + 16 prog. |
Affichage : | Ecran LCD (2 × 8 caractères) |
Molettes : | Pitch bend et modulation |
Sortie audio : | Mono |
Stockage externe : | Cartouche RAM (16 sons) |
Poids et Dimensions : | 3 kg, 67 × 21 × 7 cm |
Autres caractéristiques : | Modulateur en anneau. Un générateur de bruit non réglable. Key follow. |